Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des propos et mesures avancées par le Ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
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00:00Punchline, 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:1118h13, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:15Gilles Keppel nous a rejoint, bonsoir Gilles Keppel.
00:17Merci de rejoindre l'équipe Punchline avec Catherine Ney, Maître Salmane, Alexandre Devecchio, Louis Darnielle et Florian Tardif.
00:23Votre livre c'est le bouleversement du monde, la presse 7 octobre chez Plon, on va en parler dans un instant.
00:27On va juste continuer à dérouler le fil de l'actualité et évoquer la visite de Bruno Retailleau à Rennes auprès des pompiers qui sont régulièrement attaqués.
00:34On va juste écouter ce que dit le ministre de l'Intérieur.
00:36Ça nous amènera après à des enjeux immigration et civilisation, écoutez-le.
00:41Sans prendre d'abord, toute violence est lamentable.
00:44Sans prendre cette violence qui consiste à essayer de piéger les hommes et les femmes qui viennent parce qu'ils ont été appelés pour sauver des vies humaines,
00:55il ne faut rien céder, il faut être vraiment, encore une fois, intraitable.
01:00Intraitable, moi je considère que quand on touche à un pompier, quand on touche à un policier, quand on touche à un gendarme, on touche à la République, à un sable républicain.
01:12Et il faut être très très ferme.
01:15Ces racailles-là qui s'en prennent à nos sapeurs-pompiers, il n'y a pas d'excuses.
01:21Aucune excuse.
01:22Voilà, pour le ministre de l'Intérieur qui était à Chessy en Seine-et-Marne et non pas à Rennes, de Rennes c'est demain.
01:28Ces racailles, dit-il Louis de Ractel, il emploie un langage très imagé, le ministre de l'Intérieur.
01:35Ces racailles-là.
01:36Chaque mot choisi depuis son arrivée est fort.
01:39Et d'ailleurs c'est un ministre de l'Intérieur qui parle beaucoup, il emploie le mot racaille, je crois que c'est pour la première fois.
01:44Mais je pense que c'est ce que disent quasiment tous les Français.
01:47Aujourd'hui, quand on se rend compte de ce qu'il décrit, c'est-à-dire qu'on tend des pièges, non pas à la police et à la gendarmerie, mais également aux pompiers qui globalement viennent essentiellement pour sauver des vies.
01:58Quelle que soit d'ailleurs la personne, si c'est quelqu'un qui même a essayé de tirer sur des policiers, les pompiers sont toujours là pour les secourir.
02:05Et c'est vrai que c'est inacceptable et je pense qu'il a employé les bons mots.
02:08Jules Kepel, on parle d'un basculement de notre société quand on voit des gens s'en prendre aux policiers, aux pompiers, à nos forces de l'ordre.
02:19Oui, on a quand même l'impression qu'il y a quelque chose du lien social qui se délite immanquablement.
02:25On le voit d'ailleurs dans la traduction de notre vie politique aussi, pas seulement dans les cités ou dans les quartiers difficiles,
02:33ou à une opposition classique entre la droite et la gauche qui avait structuré notre vie politique avec un pouvoir fort, même dans la cohabitation.
02:44Vous aviez à l'époque des cohabitations anciennes un Premier ministre qui avait vraiment le pouvoir.
02:48Là, on voit une assemblée qui est d'un côté prise entre ceux qui exaltent Gaza, de l'autre ceux qui dénoncent l'immigration et le grand remplacement.
02:59Et on voit bien que finalement, on a une société qui est aujourd'hui en train d'avoir tous ces repères qui basculent,
03:07qui sont bouleversés, si vous voulez, pas seulement au Moyen-Orient et l'élection américaine.
03:13D'une certaine manière, fait écho à cela avec Trump qui prend une grande partie de sa campagne sur le fait que pendant la présidence Biden,
03:24la frontière du Rio Grande a été poreuse et qui a annoncé l'autre jour à New York, dès que je serai élu, je ferai la plus grande déportation d'immigrés illégaux de l'histoire du monde.
03:37Et face à cela, Mme Harris, fils de deux parents immigrés, qui voit les latinas par exemple en Arizona se mobiliser pour elle.
03:48On voit bien que dans nos sociétés, finalement, le débat politique est en train de se décentrer d'une manière assez différente.
03:57Un peu comme dans le monde, vous n'avez plus l'Est contre l'Ouest aujourd'hui, mais une sorte de sud global contre le Nord.
04:05Je n'aime pas cette expression non plus.
04:07Et donc on a ça qui se traduit de façon formelle et informelle dans nos propres sociétés.
04:14Et ça, c'est complètement nouveau.
04:15Catherine Neu, vous partagez cet avis du GQ.
04:18Oui, mais ce qui est curieux, c'est que ça va de pair avec le dérèglement climatique.
04:22On a l'impression d'un dérèglement général partout parce que ça va mal chez nous en ce moment à l'Assemblée.
04:26Mais vous voyez que la coalition en Allemagne, ça va très mal, que la coalition en Espagne, ça ne va pas bien.
04:31Et qu'il y a comme ça une espèce de mouvement général.
04:35Je ne sais pas si c'est le réchauffement de la planète qui fait que tous les gens sont en ébullition.
04:38Je ne sais pas, mais il y a quelque chose qui est inutilisable et qui donne un peu le vertige et qui fait peur.
04:46Parce qu'on ne peut pas se dire que c'est un mauvais moment à passer.
04:50Et après, on voit derrière des gens qui pourraient ramener l'ordre gauche-droite.
04:55On a l'impression que tout est atomisé.
04:58C'est vrai. Et on a entendu la ministre de l'Intérieur qui s'avance avec beaucoup de force sur les grands sujets régaliens.
05:04Il a à nouveau organisé un vol aujourd'hui vers l'Albanie de 41 clandestins qui étaient détenus en Cras.
05:11Il met la pression sur les préfets, Bruno Retailleau.
05:15On va voir avec Audrey Berto comment se passe cette politique des charters.
05:20Comment ça s'est passé au cours de l'histoire de ces dernières années.
05:23Et puis on continue à en débattre.
05:26C'est le troisième vol organisé par Bruno Retailleau depuis son arrivée au ministère de l'Intérieur.
05:31Un vol groupé d'Albanais en situation irrégulière a décollé en direction de leur pays d'origine.
05:37L'objectif est simple pour le ministre, vider les centres de rétention pour libérer des places.
05:42Des vols charters qui ressemblent à ceux de Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur.
05:47Je vous annonce qu'au début du mois d'avril, le gouvernement français organisera avec le gouvernement socialiste anglais un vol groupé de retour des Afghans en Afghanistan.
06:04Nicolas Sarkozy s'était lui-même inspiré de Charles Pasqua. C'était en 1986.
06:09Nous avons pris la décision d'expulser un certain nombre de Maliens qui étaient en situation irrégulière.
06:15En fonction des dispositions que nous donne la loi, je dois dire que ce qui m'étonne et ce qui me choque,
06:21ce sont les réactions que j'ai pu lire dans certains organes de presse ce matin.
06:26Jusqu'à preuve du contraire, la loi est la loi.
06:29Pour mener à bien sa politique migratoire, Bruno Retailleau a demandé au préfet une complète mobilisation.
06:34Louis Dragnelle, ça y est, il tape du poing sur la table. Bruno Retailleau crante ses sujets.
06:39Est-ce qu'il va pouvoir avoir des latitudes ? Là, on voit il y a ses vols, ses charters organisés. Jusqu'où il peut aller ?
06:45Là, ce qu'il fait, c'est qu'il montre qu'il veut prendre les choses en main.
06:50Il rend public des décisions qu'il prend normalement dans le huis clos de ses relations avec les préfets.
06:56Il met tout ça, il le pose dans le débat public.
06:58Quand on regarde dans le détail, depuis le 1er janvier 2024, il y a eu 159 vols groupés qui ont été affrétés,
07:07aussi par le prédécesseur de Bruno Retailleau, Gérald Darmanin,
07:11et ça représentait 1146 personnes qui ont été renvoyées dans 15 pays différents.
07:16Depuis l'arrivée de Bruno Retailleau, Place Beauvau, il y a eu 20 vols groupés, ça représente 234 personnes.
07:22On a parlé de l'Albanie, il y a eu la Géorgie avant notamment, et il y a eu Mayotte vers la République démocratique du Congo.
07:28Ce qu'on voit, c'est que Bruno Retailleau veut montrer que c'est possible.
07:32Il y a plein de gens qui vous diront que c'est une goutte d'eau, oui, mais ça montre qu'on peut le faire.
07:37Quand on regarde en plus dans le détail de la composition de ce vol, il y a des majeurs, mais il y a surtout des mineurs.
07:42Il veut montrer aussi qu'on peut renvoyer des mineurs dans des pays et que c'est possible.
07:47De ce point de vue, il prend l'opinion publique à témoin et il veut, je pense, essayer de faire en sorte que les Français se disent
07:53« Mais allez-y encore plus fort, Monsieur le Ministre, c'est possible. »
07:56Malgré les oppositions politiques, malgré tout ça.
07:59Là, ce sont des décisions que lui prend.
08:01Prend tout seul.
08:02Parce qu'en fait, quand on appelle, simplement pour que les gens sachent, un vol groupé, c'est-à-dire que c'est un vol qui est affrété par l'État.
08:07C'est un moyen spécial de l'État.
08:09La police aux frontières dispose d'un avion, ça peut aussi être des avions militaires si on le souhaite.
08:15Et quand on parle d'expulsion par vol classique, ce sont des vols commerciaux.
08:18Sauf que c'est toujours très compliqué dans les vols commerciaux, puisque le commandant de bord, qui emmène des gens qui partent en vacances, par exemple,
08:26n'a pas forcément envie d'avoir à gérer des passagers qui sont mécontents.
08:30Parce que, globalement, il faut le dire clairement, quand vous essayez de contraindre quelqu'un à monter dans un avion escorté par quatre policiers,
08:36déjà, les passagers n'ont aucune envie d'être assis à côté de ce qu'on peut comprendre.
08:40Et par ailleurs, ça peut retarder le départ de l'avion, c'est très compliqué.
08:46Je suis très intéressée d'apprendre que sous Gérald Darmanin, il y a eu autant de vols qui ont renvoyé des gens chez eux,
08:53parce qu'apparemment, il fallait que ça se fasse dans le secret, que ça ne soit pas connu,
08:57parce que ça devait déranger peut-être une sensibilité dans la majorité d'alors, ça c'est sûr.
09:01Moi, je crois que de le faire aujourd'hui, le ministre le fait sciemment,
09:06d'abord parce que c'est aussi un avertissement pour ceux qui reviennent et qui voudraient partir,
09:11et que ça peut alors arriver, alors que c'est une goutte d'eau.
09:16Et donc, si on voit l'autorité qui s'exprime, je suis sûre qu'aujourd'hui, il y a moins de gens qui veulent aller en Allemagne,
09:27et si on prend certaines mesures avec moins de facilité d'hébergement,
09:35je crois qu'il n'y a plus d'hébergement,
09:37peut-être que la France ne sera plus le lieu préféré des gens qui veulent quitter leur pays.
09:46M. Kepel, dans les bouleversements du monde que vous décrivez dans votre livre,
09:49les flux migratoires en font partie, j'imagine ?
09:51Oui, bien sûr, c'est un enjeu très important, parce que c'est ce qui bouleverse en particulier les pays du Nord,
09:58dans lesquels il y a une partie du Sud,
10:00et c'est là que se voit un peu la contradiction dans la revendication du Sud global,
10:06qui condamne le Nord à tout, alors qu'une grande partie des populations du Sud,
10:11mécontentes de leur gouvernement et de la façon dont l'économie et la politique sont gérées,
10:16n'ont d'autre volonté que de traverser le Rio Grande ou la Méditerranée pour venir dans le Nord.
10:22Je voudrais revenir un peu sur ce que vous venez de dire à propos des expulsions.
10:27Le véritable enjeu, c'est l'accord avec le pays d'origine,
10:32puisque l'Albanie, aujourd'hui, est plutôt dans une volonté d'avoir des relations aussi bonnes que possible,
10:40et puis il y a aussi des contreparties dont on ne parle pas directement.
10:43Il y a des espoirs.
10:45Oui, des contreparties d'État à État, je veux dire.
10:48Et justement, ce qui est intéressant, c'est que, comme vous l'avez vu, Bruno Retailleau faisait partie du voyage au Maroc,
10:56il n'y avait pas que Yacine Benhattar.
10:58Et donc, il a beaucoup rendu visibles ses contacts avec son homologue marocain, Luis de l'Intérieur.
11:08Et bien sûr, l'un des grands enjeux, justement, qui a été la raison de la brouille,
11:13l'une des raisons, l'un des prétextes, l'un des motifs de la brouille franco-marocaine,
11:17dont on dit qu'elle est terminée, tant mieux,
11:20c'était le refus, notamment du Maroc, mais également de l'Algérie principalement,
11:26de recueillir, d'accueillir ce qu'on appelle les OQTF,
11:30c'est-à-dire les gens qui ont été frappés du Nord,
11:33d'un ordre de quitter le territoire français parce que, les papiers ayant disparu,
11:39il fallait que le consulat en question donne des laissés-passés.
11:44Et ça, justement, c'est un enjeu très important.
11:49On peut imaginer que les OQTF algériens, il n'y en aura pas beaucoup dans les mois qui vont venir.
11:55Est-ce que, du côté marocain, ça se...
11:57Si vous voulez, la question de la migration illégale est un peu un sismographe
12:04à la fois des relations entre pays et aussi des questions internes,
12:08puisque, comme on l'a rappelé tout à l'heure,
12:11il y a un parti politique aujourd'hui pour lequel c'est un enjeu majeur
12:15et pour lequel plus de 10 millions de Français ont voté.
12:18Donc, aucun ministre de l'Intérieur ne peut se permettre,
12:21surtout dans une situation aussi fragile que l'est notre équilibre parlementaire aujourd'hui,
12:27de prendre ce sujet à la légère.
12:29Donc, on est dans quelque chose qui est vraiment au cœur de la situation
12:32et ça ne se présentait jamais comme ça auparavant.