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  • 16/09/2023
Erik Tegnér : «La crise est en train de s'aggraver. [...] La très grande majorité de ceux que j'ai interviewés disent venir ici pour des raisons économiques. Ils expliquent qu'il y a des aides sociales en France et un accès au travail beaucoup plus facile.»

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Transcription
00:00 Alors là, je suis exactement à l'entrée du hotspot de Lampedusa,
00:03 hotspot aujourd'hui qui est complètement saturé.
00:06 Vous voyez en ce moment, il y a de nouveaux migrants qui sont en train de rentrer.
00:09 Pourquoi ? Parce que la crise, elle est en train de s'aggraver cette nuit.
00:12 Il y a près d'une centaine, voire 200 migrants qui sont arrivés.
00:16 J'ai pu les interroger juste avant que vous m'interviewez.
00:18 Ce sont essentiellement des Camerounais.
00:20 Ce qui m'inquiète aussi, c'est que cette fois-ci, aujourd'hui,
00:23 on voit beaucoup de femmes et beaucoup d'enfants, comme si du côté de la Tunisie,
00:27 ils commençaient à envoyer des femmes et des enfants par bateau.
00:30 Moi, ce que j'ai observé depuis le début ici, c'est que la très grande majorité de ceux
00:34 que j'ai interviewé, beaucoup de francophones qui viennent de Guinée,
00:37 qui viennent du Cameroun, qui viennent du Mali, qui viennent également de Côte d'Ivoire,
00:41 disent venir ici pour des raisons économiques.
00:44 C'est assez clair.
00:44 Ils vont m'expliquer qu'il y a des aides sociales en France,
00:47 qu'on en parle beaucoup au Burkina Faso, donc ils sont au courant de cela.
00:51 Ils vont m'expliquer qu'il y a un problème de chômage en Guinée.
00:53 Et lorsque je les interroge en leur disant,
00:55 mais vous savez, il y a aussi un problème de chômage en Europe et en France,
00:58 ils me répondent, oui, mais il y a un accès au travail beaucoup plus facile.
01:01 Même sans papier, je sais que je peux travailler.
01:03 Peut-être que derrière, je pourrais avoir des papiers.
01:05 Pour eux, clairement, c'est un eldorado.
01:08 Ils cherchent à venir, évidemment, en France parce que beaucoup sont tout simplement francophones.
01:12 Et il n'y a finalement aucun, moi, j'en ai vu aucun de personne qui est en train de fuir la guerre.
01:16 Il m'est arrivé d'ailleurs à ce sujet hier, un épisode assez étonnant au niveau de l'embarquement
01:21 des migrants dans les bateaux qui les amènent vers l'Italie et vers l'Europe.
01:25 Il y a une personne qui vient de l'Europe in un for asylum,
01:29 c'est-à-dire payée par l'Union européenne, qui est chargée de l'asile,
01:31 qui est venue voir en me disant que je n'avais pas le droit de filmer ce visage des migrants.
01:34 Pourquoi ? Selon elle, parce que lorsqu'ils vont déposer une demande de droit d'asile,
01:38 lorsqu'ils vont expliquer qu'ils quittent un pays en guerre,
01:40 l'ambassade pourra sortir ses vidéos en disant, mais attendez, monsieur,
01:44 vous avez répondu aux questions d'un journaliste en lui disant
01:46 que vous veniez ici pour des raisons économiques,
01:48 donc on va refuser cette demande de droit d'asile.
01:50 Donc c'est important, je pense, de souligner cet aspect,
01:53 que c'est une immigration essentiellement économique qui vient ici,
01:57 avec des personnes qui pensent énormément de bien de la France et de l'Europe,
02:01 d'ailleurs souvent parce qu'ils quittent la Tunisie
02:03 ou ils disent être persécutés par les Tunisiens.
02:06 [Musique]
02:10 [SILENCE]

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