Jean-René Cazeneuve, député Renaissance du Gers, invité du 18.20 franceinfo le 15 novembre 2023.
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00:00 - Bonjour à vous Jean-René Cazeneuve. - Bonjour.
00:02 - Il y a la situation dramatique au Proche-Orient et puis il y a la vie qui continue.
00:06 Le projet de loi sur le plein emploi a été définitivement adopté au Parlement
00:11 avec pour objectif de réduire le chômage à 5% d'ici 2027.
00:16 C'est un peu un des éléments de fierté d'Emmanuel Macron.
00:19 Pas de chance, le taux de chômage vient d'enregistrer une hausse de 7,4% au troisième trimestre.
00:26 J'ai envie de vous demander tout bêtement que se passe-t-il ?
00:29 - Alors, vous avez raison, peut-être rappeler, comme notre majorité est arrivée au pouvoir en 2017,
00:35 le chômage était à 9,5%, il est descendu à 7% pratiquement juste avant le Covid,
00:42 il est reparti à la hausse et là il est redescendu à 7,4%.
00:46 Donc on est bien sur une tendance de fond, de baisse du chômage
00:51 et l'objectif c'est d'arriver au plein emploi, c'est-à-dire 5% de chômage en 2027.
00:56 - Mais c'est vrai que ça marque une pause. - C'est le contexte, c'est l'absence de croissance, qu'est-ce que c'est l'idée ?
01:01 - Pour le deuxième trimestre consécutif, il y a une pause, une légère augmentation
01:06 qui est liée effectivement au contexte international.
01:10 Il y a un ralentissement de la croissance.
01:13 La France n'est pas une île, donc même si elle se porte un petit peu mieux en termes de croissance
01:17 que ses voisins européens, vous savez, cette année il y aura une dizaine de pays européens
01:21 qui vont être en décroissance.
01:23 Donc évidemment, ça n'est pas une bonne nouvelle pour l'économie française
01:27 qui est une interdépendance qui est assez importante.
01:29 Donc oui, il y a un ralentissement qui provoque cette pause dans la baisse du chômage.
01:34 - Emmanuel Macron se faisait fort de créer des emplois, c'est un peu sa marque quand même.
01:38 Les choses vont pas très bien autour, la dette, tout le reste.
01:41 Mais moi je crée des emplois. Mais là, sous-d'un, ça s'arrête.
01:44 Les 5% en 2027, c'est quoi ? C'est du volontarisme politique ?
01:49 Est-ce qu'il n'y a pas un risque d'enfermement avec la logique de François Hollande,
01:53 cette courbe qui ne cessait de monter ?
01:55 Il avait indexé son avenir politique là-dessus.
01:57 - Oui, mais franchement, quand on regarde depuis maintenant 6 ans, le chômage baisse.
02:03 Les fondamentaux sont là. Ils ne baissent pas par hasard.
02:05 Ils baissent parce que nous avons mis en place des réformes de l'assurance chômage,
02:09 parce que nous avons mis en place la réforme sur l'apprentissage.
02:13 On va avoir l'année prochaine de l'ordre de 1 million d'apprentis en France.
02:16 Parce que la réforme des retraites aussi, qui permet aux Français de travailler plus longtemps.
02:21 Ce sont bien des fondamentaux que nous mettons en place.
02:24 - Ils sont très lents, genre les 15-19. Le problème, c'est que la crise internationale perdure.
02:29 Donc tout ce qu'on met en place, ça met du temps finalement à produire ses fruits.
02:34 C'est ça le problème. - Oui, oui. Je suis comme vous, un patient, si vous voulez.
02:37 Mais on a quand même recréé des emplois industriels en France.
02:41 C'est la première fois. Le pays est redevenu attractif.
02:44 Ce sont les investissements dans notre pays qui augmentent.
02:47 Donc il y a quand même des fondamentaux aujourd'hui qui nous permettent de rester optimistes.
02:51 Je reste prudent, mais optimiste pour les prochaines années, pour atteindre cet objectif de 5%.
02:57 Vous savez, le chômage, c'est la vraie inégalité.
02:59 Moi, j'appartiens à une génération qui a connu un chômage quasi endémique.
03:03 Et maintenant, on n'a pratiquement plus parlé. C'est plutôt bon signe.
03:06 Écoutez, notre objectif, et nous faisons tout pour, c'est le plein emploi en 2027.
03:10 - Et il y a ce problème, les statistiques le montrent, que la majorité des chômeurs sont peu formés.
03:15 Et les demandes portent sur des emplois très qualifiés.
03:18 Il y a toujours ce problème de formation des personnes qui cherchent un emploi.
03:23 - On met la raison pour laquelle on met... - On n'en parle tout le temps.
03:26 Ça ne s'améliore que difficilement.
03:29 - Oui, mais l'apprentissage des compétences, on met beaucoup d'argent sur ce sujet-là.
03:33 Je vous dis, comme vous mettez beaucoup d'argent aussi sur l'apprentissage.
03:38 On a, je vous l'ai dit, on a un million aujourd'hui de personnes
03:42 qui sont sous une forme ou sous une autre en apprentissage.
03:45 Et tout ça, ça permet d'arriver au travail.
03:49 On a voté une loi sur le plein emploi cette semaine qui va aussi accompagner,
03:54 permettre d'accompagner nos concitoyens qui sont RSA,
03:58 qui sont quelquefois assez loin de l'emploi.
04:01 Et donc, avec cet accompagnement personnalisé,
04:04 on souhaite aussi les ramener au travail, les aider à retrouver un travail.
04:07 - Donc il faut prier, si je puis dire, pour que la croissance revienne et que l'emploi...
04:11 - Non, parce que les fondamentaux sont là.
04:14 Maintenant, la France n'est pas toute seule.
04:16 Et si notre voisin allemand est en panne, ça a un impact pour nous.
04:20 - Alors Jean-René Cazeneuve, vous êtes le rapporteur général
04:22 de la Commission des finances de l'Assemblée nationale.
04:23 Vous avez l'œil sur le budget.
04:26 La loi de programmation des finances publiques a été définitivement adoptée.
04:29 Tout ça, ça passe un peu sous les radars parce que les préoccupations sont ailleurs.
04:34 Dans un même temps, Bruno Le Maire nous a annoncé
04:38 qu'il fallait trouver, à minima, il dit,
04:41 12 milliards d'euros d'économies supplémentaires.
04:44 Donc nous bouclons un budget, mais il ne suffira pas.
04:48 - On a bouclé le budget pour 2024.
04:51 Donc voilà, qui va amener une baisse de notre déficit.
04:55 - C'est compliqué quand même.
04:56 - Oui, écoutez, il y a des incertitudes.
04:58 On voit bien la situation internationale, la guerre en Ukraine,
05:01 la crise au Moyen-Orient.
05:03 Donc il faut rester prudent.
05:05 Mais nos projets...
05:06 Aujourd'hui, l'économie française fait mieux que ses voisins.
05:09 L'inflation est plus basse, la inflation ralentit.
05:12 Elle est prévue à 2,5 % l'année prochaine.
05:16 Il va y avoir un rebond aussi de l'activité économique.
05:19 On prévoit une croissance de 1,4 %,
05:21 mais aussi au niveau de l'Europe, ce sera de l'ordre de 1,3 %.
05:25 Donc il y a quand même...
05:26 Les fondamentaux sont là pour arriver à un emploi meilleur.
05:30 Mais effectivement, il faut continuer à maîtriser notre dépense publique.
05:34 Pourquoi ?
05:35 Tout simplement parce que la dette coûte cher.
05:37 - Ce n'est pas compliqué.
05:38 - La dette coûte cher.
05:39 - Soit faire gonfler la dette, soit augmenter les impôts.
05:42 Il y a deux formules.
05:44 - Ou maîtriser nos dépenses.
05:46 Et donc, non, on ne veut pas...
05:48 Notre majorité ne veut pas augmenter les impôts.
05:50 Et d'ailleurs, elle ne les a pas augmentés.
05:51 Elle les a plutôt baissés.
05:52 On a baissé de 50 milliards...
05:53 - Et ça, ça veut continuer, ça.
05:54 - Ça va continuer.
05:56 Peut-être pas au même rythme, évidemment.
05:58 Mais on ne veut pas augmenter les impôts.
06:00 - Jean-René Caseneuve, La Vie politique continue.
06:02 Nous sommes en plein réquisitoire au procès d'Eric Dupont-Moretti
06:04 devant la Cour de justice de la République.
06:06 Le procureur général requiert un an de prison
06:08 avec ceux que sursis à l'encontre du garde des Sceaux.
06:11 Ma question est toute simple ce soir.
06:12 Je m'adresse aux députés de la majorité.
06:14 Si le ministre de la Justice est condamné,
06:16 est-ce qu'il devra, à vos yeux, démissionner du gouvernement ?
06:20 - On n'en est pas là.
06:22 Il est pour l'instant résumé innocent.
06:24 - Quelques heures ?
06:25 - Effectivement.
06:26 - Jusqu'à la condamnation ?
06:27 - Non, mais non.
06:28 On verra.
06:29 Et donc, à ce moment-là, il prendra ses responsabilités.
06:32 - Quelle est la règle ?
06:34 - C'est un homme de responsabilité.
06:36 Mais franchement, aujourd'hui, il n'est pas condamné.
06:39 Attention de ne pas mettre la charrue avant les bleus.
06:41 La présomption d'innocence est assez fondamentale dans l'initiative.
06:44 - Un ministre condamné sur le principe, quel qu'il soit,
06:46 il doit rester, partir ?
06:47 Jean-René Caseneuve, il y a une règle pour ça ?
06:49 - Il y a une règle non écrite.
06:51 Mais je pense que ce serait difficile, effectivement,
06:53 en tant que ministre de la Justice, s'il était condamné.
06:55 Mais une fois de plus, il faut...
06:57 - Ce serait difficile ?
06:58 - Ce serait difficile pour lui de rester, évidemment.
07:01 Mais il faut respecter la présomption d'innocence.
07:04 Et moi, j'ai confiance en lui.
07:06 - Toute dernière question.
07:07 Éric Ciotti, le patron du Républicain,
07:10 qui ne se rendra pas vendredi, Jean-René Caseneuve,
07:13 à la nouvelle rencontre de Saint-Denis,
07:15 à l'invitation du président de la République.
07:17 Vous le regrettez ?
07:18 - C'est bien triste.
07:20 Quel spectacle affligeant, si vous voulez,
07:22 que de ne pas aller à une rencontre organisée
07:25 par le président de la République.
07:28 Vous voyez, c'est quand même assez triste
07:30 qu'un certain nombre d'hommes politiques
07:32 en soient arrivés là.
07:33 Le dialogue, c'est quand même la base de notre démocratie.
07:36 Si on ne peut même pas dialoguer
07:38 pour essayer de se mettre d'accord
07:40 sur un certain nombre de priorités
07:42 qui touchent notre pays,
07:44 franchement, c'est grave.
07:46 Donc, oui, moi, je ne comprends pas.
07:48 Je ne comprends pas ce genre de comportement.
07:50 J'attends mieux des Républicains,
07:52 j'attends mieux du Parti Socialiste,
07:54 qui est aussi dans la même situation,
07:56 qui franchement ne sont plus que l'ombre
07:58 des partis qu'ils ont été pendant très longtemps.
08:00 - Merci à vous, Jean-René Caseneuve,
08:02 député Renaissance du Gers.
08:04 - Magnifique région, je vous y attends.
08:06 - Rapporteur général de la Commission des Finances
08:08 de l'Assemblée Nationale, d'avoir répondu