LENGLET-CO - Comment et pourquoi même pour produire nos obus, nous sommes devenus dépendants de la Chine - Vidéo Dailymotion

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Regardez Lenglet-Co du 11 avril 2024 avec François Lenglet.

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00:02 RTL 7h37, Langue Léco avec vous, François.

00:09 Bonjour à tous.

00:10 Emmanuel Macron se déplace aujourd'hui à Bergerac en Dordogne

00:13 où il va inaugurer une usine d'un produit devenu tout à fait stratégique,

00:16 en fait la poudre à canon.

00:17 C'est vrai, il se rend chez Eranko, fabricant d'explosifs français et public à 100%.

00:23 Lointaine héritière d'une régie des poudres et des salpêtres créée par Louis XVI en 1775.

00:31 Eranko possède déjà une usine là-bas, qui a été remise en service tout récemment

00:36 et qui tourne 7 jours sur 7, 24 heures sur 24,

00:39 tellement la demande est forte à cause de la guerre d'Ukraine.

00:42 La seconde usine devrait entrer en service en 2025

00:47 avec une capacité de production de 1200 tonnes de poudre à canon par an.

00:52 Alors, à quoi ça sert très exactement la poudre ?

00:54 Vous connaissez le fameux canon César, dont on a beaucoup parlé,

00:58 qui tire des obus de 155 mm.

01:00 Ces obus, pour qu'ils puissent se propulser à plusieurs dizaines de kilomètres,

01:05 ils nécessitent des charges alimentées avec de la poudre.

01:09 Il faut au moins 10 kg de poudre par obus et on en manque.

01:12 D'abord parce que la demande est considérable.

01:14 L'Ukraine tire plusieurs milliers de pièces par jour

01:17 et il y a une pénurie mondiale de poudre, particulièrement en Europe.

01:21 La France n'a donc pu livrer à Kiev que 30 000 obus depuis 2 ans.

01:25 30 000 obus, ça représente quelques jours de munitions seulement.

01:30 - Surtout à 10 kg de poudre par obus, comme vous venez de nous le dire.

01:32 Pourquoi manque-t-on donc de poudre ?

01:34 - Plusieurs raisons.

01:35 D'abord, la Chine a arrêté de nous livrer le nitrate de cellulose.

01:40 C'est l'un des produits de base, une sorte de coton.

01:43 Et la Chine a arrêté il y a quelques mois sans explication.

01:46 De fait, la Chine est l'alliée de la Russie,

01:48 donc notre ennemi indirect dans cette affaire.

01:50 Du coup, la Commission européenne, sous l'égide de Thierry Breton,

01:53 travaille une solution de remplacement à partir de la pâte à papier finlandaise.

01:57 Ensuite, on avait tout simplement laissé tomber cette filière industrielle.

02:02 Depuis la chute du mur, c'était en déshérence.

02:05 Fermeture d'usines, perte des filières d'approvisionnement, etc.

02:10 C'était tout simplement pas jugé stratégique.

02:13 À ça, il faut ajouter les réglementations environnementales,

02:16 qui compliquent, non sans raison,

02:19 l'installation d'usines chimiques en Europe.

02:22 - Alors, la France est le deuxième exportateur mondial d'armes,

02:25 et on n'est pas fichu de produire des éléments de base comme la poudre.

02:28 - C'est le paradoxe.

02:29 On fabrique et on exporte des armements ultra sophistiqués,

02:32 les avions de chasse, les sous-marins,

02:34 mais on n'est pas du tout prêts pour la guerre traditionnelle,

02:36 ce qu'on appelle maintenant la guerre à haute intensité.

02:39 Et le problème n'est pas seulement français.

02:42 En Allemagne, l'usine qui produit les missiles Taurus,

02:45 c'est justement ceux dont l'Ukraine voudrait disposer,

02:49 parce qu'ils permettent de transpercer un objectif de façon très efficace,

02:53 notamment un pont.

02:55 Et ces missiles sont fabriqués dans une usine en Allemagne,

02:58 qui est à l'arrêt depuis 2019.

03:01 Elle se contente de faire des pièces détachées.

03:04 - Intéressant. Ça veut dire qu'il faut tout remettre sur pied ?

03:06 - Oui, dans tous les domaines stratégiques pour le combat.

03:09 Rapatrier la production,

03:11 trouver de nouveaux sous-traitants dans les pays amis,

03:14 dans les pentes de la Chine, c'est plus acceptable.

03:16 Et c'est ce travail indispensable de renaissance industrielle, militaire,

03:20 qui est à l'œuvre en France.

03:22 Il a été initié par Emmanuel Macron,

03:24 et il est en route également au plan européen,

03:27 avec le même genre d'organisation que celle de la production du vaccin

03:31 contre le Covid il y a trois ans.

03:33 La capacité de fabrication d'obus en Europe a progressé.

03:37 Elle atteint un million par an,

03:39 mais c'est encore faible comparé à la Russie.

03:41 La Russie, c'est entre 2 et 3 millions d'obus par an.

03:44 Nous devrions être à 1,7 million à la fin 2024,

03:47 et à 2 millions en 2025.

03:49 - Merci beaucoup François Langlais.

03:51 Alors notre renaissance industrielle, militaire,

03:53 je reprends vos termes,

03:54 et nos capacités de production et de réarmement,

03:56 il en sera largement question à 8h20 avec notre invité...

03:58 notre invité l'ancienne.

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