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Transformer des Ehpad fermés en prisons pour lutter contre la surpopulation carcérale : c'est la nouvelle piste du ministre de la Justice Gérald Darmanin pour désengorger nos établissements pénitentiaires. Est-ce une bonne idée ? Écoutez Jean-François Fogliarino, secrétaire général du Syndicat national des directeurs pénitentiaires.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 30 juin 2025.

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Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Tout ce qui pourra permettre de pouvoir réquisitionner ou faire des travaux pour faire des places de prison, je le ferai.
00:09Je suis en train de regarder en ce moment des EHPAD qui sont fermés, que je pourrais modifier pour pouvoir très rapidement y mettre des détenus.
00:16En France, on met des détenus, quelle que soit leur dangerosité, dans la même prison.
00:19Mais je veux aussi faire des prisons, on va dire à taille humaine, pour ceux qui ne représentent pas de dangerosité pour l'extérieur.
00:24Et donc vous aurez reconnu le ministre Darmanin.
00:27Bonsoir Jean-François Fogliarino, vous êtes secrétaire général du syndicat des directeurs pénitentiaires.
00:32Merci beaucoup de nous rejoindre dans RTL Soir.
00:34Vous venez d'entendre donc Gérald Darmanin ce matin sur RTL,
00:37transformer des EHPAD fermés en prison pour lutter contre la surpopulation carcérale.
00:43C'est la nouvelle piste du ministre de la Justice pour désengorger nos établissements.
00:47Est-ce que c'est une bonne idée ?
00:49Alors je voudrais vous dire que nous sommes dans une telle situation au niveau des établissements pénitentiaires
00:54que nous prenons toutes les idées possibles.
00:57Après il y a la réalisation, la faisabilité et le temps pour mettre en oeuvre ces idées.
01:02Comment on transforme un EHPAD en prison ? Vous avez une idée vous ?
01:06Alors j'attends que le ministre nous en dise un peu plus.
01:09Nous ce que nous attendons en tant que directeur pénitentiaire,
01:11c'est de la sérénité et de la sécurité sur nos pratiques professionnelles.
01:15De la sérénité parce que vous l'avez dit vous-même, c'est une nouvelle annonce.
01:19En un mois, nous avons appris qu'il y aurait un établissement en Guyane,
01:22qu'il serait possible de louer des prisons à l'étranger,
01:26qu'il y aurait ensuite des prisons modulaires, puis aujourd'hui des anciens EHPAD.
01:30Donc nous, au vu de la surpopulation carcérale, ce qu'il nous faut c'est des solutions,
01:34mais pas pour dans six mois, pour cet été.
01:37Surpopulation carcérale qui a battu un nouveau record.
01:40On l'a appris il y a quelques instants, le nombre de détenus dans les prisons françaises
01:44était de plus de 84 400 au 1er juin.
01:49C'est donc un chiffre supérieur au mois dernier.
01:52Pour en revenir à ce que dit le garde des Sceaux, des prisons à taille humaine
01:55pour ceux qui ne représentent pas de dangerosité pour l'extérieur.
01:58C'est plutôt louable comme intention.
02:01Vous lui répondez quoi ?
02:02Alors que non seulement c'est louable, mais en plus, ça existe déjà.
02:06Il y a les quartiers et les centres de semi-liberté,
02:09qui sont donc des lieux de détention pour des personnes qui travaillent
02:12ou qui se forment ou qui cherchent un emploi à la journée.
02:15Il y a la possibilité aussi de mettre des personnes sortantes de prison
02:19dans des foyers de placement extérieur avec un gardiennage,
02:23donc une sécurité minimale mais existante.
02:26L'idée de ne pas mélanger tous les détenus,
02:28mais de les regrouper selon les délits ou crimes commis,
02:32est-ce que ça vous semble crédible, réaliste ?
02:33Et d'ailleurs, est-ce que ça n'existe pas déjà ?
02:36Alors, ça peut exister dans certains quartiers
02:38et des établissements dits maisons centrales pour des détenus
02:41dont on a évalué la dangerosité.
02:44Et d'ailleurs, on le voit sur la criminalité organisée.
02:46Après, nous, nous étions un peu, comment dire,
02:49critiques par rapport au fait de réunir au même endroit
02:51des mêmes profils et des profils potentiellement dangereux.
02:56Dans nous, ce qui est vraiment urgent,
02:57c'est de qu'est-ce qu'on fait actuellement
02:59des gens qui ne devraient pas être en prison.
03:01Les malades mentaux,
03:03les personnes qui sont en attente de jugement
03:05et qui ne sont pas poursuivies pour des faits graves,
03:09et toutes ces personnes qui, en fait,
03:10pourraient sortir en aménagement de peine
03:12et dont on voit qu'ils ne sortent pas.
03:14Mais ils sont si nombreux que ça,
03:15ceux que vous venez de nous citer ?
03:17Alors, c'est difficile de l'évaluer,
03:19mais ne serait-ce que pour les maladies psychiques ou mentales,
03:23il y a eu des évaluations faites entre 30 et 40%
03:25des personnes actuellement en détention
03:27qui ont des troubles d'ordre psychologique ou psychiatrique.
03:30Mais pardonnez-moi, vous êtes en train de nous dire
03:31que les fous sont en tôle.
03:33Et ce n'est pas leur place.
03:35Oui, et tout le monde le sait.
03:36Tout le monde le sait.
03:37Depuis la fin de ce qu'on appelait les asiles,
03:40il y a des gens qui se retrouvent en détention
03:42alors que leur pathologie mentale
03:45est en grande partie la source d'explications de leur délit.
03:49Et pourquoi ?
03:50Parce qu'il n'y a pas assez de place à l'extérieur ?
03:52Vous avez l'impression finalement qu'on les met là
03:55parce qu'on ne sait pas où les mettre ?
03:57Alors, cela joue, bien entendu.
03:59Il y a aussi, je dirais, la peur de l'opinion publique
04:02qui semble être actuellement d'actualité
04:05de la réaction de l'opinion publique
04:06si ces personnes étaient, par exemple,
04:08dans un hôpital psychiatrique de jour
04:10et qu'ils sortaient et qu'ils recommettaient
04:12des délits voire des crimes.
04:14Pour en revenir à ce que vous disiez
04:15sur les narcotrafiquants,
04:17les mettre ensemble, ce n'est pas
04:18le risque d'alimenter davantage,
04:21je ne sais pas, les trafics,
04:22je pense évidemment à la prison
04:24de Vendin-le-Vieille, à Condé-sur-Sarthe.
04:26Alors, pour avoir visité Vendin-le-Vieille,
04:29c'est certain que ça peut être adapté
04:31pour éloigner les personnes de leur réseau.
04:33Par contre, le risque que nous, nous voyons,
04:35c'est plutôt ce qui avait été le cas
04:38lorsqu'on avait étudié les personnes radicalisées.
04:41On avait mis de côté,
04:42au niveau de l'administration pénitentiaire,
04:44de les mettre dans un seul établissement.
04:46Pourquoi ?
04:47Pour l'effet un peu cocotte minute
04:48et surtout les antagonismes entre eux
04:50qui peuvent créer des violences,
04:52mais également le fait
04:53qu'ils peuvent à l'intérieur
04:54recréer quelque part
04:55leur propre microcosme.
04:58Gérald Darmanin est revenu également
04:59sur son idée de louer,
05:01je dis bien louer,
05:02des places de prison à l'étranger.
05:04Des propositions d'ailleurs
05:05étaient faites à l'Espagne
05:06ou à l'Allemagne.
05:07Le ministre a raison
05:08d'aller voir chez nos voisins ?
05:10Alors, on n'a pas eu connaissance
05:12de ces propositions.
05:13Mais si tel était le cas,
05:14quelle serait votre réaction ?
05:15Alors, la réaction première,
05:17ça serait
05:17quel est l'état des droits,
05:19des droits, je dis bien
05:20des droits fondamentaux
05:22dans ces pays
05:23et qui va assurer
05:24la surveillance
05:26de nos personnes détenues ?
05:28Est-ce que ce sont des gens
05:29qui parleront français ?
05:31Tout simplement.
05:32Et puis aussi,
05:33il ne faut pas oublier
05:34que la majorité des gens
05:35qu'on envisage en fait
05:37de faire partir
05:38dans d'autres pays,
05:40pour certains,
05:40voudront revenir ici.
05:41Donc, quid
05:42de la préparation
05:44de leur sortie ?
05:45Dans un communiqué
05:46publié il y a
05:47une quinzaine de jours
05:49à peu près.
05:49Vous tiriez la sonnette d'alarme,
05:51je vous cite,
05:51nous rendons aujourd'hui
05:52à la société des personnes
05:53potentiellement plus dangereuses
05:55qu'au jour de leur incarcération.
05:57Quels sont les profils
05:58dont vous parliez ?
06:00Alors, ce sont des profils
06:02de personnes
06:02qui, soit,
06:03ne sont pas habituées
06:04à la prison
06:04et qui, du fait
06:06du manque d'accompagnement
06:07en prison,
06:08décompensent.
06:08On a eu un cas
06:09encore récemment,
06:10je ne rentrerai pas
06:11dans les détails,
06:12mais d'une personne
06:12qui n'avait pas été vue
06:14comme quelqu'un
06:15de potentiellement dangereux
06:16et qui a tué
06:17son co-détenu
06:19dans la cellule.
06:20Soit, nous avons aussi
06:21notre profil de personnes
06:22qui sont habituées
06:24à la délinquance
06:24et à qui
06:25nous ne pouvons pas
06:27en fait
06:27permettre
06:28un véritable
06:29choix de vie différent
06:31du fait
06:32qu'ils sont tellement nombreux
06:33qu'ils ne sont plus vus
06:34par les services
06:35pénitentiaires
06:35d'insertion
06:36et de probation
06:36et qu'il est très difficile
06:38en fait
06:38de travailler avec eux
06:39sur une sortie
06:40de la délinquance
06:41tout simplement.
06:41Merci beaucoup
06:42en tout cas
06:43d'avoir pris la parole
06:43dans notre émission.
06:45Merci Jean-François Fogliarino.
06:47Vous êtes secrétaire général
06:47du syndicat national
06:48donc des directeurs
06:50pénitentiaires.
06:51Dans un instant,
06:52le meilleur de l'homme
06:52aux mille voix,
06:53Marc-Antoine Lebray.
06:54C'est son best-of.

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