Chroniqueur : Thomas Sotto
Thomas Sotto reçoit Fabien Roussel, député du Nord et secrétaire national du PCF, dans Les 4 vérités.
Thomas Sotto reçoit Fabien Roussel, député du Nord et secrétaire national du PCF, dans Les 4 vérités.
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00:03 Bonjour et bienvenue dans les 4V.
00:04 Bonjour Thomas Soto.
00:05 Vous publiez un livre qui s'appelle "Les jours heureux sont devant nous".
00:08 Ce n'est pas exactement l'impression qu'on a en regardant ce qui se passe en ce moment dans le pays.
00:12 Il a manqué 9 voix à l'une des deux motions de censurière pour faire tomber le gouvernement.
00:16 De fait, la réforme de retraite est adoptée.
00:19 Il n'y a pas eu de majorité pour renverser le gouvernement.
00:22 C'est quoi ? Fin du chapitre ? Fin du livre ? Fin de l'histoire ?
00:25 Ah non, pas du tout.
00:26 D'abord, le défi des jours heureux est plus que jamais devant nous.
00:29 Nous avons tellement besoin de réformes heureuses, d'apaisement social,
00:33 de démocratie sociale dans notre pays face à un régime autoritaire qui est aujourd'hui en fin de course.
00:39 Le régime est en fin de course ?
00:41 Ah mais ça sent la fin du régime de M. Macron, de ce gouvernement qui ne tient plus que par un fil.
00:50 Ces 9 petites voix qui a manqué hier pour adopter cette motion de censure.
00:54 La loi est certes adoptée, on va dire, via le non-vote de cette motion de censure,
01:02 mais il y a le recours au Conseil constitutionnel, mais il y a ce référendum d'initiative partagée
01:09 que le Conseil constitutionnel a enregistré hier, nous avons reçu sa réponse.
01:13 Et le Conseil constitutionnel saisit le président de la République de cette procédure,
01:17 ce qui fait qu'aujourd'hui, nous demandons la suspension de cette loi.
01:23 Cette loi ne doit pas être promulguée.
01:25 J'appelle le président de la République demain, lors de son intervention,
01:29 à entendre ce qui se passe dans le pays, à entendre qu'il y a de plus en plus de grèves reconductibles,
01:34 de facs à l'arrêt, de facs occupées, de mobilisation dans tout le pays.
01:39 Je lui demande de retirer les matraques de la rue, d'entendre la contestation sociale
01:44 et de suspendre cette réforme parce qu'au moins il y a cette procédure de référendum qui est en route.
01:50 Vous savez qu'il n'est pas disposé à la retirer cette réforme ?
01:52 Elle est allée au bout de son cheminement démocratique, ce sont les termes qu'il a employés dimanche.
01:56 Il ne veut pas la retirer Emmanuel Macron cette réforme.
01:59 Mais où le président de la République redevient un président de la République et un chef de l'État
02:06 qui se rend compte qu'il y a besoin d'apaisement dans notre pays,
02:10 où il reste le chef d'un clan et à la tête d'un régime autoritaire
02:15 qui pour faire régner l'ordre, pour faire taire la contestation sociale,
02:23 envoie les brigades mobiles, les CRS comme je l'ai vu dans plein de villes,
02:28 comme je l'ai vu cette nuit à Paris, ce qui est terrible.
02:30 Je vois des jeunes, des étudiants qui sont abîmés.
02:33 Vous soutenez les manifestations sauvages non déclarées, les mouvements spontanés comme on a pu le voir cette nuit,
02:37 les incidents, ceux qui se déplacent pour brûler les poubelles, etc.
02:40 Vous soutenez ces mouvements-là ou pas ?
02:41 Pour être clair, M. Soto, face au chaos social provoqué par l'attitude du gouvernement,
02:46 la réponse doit être la démocratie sociale,
02:48 doivent être les mobilisations exemplaires qui ont tenu l'intersyndical.
02:53 Ce ne sont pas les mêmes.
02:54 Et donc nous appelons à ce que la manifestation de jeudi prochain soit la plus belle,
02:59 la plus massive, la plus importante qui existe.
03:01 Ce n'est pas ma question, mais les mouvements spontanés comme ça.
03:04 D'ici là, dans les jours qui viennent, l'intersyndical et nous avec,
03:08 nous appelons les salariés à tenir le plus d'initiatives possibles dans le pays.
03:12 Et notamment à occuper leur usine, à arrêter le travail.
03:15 C'est dur et ça fait plusieurs semaines maintenant que ça tient.
03:19 Et donc nous devons créer les conditions de montrer que la mobilisation tient.
03:23 Je pense à Aperam, à Gugnon, je pense à la société Transpol, à Villeneuve d'Ascq,
03:29 je pense à Blédina, Abri.
03:30 Vous voyez, il y a plein d'entreprises qui passent en grève reconductible.
03:33 Je pense à toutes ces centrales nucléaires.
03:35 Les mouvements qui sont parfois violents, qu'on voit sporadiques ici ou là,
03:40 on a vu cette nuit, il y en a encore ce matin notamment je crois du côté de Nantes, etc.
03:43 Vous les soutenez ou pas ceux-là ?
03:45 Non. Ce qui va, ce qui contribue à les dégradations physiques, les feux de poubelle,
03:51 tout cela n'apportera pas la réponse que nous attendons.
03:55 Nous appelons, nous, à ce que les mobilisations exemplaires
03:58 qui se sont tenues jusqu'à maintenant à l'appel de l'intersyndical puissent se tenir.
04:03 Pour vous, le rendez-vous c'est jeudi ?
04:05 C'est aujourd'hui, c'est tous les jours.
04:08 Je pense à ces salariés qui en ce moment même, les éboueurs notamment que je suis allé rencontrer,
04:14 continuent de tenir ce mouvement à bout de bras, continuent à perdre de l'argent pour chaque jour de grève.
04:18 Je vais reprendre les mots d'Elisabeth Borne hier à l'Assemblée.
04:20 La rue est-elle plus légitime que les institutions ?
04:23 Vous vous rendez compte de ce qu'elle a dit ?
04:25 Mais quelle violence justement cela représente pour beaucoup de salariés.
04:28 Comment voulez-vous que derrière il n'y ait pas de réaction violente ?
04:30 Même si je les condamne. Il faut comprendre ce qui se passe dans le pays.
04:34 Et ça ne peut pas être autrement.
04:36 Ce gouvernement est d'une violence rare, d'une violence sociale et d'une brutalité sans nom
04:41 quand justement elle renvoie la rue avec une forme de mépris.
04:45 Mais enfin la rue ce sont 3,5 millions de personnes qui ont manifesté le 7 mars dernier.
04:49 Ce sera peut-être, et je le dis, 4 à 5 millions de personnes qui manifesteront jeudi prochain.
04:55 Mais la rue est-elle plus légitime que les institutions ?
04:57 Est-ce que le peuple est illégitime quand il manifeste avec autant de détermination ?
05:02 L'intersyndicale est-elle illégitime quand dans sa plus grande unité elle s'oppose ?
05:07 Est-ce que ça veut dire que le Parlement aujourd'hui est illégitime ?
05:09 Ah mais le Parlement est bafoué oui. Ah oui le Parlement est bafoué, humilié.
05:13 Enfin vous vous rendez compte que moi député, j'ai été privé 11 fois de mon vote par 11 49 3
05:19 et je n'ai pas pu voter sur cette réforme des retraites.
05:22 J'ai voté une motion de censure mais cette réforme des retraites n'a même pas été votée une fois sur le fond à l'Assemblée Nationale.
05:29 Elle n'a pas été votée une fois à l'Assemblée Nationale.
05:32 Le 49.3 n'a pas été inventé par un dictateur a dit également hier.
05:36 Non par un général. Oui par un général qui met bien l'ordre et la règle.
05:41 J'ai beaucoup de respect pour le général de Gaulle mais cette constitution aujourd'hui elle montre justement toutes ses limites.
05:47 Et d'ailleurs dans ce gouvernement des forces de gauche que j'appelle à construire et nous sommes prêts à le mettre en oeuvre.
05:54 Nous retirerons le 49.3 de la constitution. Nous retirerons tout ce qui permettrait demain d'entraver le rôle du Parlement.
06:01 Il faut en finir avec la 5ème République ou pas ? C'est ça l'enseignement ?
06:04 Ah il y a besoin de beaucoup plus de démocratie sociale et de construire une nouvelle République
06:08 qui respecte la parole des Français du monde du travail et des organisations syndicales, des corps intermédiaires.
06:14 En attendant est-ce que vous demandez le départ d'Elisabeth Borne et de son gouvernement ?
06:17 Je demande surtout l'abrogation de la réforme des retraites à 64 ans. C'est ce que les Français demandent.
06:25 Mais est-ce que vous demandez le départ du gouvernement ?
06:27 Ce gouvernement doit retirer cette réforme. Si le gouvernement ne le fait pas c'est au Président de la République de prendre la main.
06:33 Les Français ne souhaitent pas forcément une dissolution. Ils demandent à ce que cette réforme...
06:37 Vous la souhaitez vous la dissolution ou pas ?
06:39 J'y réponds, je vous dis. Ce que les Français demandent, ce que je demande, ce n'est pas forcément la dissolution.
06:44 C'est le retrait de cette réforme des retraites. Elle doit être retirée au plus vite.
06:49 Si ça doit passer par un nouveau gouvernement, que cela passe par un nouveau gouvernement.
06:53 Ce que nous savons c'est qu'il y a besoin de stabilité. Nous avons besoin d'avoir un dialogue avec les organisations syndicales.
06:59 Il y a besoin de travailler. J'ai réuni chez moi les entreprises vendredi qui sont face à des factures énergétiques
07:05 qui, malgré les aides, continuent d'enfler, d'augmenter. J'ai vu des boulangers débouchés venir, les traits tirés, déprimés.
07:12 Ils ne savent pas comment ils vont payer. Vous vous rendez compte qu'en pleine période de crise, demain,
07:16 c'est peut-être les boulangeries qui vont fermer, nos commerçants qui vont fermer car ils ne peuvent pas payer leurs factures.
07:22 Nous sommes dans une situation de crise économique, sociale, dure. Et à cela, le Président de la République ajoute une crise démocratique.
07:29 Notre pays s'enfonce dans la crise. J'appelle justement à une solution par le haut, à renouer avec la démocratie sociale.
07:36 Politiquement, Elisabeth Borne est-elle toujours à sa place à Maitignon ?
07:39 Non. Non. Ce gouvernement, celui d'Elisabeth Borne, est cramé. C'est clair.
07:45 Ils n'ont plus aujourd'hui l'autorité, la majorité, pour engager de nouvelles réformes.
07:52 Et nous sommes face à une inflation, nous sommes face à une guerre aux portes de l'Europe. Il faut y apporter des réponses.
07:57 Et c'est pour ça que j'appelle. J'appelle à une alternative de progrès. J'appelle l'ensemble des forces de gauche à ce que nous travaillons ensemble
08:04 pour montrer que nous sommes prêts. Prêts à gouverner ce pays. Prêts à constituer une équipe au service du progrès social et qui travaille avec l'intersyndical.
08:13 On entend des mots très forts et parfois violents depuis hier, il y en a eu à l'Assemblée nationale.
08:16 Emmanuel Macron menace la paix civile. Le gouvernement a trahi le peuple. Il n'a plus aucune légitimité, a dit Mathilde Panot.
08:22 Je voudrais aussi vous montrer un tweet de Louis Boyard, qui est un de vos collègues de la NUPES, député LFI.
08:27 "Contre l'avis de 79% des Français, la motion de censure est rejetée. 280..." Alors il se trompe sur le nom de député, mais c'est grave.
08:33 "Approuver la réforme des retraites contre la volonté du peuple." Retenez leur nom. Est-ce que ça vous choque ce "retenez leur nom" ?
08:40 Mais vous voyez bien que ce dont je vous parle depuis le début, c'est de construire une nouvelle démocratie sociale.
08:49 Mais est-ce que ça, ce n'est pas mettre de l'essence sur le feu ?
08:52 Mais vous savez, moi-même, quand je combattais le traité constitutionnel européen que les Français avaient rejeté par référendum
09:01 et que M. Sarkozy a fait rentrer au Parlement, j'avais dénoncé les députés qu'il avait votés et avait dénié la démocratie populaire.
09:09 Le sujet, ce n'est pas ça. Ça, c'est la politique politicienne. Ce n'est pas celle que je souhaite faire.
09:15 Au contraire, je dis qu'il y a une majorité de progrès dans ce pays. Elle existe.
09:20 Quand je vois le travail formidable des organisations syndicales, quand je vois ce que nous, nous avons réalisé au Sénat comme à l'Assemblée nationale,
09:28 le fait que les forces de gauche et écologistes ont su mener ensemble ce combat contre cette réforme de retraite,
09:33 et nous avons défendu ensemble des amendements montrant qu'il y a d'autres solutions alternatives.
09:37 Le RN, il y a une partie des LR qui s'en bat du couteau.
09:40 Non, non, non, ne parlez pas du Rassemblement national qui, eux, demandent...
09:43 Vous avez voté une motion de censure avec eux hier.
09:45 Non, non, non, mais non, M. Soto. Le RN, je le dis ici aux Français qui ne le savent pas, propose de supprimer les cotisations sociales sur les salaires,
09:54 pour augmenter les salaires, supprimer les cotisations sociales sur les salaires. C'est la fin de la sécurité sociale.
09:59 Et donc, ce que propose Marine Le Pen, c'est tout simplement le retour aux assurances et à la capitalisation.
10:04 C'est un mauvais projet. C'est un projet libéral.
10:07 Nous portons un projet de justice sociale et nous sommes prêts à le mettre en place.
10:12 On est quasiment... Je vais vous joindre une question par oui et par non.
10:14 Est-ce que vous soutenez le gouvernement qui réquisitionne dans les raffineries ?
10:17 Non. Non, la réquisition, l'ordre, le bâton et la matraque ne seront pas une solution dans la situation de crise dans laquelle nous sommes aujourd'hui.
10:25 Et c'est pour ça, vraiment, j'en appelle au président de la République de trouver les voies de l'apaisement.
10:29 Ce n'est pas forcément la dissolution, c'est le retrait de cette réforme.
10:32 Qu'il le fasse et nous sortirons rapidement de cette situation de crise.
10:35 Merci beaucoup, Fabien. On s'est rappelé de votre livre.
10:37 On devait en parler aujourd'hui, mais on est rattrapé par l'actualité. Vous reviendrez.
10:40 Les jours heureux sont devant nous. De la présidentielle à la reconstruction de la gauche.
10:43 Et je parle tellement de cette réforme des retraites et de l'alternative à gauche que nous sommes prêts à construire ensemble.
10:48 Et on aurait dû aussi parler du rapport du GIEC parce que pendant ce temps-là, on est à +1,2 degrés d'ici quelques années.
10:53 Vous vous rendez compte les défis qu'on a relevé ?
10:55 Et on est là en train de sortir la matraque et de continuer de se mobiliser contre cette réforme des retraites.
11:01 On est à rebours. La France est vraiment nulle en ce moment. Nulle.