Le calcul tronqué des économies

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00:00Et place à l'édito éco, Dimitri Pavlenko.

00:02Bonjour Agnès Verdier-Molinier.

00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous.

00:06Alors Agnès, ces derniers jours avec la discussion sur le budget de l'État,

00:10commission mixte paritaire, je vous rappelle, ce jeudi à l'Assemblée nationale.

00:14Eh bien, on en parle beaucoup des économies à faire sur les dépenses.

00:18Eh oui, Dimitri, et de ces économies, on en parle même beaucoup.

00:22D'ailleurs, les économies annoncées pour 2025 sont de soi-disant

00:2630 milliards d'euros pour la plus grosse part des économies portées par l'État, avec 20 milliards.

00:31Et de leur côté, la Sécu et les collectivités locales assumeraient

00:34respectivement 8 milliards et 2 milliards d'économies.

00:37En fait, ça, c'est pour les chiffres officiels.

00:40Mais en réalité, les dépenses publiques vont encore monter de 40 milliards cette année

00:44par rapport à l'an dernier.

00:45Alors attendez, je comprends plus rien. On va faire des économies, mais on va dépenser plus ?

00:49Eh oui, Dimitri, les économies sur les dépenses publiques, ça ne se calcule pas.

00:53Comme on calcule des économies dans un ménage ou une entreprise.

00:57Ce n'est pas, je dépensais 1658 milliards d'euros l'année dernière

01:01et je vais dépenser moins l'an prochain, pas du tout même.

01:04En fait, c'est plutôt, je dépensais 1658 milliards, toutes dépenses publiques confondues.

01:09Avec l'inflation et l'évolution tendancielle de la dépense,

01:13j'aurais dû dépenser 70 milliards de plus, mais finalement,

01:16je ne dépenserais que 40 milliards d'euros.

01:18Et donc, la différence, dans la langue de Bercy, on appelle ça des économies.

01:24Mais 30 milliards, c'est 70 moins 40.

01:27C'est ça, exactement.

01:29C'est parce qu'on calcule les économies, non pas en valeur en euros,

01:32mais parce qu'on intègre la croissance et l'inflation.

01:35Tout à fait. La croissance prévue pour cette année, dans le budget, c'est 0,9.

01:39L'inflation, 1,4.

01:41Donc en fait, pour calculer les économies en pourcentage de PIB,

01:44le gouvernement regarde ce que l'on aurait dépensé,

01:47si on avait dépensé autant que la dépense de l'année précédente,

01:49augmenter de l'inflation et de la tendance à la hausse de la dépense.

01:52Mais en fait, on a toujours calculé les économies sur les dépenses publiques comme cela.

01:57Pourquoi c'est plus compliqué cette année qu'auparavant ?

02:00Oui, on a toujours fait comme ça, mais en réalité, ce n'est pas une excuse.

02:04Les autres pays d'Europe qui ont fait vraiment des économies

02:07n'ont pas hésité à geler leurs dépenses en valeur.

02:10On peut donner plein d'exemples, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Portugal.

02:13Alors, soyons justes, sur le budget de l'État, hors opérateur de l'État,

02:17donc c'est les agences, les dépenses devraient rester stables en valeur entre 2024 et 2025.

02:23Cependant, sur l'ensemble de la dépense publique,

02:26on dépensait 1 593 milliards d'euros en 2023.

02:30Deux ans plus tard, on dépenserait, donc cette année, 100 milliards de plus sur un an,

02:36parce qu'on va atteindre quasiment 1 700 milliards de dépenses publiques.

02:40Et même le ministre de l'économie dit qu'en France,

02:42personne ne sait exactement où faire les économies.

02:46En fait, ce qui serait bien, ce serait d'avoir une règle plus juste

02:49et plus transparente pour les calculer, ces économies,

02:52pour vraiment un jour réussir à en faire.

02:54Signature Europe 1, Agnès Verdier-Molinier.

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