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  • 15/05/2023
Alors que plus de 200 patrons étrangers étaient réunis, lundi, au château de Versailles pour la sixième édition du sommet "choose France", le député LFI de Seine-Saint-Denis, Éric Coquerel, estime qu'il faire attention "aux mots et à ce qu'on annonce."

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Transcription
00:00 - Bonsoir à vous Eric Coquerel. - Bonsoir.
00:03 - Emmanuel Macron annonce 13 milliards d'investissements étrangers sur notre territoire pour 8000 emplois directs.
00:09 Question, est-ce que ça va dans le bon sens ?
00:11 - C'est surtout un effet d'annonce, je me permettrais de le dire.
00:16 On entend toute une propagande aujourd'hui.
00:17 Ce qui va dans le bon sens, c'est le fait qu'Emmanuel Macron, qui pourtant a fait partie dans le passé
00:22 de tous ces gens qui estimaient qu'il ne fallait plus d'industrie dans le pays,
00:26 vous savez Alcatel, qu'il fallait créer des sociétés sans usines,
00:30 aujourd'hui considère que c'est important.
00:32 - Le retour des usines.
00:34 - Mais après, il ne faudrait pas se payer de mots.
00:38 D'abord, c'est des annonces.
00:40 C'est des annonces où il y a une espèce de lobbying inversé.
00:44 L'État français fait lobbying auprès d'investisseurs privés.
00:47 Alors 13 milliards, la moitié, il faut savoir que c'est lié à l'entreprise qui va ouvrir à Dunkerque,
00:54 Prologium, à la moitié de cet investissement.
00:58 Et pour vous donner une idée, sur les chiffres qui ont été annoncés depuis 4 ans...
01:03 - Oui, elle c'est 5 milliards 2, c'est ça ?
01:05 - Voilà, 5 milliards 2. Sur les chiffres qui ont été annoncés depuis 4 ans,
01:08 les chiffres 12 milliards 25 ont été réalisés.
01:12 5 ans sont en cours, mais on ne sait pas s'ils iront jusqu'au bout.
01:14 - Ça prend du temps d'installer des usines.
01:16 - Bien sûr, mais ce que je veux dire par là, c'est qu'en l'instant, c'est des annonces.
01:18 Si on regarde concrètement les chiffres, on s'aperçoit que,
01:21 on nous dit que la France est en tête des investissements de l'étranger.
01:25 Quand on regarde la masse globale des investissements, on s'aperçoit qu'on n'est plus que 6ème en Europe.
01:29 Non pas le nombre d'investissements.
01:31 Vous comprenez que si vous faites 10 investissements à 1000 euros,
01:34 il vaut mieux avoir un seul investissement à 1 million d'euros.
01:36 Donc en investissement global, on n'est plus que 6ème en Europe.
01:39 Et j'allais dire, pour chaque investissement en moyenne,
01:43 en France c'est 33 emplois créés, quand c'est 58 en Allemagne et plus de 100 en Espagne.
01:47 - Vous dites quoi ? Peu mieux faire, c'est ça ?
01:49 - Ce que je dis, c'est que, attention déjà avec les mots et ce qu'on annonce.
01:53 La deuxième chose, c'est que malheureusement, on continue à supprimer des emplois industriels dans ce pays.
01:58 8, depuis le début de l'année, il y en a eu comme ça à peu près,
02:03 une dizaine qui ont été fermées en un trimestre.
02:06 Il y en a simplement 8 de créés.
02:08 Donc c'est pas aussi fort que ça.
02:10 Et puis surtout, ce qui m'inquiète, c'est que c'est au prix d'un dumping social et fiscal.
02:13 C'est-à-dire que la France est en train de vouloir s'aligner
02:16 à faire des cadeaux fiscaux toujours plus importants,
02:18 à faire des aides aux entreprises sans conditions,
02:22 ce qui fait qu'il faut revenir, je pense qu'il y s'est revenu,
02:25 sur les remplices de Dunkerque, sur les 5 milliards d'investis,
02:29 il y aura plus d'1,5 milliard d'aides de l'Etat sans conditions.
02:32 Donc je ne suis pas certain que ce soit comme ça la meilleure condition.
02:35 Moi je pense qu'il faudrait surtout du protectionnisme
02:37 pour faire en sorte de sécuriser nos entreprises,
02:40 au lieu justement d'être ouvert à tout va,
02:42 à un marché sur lequel on s'aligne par le moins-disant social et fiscal.
02:45 - Bon, Éric Coquerel, le président s'exprime tout à l'heure sur TF1,
02:48 il est sur tous les fronts d'un point de vue politique,
02:51 d'un point de vue médiatique, c'est sa réponse à lui,
02:54 à la crise des retraites ?
02:56 - Alors c'est peut-être sa réponse,
02:58 mais c'est aussi une manière de cacher les choses.
03:00 Vous savez que les retraites, les chiffres de l'INSEE,
03:04 que je vous citais, de l'OFCE, qui sont des organismes publics,
03:07 on pense que ça va créer environ, ça va supprimer
03:10 à peu près 280 000 emplois dans le pays
03:13 d'ici justement 2030,
03:16 et donc ça ne va pas aider dans le sens de la création d'emplois.
03:19 Alors donc, j'allais dire que c'est toujours une espèce de promotion industrialisée,
03:23 moi ce que je sais, c'est que la France,
03:25 il y a 9% d'industrie en France, un peu plus aujourd'hui,
03:28 on est revenu en termes de production industrielle
03:31 au niveau de 2015, et nous sommes à deux fois moins
03:34 de production industrielle que l'Allemagne ou le Japon par exemple.
03:37 - Mais que dites-vous de l'annonce par le président de la République
03:40 de continuer de baisser les impôts
03:43 des classes moyennes en France, afin de
03:46 leur permettre de vivre mieux avec le salaire ?
03:49 Ça concerne les 1 500 à 2 500 euros par mois.
03:52 - Ça c'est ce que nous proposons depuis longtemps, c'est-à-dire d'avoir une réforme fiscale
03:55 qui fait que, au lieu de faire des cadeaux fiscaux aux plus riches,
03:58 revenus capital, des entreprises sans condition, comme on l'a fait...
04:01 - Donc c'est une réforme LFI quoi. - Comme on l'a fait, attendez,
04:04 depuis maintenant 2017, moins 50 milliards d'euros par an
04:07 qui rentrent dans les caisses de l'État, nous nous sommes pour
04:10 une réforme fiscale qui avantage plutôt les revenus moyens,
04:13 mais le problème c'est qu'on ne peut pas faire les deux.
04:16 Or là le gouvernement entend finalement continuer
04:19 les cadeaux fiscaux aux entreprises sans condition, là il va bientôt être
04:22 à 60 milliards par an, et faire un peu moins d'impôts
04:25 pour les classes moyennes. Déjà j'attends de voir, mais tout ça à un moment donné
04:28 va avoir un coût, et ce coût c'est la baisse
04:31 des dépenses publiques, et les dépenses publiques c'est souvent
04:34 le seul secours des plus défavorisés.
04:37 Si on continue à baisser les dépenses publiques alors même qu'on a besoin
04:40 d'investissement en matière écologique, de l'hôpital, de la santé, etc.,
04:43 comment va-t-on le faire ? - C'est un peu l'équation impossible.
04:46 - Non si, c'est tout à fait possible. Faisons une réforme fiscale
04:49 où par exemple les revenus capital sont imposés comme les revenus
04:52 du travail, ça va être des dizaines de milliards d'euros qui arrivent dans les caisses
04:55 de l'État, où on passe à 14 tranches pour l'impôt sur le revenu,
04:58 ce qui permettra justement que les classes moyennes payent moins d'impôts,
05:01 mais que par contre les classes les plus aisées en payent plus.
05:04 Vous savez qu'aujourd'hui les 37 plus grandes fortunes de France
05:07 sont assujetties à seulement 0,11% de l'impôt
05:10 sur les revenus.
05:13 - Pour vous les marges de manœuvre elles sont là, et en fait les syndicats
05:16 qui reprennent le dialogue ambilatéral à partir de demain à Matignon,
05:19 il y a cette journée du 6 juin qui semble un peu éloignée,
05:22 il y a le 8 avec cette proposition de loi du groupe
05:25 Lyot d'abrogation de la réforme, est-ce qu'elle a des chances
05:28 d'aboutir ? On a l'impression qu'on s'éloigne un peu de la crise
05:31 autour de la réforme des retraites. - Le gouvernement pense
05:34 qu'on s'en éloigne, mais je pense que les gens refusent cette réforme
05:37 toujours autant, et ils ont raison puisque c'est à les condamner à travailler
05:40 deux ans de plus. Il va y avoir cette proposition de loi
05:43 qui va être posée. - Vous avez l'œil dessus.
05:46 - Oui j'ai l'œil dessus, parce qu'il est possible qu'on saisisse
05:49 pour l'article 40 qui serait la question de la recevabilité
05:52 financière, mais ce n'est pas obligé, le gouvernement n'est pas obligé de le faire,
05:55 les députés de la majorité ne sont pas obligés de le faire
05:58 pour faire en sorte, une fois de plus, qu'on ne vote pas à l'Assemblée.
06:01 Je les préviens à l'avance, je crois qu'il faut voter à l'Assemblée.
06:04 J'allais dire aux expédiants qu'on permet de passer cette proposition
06:07 par le 49-3 sans vote à l'Assemblée, qu'on permet
06:10 de passer cette proposition par un projet de loi de finance de la sécurité
06:13 sociale qui permettait de raccourcir les débats. Là, le groupe Lyot
06:16 a fait une proposition de loi qui va passer le 8
06:19 qui est signée par énormément de députés, moi je l'ai signée personnellement.
06:22 Et bien, vérifions, si la majorité ou pas,
06:25 que le gouvernement ou la majorité n'utilise pas des expédiants.
06:28 Il serait temps que l'Assemblée puisse voter.
06:30 Allez, merci à vous Éric Coquerel, député de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis,
06:33 président de la commission des finances à l'Assemblée nationale
06:36 d'avoir répondu à nos questions, ici même à France Info. Merci.
06:39 Merci.

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