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  • 19/04/2023
Ecoutez l'interview du président de la CPME.
Regardez L'invité de RTL du 19 avril 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin le président de la CPME,
00:13 la Confédération des petites et moyennes entreprises,
00:15 François Asselin. On rappelle la CPME, François Asselin, c'est
00:18 243 000 entreprises, 4 millions de salariés. Vous étiez donc hier à l'Elysée, aux côtés du MEDEF et de l'Union des entreprises de proximité, l'UDP.
00:26 Première réunion depuis que cette réforme des retraites a été promulguée, réunion sans les syndicats qui ont refusé d'y participer.
00:32 L'idée c'était quoi ? De renouer le contact ou vous avez vraiment parlé de sujets concrets, d'avancer ?
00:38 Oui il y a eu des sujets concrets. D'abord
00:41 le constat que bien évidemment la loi sur la retraite était promulguée et que maintenant il fallait passer
00:46 dans d'abord ce qui va faire
00:49 la partie centrale de la loi, à savoir les carrières longues, l'usure professionnelle, ça c'est du champ des partenaires sociaux donc il faut bien évidemment
00:56 s'en saisir et puis se projeter sur le projet de loi plein emploi,
00:59 le pacte de vie au travail,
01:02 c'est l'habillage, si je puis dire,
01:06 marketing, c'est l'emballage, d'un agenda social que nous allons négocier,
01:10 je l'espère, avec les partenaires sociaux et le gouvernement pour la mi-juin.
01:13 Alors on va rentrer dans le détail des mesures et des lignes rouges que peut-être vous fixez ou pas,
01:19 mais vous me disiez juste avant, le président quand je vous ai posé la question comment vous l'avez vous trouvé, vous me dites
01:24 égal à lui-même. Oui on connaît maintenant le président depuis six ans qu'il est à la tête du pays, c'est quelqu'un qui a la volonté
01:31 de réformer, quelqu'un qui a la volonté d'aller vite,
01:33 parfois un peu trop vite, la volonté
01:36 de vouloir aller parfois seul, en se disant tout seul, et bien c'est plus rapide, mais oui mais tout seul parfois ça peut coincer,
01:43 voilà et donc là on a besoin
01:44 finalement de tout le monde pour faire accepter au plus grand nombre les réformes, c'est ça le plus important, dont le pays a besoin.
01:49 Il est prêt à écouter cette fois-ci ?
01:51 Oui, de toute façon le sujet, toute la liste sur laquelle on a pu échanger hier, c'est des sujets qui sont
01:56 du domaine des partenaires sociaux, et d'ailleurs je ferai une remarque, l'usure professionnelle,
02:00 les partenaires sociaux auraient pu s'en saisir bien avant cette réforme de retraite, c'était aussi dans notre champ de responsabilité si je puis dire.
02:07 Et pourquoi pas l'avoir fait ?
02:09 Ah bah écoutez, c'est tout simplement,
02:11 parfois lorsqu'il s'agit de traiter des sujets qui fâchent, et bien on préfère que d'autres le fassent à d'autres places,
02:15 vous dire les choses telles qu'elles sont, lorsqu'il s'agit par exemple de réformer l'Unedic, la réforme de l'Unedic,
02:19 et bien on a laissé le gouvernement le faire, il faut acter les choix.
02:22 Et qu'il y a des torts, et du côté des syndicats, et du côté du patronat, et du côté du gouvernement ?
02:26 Je pense que chacun sa part de responsabilité, j'ai envie de dire, partout la balle au centre, quoi, voilà, et surtout le plus important c'est qu'il faut avancer
02:31 parce que le pays a besoin de réformes.
02:32 Et pour avancer on a besoin des syndicats, vous avez besoin des syndicats ?
02:35 Pour avancer on a besoin des syndicats, mais comme dans votre entreprise vous avez besoin de vos représentants du personnel,
02:39 dans un pays vous avez besoin des partenaires sociaux.
02:41 Ils ont eu tort de ne pas venir hier ?
02:43 Ça il faudra leur poser la question, je pense que l'histoire passera rapidement là-dessus,
02:47 parce que si on ne se voit pas maintenant, vous savez, dans quelques semaines, tout le monde reviendra autour de la table pour avancer.
02:53 Ça ne vous inquiète pas ? Vous ne leur lancez pas un appel ce matin solennel à revenir autour de la table ?
02:58 Je pense que d'abord les rivières retrouveront leur lit, et il y a tellement de sujets qui intéressent les salariés de notre pays,
03:03 carrière longue, usure professionnelle, qui sont vraiment la responsabilité des partenaires sociaux,
03:07 alors moi, en tant que représentant patronal, je ne peux pas le faire tout seul, j'ai besoin d'eux.
03:11 Bon, soyons justement très concrets François Asselin, sur la question par exemple de l'emploi des seniors, jusqu'où êtes-vous prêt à aller ?
03:17 Cet index senior par exemple, qui avait été voté dans la loi votée au Sénat, vous y êtes favorable ?
03:24 Des sanctions pour les entreprises, vous y êtes favorable ou pas ?
03:27 On a un sujet autour de l'emploi des seniors, parce que c'est clair, il faut être honnête,
03:31 quelqu'un qui aujourd'hui en France perd son emploi à plus de 50 ans, 55 ans, il y a une galère pour en trouver.
03:37 Vous, chef d'entreprise, j'imagine que vous...
03:39 C'est un vrai sujet. Alors, pas tant que ça, je vais vous dire, parce que dans une PME, vous avez tellement besoin de compétences,
03:44 que lorsque vous avez une compétence qui frappe à la porte de votre entreprise et qui est senior,
03:47 j'aime mieux vous dire qu'aujourd'hui vous regardez rapidement si vous pouvez l'embaucher, parce qu'on en a besoin, absolument.
03:53 En revanche, si vous avez quelqu'un qui est physiquement usé, bien évidemment, là c'est plus compliqué,
03:59 c'est pour cela que l'emploi des seniors c'est un tout.
04:02 Quand on s'occupe de l'emploi des seniors 3 ans avant la retraite, c'est bien trop tard.
04:05 C'est pour ça que l'esprit de cette réforme, avec un entretien de milieu de carrière,
04:09 où potentiellement on aura les moyens de réorienter la personne, soit au sein de l'entreprise, soit à l'extérieur de l'entreprise,
04:14 mais c'est intelligent, et c'est à nous de construire ce dispositif entre partenaires sociaux.
04:18 L'emploi des seniors, l'autre difficulté qu'on a, c'est que si on veut restreindre la sortie,
04:22 eh bien on verrouille l'entrée. Souvenez-vous, la contribution de la Lente, je crois que c'était en 1987,
04:27 on avait mis une mesure qui empêchait les entreprises quasiment de licencier un senior.
04:31 Eh bien on n'en embauchait plus ! Donc voyez, ce n'est pas si évident que ça.
04:34 Il faut trouver le juste milieu.
04:36 Un senior coûte souvent plus cher qu'un jeune aussi, est-ce que sur ce problème on peut jouer ou pas ?
04:41 Un senior peut coûter plus cher, mais il "amortit" par le fruit de son expérience et de sa compétence professionnelle,
04:47 par rapport à un plus jeune. Ce n'est pas tout à fait la même compétence.
04:50 Et du coup, pour être très honnête, François Asselin, vous demandez quoi pour l'emploi des seniors ?
04:54 Alors nous, ce que nous demandons, nous demandons plutôt des mesures incitatives.
04:57 C'est-à-dire qu'effectivement, vous avez le problème du coût du travail d'un senior.
05:00 Quelqu'un qui perd son emploi, qui a à se faire embaucher,
05:02 eh bien à poste équivalent, si vous avez un jeune et un moins jeune,
05:05 il va arriver avec un niveau de salaire qui est beaucoup plus élevé.
05:08 Peut-être imaginez qu'on ait une baisse des charges patronales sur l'emploi des seniors à partir de 57 ans,
05:13 pour tout simplement avoir une incitation à l'embauche, et puis même une incitation à le garder.
05:18 Et puis si jamais vous licenciez ce senior avant l'âge légal de départ en retraite,
05:22 vous remboursez les cotisations que vous n'avez pas payées.
05:25 Et seriez-vous prêt à accepter, si cette incitation-là sur les charges sociales par exemple est accordée,
05:30 à accepter en contrepartie ? Parce qu'il faudra bien aussi des contreparties,
05:33 par exemple des sanctions pour des entreprises qui ne joueraient pas le jeu,
05:36 je ne sais pas, qui pousseraient vers la sortie systématiquement tous leurs seniors,
05:39 ou qui ne joueraient pas le jeu de l'index ?
05:42 Vous savez, bien souvent, dans les grandes entreprises,
05:47 c'est un sport qui intéresse aussi bien les syndicats et les salariés que la direction.
05:53 Et vous avez beaucoup d'exemples, moult exemples, dans de grandes entreprises,
05:57 où deux, trois ans avant le départ en retraite, on fait un gros chèque aux salariés
06:00 qui veulent partir avant l'âge légal de départ en retraite.
06:03 Ça s'arrange tout le monde.
06:04 Et bien ça effectivement...
06:05 Ça ne peut pas l'interdire par exemple de l'encadrer beaucoup plus ?
06:07 Il faut l'encadrer, on est tout à fait ouvert à cela.
06:10 L'autre question, et on en parlait aussi en creux, c'est cette question de la rémunération des salaires.
06:15 Vous êtes chef d'entreprise, vous avez forcément des salariés, j'imagine,
06:19 qui aujourd'hui vous disent "tout augmente, je travaille, j'ai un salaire correct,
06:23 et pourtant je n'y arrive pas, ou en tout cas j'y arrive moins bien".
06:26 Comment concrètement on peut aujourd'hui garantir à tous nos auditeurs
06:30 que les choses vont aller mieux, que les salaires vont augmenter ?
06:33 On ne peut pas décréter ça ?
06:35 D'abord on ne le décrète pas.
06:36 Deuxièmement, je peux vous dire que depuis toutes les périodes de crise que nous traversons,
06:39 avec les besoins de compétences que nous avons,
06:41 un chef d'entreprise qui ne répond pas à cette demande d'augmentation de salaire
06:44 va perdre ses salariés ou va se les faire piquer par son concurrent.
06:47 Donc déjà les augmentations individuelles, on en a vu fleurir dans toutes les entreprises,
06:51 et puis après tout, tant mieux pour les salariés.
06:53 L'autre problème, c'est que parfois un entrepreneur est pris en étau.
06:56 C'est-à-dire que si vous pouvez basculer sur votre prix de vente l'augmentation des salaires,
07:01 tout va bien.
07:02 Quand malheureusement vous êtes soumis à une concurrence acharnée,
07:06 vous êtes coincé, vous aimeriez bien augmenter vos salariés,
07:09 mais votre prix de vente, vous ne pouvez pas l'augmenter, et là ça devient compliqué.
07:13 Pour autant, bien évidemment, quand on regarde l'évolution systématique du SMIC
07:18 ces dernières années, ces derniers mois avec l'inflation,
07:21 vous avez les grilles professionnelles qui d'une façon mécanique augmentent.
07:24 Sauf qu'il y a encore un certain nombre de branches où le salaire minimum est sous le SMIC,
07:28 et Laurent Vergé, par exemple, de la société, demande justement à ce que les aides publiques
07:31 soient conditionnées à ce rééquilibrage, ces renégociations par branches.
07:34 Vous êtes favorable à ça ?
07:35 Ce n'est pas un sujet, je vais vous dire pourquoi.
07:37 Parce que déjà, quelqu'un qui aujourd'hui en France rémunérerait ses salariés
07:40 en dessous de la grille conventionnelle, d'abord c'est interdit, c'est illégal,
07:44 et deuxièmement, il va perdre ses salariés ou il ne va pas en trouver.
07:47 Donc le fait d'accélérer le rattrapage des grilles de salaire par rapport à l'augmentation du SMIC,
07:51 ça on y est tout à fait ouvert, et puis je vais vous dire des fois,
07:54 dans les branches professionnelles, quand il s'agit de négocier,
07:56 c'est parfois les syndicats qu'on attend pour trouver une date pour se réunir.
07:59 Donc on peut tout le monde accélérer le dispositif.
08:01 Et quand la CGT demande une indexation des salaires sur l'inflation, ça vous dit non François Asselin ?
08:05 Ben non, pourquoi ? Parce qu'on sait très bien que c'est la boucle salaire-inflation,
08:08 et après on ne peut plus en sortir.
08:10 Rétrospectivement, vous ne vous dites pas qu'on aurait pu discuter de tout ça en amont,
08:15 avant cette réforme des retraites ?
08:17 Oui.
08:18 Ce n'est pas un gros gâchis ?
08:19 Il y a beaucoup d'occasions manquées.
08:22 Je dirais qu'il y a un peu de tout là-dedans, c'est-à-dire que parfois, vous savez,
08:25 un petit ballon de rouge et des rondelles de saucisson, ça fait du bien dans la négociation.
08:28 Et ça, malheureusement, ce parti convivialité, mise en confiance, on ne l'a pas vraiment eu.
08:34 Deuxièmement, les partenaires sociaux eux aussi auraient pu prendre leurs responsabilités.
08:38 Et puis troisièmement, peut-être que le président de la République, dès qu'il était élu,
08:41 aurait pu entre guillemets nous passer une feuille de route en disant "écoutez, à la rentrée,
08:44 si vous y arrivez tant mieux, je reprends vos propositions, si vous n'y arrivez pas,
08:48 le principe de suppléance s'applique et là, c'est moi qui prends le dispositif."
08:51 D'un mot, justement, c'est ça qu'il doit faire aujourd'hui le chef de l'État, vous dire
08:54 "débrouillez-vous avec les syndicats et revenez me voir".
08:56 Eh bien bien sûr, bien sûr, c'est notre rôle, voilà, il faut s'appuyer là-dessus.
08:59 Il ne faut pas de grandes réunions à l'Élysée comme j'ai l'impression qu'il en rêve ?
09:03 Vous savez, vous avez un petit peu des passages obligés, c'est-à-dire que parfois, effectivement,
09:07 il faut célébrer, même la défaite, on va la voir le 1er mai,
09:11 et puis il faut célébrer aussi parfois les moments où, effectivement, les Grands Messes,
09:14 d'une façon solennelle, on met les choses en place.
09:16 Et puis entre-temps, eh bien, il y a les moments où on doit travailler.
09:19 Et ça, il faut se mettre au boulot, oui.
09:21 Je préfère une France qui se remonte les manches qu'une France qui baisse les bras.
09:25 En tout cas, l'appel est lancé ce matin sur RTL.
09:27 Merci beaucoup, François.
09:28 [SILENCE]

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