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Défense : comment l’épargne des Français sera mise à contribution
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16/03/2025
Avec Philippe Crevel, économiste, directeur du Cercle de l'Epargne
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00:00
Le gouvernement veut-il vraiment puiser dans votre épargne pour financer le réarmement du pays ?
00:05
C'est la question qu'on va se poser puisqu'elle circule beaucoup sur les réseaux sociaux.
00:09
Le vrai du faux, on le fait avec notre invité Philippe Crevel, bonjour.
00:12
Bonjour.
00:13
Bienvenue sur Sud Radio et merci de nous rejoindre de si bon matin.
00:17
Vous êtes économiste, directeur du cercle de l'épargne.
00:21
Vrai ou faux, le gouvernement va-t-il vraiment puiser dans notre épargne pour augmenter le budget de nos forces armées ?
00:27
Philippe Crevel, la question peut sembler incongrue, malgré tout elle se pose sur les réseaux sociaux.
00:32
C'est faux, c'est complètement faux.
00:34
Le gouvernement n'a pas prévu de puiser, de prélever, de prendre l'épargne des Français.
00:40
Simplement, il souhaite qu'elle soit orientée en partie vers la défense, vers l'industrie de la défense.
00:49
Mais ce serait évidemment un choix volontaire de la part des épargnants d'opter ou de ne pas
00:54
pour affecter leur épargne vers des placements qui seraient en lien avec l'industrie de la défense.
01:00
Mais en aucun cas, le gouvernement va puiser, va prendre, ce ne sera pas un nouvel impôt.
01:05
Emmanuel Macron a indiqué clairement qu'il ne voulait pas faire d'impôt pour la défense
01:10
et donc il n'y aura pas d'impôt sur l'épargne ou de prélèvement sur l'épargne.
01:14
Mais alors malgré tout, on est face à une quadrature du cercle, puisque le ministre des Armées Sébastien Lecornu
01:20
nous dit que le poids de forme de l'armée française, c'est un budget à 100 milliards d'euros,
01:25
presque le double de ce qu'on a, presque, j'ai dit.
01:27
Ça veut dire qu'il faudra bien trouver les ressources quelque part.
01:30
Concrètement, ça veut dire quoi ? On se dirige vers un équivalent défense du Livret A
01:35
ou c'est encore une autre piste qui est explorée ?
01:37
Pour mobiliser l'épargne, pour orienter l'épargne, c'est vrai qu'il y a plusieurs pistes possibles
01:43
et qui ont été évoquées ces derniers temps.
01:45
Il y avait l'idée du fléchage du Livret A vers la défense.
01:49
Ça a été proposé par des parlementaires.
01:51
A priori, ce n'est pas ce que souhaite Bercy.
01:54
Pour éviter de transformer le Livret A en mille feuilles, il ne faut pas oublier que le Livret A
01:58
est destiné à financer en priorité le logement social.
02:02
Autre piste qui a été évoquée, c'était un livret de défense, un livret bleu, blanc, rouge ou vert kaki.
02:08
Là, pareil, c'est un peu compliqué à mettre en place.
02:11
C'est un système un peu administré et donc ce n'est pas forcément ce qui,
02:17
aujourd'hui, a le vent en poupe.
02:18
On irait plutôt vers la création d'un fonds d'investissement en faveur de la défense.
02:24
Fonds d'investissement auquel participeraient les institutionnels, les banques, les assureurs,
02:32
la Caisse des dépôts et consignations par exemple
02:34
et qui pourraient faire appel à l'épargne des ménages à travers des unités de comptes dans l'assurance-vie,
02:41
à travers des parts de ces fonds qui pourraient être logées dans un compte-titres
02:46
voire dans un plan d'épargne en action.
02:48
On parle souvent de l'épargne des Français comme d'un bas de laine particulièrement imposant
02:54
qui pourrait régler beaucoup de problèmes.
02:56
Est-ce que c'est vrai ?
02:58
L'épargne des Français, elle est abondante.
03:00
Il y a 6 000 milliards d'euros d'épargne financière
03:04
mais cette épargne est déjà utilisée.
03:06
Ce n'est pas de l'argent dans un coffre-fort.
03:09
L'épargne des Français, elle est aujourd'hui au cœur de l'économie.
03:13
Elle finance en grande partie les déficits publics imposants de l'État
03:18
mais ça finance également le logement social,
03:20
ça finance également les entreprises bienheureusement
03:23
et ça finance déjà la défense
03:25
que ce soit donc à travers le financement du déficit de l'État
03:29
ou à travers des actions des entreprises comme Gassos, comme Airbus
03:35
et donc les Français financent déjà la défense
03:38
et c'est vrai que l'épargne ne peut pas résoudre tout seule
03:42
et en plus elle est déjà utilisée.
03:44
En quoi elle est déjà utilisée précisément aujourd'hui ?
03:48
Vous l'avez dit d'ailleurs, elle est utilisée notamment
03:51
pour couvrir les déficits imposants de l'État français.
03:53
En quoi notre épargne aujourd'hui, par quels mécanismes concrets,
03:56
permet de financer le déficit de l'État ?
03:59
L'épargne des Français est orientée vers le financement de déficit de l'État
04:04
à travers plusieurs produits.
04:06
Premièrement, l'assurance vie.
04:08
Quand vous avez un contrat d'assurance vie
04:10
et que vous avez souscrit à des fonds euros dans ces contrats,
04:14
ce sont des fonds qui sont garantis en capital,
04:16
l'assureur avec l'argent que vous avez versé
04:20
pour garantir ce fonds euro va acheter, va prendre
04:24
des obligations d'État et contribuer au financement du déficit.
04:28
Sur le libraire par exemple, oui ça finance le logement social
04:32
mais également une partie de votre argent
04:35
pour assurer la sécurité du livret A,
04:37
pour assurer la liquidité,
04:39
est placé dans des obligations, dans des bons trésors
04:43
et donc finance également le déficit de l'État.
04:46
Et ça c'est important de le rappeler.
04:48
On dit souvent que la dette française a un gros défaut
04:52
quand on la compare à d'autres pays qui n'ont qu'une dette importante
04:54
comme par exemple l'Italie ou alors le Japon,
04:57
c'est que la dette française est détenue par des investisseurs étrangers
05:01
et donc pas par des Français. Vrai ou faux ?
05:03
La dette publique française est détenue à peu près à 50%
05:08
par des non résidents, par des personnes qui ne sont pas sur le territoire français.
05:13
C'est vrai que si on prend au Japon,
05:15
on est sur plus de 80% détenus par les Japonais.
05:19
Les Italiens c'est un peu plus, donc les Français en détention nationale,
05:23
c'est aux alentours de 60%.
05:25
Il faut voir qu'en France,
05:28
le gros détenteur de la dette publique aujourd'hui française
05:32
c'est la Banque Centrale Européenne qui a acquis énormément de titres ces dernières années.
05:36
Après, c'est à peu près un quart,
05:39
après c'est réparti pour 50%
05:42
entre les Français et puis entre les banques, les assureurs,
05:45
et puis il y a à peu près 25 à 30%
05:49
qui est acquis par des non résidents essentiellement européens.
05:53
C'est vrai qu'on a une dépendance vis-à-vis de ces investisseurs européens
05:57
qui exigent de plus en plus des taux d'intérêt élevés,
06:00
ça coûte de plus en plus cher à l'État,
06:02
et donc ça nous oblige, c'est vrai à un moment ou à un autre,
06:05
à être un peu plus rigoureux, mais c'est difficile en France.
06:09
Alors ça nous oblige, du moins du côté de l'État,
06:11
et c'est difficile en France, je vais y revenir dans un instant,
06:13
mais ça m'amène à cette question.
06:15
Si je veux épargner par exemple, si je veux placer mon argent,
06:18
est-ce qu'il est prudent pour moi, Français,
06:21
de placer mon argent dans de la dette française ?
06:23
Vous me dites que les intérêts augmentent, ça devrait être plutôt bon pour l'investisseur que je suis.
06:28
La bonne nouvelle, oui, c'est que quand les taux d'intérêt augmentent sur la dette publique française,
06:33
l'épargnant est mieux rémunéré,
06:35
et ça traduit également un déséquilibre croissant,
06:42
donc on ne peut pas complètement se réjouir de la situation.
06:45
Après, aujourd'hui, il n'y a pas de risque en termes de garantie sur les obligations d'État,
06:52
il n'y a pas de risque de banqueroute de la France en l'état actuel des choses.
06:57
La France peut faire face, on va dire, à ces traites et peut rembourser.
07:01
Évidemment, si on continue de dériver de manière persistante sur les prochaines années,
07:07
à un moment ou à un autre, ça pourrait se poser,
07:09
mais en l'état actuel des choses, il n'y a pas de problème sur la dette publique française,
07:13
et les épargnants peuvent être garantis de retrouver leur argent à l'heure actuelle.
07:18
Je rappelle que vendredi soir, l'agence de notation Fitch a maintenu la note de la dette française à A-,
07:26
c'est-à-dire perspective malgré tout négative.
07:29
C'était presque une surprise, ça l'était aussi pour vous ?
07:32
C'est vrai que les agences de notation, depuis quelques temps,
07:35
on s'attend à ce qu'elles dégradent la France,
07:37
compte tenu des problèmes politiques, de la difficulté à faire passer un budget,
07:42
de le fait qu'on a un déficit public aujourd'hui qui se trouve entre 5 et 6% du PIB,
07:48
et donc c'est vrai qu'on est plutôt dans l'idée que les notes vont se dégrader.
07:52
Pourquoi les agences ne dégradent pas ?
07:54
Premièrement parce qu'on a un taux d'épargne extrêmement élevé,
07:57
18% du revenu disponible brut, près d'un cinquième des revenus des ménages sont épargnés,
08:03
donc ça, ça contribue à maintenir la note française,
08:07
et puis il y a l'idée que le système institutionnel français est solide par rapport aux autres pays,
08:17
parce qu'il faut toujours comparer la France par rapport aux autres pays,
08:20
et la dette publique française, les titres publics français sont appréciés à l'étranger,
08:25
et il n'y a pas de problème de souscription,
08:27
parce qu'on se dit que la France arrivera à rembourser,
08:31
et que la France est quand même encore un grand pays économique à l'échelle internationale.
08:36
Donc moi, ça fait plusieurs mois, voire plusieurs années,
08:39
que je vois passer certains de vos confrères, des économistes, qui partagent leur inquiétude.
08:44
Est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui vous restez optimiste, ou vous êtes simplement dans l'attente ?
08:49
J'essaie d'être optimiste, et il faut.
08:53
Premièrement, on a quand même des atouts, l'épargne est importante,
08:57
on aura quand même une économie, même si on a des difficultés,
09:03
comme ça a été indiqué ce matin dans le journal du dimanche,
09:07
on reste quand même une plus puissante économie européenne.
09:10
Puissante économie européenne, mais avec un bonnet d'âne, c'est ce que rappelle le journal du dimanche.
09:15
Tout à fait, sur certains aspects, mais on a encore des secteurs dynamiques,
09:19
que ce soit dans l'aviation, que ce soit même dans les start-up,
09:22
au niveau de l'intelligence artificielle, on a encore des atouts,
09:25
et donc on a un problème de finances publiques récurrent depuis de nombreuses années.
09:29
C'est vrai que c'est notre point noir, malgré tout je pense qu'on peut aujourd'hui,
09:34
si chacun fait un effort, et c'est vrai que c'est la question du volume de travail,
09:38
ça a été pointé dans le journal du dimanche, c'est connu,
09:41
c'est vrai qu'il faudrait accroître le volume de travail en France,
09:44
et être dans la moyenne européenne pour résoudre en grande partie nos problèmes.
09:48
Si nous avions le même taux d'emploi que les Allemands,
09:52
c'est-à-dire 78%, nous sommes à 68%,
09:56
on n'aurait pas de problème de déficit public en France,
09:59
donc on voit que le simple fait de revenir dans la grande moyenne européenne,
10:03
nous permettrait de résoudre une grande partie de nos problèmes.
10:05
C'est ça, mais ce sont des questions politiques sensibles en France qu'il faut trancher.
10:10
Merci beaucoup Philippe Crevel, c'est toujours un plaisir de vous entendre sur Sud Radio en tout cas.
10:15
Je rappelle que vous êtes économiste et directeur du Cercle de l'Épargne.
10:18
A bientôt !
10:19
A bientôt !
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