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Investiture de Donald Trump : «Il faut d'abord comprendre comment il se comprend lui-même», estime Mathieu Bock-Côté
Europe 1
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21/01/2025
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News
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00:00
Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le sociologue, auteur et éditorialiste Mathieu Bockcôtter.
00:04
Bonjour Mathieu, bienvenue sur Europe 1.
00:07
Donald Trump a donc pris ses fonctions.
00:09
Comme promis, cette nuit, il a signé une pluie de décrets pour lancer son mandat.
00:13
C'est un tapis de bombe de décision.
00:14
On va regarder ce qu'il y a dedans, mais je voudrais d'abord revenir avec vous Mathieu
00:17
sur le discours d'investiture hier, les mots de Donald Trump.
00:21
L'âge d'or commence aujourd'hui, le déclin s'arrête maintenant a-t-il dit.
00:25
Et il a aussi présenté son investiture comme un Liberation Day,
00:29
un jour de libération.
00:31
Alors, il faut comprendre, il y a une forme d'optimisme américain qui appartient à la psychologie du pays
00:35
et à l'esprit du conservatisme américain, c'est-à-dire l'âge d'or est toujours devant nous.
00:38
Ça, c'est l'esprit américain.
00:40
Pour le reste, il faut comprendre comment les Américains ont vécu,
00:43
une bonne partie d'entre eux, à tout le moins les quatre dernières années.
00:45
Et on pourrait remonter ça jusqu'au début des années 90,
00:48
mais surtout les quatre dernières années ont été vécues comme une forme de folie,
00:51
de folie collective.
00:52
On a beaucoup parlé de Donald Trump et la question du wokisme.
00:56
C'est très important ici, parce que les Américains n'ont pas voté que sur la question du pouvoir d'achat.
01:01
Ils n'ont pas voté que sur la question de l'inflation.
01:04
Il y a aussi, depuis quelques années en fait, la séquence qui va de Black Lives Matter à aujourd'hui.
01:08
Il y a eu, par exemple, cette espèce de sacralisation de la race et du genre dans le débat public,
01:14
dans un pays qui croyait justement à être colorblind, comme on dit,
01:17
c'est-à-dire ne pas tenir compte de la race des uns et des autres
01:20
pour mettre de l'avant le mérite individuel.
01:22
Là, il y a eu un racialisme américain qui a été particulièrement conquérant
01:26
depuis quatre ans.
01:27
Les Américains ont l'impression de rompre avec cette folie woke.
01:30
La question de la censure, très importante, qui s'était emparée des campus.
01:33
Il y a une censure qui frisait souvent avec l'hystérie
01:36
chez des meutes d'étudiants aux cheveux mauves
01:38
qui décidaient de s'en prendre à tel ou tel conférencier.
01:40
C'est un autre élément.
01:41
Mais la question trans, qui est très importante aussi,
01:44
parce que beaucoup d'Américains ne comprennent pas exactement
01:46
comment on avait pu donner tant de pouvoir à ces docteurs faux-l'amour
01:49
qui véritablement mutilaient par des opérations chirurgicales ou des traitements chimiques
01:54
des enfants ou des adolescents, plus largement, à l'identité confuse.
01:58
Et là, il y avait de véritables mutilations.
02:00
Donc, beaucoup d'Américains ont l'impression, depuis novembre,
02:03
qu'une forme de chape de plomb idéologique est tombée.
02:06
Voilà pourquoi j'ai parlé hier de 1989 intérieur,
02:10
c'est-à-dire une idéologie dominante qui sent disparaître complètement.
02:13
Elle demeure très forte.
02:14
Mais là, elle a perdu une bataille importante.
02:17
Le retour du sens commun.
02:18
Le retour du sens commun qui fait partie aussi des thématiques classiques
02:21
du conservatisme américain.
02:22
Donald Trump place aussi son action présidentielle,
02:25
c'est frappant, sous le signe de l'état d'urgence.
02:27
Surtout les sujets à état d'urgence, à la frontière avec le Mexique,
02:30
sur la question migratoire, pour l'énergie.
02:32
État d'urgence pour l'énergie, il faut fourrer.
02:34
Pour l'économie également.
02:35
Qu'est-ce que ça signifie ?
02:37
Il y a une temps perdue à rattraper, c'est ça ?
02:39
Dans son esprit, encore une fois, je dis toujours,
02:41
Trump, il ne s'agit pas d'être d'accord ou non avec lui.
02:43
Il faut d'abord comprendre comment il se comprend lui-même.
02:45
Le premier élément, c'est qu'il y a une perte complète du contrôle à la frontière.
02:50
Il faut bien comprendre qu'il utilise le terme invasion.
02:54
Je devine qu'il ne serait pas bienvenu en Europe,
02:55
mais il dit qu'il y a une invasion à la frontière,
02:57
donc on doit restaurer la frontière clairement,
02:59
en restaurant ce qu'on appellerait en Europe le refoulement.
03:03
C'est-à-dire là, il ne s'agit plus de traiter chaque demande
03:05
qui se présente à nous avec un droit accordé à chacun de traverser la frontière.
03:09
Il a d'ailleurs suspendu cette nuit la fameuse plateforme numérique
03:11
qui permettait de demander l'asile depuis le Mexique.
03:13
Exactement.
03:14
Autrement dit, la banalisation, la transformation du droit d'asile
03:18
en filière migratoire parmi d'autres,
03:19
il dit que ça doit se terminer.
03:20
Donc, on va prendre les moyens nécessaires pour cela.
03:23
Et il y a dans la gouvernance propre aux États-Unis,
03:25
le fait qu'il prend le pouvoir et à travers une série d'actes, de décrets,
03:28
ça envoie un signal fort à son administration.
03:31
Donc, il n'attend pas simplement le processus législatif classique.
03:36
Il peut, par ses décrets, marquer une nouvelle orientation à sa présidence.
03:39
C'est la restauration du pouvoir politique.
03:41
Oui, exactement.
03:42
Et ça, je pense que c'est très important,
03:44
parce qu'on a beaucoup parlé depuis quelques temps du projet 2025
03:47
reporté par le Heritage Foundation, un think-tank conservateur assez important.
03:51
Mais dans l'esprit des conservateurs américains,
03:53
le pouvoir politique a été confisqué sur l'espace de plusieurs décennies
03:57
par une caste bureaucratique intermédiaire.
04:00
Le deep state, dans l'État profond, ainsi l'appelle Donald Trump.
04:03
Alors ça, c'est la formule, on pourrait dire, polémique.
04:05
On parle aussi de l'État administratif.
04:07
L'État administratif, donc cette couche administrative intermédiaire
04:10
qui avait confisqué beaucoup de pouvoirs
04:12
et qui n'était pas redevable démocratiquement vers qui que ce soit.
04:16
La stratégie des conservateurs, c'est-à-dire
04:18
on va ramener le pouvoir à la Maison Blanche
04:20
ou à la rigueur au Congrès, là où il dépend de la volonté populaire
04:23
et on va être capable d'agir et de se dégager d'une gaine administrative
04:27
qui limitait la capacité d'action des États-Unis ou de la présidence.
04:30
Alors ça, c'est la partie qui va inquiéter certains
04:32
ou enthousiasmer en Europe.
04:34
Il y a une partie aussi peut-être plus inquiétante.
04:36
La présidence Trump, elle est perçue comme impériale.
04:39
Je donne un exemple.
04:40
La revue Le Grand Continent interprète par exemple
04:42
la présence de dirigeants étrangers hier au Capitole.
04:44
C'est une première dans l'histoire américaine
04:46
que des chefs d'États étrangers ou de gouvernements
04:48
assistent à l'investiture du président des États-Unis
04:50
comme le signe d'une vassalisation des alliés de l'Amérique.
04:54
Et puis il y a ce projet, je trouve intéressant,
04:56
qui est très en vogue chez les Trumpistes.
04:57
C'est Scott Besant, donc le nouveau secrétaire au Trésor.
04:59
Il voudrait quelque part réprimer financièrement les alliés de l'Amérique
05:02
en disant, vous voulez la protection de l'OTAN ?
05:04
Très bien, il va falloir acheter des obligations longues
05:07
du Trésor américain à taux réduit.
05:09
Il va falloir financer notre déficit.
05:11
C'est pas encore fait, mais c'est dans l'air du temps, Mathieu Bocoté.
05:13
Alors, il y a une autre grille de lecture de la chose.
05:15
Sur la question du financement de la défense,
05:16
les Américains, et pas que les Républicains sur le coup,
05:20
les Américains considèrent que l'Europe
05:23
vit sous la protection du parapluie américain depuis trop longtemps
05:26
et qu'elle s'est déchargée de ses responsabilités militaires.
05:29
Donc l'Europe, autrement dit, n'investit pas dans sa défense
05:31
et peut investir dans l'État social.
05:33
Les Américains disent, un instant,
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et ça, ça remonte aux années 90, ce discours-là, on doit bien comprendre.
05:37
On pourrait même dire à la guerre froide.
05:38
Quand on attache ça avec le fait, par exemple,
05:40
les vues sur le Groenland,
05:41
la volonté de rebaptiser le golfe du Mexique,
05:43
le golfe d'Amérique, etc.
05:45
Je pense que ça, on bascule.
05:46
Il faut comprendre le basculement psychologique
05:48
et idéologique des Américains là-dessus.
05:50
Avec Trump, les Américains renoncent
05:52
à ce qu'on pourrait appeler au leadership démocratique global
05:54
qui était très post-1989,
05:56
ce néo-wilsonisme post-1989.
05:59
On est plutôt dans cette idée que le monde
06:00
se divise en plusieurs aires de souveraineté,
06:02
plusieurs aires d'influence.
06:04
Or, l'Amérique du Nord,
06:05
on pourrait dire du Groenland jusqu'au Panama,
06:07
donc le Nord est un peu large,
06:08
c'est la nouvelle doctrine Monroe aussi, si on veut.
06:11
C'est le lieu de la souveraineté ou de l'hégémonie américaine.
06:14
Et dès lors, c'est une souveraineté ou une hégémonie
06:16
appelée à s'exercer partout sur le continent,
06:18
ce qui provoque de très légitimes réserves
06:20
à la fois chez les gens du Groenland,
06:22
mais chez les Canadiens,
06:23
mais chez les Québécois,
06:24
mais chez les Mexicains et ainsi de suite.
06:25
Donc là, c'est la dimension impériale du Trumpisme.
06:28
Trump n'est pas contrairement à ce qu'on dit isolationniste.
06:31
Ce n'est pas isolationniste.
06:33
Il est unilatéraliste.
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Il se dit, il y a une puissance américaine,
06:37
elle doit faire valoir ses droits
06:38
dans l'espace de souveraineté qui est le sien.
06:40
De ce point de vue,
06:41
il participe pleinement au retour des empires,
06:43
tel qu'on le voit aujourd'hui,
06:44
avec ce pluralisme du monde
06:46
qui implique un pluralisme des empires
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pour le meilleur et peut-être surtout pour le pire.
06:49
Merci beaucoup Mathieu,
06:50
beau côté qu'on retrouve fréquemment
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sur l'antenne d'Europe 1,
06:53
notamment d'Europe 1 Soir,
06:54
et puis sur CNews évidemment,
06:55
dans Face à l'Info avec Christine Kelly à 19h.
06:57
Merci Mathieu, bonne journée.
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