Passer au player
Passer au contenu principal
Passer au pied de page
Rechercher
Se connecter
Regarder en plein écran
Like
Commentaires
Favori
Partager
Ajouter à la playlist
Signaler
Comment BodyMinute s’est sabordé en toute beauté
Les Echos
Suivre
21/03/2025
Partie d’une vidéo parodique publiée il y a 3 ans sur TikTok, l’affaire s’est transformée en gigantesque bad buzz pour l’enseigne de beauté. Jusqu’à menacer le commerce de ses franchisées. Enquête.
Catégorie
🗞
News
Transcription
Afficher la transcription complète de la vidéo
00:00
Le scandale est parti d'une vidéo TikTok publiée il y a trois ans.
00:03
Bienvenue chez Body Minute, que puis-je faire pour vous ?
00:05
Puis tout s'est accéléré à cause d'une autre vidéo il y a trois mois.
00:08
Mais qui c'est TikTokose fait-elle rire ?
00:11
Depuis, c'est la descente aux enfers
00:13
pour l'une des plus grosses enseignes de beauté en France.
00:15
Vous êtes toute une entreprise à harceler une gamine.
00:19
Vous voyez de qui on parle ?
00:21
On a eu pour consigne de demander à nos salariés,
00:24
et nous-mêmes bien sûr, d'aller signaler la vidéo de Lorraine.
00:28
Aujourd'hui, on va vous raconter comment l'enseigne de beauté Body Minute
00:31
a fait tout ce qu'il ne fallait pas faire.
00:35
Mais avant de vous parler de la vidéo qui embarrasse Body Minute,
00:38
il faut comprendre comment s'est bâti cet empire.
00:40
Body Minute, c'est une enseigne qui a révolutionné un marché.
00:43
Celui des instituts de beauté.
00:45
Et ça, c'est grâce à lui.
00:47
Comme ça, il ne vous dit peut-être rien,
00:49
mais son nom est célèbre.
00:50
Jean-Christophe, c'est le fils de Jean-Louis.
00:52
David.
00:53
Oui, le même Jean-Louis qui a créé ça.
00:56
Bref, dans la famille, on aime bien rendre les gens beaux
01:00
et monter des empires commerciaux.
01:01
Au début des années 90,
01:03
Jean-Christophe s'intéresse aux cheveux et au business de son père.
01:06
Mais un jour, il se dit qu'il y a de la place pour lancer autre chose.
01:09
Et il crée en 1996 son propre réseau d'instituts de beauté.
01:13
Son objectif ?
01:14
Rendre accessible au plus grand nombre de femmes les soins esthétiques.
01:17
Et aller vite pour faire des consultations à la minute et sans rendez-vous.
01:21
La première boutique ouvre dans le sous-sol d'un des instituts de coiffure de Jean-Christophe.
01:25
On est en 1997, dans le 16e arrondissement de Paris.
01:28
Très vite, la formule fonctionne.
01:30
Des Bodyminutes ouvrent dans toute la France
01:32
et la franchise devient leader des soins esthétiques sur le territoire.
01:36
Aujourd'hui, Bodyminutes revendique officiellement 480 instituts.
01:40
Et parmi eux, il y aurait 280 franchisés.
01:43
En 2019, Bodyminutes revendiquait 150 millions d'euros de chiffre d'affaires
01:47
et visait les 300 millions d'ici 5 ans.
01:50
Mais alors, pourquoi on vous en parle aujourd'hui ?
01:53
À cause de cette vidéo.
01:54
Passée au début inaperçue, mais qui est en train d'amocher la réputation de l'entreprise.
01:59
En octobre 2022, Lorraine Lévy, qui travaille dans la pub
02:02
mais qui est aussi créatrice de contenu, publie une vidéo sur son compte TikTok.
02:06
Sur un ton parodique, elle y raconte une de ses dernières expériences chez Bodyminutes.
02:10
Dis donc, vous n'êtes pas très sportive, il n'y a pas trop de souplesse, là ?
02:14
Ouais.
02:16
Ah, vous n'avez pas de compagnon, d'accord.
02:18
Je comprends mieux, ouais.
02:19
L'histoire aurait pu s'arrêter là.
02:21
Mais l'enseigne décide de répondre et de partir en guerre.
02:24
La marque demande à ses esthéticiennes de signaler le contenu de Lorraine Lévy sur TikTok.
02:28
Le tout est écrit noir sur blanc dans un mail interne
02:30
que la créatrice de contenu a révélé dans une vidéo.
02:33
C'est écrit « Défendons-nous, demandez à vos filles d'envoyer des postes
02:36
pour contredire ces fausses accusations et pour la faire radier de TikTok. »
02:38
Une histoire confirmée par une franchisée qui a préféré témoigner anonymement.
02:42
Alors, à l'époque où l'histoire de Lorraine avait éclaté, l'histoire de TikTok,
02:47
on a eu pour consigne de faire des comptes TikTok au nom de nos instituts,
02:52
de demander à nos salariés et nous-mêmes, bien sûr, d'aller signaler la vidéo de Lorraine.
02:57
Selon Lorraine, Body Minute pousse l'intimidation
02:59
jusqu'à envoyer des huissiers de justice sur son lieu de travail.
03:03
Pour fouiller les ordinateurs, les drives et les mails afin de chercher des preuves
03:06
qui démontreraient que c'est mon employeur qui m'a demandé
03:09
de dénigrer Body Minute sur mes réseaux sociaux pour le compte d'un concurrent.
03:13
Évidemment, aucune preuve n'est trouvée.
03:15
Fin 2024, Body Minute décide de célébrer le réveillon à sa manière.
03:19
Le 31 décembre, la marque assigne Lorraine Lévy en justice.
03:23
Et Body Minute fait cette annonce sur un terrain dont elle ne maîtrise aucun code, TikTok.
03:27
« Mais qui c'est TikTok qui se fait pas le rire ?
03:30
Qui prétend faire des preuves parodiques alors qu'elle se moque
03:33
et critique tout le monde héchemment sans aucune bienveillance ?
03:36
Chez Body Minute, on sait s'amuser mais on préfère l'humour
03:38
quand il est constructif et respectueux de nos équipes et de nos clientes. »
03:42
Plus de 5,4 millions de vues à ce jour
03:45
et des centaines de commentaires supprimés qui se retournaient contre Body Minute.
03:49
On ne pardonne pas à Body Minute d'avoir surnommé Lorraine, Lorraine La Haine.
03:53
« Vous êtes toute une entreprise à harceler une gamine.
03:57
Vous avez branché votre cerveau cette nuit ? Je suis pas sûre. »
04:01
« À quel moment une enseigne d'épilation petit budget,
04:04
donc qui s'adresse aux jeunes, peut montrer avec aussi peu de honte
04:09
qu'elle ne comprend pas cette génération ? »
04:10
Body Minute cherchait à faire taire Lorraine, il s'est passé tout le contraire.
04:14
Des milliers de personnes la soutiennent.
04:16
Dans le jargon de la com', on appelle ça l'effet Streisand.
04:19
Et Body Minute vient de remporter la palme d'or.
04:22
« Là où il y a 20, 30, 40, 50 ans, c'était encore complètement possible
04:25
d'étouffer des affaires.
04:26
Aujourd'hui, c'est impossible puisque les réseaux font que
04:30
la parole est donnée à tout le monde.
04:32
Ce que ça fait, c'est que ça met une espèce de rapport de force
04:35
très horizontalisé entre les marques et leurs audiences.
04:38
Ce que ça implique, c'est qu'on ne peut plus contrôler ce qu'on dit de soi.
04:43
En revanche, on peut contrôler la manière dont on réagit. »
04:45
Body Minute s'enlise et va s'enfoncer encore un peu plus avec cette réaction.
04:49
« Tout, je dis bien tout, ce que vous allez entendre ou lire
04:52
dans le bad buzz de Body Minute sur TikTok,
04:54
de la bouche des petites tiktokeuses en malle de followers,
04:57
est faux, inventé ou exagéré. »
04:59
Le backlash aurait pu s'arrêter là.
05:01
Mais mi-février, un étrange compte TikTok fait son apparition.
05:05
Cruella, reine de TikTok.
05:07
Et dessus, qu'est-ce qu'on retrouve ?
05:08
Une présentation de profils similaires mot pour mot à celui de Lauren Levy
05:12
et des vidéos reprises ensuite par le compte officiel de Body Minute.
05:15
« Regardez bien cette vidéo jusqu'au bout.
05:18
C'est sûrement ça qui s'est passé avec Lauren La Haine chez Body Minute. »
05:22
Aujourd'hui, le compte affiche plus de 210 000 abonnés
05:24
avec seulement 5 vidéos postées.
05:26
Et Jean-Christophe David dans tout ça ?
05:28
Bah, il ne nie pas en être à l'origine.
05:31
Après cette énième polémique,
05:32
l'enseignant envoie un mail à ses salariés que nous avons pu consulter.
05:36
Il est demandé aux esthéticiennes de ne pas commenter l'affaire en cours
05:39
et de rester neutre.
05:40
On leur demande même d'éviter de mentionner le nom de la marque
05:43
quand elle publie des offres d'emploi.
05:45
Tout ça pour préserver l'image globale de l'enseigne.
05:48
Mais l'engrenage infernal est déjà lancé
05:50
et visiblement, rien ne peut l'arrêter.
05:52
Un mouvement de boycott se structure en ligne, notamment sur TikTok.
05:55
« Moi, pour rien au monde, je bosserai chez vous.
05:57
Pourtant, j'ai deux diplômes en esthétique.
06:00
Jamais de la vie, je viens bosser chez vous. »
06:01
« Franchement, je comprends pas comment ils arrivent encore
06:04
à avoir des clients aujourd'hui
06:06
et ils sont clairement en train de se boycotter tout seuls.
06:08
Donc pour moi, vos 10 minutes, c'est quand même. »
06:10
Alors maintenant, il y a peut-être une question que vous vous posez.
06:13
Est-ce que ce drame à TikTok a eu des conséquences économiques concrètes
06:16
sur les enseignes ?
06:17
« Là, actuellement, oui, j'ai une baisse de chiffre d'affaires
06:19
d'environ 60 à 70 %.
06:21
Aujourd'hui, j'ai eu à peine cinq clientes dans mon institut,
06:25
alors qu'en temps normal, j'en ai une petite dizaine.
06:28
Les quelques clientes que nous avons gardées
06:30
vont être des clientes qui sont d'un certain âge,
06:32
donc qui ne sont pas au courant de la polémique. »
06:36
Un boycott d'une partie de la clientèle
06:38
qui a eu des conséquences économiques graves.
06:40
« Aujourd'hui, mon loyer, je ne peux plus l'assumer.
06:42
J'ai des retards de loyer aujourd'hui qui s'élèvent,
06:45
27 000 euros de retard.
06:47
Le peu de franchisés que j'ai contactés au nord, à l'est, à l'ouest et dans le sud,
06:53
c'est pareil partout.
06:54
Je suis dans une franchise qui ne me rapporte pas d'argent
06:57
et qui m'apporte beaucoup de stress.
06:59
Ah ben c'est simple, là, je suis sous anxiolytique
07:02
parce que je n'arrive plus à dormir la nuit. »
07:03
Nous avons appelé d'autres franchisés
07:05
et elles racontent des situations similaires depuis l'affaire Lorraine Lévy.
07:08
Baisse de leur chiffre d'affaires,
07:10
baisse de la fréquentation de leurs instituts,
07:12
difficulté à payer leur loyer,
07:14
voire même, pour certaines, liquidation de leur commerce.
07:17
Surtout que depuis le Covid,
07:18
c'est pas vraiment la fête pour les instituts de beauté.
07:20
« En fait, Body Minute, le concept était très très bien à l'époque,
07:24
quand on avait du flux.
07:25
Quand on a du flux chez Body Minute, ça marche.
07:27
Après Covid, on a perdu du monde
07:29
et on a un franchiseur qui ne veut pas se moderniser.
07:32
Quand on lui suggère de mettre des plateformes de rendez-vous,
07:36
de revoir sa copie,
07:38
c'est du sans rendez-vous, du sans rendez-vous,
07:40
sauf que les habitudes ont changé. »
07:43
Une association de défense des droits des franchisés vient d'être montée.
07:46
Ses membres n'excluent pas, à terme,
07:48
d'entamer une procédure judiciaire contre leur franchiseur.
07:51
Au regard de la loi,
07:52
les franchisés payent un franchiseur pour trois services.
07:55
Une marque, un savoir-faire et une assistance en cas de besoin.
07:58
Et c'est là que ça coince.
08:00
Car l'image de la marque a été esquintée par la polémique.
08:03
Et certaines franchisées déplorent un manque d'accompagnement.
08:06
« On se retrouve, je dirais, nous-mêmes,
08:07
quand on appelle le siège pour avoir une réponse.
08:11
C'est la croix et la bannière. »
08:13
Face à cette situation,
08:14
de nombreuses franchisées souhaitent quitter le réseau Body Minute.
08:17
Mais ça ne se fait pas comme ça,
08:18
même en pleine tempête.
08:20
Le franchiseur et le franchisé sont liés par un contrat.
08:23
Et aucune des deux parties ne peut le rompre,
08:25
sous peine de grosses pénalités.
08:27
Nous avons pu consulter des contrats Body Minute.
08:29
Il y a un engagement réciproque de 7 ans.
08:32
Et en cas de départ anticipé,
08:33
il faut verser de grosses indemnités.
08:35
C'est cher payé pour un drama TikTok.
08:41
Si vous avez apprécié notre vidéo,
08:42
n'hésitez pas à liker et à nous le dire en commentaire.
08:45
Et si vous êtes fan des business dramas,
08:47
abonnez-vous entre deux gommages.
Recommandations
0:58
|
À suivre
L'Iran a lancé une attaque contre la base américaine d'al-Udeid au Qatar
euronews (en français)
hier
1:00
Migration : la Grèce envoie des navires de guerre près des eaux territoriales libyennes
euronews (en français)
hier
1:30
Exclusif: l'opposant bélarusse Tsikhanouski "a oublié comment parler après cinq ans en isolement"
euronews (en français)
avant-hier
5:39
« The Kid » naissance d'un chef-d'œuvre
Entrée Libre
04/12/2018
4:41
Les chatouilles, ça fait mal
Entrée Libre
14/11/2018
4:44
Voguing, la danse des fiertés
Entrée Libre
27/09/2018
2:02
Ce que changerait la fermeture du détroit d’Ormuz
Les Echos
hier
9:00
Halal et innovation : Quick, le retour du Giant 🍔
Les Echos
il y a 4 jours
2:30
Le brevet qui va faire perdre des milliards à Novo Nordisk
Les Echos
il y a 4 jours
1:51
Payer beaucoup d'impôts peut-il rendre heureux ?
Les Echos
il y a 5 jours
2:23
GBU-57, la pièce maîtresse de l’armée américaine en Iran
Les Echos
il y a 5 jours
2:06
Le Bourget : 5 dates qui ont marqué l’histoire du salon
Les Echos
il y a 6 jours
14:50
CMA CGM, la petite histoire des grands porte-conteneurs
Les Echos
17/06/2025
2:25
Emmanuelle Auriol - Peut-on sauver la planète sans être écolo ?
Les Echos
17/06/2025
2:12
5 chiffres à retenir des 5 ans de de Meo chez Renault
Les Echos
16/06/2025
9:23
Pourquoi la voiture sans permis éclate tout
Les Echos
13/06/2025
16:16
Novo Nordisk, le géant des coupe-faim qui a perdu la moitié de son poids
Les Echos
12/06/2025
1:58
La superteam de Zuckerberg
Les Echos
12/06/2025
1:46
3 choses à savoir sur Jensen Huang, le patron de Nivdia
Les Echos
11/06/2025
8:01
Jungle Speed, Pokémon, Loups-garous : comment Asmodee a crée son empire
Les Echos
10/06/2025
1:00
Machiavel
Les Echos
10/06/2025
2:24
Food tech : pourquoi les start-up françaises peinent à émerger ?
Les Echos
06/06/2025
2:17
Comment la Switch est devenue la vache à lait de Nintendo
Les Echos
05/06/2025
4:19
Pourquoi l’Egypte veut aussi son « Neom » au milieu du désert
Les Echos
04/06/2025
4:32
Les galères financières des joueurs de tennis pro
Les Echos
03/06/2025