Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 12/04/2023
Parlons Vrai chez Bourdin avec Philippe Chauvin, père de Nicolas Chauvin, auteur de "Rugby : Mourir fait partie du jeu" (éditions du Rocher).

Retrouvez Parlons Vrai chez Bourdin du lundi au vendredi de 10h30 à 12h30 sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos Parlons vrai chez Bourdin : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQkzX4JBcyhPDl9yzBynYbV

##MIDI_ACTU-2023-04-12#

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 - Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
00:06 - Il est 12h16, merci d'être avec nous, Philippe Chauvin, bonjour.
00:09 - Bonjour. - Merci d'être venu.
00:13 Je cite le titre de votre livre, "Rugby, mourir, fait partie du jeu, le combat d'un père endeuillé", c'est aux éditions du Rocher.
00:20 Décembre 2018, votre fils Nicolas joue un match à Bordeaux avec le Stade français.
00:26 C'est son premier match en tant que titulaire Espoir dans l'équipe du Stade français, il est troisième ligne.
00:31 Et à la suite d'un double plaquage brutal, il est victime d'un très grave accident sur le terrain, il décède à l'hôpital.
00:41 J'ai résumé, j'ai résumé, double plaquage brutal.
00:46 Depuis, j'imagine le combat d'un père endeuillé, j'imagine les souffrances que vous avez endurées.
00:55 D'autant plus que le rugby, quand on réfléchit au rugby, on dit que le rugby a une philosophie, c'est faire vivre le ballon.
01:03 Faire vivre le ballon, ça ne veut pas dire tuer les joueurs qui jouent avec ce ballon.
01:09 Depuis, vous vous battez pour que l'on change, que l'on change les règles. Pas que les règles d'ailleurs.
01:17 On vous a fait beaucoup de promesses ?
01:20 - Écoutez, après le décès de Nicolas, pendant deux semaines, entre le 12 et le 12 janvier,
01:31 on a entendu beaucoup de médias, beaucoup de dirigeants s'exclamer et faire de belles promesses,
01:36 comme par exemple revenir sur une proposition de bon sens, qui était de remettre la catégorie espoir de 18 à 20 ans,
01:42 et Réchel de 21 à 23 ans.
01:45 C'était le cas en 2014, ça a été annulé, ça a été défait, pour des raisons économiques.
01:53 Et là, Bernard Laporte, le président de la Fédération Française de Rugby, déclare le 20 décembre ou dans ses alentours,
02:00 qu'il faut revenir à cette catégorie d'âge, parce qu'on doit respecter le développement physique des jeunes,
02:08 et ne pas les mettre en danger.
02:10 Alors, ça n'a pas été fait bien évidemment, parce que beaucoup de promesses ont été faites, mais rien n'a été fait.
02:14 - Oui, mais parce qu'aujourd'hui, il faut savoir que quand on a 16 ou 17 ans en rugby,
02:18 on peut jouer contre des joueurs, si on est au niveau régional par exemple, contre des joueurs qui ont 20 ans.
02:23 Et donc le danger, différence de gabarit, enfin bon, etc. etc.
02:27 Donc le danger dans les chocs, évidemment.
02:30 Donc ça, c'est une première promesse qui n'a pas été tenue.
02:34 - Exactement, c'est une promesse...
02:36 - Alors ça existe au football par exemple ?
02:38 Les catégories d'âge sont totalement différentes ?
02:41 - Mais ça existe au football, mais même dans les rencontres internationales,
02:44 vous parlez de U18, U19 et U20.
02:47 Vous ne parlez pas de joueurs qui vont faire un grand fourre-tout,
02:52 et faire des confrontations internationales en mélangeant toutes les catégories d'âge.
02:57 Donc en fait, on est revenu sur quelque chose de globalisant,
03:04 pour des raisons strictement économiques,
03:06 parce qu'il ne fallait pas avoir deux équipes,
03:09 ça vous fait deux équipes, ça fait double frais,
03:12 et ça fait plus de personnes, plus de personnel.
03:14 Et paradoxalement, le rugby, avant qu'il soit professionnel, était dans cette configuration-là,
03:20 et en 2014, donc je dirais 20 ans après son professionnalisme,
03:25 a dégradé ces conditions-là, puisqu'il les a rassemblées dans une seule et même catégorie,
03:32 avec les dangers que ça comporte.
03:34 Ça c'est une première promesse qui a été faite, mais qui n'a pas été tenue.
03:39 Que voulez-vous ?
03:42 Au-delà de rappeler le drame que vous avez vécu,
03:49 je vous lis, "la position des instances en charge du rugby ou du ministère des sports
03:55 reste discrète, pour ne pas dire inexistante.
03:58 Il semble que ce point du règlement est un élément fondamental des valeurs éducatives du rugby."
04:03 Quel est le point du règlement que vous évoquez là ?
04:06 - En fait, dans le chapitre du jeu dangereux, il y a une règle,
04:11 qui s'appelle la règle 9, alinéa 11, ça fait 911, c'est pas compliqué à se rappeler,
04:16 et qui dit qu'on ne doit rien attenter qui soit dangereux ou imprudent pour l'adversaire.
04:21 Tout est dans la phrase.
04:23 - Tout est dans la phrase. C'est ce règlement-là qu'il faut changer ?
04:26 - Non, il ne faut surtout pas le changer, ce point de règlement.
04:29 - Il faut le faire appliquer ? - Mais bien sûr !
04:31 Il figure dans le règlement et personne n'en parle.
04:34 - Mais pourquoi ?
04:35 - J'ai bien envie de renvoyer la...
04:37 Donc je les renvoyais de maintes fois à mes interlocuteurs,
04:40 en leur disant "mais quelle est cette posture,
04:42 et pourquoi est-ce que vous ne le rappelez pas officiellement et publiquement ?"
04:46 Moi j'ai même demandé à ce qu'on le fasse recopier sur les licences des adhérents,
04:50 de toute personne qui pratique le rugby,
04:52 qu'ils soient joueurs, dirigeants ou soigneurs,
04:56 ils recopient la phrase. - Et l'affichent ?
04:58 - Et l'affichent, bien sûr !
04:59 - Je crois que seul le stade français a voulu l'afficher.
05:02 - Le stade français a accepté de l'afficher,
05:05 et le comité Île-de-France, Florian Grille,
05:10 a accepté immédiatement quand j'ai demandé ça en novembre 2019,
05:14 dans les 48 heures il avait adressé un courrier que j'ai reçu,
05:17 j'étais un ancien dirigeant,
05:18 et j'ai vu effectivement le support, l'affiche,
05:21 tout était là !
05:22 C'est les seuls qui ont répondu.
05:24 - Dans aucun autre club, ce n'est affiché ?
05:27 - Je ne peux pas vous le dire, puisque je ne circule pas dans tous les clubs,
05:30 mais à ma connaissance, si ça l'était,
05:32 je pense qu'on en entendrait un peu parler.
05:34 - Donc la première chose c'est respecter les règles ?
05:36 - Exactement !
05:37 - Respecter les règles,
05:39 et donc mettre des tranches d'âge,
05:43 reprendre des tranches d'âge,
05:45 respecter les règles,
05:47 et ensuite ?
05:48 Qu'est-ce que vous faites comme proposition
05:50 pour améliorer la sécurité sur les terrains ?
05:52 - En fait, on part d'un constat.
05:54 Le constat, c'est qu'on a des blessures graves
05:57 qui peuvent amener la mort,
05:59 entraîner la mort d'un joueur.
06:01 Ces contacts sont au niveau de la tête.
06:04 - Oui.
06:05 - Donc, on a d'autres pathologies,
06:08 comme les commotions cérébrales,
06:09 dont on va beaucoup entendre parler.
06:11 - Oui.
06:12 - Si on a des accidents au niveau de la tête,
06:15 c'est qu'on a des joueurs qui n'ont pas compris,
06:17 alors qu'on leur dit que cette zone est sanctuarisée,
06:20 qu'il ne faut pas percuter à la tête,
06:22 qu'il ne faut pas avoir des chocs
06:24 ou des comportements dangereux,
06:26 comme le dit la règle 9 à l'INEA 11.
06:28 Donc, si ces gens-là ne comprennent pas,
06:30 eh bien, appliquons des sanctions exemplaires.
06:33 Si vous mettez 20 semaines de suspension
06:35 sans négociation, sans discussion,
06:37 ça va peut-être faire bouger les lignes.
06:40 Aujourd'hui, la commission de discipline
06:43 va vous donner un degré d'entrée
06:46 sur un plaquage haut à la tête de 6 semaines.
06:49 Elle va ensuite accepter le remords et les regrets du joueur
06:52 parce que c'est la petite farce du moment
06:54 où on plaide coupable et on a abattement de moitié de peine.
06:57 Et ensuite, si vous êtes récidiviste,
06:59 on va vous punir, vous aurez une semaine de plus.
07:01 - Oui.
07:02 - Est-ce qu'on est sérieux ?
07:03 Est-ce que vous croyez vraiment qu'on va faire changer ?
07:05 - Les sanctions, beaucoup plus strictes.
07:07 - Strictes et puis sans concession.
07:09 - Et sans concession, oui.
07:10 - Les fourchettes, qui sont un geste très dangereux aux rugis,
07:13 c'est-à-dire mettre les doigts dans les yeux.
07:15 Barbares, dangereux et totalement déloyaux.
07:18 Totalement déloyale.
07:20 Ça fait maintenant, je pense, une dizaine d'années
07:23 qu'on est passé à un barème de genre 52 semaines.
07:26 Je peux vous assurer des fourchettes,
07:28 vous n'en voyez quasiment plus.
07:29 - Oui, c'est vrai.
07:30 C'est vrai.
07:31 C'est vrai.
07:32 C'est vrai.
07:33 Alors, je termine avec ces mots, vos mots.
07:37 "Mon récit est un peu une odyssée après un naufrage
07:40 pour essayer de retrouver la raison.
07:41 Le voyage n'est pas terminé au moment où j'écris ces lignes.
07:44 Les surprises peuvent encore survenir
07:46 de la fédération ou du ministère."
07:48 Vous n'avez pas eu de surprise, hein ?
07:49 Depuis la fin de l'écriture ?
07:51 - Non, pas encore.
07:52 - Non, pas encore.
07:53 Et le parcours en justice nous a déjà gratifié
07:55 de son lot de surprises, pour l'instant encore placées
07:57 sous le sceau du secret de l'instruction.
08:00 Vous êtes toujours en cours ?
08:01 - Toujours.
08:02 - Toujours en cours.
08:03 "La mort de Nicolas ne doit pas rimer avec la mort du rugby,
08:06 mais les responsables, acteurs et spectateurs,
08:08 doivent se réveiller pour ne plus sacrifier de vie."
08:11 Le rugby aussi est en danger de mort ?
08:14 - Le rugby, je pense que le rugby joue son avenir.
08:19 C'est-à-dire qu'on est à l'aube d'une Coupe du Monde
08:21 qui va se passer sur notre territoire.
08:23 - Oui.
08:24 - On va probablement avoir beaucoup de publicité
08:28 et possiblement des nouveaux licenciés,
08:30 mais si on n'est pas capable d'assurer leur sécurité,
08:32 ou si on a un autre drame qui se passe sur notre territoire,
08:35 alors qu'on a quand même vécu une année 2018 terrible,
08:38 parce qu'il y a eu quatre morts en 2018,
08:40 Nicolas était le troisième,
08:42 il y en a eu trois autres,
08:44 ça veut dire qu'on n'a rien compris,
08:46 ça veut dire que ce sport va définitivement basculer
08:49 vers un sport marginal,
08:51 le calcio florentin par exemple,
08:53 où là, tout est permis,
08:55 mais ce n'est pas ça le rugby.
08:57 Le rugby c'est d'abord un jeu de ballon,
08:59 un jeu d'évitement,
09:00 un jeu d'incertitude,
09:02 ou en dehors de la créativité.
09:04 - Faire vivre le ballon.
09:05 - Regardez les deux dernières années de l'équipe de France,
09:07 peu de fautes, très peu de fautes,
09:09 et un spectacle de très haut niveau.
09:11 - Avec le rugby qui se développe,
09:14 le rugby touché qui se développe,
09:16 qui se développe chez les féminines,
09:18 finalement au détriment du rugby plus traditionnel.
09:22 - C'est un peu effectivement l'arbre qui cache la forêt,
09:25 c'est-à-dire qu'on pense qu'avec 300 000 licenciés,
09:27 on baisse un bon niveau de recrutement,
09:29 et on pense qu'on va en avoir plus certainement en 2023,
09:32 mais regardons les pratiques.
09:34 En fait, les pratiques de rugby à 15,
09:37 qu'on connaissait traditionnellement,
09:39 sont en baisse, et on le voit dans les clubs,
09:42 il y a de plus en plus d'unions, de fusions, et ainsi de suite.
09:44 En revanche, effectivement, en termes de chiffres,
09:47 on masque cette difficulté par le développement chez les féminines,
09:52 et c'est une bonne chose, c'est un rugby intelligent,
09:54 le rugby à toucher qui donne d'autres capacités,
09:57 qui est un jeu de ballon et d'évitement,
09:59 et qui est intéressant, et le loisir,
10:02 mais il faut quand même se dire la vérité.
10:05 On a un problème, et on a de moins en moins de licenciés.
10:08 - Merci Philippe Chauvin.
10:10 Rugby, mourir, fait partie du jeu.
10:12 Le combat d'un père endeuillé aux éditions du Rocher.
10:14 Vous aimez le rugby, je vous invite à lire ce livre.
10:17 Merci beaucoup. - Merci Jean-Jacques.
10:19 - Merci d'être venu nous voir.
10:20 C'est l'heure d'André Bercoff.

Recommandations