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Catherine Nay : «Cohabitation, la quatrième de la 5e ?»
Europe 1
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14/06/2024
Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1
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D'abord, Catherine est avec nous, comme tous les vendredis sur Europe. Bonjour Catherine.
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Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
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Alors le 8 juillet, au lendemain du second tour des législatives, une nouvelle ère politique va commencer.
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La plus grande probabilité est qu'Emmanuel Macron se retrouve président de cohabitation.
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Ce serait la quatrième sous la cinquième république.
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Eh oui, le Rassemblement National étant arrivé en tête dans 94% des communes
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et tous les départements, hormis trois d'entre eux, le plus probable est qu'Emmanuel Macron devra nommer Jordan Bardella à Matignon.
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Et celui qui, le soir de sa victoire, lui demandait d'organiser des élections législatives,
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en l'entendant, on se disait c'est un coup de bluff.
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Dix minutes plus tard, le président annonçait la dissolution comme s'il répondait à ses voeux.
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On l'a vu l'air grave, costume de deuil, mains croisées sur la table, en défense selon le body language.
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Or, s'il y a bien quelqu'un qu'on n'imagine pas en président de cohabitation,
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c'est bien lui, si peu adepte au partage du pouvoir, qui décide de tout en se concertant avec lui-même.
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Mais la Constitution va l'y obliger, article 20, le gouvernement détermine et conduit la politique de la notion.
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Certes, il aura son mot à dire sur la nomination du ministre des Affaires étrangères et de la Défense,
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conserve son pouvoir de nomination, la liste est longue, mais le Premier ministre pourra toujours contester ses choix
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et il sera forcément très affaibli sur la scène internationale où personne ne comprend sa décision.
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Déjà, une humiliation, on lui demande de se faire discret pendant la campagne,
01:25
Gabriel Attal est seul sur les affiches électorales, mais après le 8 juillet,
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comment va-t-il supporter ces conseillers qui lui ont prodigué un si mauvais conseil ?
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Il était seul, il le sera plus encore, mais comme c'est étrange,
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vous voyez, deux fois vainqueur de Marine Le Pen, il s'était engagé à réduire le Rassemblement National
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et avec la dissolution, voilà qui va le porter au pouvoir avant les échéances.
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Alors, François Mitterrand a été deux fois président de cohabitation.
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Oui, mais cette fois, parce que les socialistes avaient perdu les législatives en 86,
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il s'y attendait et s'y était préparé en restaurant la proportionnelle
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et grâce à lui, Jean-Marie Le Pen héritait d'un groupe de 35 députés,
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ce qui était une épée dans le flanc de la droite qui, à quatre voix près, n'aurait pas eu de majorité.
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Six mois plus tôt, il avait aussi en douze rallongé le nombre des nominations dépendant de sa signature,
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plusieurs centaines. Jacques Chirac entendait avoir son mot à dire sur la politique étrangère,
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ce qui exaspérait Mitterrand. Lui, il voulait aller très vite sur les réformes,
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mais il a commis une erreur de vouloir gouverner par ordonnance,
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ce qui était mettre une arme dans les mains de François Mitterrand,
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puisque la Constitution ne l'oblige pas à les signer comme une mort ordinaire, ni de donne de délai.
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Donc, grâce à cela, il allait retarder son action, miner son autorité,
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afin de l'amener exténuée et l'image altérée à la présidentielle de 88.
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Son chef-d'oeuvre, avoir préparé en août 86, avec Julien Dray,
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l'explosion étudiante de l'automne sur la loi de Vaquet,
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en faisant croire aux lycéens par des tracts à la sortie des lycées,
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qu'avec cette loi, les inscriptions pourraient coûter 5 000, 10 000, voire 15 000 francs des contre-vérités.
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D'ailleurs, il faut lire le rapport du sénateur maçon, c'est un vrai thriller.
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Bon, la mort de Malik Oussekine, eh bien là, Jacques Chirac, on a su qu'il ne s'en est jamais remis.
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Et Mitterrand a été réélu en 88, croulant sous les dix tirambes,
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l'efflaterie d'une gauche qu'il ramenait au pouvoir.
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Il l'avait dit à un journaliste, que voulez-vous, la cohabitation, c'est un métier.
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Alors, la deuxième cohabitation pour François Mitterrand, c'est avec Édouard Balladur en 93,
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cohabitation dite de velours.
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Oui, après des élections législatives, où la droite remportait 480 sièges sur 577,
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Édouard Balladur recueillait 75% d'opinions positives,
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une apothéose qui n'allait pas tarder à lui donner des idées pour la présidentielle forcément,
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et la bagarre commençait avec Jacques Chirac.
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Mais lui, Balladur, se gardait bien de marquer Mitterrand à la culotte lors de ses déplacements à l'étranger.
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Mitterrand était un homme malade, très affaibli, qui se faisait opérer d'un son cancer.
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Édouard Balladur, qui se portait si bien politiquement, l'a gassé.
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Alors, il avait fait savoir à Jacques Chirac qu'il le soutiendrait,
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alors qu'il le traitait de voyou vulgaire et vélitaire deux ans plus tôt.
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Dans la dernière ligne droite, Jacques Chirac l'emportait et entrait à l'Élysée.
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Alors, la troisième cohabitation, Catherine ?
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Eh bien, deux ans plus tard, dissolution de convenance pour garder Alain Juppé au tréfonds dans les sondages,
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mais Chirac ne voulait pas s'en séparer.
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Alors, Villepin a eu cette idée de génie, dissoudre pour se débarrasser des Balladuriens frondeurs,
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donner un nouvel élan à la France et toujours garder Juppé.
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Mais le plus incroyable à l'époque, c'est que les députés, joyeux, partaient la fleur au fusil,
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confortés par les sondages de Jean-Louis Debré.
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Il n'y a que Bernadette qui dénonçait cette folie et traitait Villepin de Néron.
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Résultat, Jospin s'installait à Matignon pour cinq ans, ces longs cinq ans.
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Jacques Chirac, les ministres socialistes le trouvaient très sympa,
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mais lui clamblait le vide par des excès de nourriture.
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Il avait pris 25 kilos.
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La cause de ses soucis de santé ultérieurs, les dissolutions à froid, sont très très dangereuses.
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Signature européenne, Catherine Ney.
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Merci beaucoup, Catherine, pour cette histoire des dissolutions
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qui annonce peut-être celle à venir après les législatives.
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On apprend ce matin d'ailleurs que pour Raphaël Glucksmann, il vient de l'annoncer,
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la seule manière de bloquer le Rassemblement national est une union de la gauche.
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Voilà, Raphaël Glucksmann qui se couche au profit de l'union des gauches conclue hier soir.
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Il va en être question avec Eugénie Basile.
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