C’est, selon toute vraisemblance, au jeu du chat et de la souris que les dirigeants du concessionnaire public d’électricité ENEO, ont décidé de jouer avec le Gouvernement camerounais, au titre de la préemption de responsabilité sur la sévère crise de délestages que traverse en ce moment tout le pays et, en particulier, le Réseau interconnecté Sud. Aux sommations du Ministre en charge de l’Energie incriminant la responsabilité de l’opérateur dans la survenue d’éventuels troubles sociaux, la réponse laconique mais incisive de l’accusé. A savoir, l’argent, tout simplement, l’argent ! Dans le cas d’espèce, 18 milliards de Francs à payer en urgence par l’Etat, afin de faire fonctionner les centrales thermiques et, de ce fait, alléger le poids des délestages. Traduction simple : par-delà les bravades, les procès d’intention et les démonstrations publiques, la nécessité faite pour la Puissance publique d’acquitter des dépenses qu’il se refuse depuis si longtemps de regarder en face. Car, par-devant la relation d’interface directe entre ENEO et les consommateurs finaux, se trouvent des querelles insurmontables sur chacun qui réclame de l’argent à tout le monde. Au centre de ce schéma d’insolvabilité systémique, un Etat lui-même réputé éternel mauvais payeur. Au point où les données se présentent, ENEO apparait comme celui qui n’a de toute façon rien à perdre, ou si peu. Depuis près d’un an en effet, notification explicite a été faite du Gouvernement du Cameroun de son intention de quitter l’entreprise, et de se faire rembourser sa mise. Une offre à laquelle les Autorités publiques ont jusque-là tardé à répondre. Du coup, l’opérateur affiche désormais ostentoirement tout désintérêt au moindre investissement, laissant clairement le pays errer à son propre naufrage. Peu de chance, pendant ce temps, pour que le Ministère des Finances, déjà à la peine avec sa montage de dépenses publiques non réglées, soit en mesure de trouver dans l’urgence pareil montant.