En associant la dotation budgétaire des services du Premier ministre à celle de la présidence de la République, le Cameroun affiche une enveloppe globale de quelque 86 milliards de francs affectée à l’ensemble de ses structures de coordination institutionnelle. Un montant exceptionnellement élevé, quand on sait que la quasi-totalité de ces ressources sont affectées au seul train de vie des fonctionnaires y travaillant, et cela, en totale contradiction avec les propos du président de la République qui, dans son discours à la nation du 31 décembre 2023, affirmait ceci : Extrait : Paul BIYA L’on en revient donc à la question de savoir pour quelle raison Paul BIYA, censé assurer – de par ses missions fondamentales – la cohérence de la structuration de l’Etat et l’accomplissement des missions de service public, ne veille pas davantage à ce que tant d’argent collectif ne soit dépensé par ses fonctionnaires et autres grandes huiles de la République, dans des empilements administratifs sans portée et sans efficacité. Cela, alors même que – au cours de l’année écoulée – son ministre en charge des Finances n’a pas eu de cesse de se faire entendre sur l’impérieuse nécessité de briser la tendance perpétuellement haussière sur les dépenses de consommation. Extrait : Louis-Paul MOTAZE Que faut-il donc attendre d’un pays où les entités suprêmes, censées réguler la machine administrative et montrer le bon exemple en matière de gouvernance et d’austérité, se montrent elles-mêmes aussi insatiables, d’année en année ? Comment expliquer que jusqu’à 86 milliards de francs soient accordés à des missions de coordination, à une époque où jamais la coordination de la vie institutionnelle ne s’est montrée aussi lacunaire ? Des questions que, selon toute vraisemblance, Paul Biya ne se pose pas, occupé qu’il semble être à réfléchir sur le sens de son propre destin.