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  • 16/03/2023

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00:00 (Générique)
00:07 Bienvenue dans les informés de France Info avec ce matin Sophie Dravinel, bonjour.
00:11 Journaliste politique au Figaro et Paul Barcelone, bonjour.
00:14 Service politique de France Info, bonjour Renaud Dély.
00:17 On commence par le premier débat de ces informés.
00:19 Évidemment on va parler des retraites, c'est quand même le jour J, le jour du vote qui est peut-être arrivé.
00:24 Alors en tout cas au Sénat c'est sûr, c'est ce matin et d'ailleurs la séance vient de commencer il y a quelques minutes.
00:28 Donc la réforme des retraites soumise au vote des sénateurs, cet après-midi normalement à l'Assemblée Nationale.
00:33 Sauf si au dernier moment la Première ministre Elisabeth Borne décidait de dégainer l'article 49.3
00:38 pour essayer de faire passer ce texte sans vote.
00:41 En tout cas la majorité répète que le texte sera soumis au vote, y compris à l'Assemblée Nationale.
00:47 On compte et on recompte jusqu'à l'Élysée d'ailleurs.
00:49 A priori du côté de la majorité on compte sur une étroite, très étroite marge pour faire passer ce texte.
00:55 Mais ensuite que se passera-t-il de toute façon, quelle que soit l'issue de cette journée ?
00:59 Quelles seront les suites de ce mouvement social ?
01:02 Voici ce qu'en disait il y a quelques minutes sur ce plateau le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
01:07 On a l'impression quand on écoute aujourd'hui, y compris certains au gouvernement,
01:11 que il va se passer, ben voilà, c'est la séquence, elle finit ce soir,
01:15 puis on commence la semaine prochaine une nouvelle séquence.
01:18 On va parler peut-être du travail tout à l'heure, on va parler etc.
01:20 Non mais c'est pas comme ça qu'on vit.
01:22 La dette sociale, c'est-à-dire ce sentiment pour les travailleurs et travailleuses
01:26 que le quoi qu'il en coûte c'est désormais eux qui vont le payer à travers le fait de travailler deux ans de plus,
01:33 et ben ce ressentiment il va continuer d'exister.
01:35 Alors quelle trace laissera de toute façon le mouvement social, la crise sociale et aussi la crise politique ?
01:40 Est-ce que le dialogue pourra reprendre ou pas ?
01:42 Ça c'est la perspective qu'évoquait Laurent Berger à l'instant.
01:46 Et puis avant même d'ailleurs d'envisager la suite, l'après, que peut-il se passer aujourd'hui ?
01:51 Le suspense demeure. Est-ce qu'on peut aller vers éventuellement un rejet ou un 49-3 ?
01:57 Lequel 49-3 aurait lieu aussi sans aucun doute des conséquences lourdes sur l'atmosphère du climat politique et social.
02:04 On parle de l'Assemblée nationale, on enjambre en quelque sorte ce qui se passe en ce moment même au Sénat.
02:08 Sophie Dravinel, est-ce qu'on a raison ? Est-ce qu'au Sénat les jeux sont faits ?
02:11 Y'a pas de suspense ? Le texte sera voté ?
02:13 Y'a nettement moins de suspense, oui.
02:15 Évidemment la majorité du Sénat est tout à fait acquise au texte.
02:19 Y'a eu évidemment des débats, y'a eu des tensions au Sénat, mais rien à voir avec l'Assemblée.
02:25 C'est évidemment une question arithmétique, mais aussi d'identité de cette droite du Sénat
02:30 qui a dit clairement, sans ambiguïté contrairement à l'Assemblée, que son intention était de voter.
02:37 Et donc effectivement, non pas qu'on enjambe, mais on a déjà vu quelle était leur position.
02:41 Ce qui est beaucoup plus ambigu à l'Assemblée, comme l'a très bien dit Renaud Dely.
02:45 Et là-dessus, Paul Barcelone, vous confirmez ce que dit Renaud Dely, on est en train de compter
02:50 au ministère d'Olivier Dussopt, à Matignon, à l'Élysée également, on compte député par député, si le compte est bon.
02:58 Oui, et ça fait plusieurs jours que ça dure en effet dans tous les cabinets.
03:01 C'était encore le cas hier soir à l'Élysée, puisqu'Emmanuel Macron a convoqué une réunion en urgence
03:06 qui n'était pas prévue autour d'Elisabeth Borne, la Première Ministre, et notamment d'Olivier Dussopt, le ministre du Travail.
03:13 Avec des tableurs Excel, si j'ose dire, député par député, voix par voix, on a essayé de faire le compte.
03:18 On appelle peut-être ceux qui sont dans les zones grises.
03:20 Voilà, exactement, ça se passe comme ça, ça se passe au téléphone, chacun décroche son téléphone,
03:23 les ministres sont missionnés pour appeler un tel, parfois troqué d'ailleurs,
03:27 avec certaines choses qui peuvent se passer en circonscription sur le terrain.
03:31 Et Emmanuel Macron en a profité hier pour rappeler qu'il voulait aller au vote, éviter ce que disait Renaud,
03:36 le 49-3, et évidemment le spectre du passage en force et de son image, évidemment désastreuse,
03:42 qui serait perçue comme une déflagration vis-à-vis de l'opinion publique.
03:45 Un déni de démocratie disait tout à l'heure Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
03:48 Il y a Olivier Dussopt, le ministre du Travail justement, qui vient de prendre la parole au Sénat.
03:52 On va essayer de l'entendre tout à l'heure dans les informés.
03:55 Dans un tout petit instant, Sophie Dravinel, Le Figaro, Paul Barcelone, France Info et Renaud Delis vont rester avec nous.
04:00 On s'interrompt juste le temps du Fil Info avec Maureen Suiniard.
04:03 Il est 9h10.
04:04 L'heure du vote au Parlement, d'abord au Sénat en ce moment, vote final sur la réforme des retraites.
04:09 Ce sera ensuite au tour des députés à 15h si l'exécutif n'utilise pas le 49.3 pour l'adopter directement.
04:17 Emmanuel Macron affirme pour le moment ne pas vouloir utiliser cet article de la Constitution.
04:22 Quoi qu'il en soit, il y aura une suite à la mobilisation.
04:25 C'est évident, dit Laurent Berger ce matin sur France Info.
04:28 Le secrétaire général de la CFDT appelle une nouvelle fois les élus à rejeter ce texte.
04:33 Il sera avec les autres patrons syndicaux devant l'Assemblée nationale à la mi-journée.
04:38 La Chine ordonne aux Etats-Unis de cesser les attaques injustifiées contre le réseau social TikTok.
04:44 Le gouvernement américain envisage une interdiction totale de l'application.
04:49 Washington l'accuse d'espionnage.
04:52 Nice tente à partir de 21h de décrocher une place en quarts de finale de la Ligue Europe à Conférence.
04:57 Match contre le shérif Tiraspol.
04:59 Hier, Naples s'est qualifiée pour les quarts de finale de la Ligue des champions de football, cette fois tout comme le Real Madrid.
05:05 (Générique)
05:15 Toujours avec Sophie Dravinel du Figaro, Paul Barcelone de France Info et Renaud Delis de France Info également.
05:20 Sophie Dravinel, on était en train de parler de cette tractation de dernière minute.
05:25 Vous aussi, vous avez eu des échos comme ça d'élus qui ont été appelés par des membres du gouvernement et à qui on a essayé de négocier des choses ?
05:32 En tout cas, c'est ce qui circulait beaucoup chez les députés qui étaient présents dans les points fixes de la manifestation d'hier à Paris,
05:39 points fixes insoumis ou socialistes.
05:41 Donc au sein de la NUPES, il y a eu quelques parlementaires LR qui ont laissé entendre des choses.
05:50 Il semblerait effectivement, comme vous le dites, que c'est une pratique assez habituelle.
05:56 Mais j'entendais le président du groupe socialiste plaisanter absolument en me disant s'il déverse 10 milliards d'euros sur les lends de sa circonscription,
06:07 peut-être que je pourrais m'abstenir.
06:08 Évidemment, il plaisantait.
06:09 Mais ils ont entre eux, ils discutent de ça, des choses se savent.
06:14 Je pense que c'est effectivement assez habituel, en tout cas des promesses.
06:17 La chose, c'est qu'effectivement, moi ce qu'on me dit, c'est qu'hier, Emmanuel Macron était sans doute a priori assez en colère,
06:25 assez tendu sur la finesse du matelas, c'est-à-dire de la réserve qui lui est accordée.
06:32 Et donc là, le jeu est compliqué, les enjeux sont énormes.
06:35 Et le risque, évidemment, parce qu'ils veulent aller au vote, ils veulent aller au scrutin.
06:40 Est-ce qu'ils l'ont dit ?
06:41 Et pour Elisabeth Borne, évidemment, elle met tout en jeu pour cela, parce que c'est sa place qui est en jeu.
06:48 Il y a toujours une ligne de crête pour le gouvernement, évidemment, qui pour l'instant a franchi un certain nombre de haies,
06:53 avec notamment cet accord hier soir en commission mixte paritaire.
06:56 Maintenant, place au vote.
06:57 Et je vous le promettais tout à l'heure, Olivier Dussopt qui a pris la parole à l'instant au Sénat.
07:02 On va écouter Olivier Dussopt qui est revenu justement sur l'obtention de cet accord.
07:06 Un accord a donc été trouvé, un accord entre les deux assemblées qui ont su se retrouver sur l'essentiel autour de cette réforme des retraites.
07:14 Un accord qui réaffirme sans ambiguïté l'attachement de la représentation nationale à notre système par répartition, hérité de l'après-guerre.
07:22 Un accord enfin qui permet de mettre en voie un texte profondément enrichi après plusieurs semaines de débats parlementaires.
07:29 Le ministre du Travail Olivier Dussopt, il y a quelques secondes seulement,
07:32 est toujours en train de s'exprimer à la tribune du Sénat qui va donc voter ce texte dont a accouché la commission mixte paritaire.
07:38 C'est vraiment une question d'accord, de deal en quelque sorte, Renaud Delisle.
07:42 Alors de deal, on se souvient que le gouvernement était très heureux de présenter au début du mois de janvier un vrai accord politique avec LR.
07:46 Et on a vu ce qu'il en était au fur et à mesure des états d'âme et des divisions internes à la droite, de la possibilité de concrétiser cet accord.
07:53 Donc là, c'est effectivement voie par voie depuis plusieurs jours.
07:57 Comme nous disait l'instant Sophie Dravinel que les cultifs essayent d'aller chercher ces voix, ces soutiens.
08:01 Quant aux pratiques, effectivement, aux promesses ou aux pressions, c'est vrai que c'est un grand classique.
08:05 Les plus anciens d'entre nous se souviennent par exemple pendant la législature de 1988 à 1993,
08:10 notamment sous le gouvernement de Michel Rocart, que là aussi, faute de majorité absolue,
08:15 en tout cas les socialistes n'avaient pas de majorité absolue à eux seuls,
08:18 eh bien le gouvernement de Michel Rocart, à l'époque l'un de ses conseillers, le constitutionnaliste Guy Carcassonne,
08:23 négociait dans les Missic, dans les couloirs du palais Bourbon pour aller chercher voix par voix.
08:28 Mais les temps et les mœurs sont totalement changés.
08:31 Déjà à l'époque, on pouvait utiliser de façon fréquente le 49-3, ce qu'avait fait Michel Rocart.
08:36 Aujourd'hui, son usage est limité.
08:38 Puis d'autre part, l'ambiance à l'Assemblée était très différente.
08:40 Il n'y avait pas la présence massive de l'extrême droite comme il y a aujourd'hui.
08:43 Il n'y avait pas une gauche qui s'est, disons, radicalisée, en tout cas dominée par les insoumis.
08:48 Et puis il n'y avait pas cet état de tension dans le pays, ce mouvement social.
08:52 Et c'est bien tout le problème qui se pose pour l'exécutif.
08:55 C'est ce que soulignait il y a quelques minutes Laurent Berger sur ce plateau.
08:58 C'est que combien même il réussirait à faire passer au forceps sa réforme des retraites aujourd'hui.
09:04 Alors à forciori avec le 49-3, mais même s'il y a un vote qui s'avère positif pour le gouvernement
09:10 et que la réforme passe de 5, 6, 7 voix, les conséquences de toute façon de cette situation,
09:16 de cette crise politique et sociale, vont se faire ressentir encore de façon durable.
09:19 C'est-à-dire comment surmonter ces tensions, comment renouer le dialogue.
09:23 Et les syndicats, y compris la CFDT, expliquent qu'ils ne seront pas dupes.
09:27 C'est-à-dire participer à une éventuelle négociation future, par exemple sur le travail.
09:31 Pourquoi pas ? La CFDT réfute la politique de la chaise vide, mais avec là des conditions extrêmement strictes,
09:36 c'est-à-dire des engagements très clairs.
09:38 Donc tout ça va laisser des traces sur le plan social, chez les syndicats bien sûr,
09:42 et puis du ressentiment dans une bonne partie de l'opinion,
09:44 qui pourrait se traduire évidemment dans les urnes au moment venu.
09:47 Et lequel moment d'ailleurs peut arriver plus tôt que prévu.
09:50 Parce qu'au fur et à mesure que cette majorité semble s'effilocher, se diviser,
09:55 ou apparaître plus ou moins inexistante, évidemment le spectre de la dissolution,
09:59 ce qui serait aussi une issue démocratique logique s'il y a un blocage,
10:02 ou s'il y a un vote négatif aujourd'hui à l'Assemblée nationale,
10:05 et bien la dissolution et donc des élections législatives anticipées,
10:08 ne sont pas non plus totalement écartées.
10:10 En tout cas, l'hypothèse que cette législature, dans ces conditions, aille à son terme,
10:14 elle a, on va dire, un peu du plomb dans l'aile.
10:16 Soify Travinel, Le Figaro.
10:17 Oui, absolument, elle a du plomb dans l'aile.
10:20 Tout le monde est en train, tout Paris, est en train de bruiser des possibles.
10:25 Il est encore trop tôt dans cette journée de jeudi pour s'avancer sur quoi que ce soit.
10:29 Mais évidemment que les pions se posent.
10:32 Et les questions, y compris au sein du gouvernement, pour un remaniement éventuel,
10:37 parce que c'est évidemment une des issues possibles,
10:42 et c'est ce dont je parlais précédemment du poste d'Elisabeth Borne,
10:46 première ministre, qui est un peu sur la sellette,
10:48 comme évidemment celui d'Olivier Dussopt et d'autres.
10:52 Et certains attendent de voir...
10:55 On imagine bien qu'il y a aussi des ambitions au sein du gouvernement
10:59 qui sont contraires un peu les unes aux autres.
11:01 J'ai été surprise de voir Xavier Bertrand, bon, avoir un rapport à ce texte assez hostile.
11:09 Et donc pouvant pousser certains députés de droite qui le suivent,
11:13 à ne pas le voter, à s'abstenir.
11:16 Et pourquoi est-ce que Xavier Bertrand dirait ça ?
11:19 Il est quand même assez proche de Gérald Darmanin.
11:21 Pourquoi est-ce que Gérald Darmanin aurait tendance à avoir des raisons pour aller...
11:28 Pas ouvertement, indirectement.
11:30 Non, non, et voilà.
11:31 Et on se dit, est-ce qu'il y a des ambitions pour Matignon qui sont un peu tapis ici ou là ?
11:36 Tout est possible.
11:37 Paul Barcelone.
11:38 Sur la dissolution dont parle Renaud, en effet, comment ça bruitait.
11:43 Mais Emmanuel Macron lui-même, dès fin septembre, avait dit que,
11:47 en gros, si le projet de réforme des retraites n'aboutissait pas,
11:50 une dissolution était tout à fait possible.
11:52 L'Élysée, hier soir, a eu une espèce de communication en deux temps.
11:56 D'abord en disant que tous les schémas institutionnels étaient possibles,
11:59 aussi bien le 49-3 aujourd'hui que la dissolution plus tard.
12:03 Et ensuite, en ne confirmant pas des propos qui ont habilement fuité
12:06 d'Emmanuel Macron dans certains médias,
12:08 Emmanuel Macron aurait, selon certaines rumeurs,
12:11 hier soir, réactivé ces menaces de dissolution.
12:14 Moi, j'ai vérifié hier auprès d'abord de participants,
12:16 et puis aussi auprès de conseillers du chef de l'État.
12:19 Personne n'a été en mesure de me confirmer
12:21 qu'Emmanuel Macron avait bien parlé de menaces de dissolution.
12:24 On est là complètement dans la politique fiction.
12:27 Et il y a inévitablement une part de communication politique derrière
12:30 et de jeu politique.
12:31 La dissolution, c'est une menace, c'est une arme nucléaire politique.
12:34 - Ce que je veux dire, bien sûr, Paul a tout à fait raison,
12:37 il n'y a pas de volonté.
12:39 C'est utilisé d'abord à des fins de communication.
12:42 - Ça n'est pas exprimé devant les micros.
12:44 - Absolument.
12:45 Mais sauf que ça serait une issue logique.
12:48 Elle peut aussi s'imposer aux acteurs, quoi qu'en pensent ces acteurs-là.
12:51 C'est-à-dire que si jamais il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale,
12:53 pas seulement sur ce texte, ce que je disais,
12:55 c'était y compris pour la suite de la législature.
12:57 J'anticipais sur l'hypothèse que cette législature n'aille pas à son terme
12:59 au vu des fragilités qui se manifestent,
13:01 de la tension, des blocages politiques et sociaux,
13:04 d'état du pays aussi.
13:05 La logique de retourner plutôt que prévu devant les électeurs,
13:08 elle peut aussi finir par s'imposer.
13:11 Alors on sait que du côté de la majorité, notamment,
13:13 on brandit la menace, oui mais dans ces cas-là,
13:15 ça pourrait servir Marine Le Pen, l'extrême droite, etc.
13:17 Sauf qu'on ne peut pas d'un côté dénoncer un déni de démocratie,
13:20 un vice démocratique, par exemple,
13:22 notamment sur cette réforme ou sur l'usage du 49-3.
13:24 Le vice démocratique, c'est ce qu'exposait, c'était la citation,
13:27 l'expression notamment de Laurent Berger,
13:29 sans en tirer les conclusions.
13:31 S'il y a un vice démocratique, à un moment ou à un autre,
13:33 la démocratie, ce sont les urnes.
13:34 C'est un coup de pression adressé principalement à l'air.
13:36 En gros, Emmanuel Macron dit,
13:38 si vous ne votez pas la réforme des retraites,
13:39 il faudra que vous alliez devant vos électeurs,
13:41 justifiez dans vos circonscriptions que vous ne m'avez pas soutenu,
13:43 alors même que votre candidate à la présidentielle,
13:45 Valérie Pécresse, soutenait, elle, la réforme des retraites à 65 ans.
13:49 C'est ça qu'il veut dire.
13:51 Ensuite, il y a un autre problème avec les Républicains,
13:53 et c'est ce qui est exprimé en ce moment au sommet de l'État,
13:55 au sommet de l'exécutif, c'est de dire qu'ils ne tiennent pas
13:57 leurs engagements, leurs responsabilités.
13:59 Et c'est là la colère, on en revient à la colère d'Emmanuel Macron
14:02 sur la finesse et l'étroitesse du matelas.
14:04 En gros, l'exécutif dit aujourd'hui,
14:06 vous vous rendez bien compte que vous avez soutenu
14:08 une réforme des retraites pendant la campagne présidentielle,
14:10 et que vous n'allez pas la voter,
14:12 ce qui paraît invraisemblable et incroyable.
14:13 Si vous ne la votez pas, il faudra aller vous en justifier devant les électeurs.
14:16 Il faut aussi s'en prendre en lui-même d'avoir tourné le dos au syndicat,
14:18 Emmanuel Macron, en particulier à la CFDT,
14:20 a choisi un deal, un compromis avec un partenaire LR,
14:23 qui effectivement semble relativement peu fiable.
14:25 Justement, on va s'intéresser à ce partenaire,
14:28 les Républicains, que peuvent faire les députés de droite,
14:30 et puis quel est le deal, tout simplement,
14:32 qui a été passé avec eux en commission mixte paritaire,
14:34 sur quoi vont voter tout à l'heure les sénateurs, les députés.
14:37 C'est dans les informer de France Info qu'on suivra ça à 9h20.
14:41 D'abord le Fil info avec Maureen Suignard.
14:43 La majorité se compte encore ce matin.
14:47 Y aura-t-il suffisamment de voix pour faire passer
14:49 la réforme des retraites ? Peu de doute au Sénat.
14:51 Le coup d'envoi du débat final sur cette réforme des retraites
14:54 vient d'être donné. C'est bien plus incertain du côté
14:57 de l'Assemblée nationale. Vote à 15h00,
14:59 si le gouvernement n'actionne pas d'ici là le 49.3.
15:02 La mobilisation contre ce texte se traduit dans les rues
15:06 de la capitale par des tonnes de poubelles sur les trottoirs.
15:09 Le préfet décide de réquisitionner des éboueurs
15:12 pour évacuer ces déchets après le refus de la maire de Paris.
15:16 Mais plusieurs incinérateurs de la région parisienne
15:19 sont aussi bloqués par des salariés grévistes.
15:21 Dans le département des Ardennes, 12 000 foyers
15:24 sont privés d'électricité ce matin.
15:26 Le réseau téléphone peut aussi être perturbé.
15:29 Action revendiquée par la CGT.
15:31 Très fort rebond de l'action du Crédit Suisse
15:34 à l'ouverture de la Bourse ce matin.
15:36 Elle avait plongé hier. Mais les marchés semblent rassurés
15:39 par l'action de la Banque centrale qui va prêter
15:41 l'équivalent de 50 milliards d'euros au Crédit Suisse.
15:45 Le but est d'éviter tout effet domino sur d'autres banques.
15:48 Avec toujours Sophie Dravinel du Figaro,
16:00 Paul Barcelone de France Info et Renaud Dely, France Info également.
16:03 On continue de parler de l'attitude que peut adopter la droite
16:06 après l'obtention en quelque sorte de concession
16:10 de la part du gouvernement.
16:11 Alors ça c'est déjà tout au long de la discussion d'une part.
16:13 Rappelons qu'on était parti d'ailleurs au départ de la bande de 65 ans,
16:16 de repousser l'âge légal de 65 ans.
16:18 Et puis ensuite la commission mixte paritaire, hier vous avez raison,
16:20 donc ces 7 députés et 7 sénateurs qui se sont enfermés
16:23 toute la journée pour accoucher d'une version finale du texte,
16:25 elle a très clairement penché à droite.
16:27 Et on a bien vu que le gouvernement, parce qu'il cherche les voix de LR,
16:29 a essayé là aussi de faire quelques concessions
16:32 pour essayer de ramener ses voix.
16:34 Alors notamment sur les carrières longues,
16:36 notamment sur le CDI senior d'une part,
16:38 mais qui finalement, qui était voulu par les sénateurs de droite,
16:41 finalement sera sous une forme d'expérimentation.
16:44 Mais à l'origine ce n'était pas une mesure qui était souhaitée par l'exécutif.
16:47 Et puis effectivement sur les carrières longues, vous avez raison,
16:49 on sait, Laurent, que c'est un enjeu lourd de cette réforme depuis le début.
16:53 Avec hier l'adoption par la commission mixte paritaire
16:57 d'un amendement qui vise à limiter à 43 ans la durée de cotisation
17:02 pour tous ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans,
17:04 quel que soit l'âge en question, sous réserve.
17:07 Ils aient quand même eu 3, 4 ou 5 trimestres cotisés.
17:13 Ce qui fait que de fait, un certain nombre de futurs retraités
17:18 devront avoir cotisé près de 44 ans pour toucher leur retraite.
17:22 Donc en clair, c'est l'amendement qui avait été déposé
17:25 par le président du groupe LR, Olivier Marley,
17:28 c'est pas la version défendue par Aurélien Pradié,
17:32 le député du Lot qui mène la fronte des députés de droite.
17:35 - Qui voulait que la différence entre l'amendement Pradié et l'amendement Marlex...
17:38 - C'est 10 milliards.
17:39 - Comment ?
17:40 - C'est ce que dit le gouvernement, c'est 10 milliards d'euros.
17:42 - Oui, au final, mais Aurélien Pradié voulait un seul trimestre
17:46 pour pouvoir bénéficier du dispositif carrière longue,
17:48 là où l'amendement Marlex en compte 5.
17:51 - Alors il a obtenu quand même, les républicains,
17:53 Olivier Marlex, en l'occurrence le président du groupe à l'Assemblée,
17:56 a obtenu des choses, Sophie Dravinel du Figaro.
17:59 - Oui, oui, oui, ils ont obtenu des choses,
18:02 ce qui est compliqué, c'est que cette CMP hier a été quand même extrêmement,
18:06 je ne dirais pas confuse, mais enfin extrêmement rapide.
18:09 Je discutais avec des députés socialistes qui nous disaient,
18:12 mais nous devions, nous avons dû pendant ces 8 heures, pourtant 8 heures,
18:15 ils étaient une quinzaine, étudier 20, 30, 40 pages
18:20 sans avoir les moyens de les travailler, sans avoir les moyens,
18:24 et donc effectivement, il y a eu des évolutions,
18:26 effectivement, il y a eu des gains, mais des gains qui étaient attendus
18:30 pour un objectif politique, plus que sur le fond,
18:33 et on a entendu Elisabeth Borne la veille aux questions gouvernement,
18:38 disant, appelant à un soutien explicite,
18:42 et donc ce qui a permis sans doute les avancées du lendemain,
18:46 les avancées en disant, voilà, il faut qu'il y ait un soutien sur ce projet,
18:51 sur ce projet seulement, elle était presque, elle est suppliée,
18:54 et donc évidemment, tout a été fait pour que le texte aille dans la direction qui les arrangait.
18:59 Et ça suffit ? Les républicains vont suivre ?
19:02 Alors le fait qu'une CMP, une commission mixt-paritaire, dure une seule journée,
19:05 ça c'est normal, c'est toujours comme ça, une commission mixt-paritaire,
19:08 la différence là, ce qui était inédit, c'est qu'il y avait une seule version,
19:11 puisqu'il n'y a pas eu de vote à l'Assemblée Nationale,
19:13 donc c'est ça qui compliquait justement les discussions,
19:15 c'est qu'il y avait une seule version du texte,
19:17 puisque la discussion s'était arrêtée dès la fin de l'article 2 à l'Assemblée Nationale,
19:20 donc c'est vrai que la base de départ était de fait le texte qui lui a été adopté samedi dernier au Sénat.
19:25 Après, est-ce que ça va suffire ? Là, c'est toujours la même chose,
19:28 du côté de l'exécutif on dit "on a entre 5 et 10 voix aujourd'hui de marge,
19:31 donc on va aller au vote".
19:33 Pour autant, peut-être que dans quelques minutes je serais démenti,
19:35 parce qu'ils auront refait leur compte et que finalement,
19:37 cette marge fort étroite aura disparu.
19:39 Mais quand bien même elle existe, cette marge, encore une fois,
19:41 y compris les conséquences politiques,
19:43 parce que très clairement on le voit, c'est le fait ex-CLR qui mène la danse en quelque sorte,
19:46 même si la droite est divisée, y compris entre le Sénat et l'Assemblée,
19:49 même si le groupe LR est divisé,
19:51 on voit bien que le gouvernement est obligé, c'est quand même un paradoxe d'ailleurs,
19:54 de tenir compte, de faire d'une priorité l'avis de quelques députés LR,
20:00 donc c'est tout à fait légal de négocier, discuter la formation nationale,
20:03 mais seulement, rappelons que la candidate de LR, Valérie Pécresse, à la présidentielle,
20:06 elle a fait 1,75%, pardon, non, c'est la candidate d'Algo.
20:09 - Elle a fait moins de 5%, en tout cas, à peine de 4% à la présidentielle.
20:21 - Oui absolument, ce sont ce qu'on appelle en anglais des "kingmakers", des "faiseurs de roi",
20:23 et Emmanuel Macron en est tout à fait conscient,
20:25 qui s'est tourné vers cette droite qui est en train, plus ou moins,
20:29 de l'absorber d'ailleurs, en vue des prochaines élections à venir,
20:33 et eux qui ont du mal à se défendre, et du mal à se faire entendre,
20:36 comme le disait d'Aurélien Prallier ou d'Olivier Mahlec,
20:39 et on voit bien que la majorité présidentielle profite aussi de leur faiblesse,
20:44 pas seulement des résultats à la présidentielle,
20:47 évidemment aux législatives aussi, et ils sont un groupe charnière,
20:51 mais ce qui ne retire rien à leur faiblesse et à leur séparation,
20:55 disons, à leurs lignes différentes qu'on a bien vu entre le Sénat et l'Assemblée.
20:59 - La fracture, on en a reçu beaucoup.
21:01 - Oui c'est cocasse, parce qu'en effet, toute la stratégie depuis 2017,
21:04 ou en tout cas une grande partie de la stratégie depuis 2017 d'Emmanuel Macron,
21:07 ça a été de siphonner les voix des républicains,
21:09 et de réduire presque à peau de chagrin, et même de le donner pour mort la plupart du temps,
21:13 ce parti à qui il s'en remet donc aujourd'hui pour faire voter ce qui est censé être
21:17 le grand texte du second quinquennat, la mère de toutes les batailles.
21:21 - Et qui sera la petite sœur de toutes les batailles au final.
21:23 - Et le problème pour Emmanuel Macron à saisir ces républicains aujourd'hui,
21:29 c'est que toutes les conséquences de la stratégie menée depuis 2017
21:32 a abouti à un groupe d'électrons libres, que certains qualifient d'auto-entrepreneurs,
21:36 où les consignons du mal à passer, où on ne connaît pas la légitimité et la force
21:40 des choix politiques et d'Eric Ciotti le patron du parti, et d'Olivier Marlex le président.
21:44 En fait les députés les républicains, le groupe, la soixantaine de députés les républicains,
21:48 ce sont des miraculés de la présidentielle.
21:51 4,7% pour Valérie Pécresse, et eux parviennent à revenir à l'Assemblée Nationale.
21:56 Donc ils estiment qu'ils ne doivent rien à l'étiquette LR.
21:59 - Et si on remonte la bande, si j'ose dire, au tout début du film du macronisme 2017,
22:05 rappelez-vous les mots d'ordre c'était le nouveau monde et le en même temps justement.
22:08 Alors ses opposants disent que tout ça est enterré depuis longtemps,
22:11 mais là le fait est que c'est le cas, c'est-à-dire le gouvernement pour essayer de survivre
22:15 est obligé de se ranger, comme disait très bien Paul, derrière une poignée de députés de droite,
22:19 et donc très clairement d'avoir choisi une alliance à droite.
22:23 Donc est-ce que ça peut tenir longtemps tout au long de la législature ?
22:27 L'incertitude continue de régner.
22:30 - Et la réponse sur le vote c'est ce matin au Sénat, cet après-midi à l'Assemblée Nationale.
22:34 Merci Renaud, merci Paul Barcelone, merci Sophie Dravinel et Dufigaro.
22:37 Bonne journée à vous les informés de France Info, on revient à 20h.
22:40 [Musique]

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