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"Not all men", et alors ? La chronique de Manon Mariani
France Inter
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10/09/2024
Une expression créée par les hommes et réemplyée par les femmes pour dénoncer les agressions sexuelles des "monsieur tout le monde".
Retrouvez la chronique "Veille Sanitaire" de Manon Mariani sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/veille-sanitaire
Catégorie
😹
Amusant
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A vos côtés Alice, vous la sentez fébrile et c'est normal, rien à voir avec sa chronique
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sur les réseaux sociaux, ça elle maîtrise, non, ce qui l'inquiète c'est que dans quelques
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jours elle va déménager, et pour le transport des cartons, elle a fait confiance, à la
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fois par amitié et par avarice, à une compagnie de déménageurs non répertoriés sur Google
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et baptisée Magouille Transport, président, CEO, Quentin, elle.
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Manon, on croise les doigts pour que vraiment tout se passe bien, et on file tout de suite
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sur les réseaux sociaux où une phrase se répond.
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« Not all men, pas tous les hommes », une phrase très utilisée sur X et TikTok depuis
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la semaine dernière, moment où a débuté le procès des viols de Mazan, 51 hommes accusés
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d'avoir violé Gisèle Pellicot, l'un d'entre eux et son mari Dominique, qui est soupçonné
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d'avoir orchestré ses abus en la droguant et en l'offrant gratuitement sur internet
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à tout violeur potentiel, et ça pendant 10 ans.
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Et l'une des choses qui choque, c'est le profil de ces hommes, des messieurs tout
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le monde, entre 26 et 73 ans, infirmiers, journalistes, pompiers, électriciens, retraités,
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chefs de chantier, certains sont même pères de famille.
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Des profils assez éloignés de l'imaginaire collectif quand on parle de violeurs.
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Sauf que le procès de Mazan montre justement une vérité qui dérange, le fait qu'un
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violeur n'est pas seulement le cliché d'un homme fou qui sévit dans un parking
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tard le soir, loin de là.
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Des stéréotypes que combattent justement les féministes depuis MeToo, en disant haut
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et fort que les agresseurs sexuels peuvent être des voisins, des membres de notre famille,
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des collègues, des amis.
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A l'époque, ça n'avait pas plu à certains hommes qui ont brandi la phrase « not all
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men » sur les réseaux en guise de défense.
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Non, tous les hommes ne sont pas des agresseurs.
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Et cette phrase, elle ressort donc avec le procès de Mazan ?
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Exactement.
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Sur les réseaux, des hommes semblent avoir peur des conséquences de la médiatisation
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du procès.
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Je vous lis quelques commentaires sous des vidéos TikTok qui parlent du sujet.
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« Tous les hommes ne font pas ça », « Faut pas nous mettre tous dans le même panier »
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et le fameux « Il y a aussi des hommes bien ». Ce message, il ne passe pas auprès de
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certaines femmes qui ont décidé de reprendre le terme « not all men » sur X, mais cette
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fois-ci, pour dénoncer des abus qu'elles ont vécu.
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Je vous lis un exemple, « Not all men, mais mon frère qui me touche alors que j'ai
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8 ans.
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Not all men, mais le copain de ma classe qui me force à lui faire une fellation.
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» Alors oui, ça peut choquer, mais c'est le but.
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Car malgré leur apparence, ces messages n'ont pas vocation à dire que tous les hommes sont
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des violeurs.
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Le but est de montrer qu'il existe un vrai problème concernant les violences sexuelles
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dans notre société et qu'il faut arrêter d'invisibiliser les femmes qui souffrent.
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Car « not all men » est une création de certains hommes utilisés par des hommes
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pour parler des hommes.
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Je rappelle que la seule victime du procès de Mazan est une femme et elle s'appelle
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Gisèle Pellicot.
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Mais attendez, ça veut dire que dans cette affaire sur les réseaux, il y a d'un côté
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les hommes et de l'autre les femmes ?
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Non, et heureusement car l'affaire Mazan trouve aussi un écho particulier du côté
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de certains hommes qui dénoncent justement tout ce batage autour du « not all men ».
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C'est le cas par exemple de l'influenceur Antoine Goretti.
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Non, l'affaire de Dominique Pellicot n'est pas une affaire de détraqué qui fait passer
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tous les hommes pour des détraqués.
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C'est une affaire de ce que subissent les femmes, normalement, tous les jours, à cause
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d'hommes normaux comme toi, comme moi.
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Un discours féministe dans la bouche d'un homme, ça fait plaisir à entendre car des
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hommes comme lui, il y en a quand même plein, mais qui osent prendre la parole publiquement,
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il y en a moins.
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Pourtant, leur parole est très importante dans un moment comme celui-ci, surtout quand
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ils sont suivis par des centaines de milliers de personnes.
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C'est aussi ce que dit le guitariste wax très populaire sur Instagram.
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« Je pense qu'il serait super de s'exprimer au maximum et de se faire entendre en tant
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qu'homme.
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J'ai honte.
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Je m'en indigne.
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Les hommes tuent.
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Les hommes agressent.
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Point. »
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Et ça résume assez bien la situation.
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« Not all men » n'est pas le sujet.
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Et en un sens, c'est une phrase égoïste, une phrase qui exprime un malaise chez ceux
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qui l'emploient.
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Une phrase sûrement maladroite aussi pour d'autres qui ont peur de la radicalité
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que ça implique.
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Mais dans un moment comme ça, la victimisation des hommes n'a pas sa place.
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On assiste à un procès inédit où une femme a été violée par plus de 80 hommes pendant
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10 ans.
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30 n'ont toujours pas été identifiés, les autres ont été filmés et on ne compte
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pas tous ceux qui ont vu l'annonce sur internet et qui n'ont rien dit.
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Gisèle Pellicot a vécu l'inimaginable et pourtant, elle se montre à visage découvert
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en faisant face à ses agresseurs.
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La honte doit changer de camp, comme elle le dit, en espérant qu'elle arrive rapidement
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chez ceux qui utilisent l'argument « not all men » à tout va.
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