Le président PS de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel sur franceinfo le 11 avril 2023.
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00:00 Bonjour Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis, porte-parole du PS.
00:04 Vous venez d'écrire au ministre de l'Intérieur à ce sujet, vous interpellez Gérald Darmanin
00:09 sur les moyens à consacrer pour garantir la sécurité.
00:13 Vous vous dites évidemment prêt à travailler pour cela avec l'État, mais vous faites part
00:17 surtout de vos interrogations.
00:20 Ça veut dire que vous ne faites pas confiance au ministre de l'Intérieur pour organiser
00:24 ces grands événements ?
00:25 Non, mais tout simplement parce que la réalité c'est qu'effectivement à partir de septembre
00:31 puis en 2024 nous allons accueillir le monde, la France va accueillir le monde, la Seine-Saint-Denis
00:36 singulièrement et donc il faut qu'il n'y ait aucune inquiétude, aucune interrogation
00:41 non seulement sur les moyens mobilisés mais également sur la doctrine d'emploi des forces
00:47 de l'ordre.
00:48 Or c'est un fait, dans le débat public aujourd'hui il y a une interrogation à la fois sur le
00:55 rapport à la confrontation, sur la doctrine d'emploi des forces de l'ordre, sur l'usage,
01:01 l'utilisation de certaines unités et donc oui j'ai voulu poser ce débat parce que je
01:07 sais aujourd'hui quand on regarde depuis le mouvement des gilets jaunes, quand on regarde
01:12 Seine-Solide mais aussi les grands mouvements sociaux et encore même la finale de la Ligue
01:18 de champions qu'il y a un débat dans notre pays.
01:21 Il faut qu'il ait lieu sereinement.
01:22 Ce sont deux choses différentes, peut-être effectivement la finale de la Ligue des champions
01:26 ça se rapproche un peu de ce que va être l'organisation de la sécurité pendant les
01:30 Jeux Olympiques mais le mouvement des gilets jaunes ou la manifestation contre la réforme
01:35 des retraites ce sont des choses différentes ?
01:37 Oui ce sont des choses différentes mais j'ai souvenir quand même qu'à l'occasion de ce
01:41 grand événement sportif il y a eu des témoignages de supporters espagnols ou anglais qui n'avaient
01:47 jamais vu une telle attitude de la part des forces de l'ordre et chacun sait aujourd'hui
01:53 qu'il y a un débat par exemple sur le rapport à la confrontation, sur l'usage de la force.
01:59 La France fait presque figure d'exception en Europe par exemple le fait qu'il n'y a pas
02:05 cet emploi du dialogue, de ce qu'on appelle la désescalade dans les rapports avec les
02:12 manifestants, avec ceux qui sont rassemblés à l'occasion d'un grand événement et puis
02:17 surtout je sais aussi que lorsqu'il y a des débordements à l'occasion d'un événement
02:22 dans mon département et bien que c'est toute la Seine-Saint-Denis alors même qu'elle est
02:26 très fière, ce département est fier d'accueillir un grand événement comme celui-ci et bien
02:31 que lorsqu'il y a des débordements c'est la Seine-Saint-Denis et sa population qui est
02:35 stigmatisée et ça je le refuse.
02:37 Par ailleurs ce que vous dites c'est que si ça se passe mal ces Jeux Olympiques et la
02:41 Coupe du monde de rugby c'est à nouveau l'image de la Seine-Saint-Denis et de ses habitants
02:46 qui sera en jeu.
02:47 Je vois aujourd'hui dans certains articles d'ores et déjà certains termes qui sont
02:53 employés, pacifiés par exemple s'agissant de la Seine-Saint-Denis, ce n'est pas acceptable
02:58 et donc il faut que ce débat ait lieu, il ait lieu en grand à la fois sur le dimensionnement
03:02 des moyens mais aussi sur la méthode qui doit être irréprochable et donc moi je considère
03:08 que c'est de ma responsabilité au moment où le débat fait rage sur justement la doctrine
03:15 d'emploi des forces de l'ordre dans notre pays à l'occasion des grands rassemblements,
03:19 et bien il faut que ce débat soit mené de manière constructive, apaisé.
03:22 Ça ne sert à rien que le ministre finalement nous dise lors de l'audition à l'Assemblée
03:28 nationale "circulez, il n'y a rien à voir" et renvoie tout le monde à l'ultra gauche
03:32 ou qualifié de terrorisme intellectuel dès qu'on veut poser ce débat.
03:36 Donc oui j'ai considéré que c'était le moment de le poser.
03:39 Et c'est possible pour vous d'avoir ce débat apaisé avec Gérald Darmanin qui c'est vrai
03:43 qu'il n'apaise pas forcément les choses en ce moment en tout cas.
03:45 Mais il le faut parce qu'en tout cas je ne voudrais pas que s'il y avait la moindre
03:50 difficulté, encore une fois ça rejaillisse sur le département de la Seine-Saint-Denis
03:54 et ses habitants.
03:55 Je ne veux pas qu'une partie de la population se sente exclue parce qu'à l'occasion de
04:02 ces événements qu'il y ait des contrôles inappropriés dès qu'il y a le moindre groupe
04:07 qui circule à la bord des sites.
04:10 Donc oui il faut que ce débat ait lieu.
04:11 – Vous proposez quoi ? Une table ronde de discuter directement avec le ministre ?
04:15 – En tout cas c'est l'objet du courrier que je lui adresse pour poser ces questions-là.
04:20 Les collectivités de Seine-Saint-Denis, nos institutions sont tout à fait prêtes à
04:24 travailler aux côtés de l'État pour participer de la sécurisation.
04:29 Mais je crois que oui il faut compte tenu de ce qui s'est déjà passé à l'occasion
04:34 encore une fois de mouvements sociaux ou de grands événements sportifs.
04:38 Eh bien que à la fois le Parlement mais aussi les collectivités locales, les élus que
04:44 nous sommes puissent être associés à ce débat sur l'usage de la force dans notre
04:49 pays à l'occasion de ce grézant événement.
04:51 – Vous avez envoyé ce courrier vendredi je crois.
04:53 Est-ce que vous avez déjà eu une réponse de Gérald Darmanin ?
04:55 – Pas encore, c'est normal.
04:56 Mais j'espère bien que justement l'écho donné à cette interpellation va permettre
05:02 que le débat ait lieu.
05:03 – Eh bien le message est passé.
05:04 Merci beaucoup Stéphane Troussel.