Autour de Jean-François Achilli, les informés débattent de l'actualité du mercredi 22 mars 2023.
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00:00 *Générique*
00:13 Bonsoir, Emmanuel Macron assume la réforme des retraites, mais aussi la popularité.
00:20 On en parle ce soir, les blocages qui vont se poursuivre.
00:23 Retour sur son interview télévisée, les réactions des syndicats, de l'opposition.
00:29 Vent debout, bien évidemment, la crise politique qui rebondit.
00:33 Les informés avec Julie Marie Lecomte, chef du service politique de France Info,
00:38 avec Isabelle Raymond, la chef du service économique et social de France Info,
00:42 Charlotte Selinsky, journaliste politique à l'hebdomadaire L'Obs,
00:47 et Stéphane Vernet, le directeur de la rédaction parisienne de West France.
00:51 Bonsoir à tous les quatre, bienvenue.
00:53 Nous sommes ensemble jusqu'à 21h.
00:55 *Générique*
00:56 Emmanuel Macron assume, le président s'est donc dit prêt à endosser la réforme des retraites
01:01 et à déchaîner la colère des syndicats, des opposants,
01:05 qui entendent faire de cette 9ème journée de demain de mobilisation un jeudi noir.
01:09 Nous allons y revenir longuement dans ces informés.
01:12 Emmanuel Macron qui a donc enclenché la marche avant.
01:17 La réforme qu'on fait est une réforme qui est très difficile.
01:19 Elle est très difficile.
01:20 On demande un effort aux gens.
01:22 C'est jamais populaire.
01:23 Donc j'assume ce moment.
01:25 Mais j'assume ce moment parce qu'il permet les autres.
01:27 Je vis pas de regrets moi.
01:29 Je vis de volonté.
01:30 Et donc je suis à l'œuvre pour pouvoir faire ce qu'on doit faire.
01:33 Il y a toujours des moments difficiles qu'il faut assumer.
01:36 Mais pouvoir surtout jusqu'au bout, les engager toutes et tous pour faire ces transformations.
01:41 Julie Marie Lecomte, le président de la République qui assume,
01:44 il était censé renverser la table avec cette interview ?
01:48 Pas spécialement.
01:49 Il devait surtout essayer d'expliquer aux Français
01:56 dans quel contexte se situe cette réforme des retraites là.
02:04 Malheureusement, il est possible que les Français n'aient que trop bien compris
02:08 dans quel contexte elle se situe.
02:10 C'est-à-dire que finalement, il essaye de reprendre un peu le fil de son quinquennat,
02:17 de dire "bon, passer cette réforme, on va continuer de faire la même chose
02:22 en réorganisant peut-être les priorités".
02:27 La difficulté de cette interview, c'est que les macronistes ont trouvé qu'elle était super,
02:31 très réussie, mais qu'elle a rendu dingue,
02:36 qu'elle a choqué parfois tous les opposants, ainsi que les syndicats avec lesquels
02:41 il a d'ailleurs été maladroit, on aura l'occasion d'y revenir.
02:44 Charlotte Selinsky s'est soufflée sur les braises, comme l'ont dit certains opposants.
02:48 En fait, ce qui est compliqué dans cette allocution, c'est que le seul méa culpa
02:53 qu'Emmanuel Macron a fait, c'est de ne pas avoir réussi à convaincre.
02:56 Donc évidemment, ça a énervé beaucoup de monde.
03:01 Oui, c'est vrai, vous avez raison, c'est son seul méa culpa.
03:03 Je n'ai pas réussi à convaincre.
03:05 Donc voilà, évidemment, c'est...
03:07 Et pas de retrait de cette réforme des retraites.
03:11 Donc finalement, là-dessus, Stéphane Vernet, ce qui était attendu n'est pas arrivé.
03:16 Ce qui n'était pas attendu ?
03:17 Si il s'agissait d'apaiser...
03:19 C'était attendu par les opposants, ceux qui manifestent tous les jours.
03:22 Ils ne le croyaient pas tellement eux-mêmes.
03:23 Julie Marie Lecomte, oui.
03:24 Ils le demandaient.
03:25 Ils le demandaient, oui.
03:26 C'était tellement attendu.
03:27 Stéphane Vernet ?
03:28 S'il s'agissait d'apaiser, je crois que c'est raté.
03:30 Alors après, le président de la République, moi, je ne l'ai pas trouvé forcément...
03:34 Je ne l'ai pas trouvé mauvais dans l'exercice, puisqu'il excelle dans ce genre d'exercice,
03:38 mais il arrive complètement à contre-temps.
03:39 C'est-à-dire que l'explication de textes présidentiels, l'accompagnement de la réforme,
03:43 l'incarnation du projet, etc., il fallait le faire des mois ou des semaines avant.
03:47 Pas maintenant.
03:48 C'est beaucoup trop tard.
03:49 Ça tombe complètement à plat.
03:50 Il n'annonce rien.
03:51 Il ne change pas.
03:52 Il nous resserre le discours qu'on entend depuis le début du quinquennat, qui en gros
03:56 consiste à dire "oui, alors en fait, j'entends la colère, mais ça tombe bien parce qu'on
04:01 fait plein de choses qui correspondent à ce que vous attendez, mais si vous ne l'avez
04:04 pas perçu, c'est qu'on n'est pas allé assez vite, on n'est pas allé assez fort, donc
04:07 on ne change rien.
04:08 On va y aller encore plus, on va accélérer".
04:10 C'est ce qu'il a dit.
04:11 C'est ce qu'il a dit.
04:12 Ça ne change pas.
04:13 Il n'y a rien qui change et ça ne marche pas.
04:14 Nous, on est allé voir un certain nombre de spectateurs qui avaient regardé l'interview.
04:18 Il y en a un qui a une formule géniale, je le trouve, qui disait "je ne m'attendais
04:23 à rien de particulier, je suis déçu quand même".
04:25 Je trouve que c'est assez ça.
04:27 J'ajouterais, par rapport à ce que disait Julie Marie sur les macronistes qui trouvent
04:31 ça super, j'ai envie de paraphraser le président, je ne dirais pas que c'est un échec, je ne
04:36 dirais que ça n'a pas marché.
04:37 Ça n'a pas marché.
04:38 Isabelle Raymond, je vous soumets, première réaction ce soir dans Les Informés, on l'a
04:42 entendu juste dans la foulée de l'interview présidentielle, celle de Philippe Martinez,
04:48 le leader de la CGT qui se trouvait à Tours au congrès de la CFE-CGC.
04:52 On connaît une mobilisation, certains disent, historique depuis une trentaine d'années
04:58 et pour lui, il a fait un bilan très positif de tout ce qu'il a fait, donc c'est grave.
05:04 Lui, il considère que pour financer la sécurité sociale et la retraite, il n'y a que les
05:08 cotisations salariales.
05:10 Ce n'est pas comme ça qu'est construit le système.
05:12 Alors soit il a une méconnaissance totale de notre système, et là c'est très grave,
05:16 soit il se fout de notre gueule, pour être très clair.
05:18 Il se fout de notre gueule, Isabelle Raymond, les syndicats sont particulièrement remontés
05:23 ce soir.
05:24 Il y a aussi le cas de Laurent Berger.
05:26 Oui, on aura l'occasion de revenir sur la réaction de Laurent Berger qui ne s'est
05:32 pas fait attendre, qui a réagi immédiatement sur Twitter, parlant de déni et de mensonge.
05:39 Alors au mieux, on n'attendait rien.
05:41 Les syndicats, effectivement, ils n'attendaient pas grand-chose.
05:43 Ils étaient projetés dans leur journée de mobilisation, la neuvième prévue demain.
05:46 Ils ont été servis parce que eux, ils n'ont pas du tout été déçus.
05:52 Ils ont été pointés du doigt.
05:54 Il a dit quand même que les syndicats, finalement, il les a placés dans le camp de l'irresponsabilité,
06:00 qu'ils n'étaient pas prêts aux compromis et que finalement, c'était un peu leur faute
06:05 si on en était là aujourd'hui parce que finalement, c'était les leaders syndicaux,
06:09 à commencer par Laurent Berger de la CFDT qui a été quand même vraiment pointé du
06:14 doigt de façon extrêmement claire.
06:17 Et c'est pour ça qu'il a réagi en disant « ce n'est pas vrai ». Et c'est pour
06:20 ça que ce soir, il parle de mensonge.
06:22 Et pour le coup, je pense que si cette intervention, elle a eu une réaction, c'est de resserrer
06:30 les rangs de l'intersyndical.
06:32 Non mais complètement.
06:33 On se demandait si finalement, demain, ce n'était pas la neuvième et dernière journée
06:37 d'action.
06:38 Là, on a une intersyndicale qui est remontée à bloc contre le chef de l'État.
06:42 Parce que le chef d'État a dit là-dessus, Isabelle Raymond, il a regretté que les
06:44 syndicats n'aient pas présenté de proposition de compromis, soit disant qu'ils n'avaient
06:48 rien à mettre sur la table.
06:49 Oui, mais là, vous avez Laurent Berger qui parle de mensonge.
06:53 Il dit que c'est un mensonge éhonté.
06:55 Il dit qu'ils ont fait des propositions, qu'ils ont proposé notamment une hausse
07:00 des cotisations de quelques euros.
07:03 Il dit que c'est faux.
07:05 Ce que dit le président de la République aujourd'hui, c'est faux.
07:08 Et donc, on se retrouve dans un face à face de plus en plus clair, avec une opposition
07:14 de plus en plus cristallisée, avec des camps qui sont de plus en plus polarisés et aujourd'hui
07:20 qui n'arrivent plus à se parler.
07:21 Donc, je pense que la réaction à l'intervention du président de la République, demain, elle
07:28 risque d'être assez forte.
07:30 Il y a peut-être des gens qui se posaient la question de savoir s'ils allaient se mobiliser,
07:34 s'ils allaient faire grève et qui demain vont se...
07:36 Ils auront été convaincus d'y aller.
07:37 Et peut-être que l'intervention du président de la République a fait en sorte que demain,
07:41 il y ait plus de monde dans la rue.
07:42 20h10 sur France Info.
07:43 Nous revenons là-dessus bien évidemment dans un instant.
07:45 Le Fil Info tout de suite avec vous, Frédéric Baignada.
07:48 La réforme des retraites est nécessaire.
07:50 Il n'y a pas 36 solutions.
07:52 Je suis prêt à endosser la popularité qui va avec.
07:54 Emmanuel Macron ne recule pas sur TF1 et France 2.
07:57 La mi-journée, le chef de l'État affirme qu'il n'envisage pas de retirer la réforme
08:01 et veut au contraire qu'elle entre en vigueur avant la fin de l'année.
08:04 En attendant, le texte va poursuivre selon lui son chemin démocratique après son examen
08:09 par le Conseil constitutionnel.
08:11 Pas question non plus de changer de Premier ministre.
08:14 Elisabeth Borne a toujours la confiance du président qui confirme également sa volonté
08:18 d'engager d'autres chantiers, travail, environnement et immigration.
08:23 « Mensonge et mépris » dénoncent la CGT et la CFDT.
08:26 Même réaction de la part de Jean-Luc Mélenchon pour la France insoumise.
08:30 Marine Le Pen évoque un homme « seul et coupé du réel ».
08:34 « Nous avons toujours fait preuve de responsabilité et de recherche du compromis »,
08:39 éclare le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.
08:43 Au lieu d'apaiser, il est en train de déverser un jerrycan d'essence sur un feu
08:47 qui s'est déjà largement entamé, estime Olivier Faure pour le Parti socialiste.
08:52 Dans ce contexte, la nouvelle journée de mobilisation nationale s'annonce difficile.
08:56 Demain, dans les transports, le trafic à la SNCF sera très perturbé,
09:00 tout comme celui de l'Aératp dans le métro et dans le RER.
09:04 Même tendance dans les aéroports parisiens où de nombreux vols seront annulés.
09:08 Dans l'éducation nationale, le syndicat prédit un taux de grévistes
09:12 compris entre 40 et 50% dans les écoles primaires.
09:16 Puis selon les services de renseignement,
09:17 entre 600 000 et 800 000 manifestants sont attendus demain en France
09:23 avec la crainte de nouveaux débordements comme ces jours derniers.
09:27 Aujourd'hui encore, des manifestations ont eu lieu un petit peu partout à travers le pays,
09:31 des gares occupées à Toulouse et Nice ou des ports bloqués
09:35 comme à Marseille, Brest ou Saint-Nazaire.
09:37 [Musique]
09:47 Il y a évidemment cette allégation du président de la République
09:51 comme quoi les syndicats n'ont pas présenté de proposition de compromis.
09:54 Il leur a pourtant tendu la main en quelque sorte au cours de cette interview
10:00 avec aussi cette seule annonce, si je puis dire, sur la fiscalité des grandes entreprises.
10:05 Parce que si on veut donner une réponse à cette colère légitime et une réponse efficace,
10:10 moi je souhaite, il faut attendre quelques jours, quelques semaines,
10:12 mais qu'on réengage avec les partenaires sociaux sur des sujets très concrets.
10:16 L'usure professionnelle, la reconversion de fin de carrière.
10:19 Il y a beaucoup de métiers où au fond passer 50 ans pour reconvertir,
10:22 il y a quand même un peu un cynisme à l'œuvre.
10:24 Quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels,
10:28 qu'ils en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions,
10:32 là je vais demander au gouvernement de pouvoir travailler à une contribution exceptionnelle
10:37 pour que cet argent, que leurs travailleurs puissent en profiter.
10:39 Julie Marie Lecomte, deux aspects, donc une main tendue aux partenaires sociaux
10:43 pour reparler du travail comme s'il fallait recommencer la négociation qui est déjà achevée,
10:47 la loi est votée et la fiscalité, une sorte de fiscalité dédiée aux grandes entreprises.
10:55 Le problème dans la démonstration du chef de l'État, si vous voulez,
10:57 c'est que d'abord il ne prononce pas le mot que tout le monde attend, c'est-à-dire les salaires.
11:01 Parce qu'il dit "il faut que le travail paie", mais quand il dit ça,
11:04 en fait il parle de deux types d'emplois,
11:08 les vraiment absolument très mal rémunérés, là où le salaire minimum n'est même pas respecté,
11:15 donc ça c'est une partie des gens, très bien, évidemment il faut que ça se règle.
11:19 À l'autre bout du spectre, ceux qui travaillent dans des entreprises qui font des super profits
11:24 et à qui ils demandent de donner davantage d'intéressement,
11:28 et les gens au milieu, tous les autres, ceux qui sont dans la rue, les classes moyennes,
11:32 ce sont eux qui disent "on ne veut pas travailler deux ans de plus
11:36 parce qu'on n'est pas payé pour ce qu'on fait", c'est ça que les gens disent dans la rue.
11:42 Quant à l'usure professionnelle, encore heureux, c'est la première chose,
11:47 c'est quasiment inévident, c'est-à-dire que ça ne peut pas être présenté comme une réelle avancée,
11:54 parce que c'est le minimum du minimum de ce qu'on attend d'un dialogue social.
11:58 – Charlotte Selinsky, cette main tendue aux partenaires sociaux,
12:02 là, dans le creux de l'interview, risque de ne pas trouver preneur.
12:06 – Effectivement, à ce stade, rien n'indique que cette convocation, en quelque sorte,
12:11 ramènera les syndicats à la table des négociations.
12:13 En plus, ce qui est un peu, ce qui a pu interroger dans ce que le chef de l'État a pu dire ce midi,
12:19 c'est qu'en fait, il occulte aussi certains paramètres qui ont été enlevés,
12:24 typiquement des facteurs de pénibilité qui ne sont plus reconnus dans la réforme des retraites.
12:32 Donc c'est vrai que ça a pu un peu interroger cette…
12:35 – Isabelle Raymond, sur cette annonce concernant les entreprises, les grandes entreprises,
12:40 celles qui ont fait de très gros bénéfices et qui rachètent leurs actions,
12:44 c'est un peu compliqué comme annonce, hein, pour paraître séduisante.
12:48 – Non seulement c'est un peu compliqué, après il faut voir de quoi on parle concrètement,
12:51 comment ça va se traduire dans le texte,
12:53 est-ce qu'il s'agit d'une mise en œuvre de l'accord sur le partage de la valeur,
12:58 comment concrètement ça va se mettre en œuvre, est-ce qu'il s'agit d'une nouvelle mesure ?
13:01 Personne n'a vraiment compris de quoi il s'agissait.
13:06 Voilà pour le fond, et sur la forme, on ne claque pas des doigts comme ça,
13:09 et on ne décide pas que les syndicats vont revenir à la table des négociations,
13:14 alors qu'il n'y a pas eu de négociation justement sur la réforme des retraites,
13:20 il y a eu au mieux des concertations, où les syndicats allaient à des réunions,
13:25 où ils n'apprenaient rien, quand même, finalement,
13:28 et ces réunions elles avaient lieu au ministère du Travail avec Olivier Dussopt,
13:33 finalement les mesures sur l'usure professionnelle,
13:36 c'est des mesures dont on aurait pu parler avant,
13:39 on aurait pu parler avant des conditions de travail, etc.
13:42 Tout ce dialogue-là n'a pas eu lieu,
13:44 et c'est justement cette absence de dialogue social
13:47 que dénoncent les syndicats depuis des mois, depuis le mois de décembre,
13:52 on a vu qu'il y avait eu, finalement, la réforme n'avait pas été annoncée en décembre,
13:57 mais en janvier pour donner plus de temps à la concertation,
14:00 les syndicats le disent depuis décembre, voire janvier,
14:05 enfin janvier-décembre, il n'y a pas eu de concertation, il n'y a pas eu de…
14:08 – Donc ça, ça vient trop tard.
14:10 – Non mais, et Laurent Berger a eu cette formule tout à l'heure,
14:12 lors de cette prise de parole, que je pense spontanée,
14:15 je ne pense pas qu'il pensait prendre la parole aussi vite,
14:18 aussi brutalement sur Twitter,
14:20 puis là il fait, il est quand même dans le journal de France 2 je crois,
14:23 il ne pensait pas, donc je pense qu'il y a quand même une vraie réaction,
14:26 il dit "on n'efface pas l'ardoise comme ça",
14:28 et donc effectivement, ce n'est pas parce que le président de la République
14:31 tente d'apather les syndicats avec effectivement des mesures
14:34 qui peuvent sonner doux à leur oreille,
14:37 partage de la valeur, travail, conditions de travail, etc.
14:41 Ce n'est pas comme ça qu'on va finalement, cette crise sociale,
14:45 il n'a pas parlé de crise tout à l'heure lors de son allocution,
14:48 cette crise sociale, elle ne va pas s'effacer d'un claquement de doigts,
14:52 les syndicats aujourd'hui sont projetés dans une prochaine journée de mobilisation
14:56 qui s'annonce, M. Asselineau.
14:57 – Oui, celle de demain, la loi votée donc soumise au Conseil constitutionnel,
15:00 effectivement le débat se fait désormais dans la rue,
15:03 écoutez, parmi les réactions politiques,
15:04 celle notamment de Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise.
15:09 – Le président de la République vient une fois de plus de parler pour ne rien dire,
15:13 et de ce qu'on en a compris,
15:16 on n'y retrouve que les marques traditionnelles
15:20 du mépris dont il nous a accablés jusque-là.
15:22 Alors que le pays s'enfonce dans une impasse,
15:26 comment peut-on n'avoir pour toute réponse
15:29 que de fumeux et habituels projets pour après-demain ?
15:34 – Il n'a rien compris, la foule M. le Président,
15:38 la foule est au peuple, ce que le cri est à la voix.
15:43 – Là-dessus Stéphane Vernet, et c'est Olivier Faure,
15:46 le premier secrétaire du PS qui a parlé de son côté d'explosif sur un brasier,
15:51 il y a un risque désormais de radicalisation croissante dans la rue,
15:55 du moins d'occupation du débat désormais
15:57 dans les manifestations de pression de la rue, de façon accrue.
16:01 – Mais c'est déjà le cas, et ça a déjà été dit,
16:03 c'est-à-dire que moi je pense qu'effectivement la manifestation,
16:06 la mobilisation, les grèves et les manifestations de demain,
16:09 il est tout à fait possible, il est tout à fait plausible et prévisible
16:13 qu'elles soient encore plus fortes qu'est-ce qu'elles n'auraient dû être
16:16 avant la prise de parole du Président, effectivement,
16:19 il y a quelque chose qui est de l'ordre du…
16:21 Encore une fois, il était censé apaiser, jette de l'huile sur le feu,
16:25 c'est sa façon de faire et sa façon de présenter les choses,
16:28 il y a quelque chose qui ne colle pas, c'est clair.
16:31 – Vous êtes d'accord avec ça Julie Marie Lecour ?
16:32 – Il a multiplié les maladresses avec Laurent Berger,
16:38 ce qu'il a fait c'est qu'il a réglé ses comptes,
16:40 ce que son entourage raconte et ce que les macronistes racontent,
16:45 c'est qu'il y a eu un moment donné où Laurent Berger avait dit
16:48 "ok je ne suis pas d'accord avec le report de l'âge légal de départ à la retraite,
16:52 mais s'il y a des avancées, s'il y a des trucs bien dans votre texte,
16:54 je le dirai" et finalement Emmanuel Macron lui en veut personnellement
16:58 de ne l'avoir jamais fait, voilà, ça c'est ce qu'il se raconte,
17:03 moi je n'étais pas au rendez-vous entre Laurent Berger et Emmanuel Macron,
17:06 je ne sais pas ce qu'ils se sont dit.
17:07 – Il avait de l'estime et du respect pour lui a-t-il dit dans son interview.
17:09 – C'est un exercice diplomatique, ça n'empêche pas l'estimer le respect,
17:14 mais visiblement il lui en veut.
17:17 Autre maladresse, il dit au cœur de l'interview que depuis le Covid,
17:22 les gens se sont habitués au quoi qu'il en coûte et qu'ils ne veulent plus aller bosser,
17:25 et que c'est aussi pour ça qu'ils n'acceptent pas cette réforme des retraites.
17:29 Ça je pense que pour les manifestants, pour les gens qui manifestent
17:34 depuis huit journées, huit jours de grève, plus une neuvième demain,
17:38 c'est un peu difficile à encaisser, et dernier point sur les syndicats,
17:42 c'est-à-dire qu'il leur tend la main, il attend qu'eux tendent la leur,
17:47 mais il leur mord d'avance en disant "bon les gars,
17:51 je compte sur vous pour sortir de la crise, on va relancer le dialogue social"
17:55 et en même temps il dit "vous, vous êtes les irresponsables, incapables de compromis".
18:01 Donc au final, on était censé ressortir de cette interview avec un cap,
18:06 un nouveau cap plutôt, et au final on comprend qu'il veut continuer de faire ce qu'il a toujours fait,
18:12 et on en ressort avec le sentiment qu'il s'est plutôt ajouté des handicaps
18:17 plutôt qu'il ne se permet d'avancer, comme il le proclame.
18:20 – 20h21 sur France Info, nous allons revenir sur les manifestations,
18:24 notamment celles qui sont en cours ce soir,
18:26 et celles qui sont évidemment prévues demain, la grande journée de mobilisation, la 9ème.
18:30 Tout de suite le Fil info avec vous, Frédéric Beignada.
18:33 – Il n'en regrette rien et assume l'impopularité de sa réforme des retraites,
18:37 elle s'appliquera d'ici la fin de l'année selon Emmanuel Macron.
18:40 35 minutes d'interview à la télévision qui enthulseraient les syndicats
18:44 et les oppositions qui dénoncent ce soir déni, mépris et mensonge.
18:48 Emmanuel Macron confirme également sa volonté d'engager d'autres chantiers,
18:52 travail, environnement et immigration, et il renouvelle sa confiance à Elisabeth Borne.
18:58 Une intervention télévisée de nature attendre encore un petit peu plus la situation,
19:03 on s'attend demain à une mobilisation record,
19:05 entre 600 000 et 800 000 personnes attendues dans l'ensemble du pays,
19:09 les renseignements territoriaux craignent des débordements dans une dizaine de villes
19:14 comme à Paris, Lyon, Nantes ou encore Lille.
19:17 Le trafic à la SNCF sera donc très perturbé, comme celui de la RATP,
19:21 dans le métro, dans le RER, dans l'éducation nationale, le syndicat Prédit,
19:25 un taux de gravistes compris entre 40 et 50% dans les écoles primaires.
19:30 Dans le reste de l'actualité, ce sommet sur le partage de l'eau
19:33 au siège des Nations Unies à New York.
19:35 « Nous avons brisé le cycle de l'eau, nous drainons l'humanité de sa substance vitale
19:41 par la surconsommation vampirique », a lancé à l'ouverture des débats Antonio Guterres,
19:46 le patron de l'ONU.
19:47 Il s'agit de la première conférence des Nations Unies sur l'eau depuis près de 50 ans.
19:52 Et puis en Ukraine, le président Volodymyr Zelensky en visite sur le front de l'Est,
19:55 aujourd'hui, près de Markmouth, symbole de la résistance face à la Russie.
19:59 Une visite quelques jours seulement après celle de Vladimir Poutine
20:03 dans la ville décimée de Mariupol.
20:05 [Musique]
20:06 France Info
20:09 20h, 21h, les informés, Jean-François Aquiline.
20:13 Et il y a eu cette phrase largement commentée, les factions, les factieux,
20:17 celle d'Emmanuel Macron évoquant les dernières manifestations
20:20 qui ont débouché sur des violences.
20:23 À la fois pour que d'ici à la fin de l'année,
20:26 pour près de 2 millions de nos compatriotes, 1 800 000 exactement,
20:29 ils puissent avoir leur pension qui commence à être augmentée.
20:32 Pour que, en effet, on commence à décaler l'âge légal.
20:35 Eh bien il faut que ça rentre en vigueur d'ici à la fin de l'année.
20:37 Mais maintenant, il faut attendre la décision du Conseil.
20:40 Dans le moment que vivent nos démocraties,
20:42 quand des groupes utilisent l'extrême violence
20:45 pour agresser des élus de la République,
20:47 quand ils utilisent la violence sans règle absolue,
20:52 parce qu'ils ne sont pas contents de quelque chose,
20:54 alors là, ça n'est plus la République.
20:56 On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions.
21:00 Les factieux et les factions, dans cet ordre-là,
21:02 Charlotte Selinsky, Emmanuel Macron,
21:05 se veut être le garant de l'ordre républicain.
21:09 Oui, oui, oui.
21:10 C'est vrai que c'est une phrase, comme vous le disiez,
21:12 qui a été beaucoup commentée.
21:14 Il y a eu aussi cette allusion aux événements du Capitole.
21:17 Ça, ça a beaucoup...
21:18 Enfin, sur les réseaux sociaux, les manifestants en parlent beaucoup.
21:22 En fait, en utilisant ce vocabulaire-là,
21:24 c'est vrai qu'Emmanuel Macron déplace un peu les manifestations,
21:28 il les concentre un peu sur ces aspects-là.
21:32 Alors qu'on rappelle quand même que l'intersyndicale Hyperunis
21:35 a organisé plein de journées très pacifiques.
21:39 Enfin voilà, c'est un peu occulté aussi, tout cet aspect.
21:42 – À qui est-ce qu'il s'adresse Stéphane Vernet, à ce moment-là ?
21:46 – Je pense que, sur le fond, il a raison.
21:49 Il y a un certain nombre de professionnels de la contestation, etc.
21:52 Des gens qui sont habitués aux violences de rue,
21:53 qui profitent aussi de ce qui se passe pour attiser, pour semer le chaos, etc.
21:58 Et je pense que c'est à eux qu'il s'adresse.
21:59 Et là, dans ce registre, il n'a pas tort.
22:01 Mais effectivement, le problème, c'est que...
22:05 Il y a une composante qui pose un gros problème,
22:09 c'est qu'on voit en permanence sur les chaînes d'Info en continu,
22:12 ce type d'image, mais qu'est-ce qu'elle pèse réellement en fait ?
22:15 On voit les poubelles qui brûlent, on voit les affrontements, etc.
22:17 Combien il y a de gens derrière ?
22:19 Qu'est-ce que ça pèse par rapport à l'immense majorité des gens
22:22 qui ont défilé dans le calme et de manière pacifique ?
22:24 – Vous voulez dire qu'il y a un effet de loupe, c'est ça ?
22:25 – Bien sûr qu'il y a un effet de loupe.
22:27 Et alors la vraie question qui se pose, c'est que,
22:29 quand le Président de la République a ce genre de formule,
22:31 qui fait mouche, tout c'est sympa, d'accord, très bien,
22:33 mais qu'est-ce qu'il vise exactement ?
22:35 Je veux dire, est-ce qu'on peut aussi se poser la question
22:37 s'il n'y a pas effectivement une tentative ou une volonté
22:41 de détourner le regard en se disant,
22:43 "Tiens, pendant qu'on met l'accent sur l'espèce de chaos, etc.,
22:47 on oublie que la majorité de la contestation jusqu'à maintenant,
22:52 elle s'est tenue dans le calme, la dignité, l'efficacité, etc.
22:56 et qu'il n'y a pas eu de débordement."
22:57 Donc c'est une façon de déporter le regard.
23:00 Et on peut aussi se dire qu'il y a peut-être la volonté
23:05 de retourner l'opinion en mettant l'accent sur ces violences qui sont réelles.
23:10 Elles existent, mais je pense qu'elles sont très minoritaires, il ne faut pas l'oublier.
23:12 – Parlons des déclarations du chef de l'État qui a donc effectivement,
23:17 vous le disiez, Charlotte Selinsky, cité en exemple les assauts
23:19 contre le Capitol de Washington, mais aussi les événements de Brasilia
23:25 avec les partisans de Bolsonaro, ce qui a fait réagir Oliver Faure,
23:29 le premier secrétaire du Parti Socialiste dans le 18-20 France Info.
23:33 – Je l'ai trouvé complètement infamante pour les gens qui manifestent.
23:37 Comment peut-on assimiler des gens qui manifestent contre un projet de loi
23:40 qui est très largement minoritaire à des gens qui sont venus contester une élection,
23:45 celle de Lula ou celle de Biden ?
23:48 Quel rapport ? Il n'y a là aucun Français qui vient contester l'élection d'Emmanuel Macron.
23:52 – Quand le peuple fait lui-même irruption dans la vie politique,
23:56 c'est tout le sort de notre pays.
23:57 C'est 68, c'est aussi 2005, c'est aussi toutes les étapes qui ont permis
24:03 de matérialiser une opposition qui peut être une opposition forte.
24:06 Et c'est normal que ça se passe ainsi.
24:07 – Isabelle Raymond, par rapport aux mouvements sociaux auxquels nous assistons,
24:10 c'est la 9ème demain journée, c'est une comparaison qui était un petit peu,
24:14 on va dire, décalée ?
24:16 – Oui, décalée, maladroite, mais c'est toujours effectivement,
24:19 c'est placer le mouvement social du côté de l'irresponsabilité, de l'illégitimité.
24:27 On voit que journée de manifestation après journée de manifestation,
24:31 sondage après sondage, l'opinion publique reste opposée.
24:37 Enfin en tout cas, on a 90% des actifs selon les sondages.
24:40 – Ça, ça ne bouge pas, ça.
24:41 – Ça ne bouge pas et on a quand même des poubelles qui s'amoncèlent dans Paris.
24:46 On a quand même des grèves qui peuvent perturber,
24:50 même si ça perturbe moins maintenant avec le télétravail, etc.
24:54 Mais on a une opinion publique qui ne se retourne pas.
24:57 Et on a effectivement des cortèges qui ont défilé de façon extrêmement pacifique.
25:01 Parce qu'il faut aussi se souvenir des dernières mobilisations
25:05 contre la dernière réforme des retraites.
25:07 Il y avait quand même beaucoup plus de poubelles brûlées,
25:10 d'abribus avec des vitres brisées.
25:13 Et là, on peut dire que de nouveau, les gens ont pu aller manifester en famille,
25:18 avec des bébés dans les poussettes.
25:19 Et ce n'était pas arrivé depuis extrêmement longtemps.
25:22 On a eu des cortèges qui se sont vraiment déroulés dans le calme
25:26 et ça a duré deux mois.
25:27 – Julie Marie Leconte, à qui s'adressait donc le chef de l'État aujourd'hui ?
25:29 – Juste un mot, la difficulté dans la stratégie de communication d'Emmanuel Macron,
25:34 c'est qu'à un moment où il prétend vouloir apaiser,
25:39 il ne réussit pas à sortir d'une stratégie de dénigrement de l'adversaire.
25:44 C'est-à-dire que l'adversaire ne comprend pas, il faut faire de la pédagogie,
25:49 il n'entend pas, donc il faut lui répéter.
25:51 Il ne comprend pas que c'est la seule et unique solution, qu'il n'y en a pas 36, je le cite.
25:58 Il veut travailler avec les syndicats à l'avenir,
26:01 mais il les dénigre et les discrédite en disant qu'ils ne sont jamais capables de compromis.
26:05 Et il a des manifestants dans la rue qu'il assimile effectivement
26:12 aux factieux qui ont envahi le capital, ce qui n'a strictement rien à voir à ce stade.
26:22 Donc quand on discrédite l'adversaire,
26:24 on se prive de toute possibilité de sortie du conflit par le haut.
26:28 Et c'est pour ça qu'Emmanuel Macron cale.
26:30 – Mais je répète ma question en déclarant ceci, à qui s'adresse-t-il en réalité ?
26:34 – Probablement à la droite, mais les…
26:39 – Stéphane Dernier.
26:40 – Stéphane ?
26:41 – Peut-être qu'il pense aussi aux trotskistes, à l'extrême gauche.
26:45 – Non mais ceux qui le pointent ce sont les trotskistes.
26:47 Mais pourquoi tient-il ce discours-là ?
26:50 À part un électorat de droite,
26:53 mais une frange d'un électorat qu'il ne récupérera pas.
26:55 Donc on ne comprend pas.
26:57 – Allez, nous évoquerons dans un instant les manifestations la journée de demain
27:00 et puis les accusations que les uns et les autres se renvoient sur les violences dans la rue.
27:06 20h30 sur France Info.
27:08 [Musique]
27:14 Et l'info c'est avec vous, bonsoir Edouard Marguier.
27:16 – Bonsoir Jean-François, bonsoir à tous.
27:18 Une première réponse de la rue à Emmanuel Macron.
27:21 Des dizaines de personnes manifestent en ce moment même à Paris.
27:25 Pendant l'interview de la mi-journée, le président a dit assumer sa réforme des retraites.
27:30 Il veut qu'elle entre en vigueur avant la fin de l'année.
27:32 Il dit être prêt à endosser son impopularité.
27:35 Au passage, il réaffirme sa confiance à sa première ministre, Elisabeth Borne.
27:40 Les syndicats, eux, sont furieux, notamment après les propos du président
27:44 sur l'absence de recherche de compromis.
27:47 La CFDT l'a toujours recherchée, rétorque Laurent Berger,
27:51 qui accuse le président de mensonges.
27:53 Lui et les autres membres de l'intersyndicale appellent à une mobilisation d'ampleur.
27:57 Demain, neuvième journée interprofessionnelle.
28:00 Avant cela, les blocages se poursuivent.
28:02 La grève reconductible dans les raffineries a de plus en plus d'effet
28:06 sur le niveau des carburants au niveau national,
28:09 avec 14% des stations-service en pénurie d'essence ou de diesel.
28:14 C'est deux points de plus en 24 heures.
28:16 La grève des éboueurs parisiens, par ailleurs, reconduite jusqu'à lundi.
28:20 Et puis les ports de Marseille et de Brest sont totalement bloqués à l'appel du syndicat CGT.
28:26 Côté politique, l'opposition s'en donne à cœur joie.
28:28 Emmanuel Macron est arrogant, menteur et irresponsable, selon la France Insoumise.
28:33 Il a mis plus d'explosifs sur un brasier déjà bien allumé pour le patron du PS, Olivier Faure.
28:39 Quant à Marine Le Pen, elle estime qu'il conforte le sentiment de mépris des Français.
28:45 Autre sujet, la fiscalité.
28:46 Le gouvernement annonce ce soir qu'il va revaloriser de 5,4%
28:51 le barème de l'indemnité kilométrique annonce faite par Gabriel Attal.
28:56 Sur l'Ukraine, les États-Unis évoquent une ligne à ne pas franchir pour la Chine,
29:01 celle de livrer des armes létales à la Russie.
29:04 Pour l'instant, ce n'est pas le cas, selon le chef de la diplomatie américaine,
29:07 Anthony Blinken, suite au voyage du président chinois à Moscou.
29:12 Un Français le plus rapide du monde sur des skis, 255 km/h et demi sur 100 mètres.
29:18 Avec cette vitesse, Simon Billy s'empare du record du monde de vitesse à Varse dans les Hautes-Alpes.
29:24 L'homme de 31 ans remporte du même coup son deuxième titre de champion du monde de ski de vitesse.
29:29 [Générique]
29:38 « La deuxième partie des informés de France Info consacrée à l'interview présidentielle d'Emmanuel Macron,
29:45 ses réactions à la veille de la 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites,
29:50 avec Julie Marie Lecomte, la chef du service politique de France Info,
29:53 avec Isabelle Raymond, chef du service économique et social de France Info,
29:57 avec Charlotte Sélinsky, journaliste politique à l'hebdomadaire L'Obs,
30:01 et Stéphane Vernet, directeur de la rédaction parisienne de West France.
30:06 Chacun se renvoie à la balle qui est réellement responsable des manifestations organisées au jour le jour,
30:12 tous les jours à Paris, Lyon, Marseille, ailleurs, et des violences qui se produisent.
30:17 Chacun se renvoie à des accusations de violences, que ce soit les policiers ou les organisations qui sont sur le terrain.
30:25 Les violences ne sont pas excusables, a estimé la première ministre Elisabeth Borne, qui s'exprimait au Sénat. »
30:31 « Et en revanche, non, on ne peut pas brader l'intérêt général par démagogie ou par peur de l'impopularité.
30:37 Et non, les violences ne sont pas excusables, et je veux rendre hommage à nos policiers et nos gendarmes
30:44 pour leur engagement au service de l'ordre républicain. »
30:46 « Voilà donc Elisabeth Borne qui explique que les violences ne sont pas excusables.
30:51 Stéphane Vernet, peut-il en être autrement, qu'il y ait des débordements et des violences ?
30:55 Il y a des manifestations en cours ce soir, elles ne sont pas encadrées, elles ne sont pas organisées par les syndicats,
31:01 et il y a forcément des éléments isolés qui veulent en découdre avec les forces de police. »
31:06 « Mais c'est ça, c'est ce que disait très bien Isabelle Raymond tout à l'heure,
31:09 c'est-à-dire qu'on a retrouvé à l'occasion de ce mouvement qui dure depuis deux mois,
31:14 des manifestations, avec des manifestations de masse, avec énormément de gens, où tout se passait très bien.
31:18 Mais pourquoi on a retrouvé ce contexte-là, qu'on pensait ne plus connaître dans ce pays,
31:23 parce que c'est un moment qu'à chaque fois qu'il y avait une manif, même avec 15 pelées et 20 tendues, ça dégénérait,
31:30 pourquoi est-ce que ça s'est aussi bien passé ?
31:32 Parce que les syndicats ont été très fortement renforcés et confortés aussi dans la séquence,
31:36 ils se sont organisés, ils ont su encadrer les manifestations.
31:41 Et le problème auquel on assiste, c'est qu'à partir du moment où les choses se tendent,
31:46 et que vous avez effectivement des gens qui décident spontanément de descendre dans la rue,
31:49 et il n'y a plus aucun encadrement, il n'y a pas de service d'ordre, il n'y a pas de parcours, il n'y a rien,
31:53 vous pouvez aussi avoir des éléments qui débordent,
31:56 et des choses qu'on ne voit pas dans les manifestations, qui elles ont très bien fonctionné.
32:02 Donc voilà, après, la problématique des violences, oui, les violences ne sont pas acceptables,
32:09 mais y compris un certain nombre de... les violences de tous les côtés ne sont pas acceptables.
32:14 On voit aussi des images de policiers qui, certes, peut-être chauffés à blanc, insultés, etc.,
32:20 pris à partie, peut-être qu'on a capoté la séquence et tout,
32:23 enfin il y a des gestes quand même qui posent question.
32:25 Et je pense qu'à un moment, il faudrait aussi avoir l'intelligence de redescendre d'un côté.
32:33 – Avec un risque, Charlotte Selinsky, de l'Obs,
32:36 c'est la présence croissante des jeunes dans ces manifestations, tous les jours,
32:40 je n'évoque pas ce qui se passe demain,
32:42 je parle de ce qui se passe tous les soirs dans un certain nombre de villes, notamment à Paris,
32:45 et en ce moment même dans la capitale, c'est parti depuis le cours de Vincennes,
32:49 la présence de jeunes, et puis pour le pouvoir politique,
32:52 le précédent de 1986, celui de la mort de Malik Oussekin.
32:57 – Oui, c'est vrai que c'est un côté force de l'ordre,
33:01 c'est un exemple qu'on leur en parle avant les débuts des manifs,
33:07 on leur dit "attention, il ne faudrait pas qu'on… "
33:09 Mais inversement, effectivement, on a beaucoup de jeunes…
33:13 Ce qui est intéressant, c'est que si on se met du côté des jeunes
33:14 et qu'on écoute ce qu'ils nous racontent, quand on va dans les cortèges en reportage,
33:18 eux, ils rappellent l'exemple du CPE,
33:20 ils disent "mais en fait, nous, on va continuer",
33:22 parce qu'on rappelle cet exemple du CPE qui avait été voté, adopté,
33:26 et qui n'a pas été promulgué, après deux mois de mobilisation des jeunes.
33:32 – Eux se mobilisent, ils veulent continuer la mobilisation contre cette réforme.
33:35 Il y a cette question soulevée par la France Insoumise
33:38 qui réclame la dissolution de ces unités motorisées,
33:41 les "Braves M" qui rappellent les voltigeurs,
33:45 pour ceux qui s'en souviennent, qui datent de cette époque-là,
33:48 et j'en fais partie, des voltigeurs motocyclistes,
33:51 malheureusement qui sont les responsables, deux d'entre eux,
33:54 de la mort de Malik Ousekine lors des manifestations anti-loi Devaquet.
34:00 Il y a cette demande de suppression des "Braves M",
34:04 unités adaptées pour pouvoir disperser des groupes d'individus,
34:07 c'est ce qu'a confirmé ce matin Laurent Nunez,
34:09 le préfet de police de Paris, qui était l'invité de France Info.
34:12 – Ce sont des compagnies d'intervention en réalité,
34:14 dont c'est le métier, qui sont formées pour ce faire.
34:17 La seule différence qu'il y a avec les compagnies de maintien de l'ordre classique,
34:20 c'est leur modalité de déplacement, c'est-à-dire qu'ils se déplacent en moto,
34:25 ils évoluent par groupe de 20, 40,
34:27 et ça nous permet de nous déplacer en tout point de la capitale
34:29 de manière extrêmement rapide.
34:31 Je ne proposerai certainement pas au ministre de l'Intérieur
34:34 de dissoudre cette brigade.
34:35 Vous imaginez bien que ces petits groupes disparates
34:37 qui se répartissent dans la capitale, qui commettent des exactions,
34:40 la "Braves M" est une unité particulièrement adaptée
34:43 pour pouvoir disperser ces groupes.
34:46 – La "Braves M" qui intervient en moto, ils sont à deux par moto,
34:48 c'est celui qui est le passager, qui descend ensuite du véhicule
34:51 pour intervenir et tenter d'interpeller certains manifestants.
34:56 Là-dessus, Julie-Marie Lecomte, je reviens sur l'idée
34:58 de la présence accrue de la jeunesse dans ces cortèges,
35:00 c'est un sujet de préoccupation pour l'exécutif ?
35:03 – Non. – Non ?
35:04 – C'est une vraie difficulté, parce que vous dites "les jeunes, la jeunesse",
35:08 moi le sentiment que j'ai c'est qu'au palais,
35:12 la représentation qu'il y a des manifestants,
35:16 donc ces manifestants que nous voyons encore ce soir,
35:19 c'est que ce sont des anarchistes, des antifas,
35:26 des gens qui appartiennent à une mouvance d'extrême gauche.
35:30 Vous avez remarqué d'ailleurs, dès qu'Emmanuel Macron dit…
35:33 En fait, il rajoute "extrême" devant tout, toujours pour…
35:39 je vais redire pour dénigrer, mais il utilise "extrême"
35:44 comme un élément péjoratif, il dit "extrême violence",
35:49 donc là ce sont des jeunes d'extrême gauche,
35:51 ce sont des jeunes qui veulent mettre à bas le système,
35:54 donc en réalité, Emmanuel Macron, il est classe,
35:57 vous vous souvenez, à la fin du mouvement des Gilets jaunes,
36:00 il disait qu'il resterait toujours dans la société une frange d'irréductibles,
36:05 comme si ces gens-là étaient un peu irrécupérables,
36:08 donc en fait, il n'y a pas de traitement politique de ces jeunes,
36:13 comme vous dites, pas de réponse politique,
36:16 une réponse uniquement sécuritaire,
36:18 ce qui vaut à la France de se retrouver pointée du doigt par Amnesty International.
36:22 – Risque de radicalisation, Stéphane Vernet, de ces manifestations quotidiennes ?
36:26 – Mais c'est-à-dire que pour l'instant, on ne sait pas qui ils sont vraiment,
36:29 on ne sait pas combien ils sont,
36:30 et on ne sait pas comment les choses vont évoluer,
36:32 ça dépend aussi, si vous voulez, de la façon ou des perspectives qui sont offertes,
36:39 c'est aussi là qu'on a un problème,
36:41 c'est-à-dire que cette allocution-là, cette interview du Président de la République,
36:45 elle était faite aussi pour ouvrir des portes,
36:46 en fait, elle n'a rien ouvert du tout, elle ferme tout,
36:48 et c'est là qu'il y a un souci,
36:50 si effectivement on est face à des gens qui se disent,
36:52 de toute façon, on a un pouvoir, un exécutif qui ne bougera pas,
36:57 qui ne laisse aucun échappatoire, aucune porte de sortie, qui n'écoute pas…
37:01 – Qui ne se met pas dans les bras de ces groupuscules-là en réalité,
37:03 en ne donnant pas de réponse.
37:04 – Oui, du coup, vous avez ce risque de radicalisation, il est réel,
37:08 mais pour l'instant, encore une fois, je pense qu'il y a un miroir déformant,
37:11 je ne sais pas si vous en avez fait,
37:14 moi j'ai fait plusieurs des manifestations classiques,
37:17 il y avait des jeunes, mais il n'y en a pas tant que ça non plus,
37:19 je veux dire, les profils sont quand même assez particuliers,
37:25 et dans ces mouvements, le soir, moi je suis bien malin,
37:29 qui peut dire qui est dans la rue,
37:31 je ne suis pas sûr qu'il n'y ait que des anarchistes,
37:33 et que des gamins qui ont envie de tout cramer, de tout péter,
37:35 je pense qu'il y a aussi des gens qui ne sont pas contents,
37:37 et qui veulent le faire savoir, et qui ne sont pas des délinquants potentiels,
37:42 d'où la problématique aussi de la réponse policière,
37:44 que je trouve parfois, il faudrait aussi qu'elle soit proportionnée,
37:50 il faut mieux adopter.
37:52 Je pense aussi que vous avez des gens dans ces rangs-là,
37:56 qui espèrent, c'est terrible ce que je vais dire,
38:00 mais qui ont un vrai incident, qui ont un mort,
38:03 pour secouer l'opinion, etc.
38:06 Voilà, ce serait un naufrage total.
38:11 – Et puis il y a cette inquiétude aussi, l'incident,
38:14 qui revient quand même beaucoup,
38:16 c'est ce sentiment qu'il n'y a que la violence qui paie,
38:21 et l'attitude aujourd'hui d'Emmanuel Macron,
38:23 continue de jeter dans les bras d'extrême,
38:29 des gens qui aujourd'hui ne trouvent pas de réponse.
38:32 – Allez Isabelle Raymond, je vais vous solliciter dans un instant,
38:34 nous allons évoquer la journée de mobilisation de demain,
38:36 20h41 sur France Info,
38:39 c'est le retour du Fil Info avec vous, Frédéric Bañada.
38:42 – Emmanuel Macron sans regret,
38:43 prêt à endosser l'impopularité de la réforme des retraites.
38:46 La réforme doit être appliquée avant la fin de l'année,
38:48 a-t-il affirmé lors d'une intervention télévisée très attendue,
38:52 assumant donc son impopularité,
38:55 provoquant immédiatement des réactions ulcérées ?
38:57 La réforme des retraites est nécessaire,
38:59 il n'y a pas 36 solutions sur TF1 et France 2,
39:02 le chef de l'État a donc affirmé qu'il n'envisageait pas de la retirer,
39:06 et soit au contraire qu'elle entre en vigueur avant la fin de l'année.
39:09 En attendant, le texte va poursuivre, selon lui,
39:12 son chemin démocratique après son examen par le Conseil constitutionnel.
39:17 Pas question non plus de changer de Premier ministre,
39:19 Elisabeth Borne a toujours la confiance du Président,
39:22 mensonge et mépris dénoncent la CGT et la CFDT.
39:26 Même réaction de Jean-Luc Mélenchon pour la France insoumise,
39:29 Marine Le Pen évoque un homme seul et coupé du monde,
39:32 nous avons toujours fait preuve de responsabilité et de recherche du compromis,
39:37 déclare le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.
39:40 Au lieu d'apaiser, il est en train de déverser un jerrycan d'essence
39:44 sur un feu qui est déjà largement entamé,
39:47 estime Olivier Faure pour le Parti socialiste.
39:49 Dans ce contexte, la nouvelle journée de mobilisation nationale
39:53 s'annonce difficile, notamment dans les transports.
39:55 Le trafic à la SNCF sera très perturbé, tout comme celui de la RATP,
40:00 dans le métro et les RER, même tendance dans les aéroports parisiens,
40:04 notamment à Orly, mais également en Marseille ou Toulouse,
40:06 où de nombreux vols seront annulés demain.
40:09 Dans l'éducation, le syndicat national prédit un taux de grévistes
40:12 de 40 à 50 % dans les écoles primaires.
40:17 Selon les services de renseignement, entre 600 000 et 800 000 manifestants
40:22 sont attendus demain en France, avec la crainte de débordements
40:26 comme ces jours derniers.
40:28 Aujourd'hui encore, des manifestations ont eu lieu un peu partout
40:31 à travers le pays, des gares occupées à Toulouse et Nice
40:34 ou des ports bloqués comme à Marseille, Brest ou Saint-Nazaire.
40:39 France Info.
40:41 20h, 21h, les informés.
40:45 Jean-François Achilline.
40:47 À quoi va ressembler la 9e journée de mobilisation demain ?
40:51 À quoi faut-il s'attendre ?
40:52 Les syndicats, en tous les cas, sont gonflés à bloc.
40:55 Fabien Vildieu, délégué syndical Sudraï, juste après l'interview présidentielle.
41:01 C'était pénible de l'écouter.
41:02 C'est pénible d'écouter un président de la République
41:05 qui est tellement décalé dans sa tour d'ivoire
41:07 qu'il ne se rend pas compte de ce qui est en train de se passer en France
41:10 et ça en deviendrait presque dangereux.
41:12 Et il fait le même discours qu'il aurait pu faire le 19 janvier.
41:15 Sauf qu'entre-temps, il y a deux mois de mobilisation.
41:18 Et je peux vous dire que la pénibilité, on l'a évidemment au travers de la gorge
41:21 parce que la première chose qu'a fait M. Macron en 2017,
41:24 c'est enlever quatre critères de pénibilité.
41:26 Et ce qu'il fait en 2023, c'est même pas les rajouter.
41:29 9e journée, Isabelle Raymond, avec une mobilisation qui s'annonce record
41:34 parce que les uns et les autres laissent peur.
41:37 Non mais on verra bien si, en tout cas, on ne pourra pas parler d'essoufflement.
41:40 A priori, ça ne faiblit pas.
41:42 Quand on voit les premiers signaux, le SNUIPP, FSU,
41:46 donc le principal premier syndicat dans le primaire,
41:49 anticipe 40 à 50% de grévistes.
41:53 Il y a un TER sur 3 en moyenne au niveau national, un TGV sur 2.
41:58 On voit déjà des trains annulés vendredi.
42:00 Donc visiblement, le mouvement va se poursuivre.
42:03 Donc il ne va pas s'essouffler.
42:06 Après, comment est-ce qu'il y aura une 10e journée ?
42:09 C'est toujours la question.
42:10 Comment est-ce qu'on sort de ce genre de conflits ?
42:14 Les syndicats, pour l'instant, sont dans l'après.
42:16 Ils ont déjà prévu une intersyndicale demain soir.
42:20 Ce sera dès demain soir au siège de la CFDT.
42:22 Il y avait un petit doute. Est-ce que ce sera jeudi soir ?
42:24 Est-ce que ce sera vendredi matin ?
42:26 Visiblement, en tout cas, ils ont écouté le président de la République
42:30 et ils ont décidé de se réunir dès demain soir.
42:32 Ils l'espèrent d'une mobilisation qu'ils espèrent record.
42:36 Juste pour revenir sur les jeunes.
42:38 Vous avez beaucoup parlé des jeunes tout à l'heure.
42:41 Depuis le début, on se demande si les jeunes vont rentrer dans la mobilisation ou pas.
42:46 Ils ne sont pas véritablement rentrés dans la mobilisation.
42:48 Il y a quelques facs bloqués, mais ce n'est pas massif.
42:51 Les lycéens sont en train de passer le bac.
42:53 C'est d'ailleurs pour ça qu'il n'y a pas eu de journée de mobilisation en début de semaine.
42:57 Peut-être que l'intersyndicale n'est pas du côté de la responsabilité,
43:01 mais en tout cas, ils ont décidé d'attendre que se passent sereinement
43:05 les épreuves de spécialité du bac.
43:07 On a vu qu'elles se sont plutôt bien passées en début de semaine pour attendre de se mobiliser.
43:12 Donc pour l'instant, il n'y a pas de jeunes dans la mobilisation.
43:14 Et c'est peut-être pour ça aussi que le mouvement,
43:18 en tout cas dans le cadre posé par l'intersyndicale, ne déborde pas.
43:23 Et je vous rappelle juste que les mobilisations spontanées avec des signes de violence
43:29 ont commencé après le 49-3 et se sont amplifiées après le rejet d'émotions.
43:34 – Voilà, et ça méritait d'être précisé avec vous Isabelle Raymond.
43:37 Une dimension éminemment très politique, de vie politique,
43:41 concernant cette séquence de cette longue crise autour de la réforme des retraites,
43:47 eh bien ça a été annoncé par le chef de l'État lors de cette interview à 13h.
43:51 La Première Ministre qui va devoir conduire des consultations tous azimuts,
43:55 notamment des forces politiques pour redéfinir le calendrier parlementaire
44:00 des prochains mois qui est bousculé ne serait-ce qu'autour de la loi immigration.
44:03 – C'est la tactique.
44:06 – Marine Le Pen, donc, attendez, on va l'évoquer.
44:08 Marine Le Pen, la chef de file du Rassemblement National,
44:11 qui une fois de plus lors d'une conférence de presse aujourd'hui
44:13 a réclamé le départ de la Première Ministre.
44:17 – Madame Borne sort pulvérisée de cette séquence.
44:21 Le vote de confiance ne peut s'interpréter que comme une manifestation de défiance,
44:25 bien sûr, du gouvernement mais disons-le aussi du président
44:30 qui dans les coulisses éliséennes tirait les ficelles,
44:32 les grosses ficelles de ce tour de magie raté.
44:36 Si la Première Ministre avait un peu de sens politique, elle partirait d'elle-même.
44:41 Madame Borne peut évidemment ne pas démissionner mais son autorité est ruinée
44:45 et donc son action future est illusoire.
44:48 – Voilà donc les propos de Marine Le Pen en conférence de presse.
44:50 Julie Marais-Lecomte, il y a une forme d'usure aujourd'hui pour Elisabeth Borne,
44:55 elle sort affaiblie de cette crise ?
44:57 – En tout cas elle essaie de se relancer,
44:59 elle considère qu'elle a été plutôt confortée dans son poste
45:03 par le chef de l'État ce midi.
45:07 Il lui donne une feuille de route mais qui relève quand même du défi
45:13 parce qu'Elisabeth Borne, elle a été nommée à Matignon précisément
45:17 parce qu'Emmanuel Macron n'avait pas réussi à passer un accord de gouvernement
45:21 avec la droite donc elle arrive à Matignon dans ces conditions-là
45:26 et là ce qu'il lui demande à elle qui est là précisément
45:29 parce que ça a échoué une première fois, c'est de réussir là où lui a échoué.
45:35 En fait cet élargissement visiblement,
45:39 il prend dans la bouche du président l'aspect d'une volonté
45:48 de débaucher dans les rangs des LR des gens de bonne volonté
45:54 pour reprendre je crois son expression.
45:57 En réalité ce qu'on explique du côté de Matignon
45:59 c'est que l'objectif c'est plutôt de continuer texte par texte
46:03 à essayer d'aller arracher des majorités
46:08 et c'est pour ça que le projet de loi immigration est explosé en plusieurs morceaux
46:14 pour avoir plus de chances de pouvoir être négocié une fois avec la droite, une fois avec la gauche
46:19 mais les chicelles sont tellement grosses qu'on peut se poser des questions sur les chances de réussite.
46:23 – Charlotte Szelinski, il y a des questions qui se posent aujourd'hui
46:26 sur la capacité de ce gouvernement, celui qui reste en place, à agir.
46:30 Après nous sommes toujours dans la crise autour de la réforme des retraites
46:33 mais par la suite, dans les semaines, dans les mois qui viennent.
46:36 – Mais bien sûr, et juste pour prolonger ce que disait ma consœur,
46:40 Elisabeth Borne elle est d'autant plus embêtée qu'à cause de la droite
46:44 avec qui elle pensait avoir conclu ce deal avec Éric Ciotti
46:47 qu'elle n'a pas réussi à aller au vote donc c'est encore plus compliqué ensuite
46:52 d'aller débaucher au sein de cette famille politique d'éventuels ministres.
46:57 Après vous avez raison sur la suite, on a cru comprendre ce midi
47:02 qu'Emmanuel Macron allait finalement peut-être faire des projets de loi plus courts,
47:08 puisque au Parlement ça bloque, puisque c'est compliqué à chaque fois,
47:12 on a l'impression que ça va être peut-être…
47:16 – Plus compliqué non ? – Oui.
47:18 – Vous êtes d'accord avec ça Stéphane Vernet pour conclure ?
47:20 – Oui complètement, il n'y a pas eu d'accord de gouvernement,
47:23 ils ont voulu faire un accord parlementaire, c'est juste pas possible.
47:25 – Un remaniement plus lointain n'est pas excluable.
47:28 – Tout ça c'est mort, ils ont une majorité relative
47:32 et ils auront une majorité relative.
47:33 La question qui se pose aujourd'hui c'est que ça c'est acté,
47:36 ils en ont pris acte, ils l'ont compris et la question c'est
47:38 comment on continue à réformer ce pays dans les 4 ans qui viennent
47:41 avec une majorité relative ?
47:43 Et la réponse qui est celle qu'on entend c'est qu'ils tronçonnent les textes
47:47 pour faire passer les trucs dans un trou de souris,
47:50 en allant négocier au cas par cas avec des gens qui pourraient leur être favorables
47:55 dans une ou l'autre des familles d'en face,
47:58 mais ils ne chercheront plus à faire de deal avec les formations politiques
48:02 dans leur ensemble, ça leur a pas réussi.
48:05 Si vous me permettez, j'ai juste envie de dire un truc,
48:08 c'est que je pense qu'on est à un stade où tout est bloqué
48:12 et la seule solution à mon avis pour sortir de cette histoire
48:17 c'est de redonner la parole aux français par un vote.
48:19 Et le vote qui pourrait marcher c'est celui du référendum.
48:23 Ça c'est une piste qu'avait mise François Bayrou sur la table
48:26 il y a déjà presque un an et qui n'est pas une mauvaise piste.
48:30 La majorité n'en veut absolument pas parce qu'ils savent que si
48:33 il fallait faire un référendum aujourd'hui la réponse serait non.
48:36 Mais faire un référendum ça peut vouloir dire aussi tout remettre sur la table
48:40 à ce gouvernement, à cette majorité qui a été nulle en com'
48:43 d'expliquer son projet, de changer un certain nombre de choses,
48:47 de revenir en expliquant vraiment pourquoi cette réforme est indispensable
48:52 si elle est indispensable et de le faire correctement
48:54 et après les gens voteront.
48:56 Et si vous avez un vote alors il n'y a plus de question de majorité ou pas de majorité.
49:00 Enfin je veux dire si c'est tranché par les citoyens, le truc est réglé.
49:04 Sinon qu'est-ce qu'on va faire ?
49:06 Ça peut durer, ça peut durer, ça peut durer.
49:08 Je veux dire il n'y a pas de raison que ça s'arrête.
49:09 – Allez pour refermer ces informés dans un instant
49:11 nous vous porterons un regard sur un sujet majeur
49:13 passé sous silence par cette crise forcément des retraites,
49:17 la journée mondiale de l'eau 20h52.
49:21 Pardon pour ce retard, le fil info avec vous Frédéric Bayet.
49:25 – Il ne regrette rien et assume l'impopularité de sa réforme des retraites.
49:30 Elle s'appliquera d'ici la fin de l'année selon Emmanuel Macron.
49:32 35 minutes d'interview à la télévision à la mi-journée
49:35 qui ont ulcéré les syndicats et les oppositions
49:38 qui dénoncent ce soir déni, mépris et mensonges.
49:41 Emmanuel Macron confirme également sa volonté d'engager d'autres chantiers,
49:45 travail, environnement et immigration
49:48 et il renouvelle sa pleine confiance à Elisabeth Borne.
49:51 Une intervention télévisée de nature
49:53 attendre encore un petit peu plus la situation sur le terrain.
49:56 On s'attend demain à une mobilisation record
49:59 entre 600 000 et 800 000 personnes attendues dans l'ensemble du pays.
50:03 Les renseignements territoriaux craignent des débordements
50:06 dans une dizaine de villes comme à Paris, Lyon, Nantes ou encore Lille.
50:10 Le trafic à la SNCF sera très perturbé tout comme celui de la RATP
50:14 dans le métro, dans le RER, dans l'éducation nationale.
50:17 On s'attend à un taux de grévistes compris entre 40 et 50%
50:21 dans les écoles primaires.
50:22 Dans le reste de l'actualité,
50:24 ce sommet sur le partage de l'eau au siège des Nations Unies à New York.
50:28 Nous avons brisé le cycle de l'eau,
50:30 nous drainons l'humanité de sa substance vitale
50:33 par la surconsommation vampirique
50:35 qu'a lancé en ouverture des débats Antonio Guterres, le patron de l'ONU.
50:39 Il s'agit de la première conférence des Nations Unies sur l'eau
50:41 depuis près de 50 ans.
50:43 En Ukraine, le président Volodymyr Zelensky
50:45 en visite sur le front de l'Est aujourd'hui, près de Markhoud,
50:48 symbole de la résistance face à la Russie.
50:52 Une visite qui intervient quelques jours après celle de Vladimir Poutine
50:56 dans la ville des Cimées de Marioupol.
50:59 Le cycle de l'eau brisé par l'humanité vampirique,
51:12 comme le rappelait à l'instant Frédéric Beignada,
51:14 ces mots du secrétaire général des Nations Unies,
51:17 Antonio Guterres, à l'ouverture de la première conférence de l'ONU sur l'eau
51:21 depuis bien longtemps.
51:22 C'est trois jours de discussion devant 6500 personnalités.
51:29 Et pourtant, nous en parlons si peu.
51:33 Il y a eu une journée spéciale consacrée à la journée de l'eau sur France Info.
51:36 Pour François Gémen, spécialiste des questions géopolitiques de l'environnement
51:41 et l'un des auteurs principaux du GIEC,
51:43 les responsables politiques n'ont pas pris la réelle mesure des pénuries d'eau
51:48 auxquelles nous sommes confrontés, François Gémen, sur France Inter ce matin.
51:52 Tous les grands enjeux politiques, économiques, sociaux
51:55 qui vont traverser le XXIe siècle,
51:57 qu'on parle de paix et de sécurité, qu'on parle de migration,
52:00 qu'on parle de commerce, qu'on parle d'agriculture,
52:03 tous ces enjeux vont être transformés, transfigurés littéralement
52:07 par la question du changement climatique.
52:09 Il va falloir repenser toute une série de choses,
52:11 non seulement la manière dont on consomme et dont on produit les biens,
52:14 mais aussi des concepts, celui de la souveraineté, la liberté ou l'égalité.
52:18 85% des Français se disent tracassés par la question du changement climatique,
52:23 mais pour autant, les politiques ont toujours tendance à considérer ces sujets,
52:27 indépendamment les uns des autres, les questions d'environnement,
52:29 sont toujours considérées comme des sujets un peu à part,
52:32 qu'on pourrait résoudre par des politiques techniques ou technologiques.
52:35 Et on n'a pas encore véritablement cette pensée systémique sur ces sujets.
52:38 – Charlotte Sélenski, d'accord avec cette analyse de François Gemmene,
52:43 les politiques n'ont pas vraiment pris la mesure du problème ?
52:46 – On le voit en France, la France est particulièrement mauvaise élève en la matière,
52:51 typiquement sur nos eaux usées,
52:54 on sait que moins de 1% de nos eaux usées sont retraitées,
52:57 alors que c'est 10 fois plus en Italie, c'est 85 fois plus en Israël.
53:02 – Les Israëls sont champions en la matière, oui.
53:05 – On a pas mal de retard en la matière.
53:08 Et on va vers une guerre de l'eau en fait,
53:12 là on le voit ce week-end, on va avoir des grosses mobilisations
53:15 dans les Deux-Sèvres autour de ces projets de mégabassines,
53:18 enfin c'est vraiment des sujets effectivement qui sont cruciaux.
53:22 – Julie Marie Lecomte, le climat, l'eau effacée du débat public ?
53:26 – Il y a une époque, si le deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron
53:29 avait commencé comme le premier, il aurait probablement pu se permettre
53:35 d'aller, d'être à New York en ce moment,
53:37 il aurait pu porter une parole forte,
53:39 ça aurait collé à l'Emmanuel Macron d'avant, j'allais dire.
53:45 Or là, cette semaine, le gouvernement devait présenter son plan haut,
53:49 il n'a même pas réussi, alors un plan haut à petite échelle,
53:52 à l'échelle du monde, le plan haut de la France,
53:54 département par département, il n'a pas réussi à le faire,
53:59 précisément parce que la France est enlisée dans ce conflit
54:03 autour des retraites.
54:06 Alors Elisabeth Borne va essayer de revoir les présidents,
54:10 les élus de l'association des départements de France vendredi,
54:13 et ça fait partie de ses priorités en sortie de crise,
54:17 de réussir à présenter enfin ce plan haut.
54:20 – Sujet largement traité sur France Info,
54:22 mais aussi dans Ouest France, Stéphane Vernet.
54:25 – Oui, oui, bien sûr que c'est une priorité,
54:28 moi je pense que c'est quand même remonté au cerveau,
54:30 c'est-à-dire que pendant longtemps, on a imaginé que la France
54:32 était un pays béni des dieux, baigné de toutes sortes de fleuves,
54:36 et qu'on n'aurait jamais aucun problème d'eau,
54:39 et en fait si, mais ça commence à monter au cerveau,
54:42 je pense que l'info passe auprès de la population,
54:46 les gens se rendent compte qu'on a un vrai souci.
54:48 – Isabelle Raymond.
54:49 – Alors la vérité c'est que la France a été habituée
54:51 à toujours avoir une énergie pas chère,
54:53 et avoir une eau de bonne qualité,
54:54 on a quand même les deux champions mondiaux de l'eau en France,
54:57 Veolia et Suez, donc on a un traitement de l'eau qui est incroyable,
55:01 qui est acheté partout dans le monde,
55:04 vous citiez l'exemple d'Israël,
55:05 ça coûte cher de retraiter les eaux usées,
55:08 et les investisseurs privés ne peuvent pas le faire tout seul,
55:10 donc il faut que le coût soit partagé,
55:13 et soit partagé avec les pouvoirs publics notamment.
55:15 – La une de l'Ops avec vous, Charlotte Selinsky, cette semaine.
55:18 – Alors on s'intéresse à cette France enlisée.
55:21 – La France enlisée, avec un portrait d'Emmanuel Macron.
55:25 – Alors on fait le récit de cette séquence,
55:27 mais on fait aussi intervenir pas mal d'intellectuels sur…
55:31 – La France enlisée à la une de l'Ops, la une de Ouest-France, Stéphane Vernet.
55:35 – Et le président qui peine à convaincre.
55:37 – Le président qui peine à convaincre,
55:39 je crois qu'on en a parlé pendant une heure là.
55:41 Merci à vous Julie Marie Lecomte et Isabelle Raymond,
55:44 c'est la fin de ces Informer, ils reviennent demain matin à 9h
55:47 avec Renaud Delis et Marc Fauvel, bonne soirée sur France Info.
55:50 [Musique]