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  • 01/03/2023

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Transcription
00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous, l'invité éco depuis le salon de l'agriculture.
00:12 Ce soir, je reçois le président de la plus importante coopérative,
00:16 les tiers en France, Sodial, qui compte les marques Candia, Entremont,
00:21 ou bien encore Yoplait, Damien Lacombe, bonsoir.
00:23 Oui, bonsoir.
00:24 Les négociations commerciales se terminent ce soir, minuit pile,
00:27 avec les distributeurs des négociations qui vont fixer les hausses de prix
00:31 pour les mois à venir.
00:32 On les sait particulièrement compliquées, tendues cette année.
00:36 En début de semaine, la canaliste disait n'avoir signé un accord
00:38 qu'avec deux enseignes sur cinq.
00:40 Vous non plus, chez Sodial, vous n'arrivez pas cette année
00:43 à vous mettre d'accord avec les distributeurs ?
00:46 Alors, tous les dossiers ne sont pas conclus à date,
00:49 mais malgré tout, il y a un certain nombre de dossiers qui ont avancé.
00:53 Effectivement, on avait des hausses de tarifs qui étaient importantes
00:56 pour couvrir les inflations, des inflations que l'on connaît
00:59 dans nos exploitations et dans nos outils de transformation,
01:02 puisque moi, en tant qu'éleveur laitier, vous avez parlé des marques
01:05 qui sont bien connues du grand public, qui sont nos marques d'éleveurs.
01:09 On a à la fois des inflations dans nos exploitations.
01:12 Donc moi, il faut que, comme mes collègues, mes 17 000 collègues,
01:16 j'arrive à couvrir à la fois mes coûts sur l'exploitation,
01:20 donc c'est les engrais, c'est les aliments, c'est l'énergie.
01:23 Il faut aussi qu'on arrive à couvrir tous nos coûts de transformation,
01:26 et donc les inflations sur l'énergie, les inflations sur les emballages,
01:29 sur le transport. Et effectivement, on a démarré ces négociations
01:32 avec des demandes de 10 à 15 % de hausses de tarifs.
01:36 Pour couvrir ces coûts de production, pour augmenter à la fois
01:39 pour les producteurs et pour les transformateurs, pour les industriels.
01:43 Tout à fait. Et en tant que coopérative, il faut à la fois,
01:46 justement, pour pouvoir bien rétribuer le prix du lait,
01:49 que l'on arrive à couvrir à la fois, et l'un et l'autre,
01:52 à la fois la partie exploitation et à la fois la partie industrielle.
01:55 Et c'est les deux qui feront le résultat pour les éleveurs
01:58 et qui feront le prix du lait qui sera payé aux éleveurs.
02:01 Et c'est donc le propre des coopératives.
02:03 Vous dites que vous avez commencé Cénégo avec des demandes de hausses
02:06 de 10 à 15 %. Vous pensez parvenir à ces hausses,
02:10 de 10 à 15 % ? Avec toutes les enseignes ?
02:13 On va faire un bilan, puisque ça se termine aujourd'hui.
02:16 Il y aura peut-être quelques dossiers qui vont traîner malgré tout.
02:20 Ce qu'on peut dire aujourd'hui, c'est que grâce à la loi EGalim,
02:23 la matière première agricole, ce qui caractérise notre prix du lait,
02:27 est bien pris en compte par les distributeurs.
02:29 Par contre, c'est beaucoup plus difficile sur la partie industrielle
02:32 et c'est là qu'il y a une négociation qui est féroce.
02:35 Mais nous, en tant que coopérative, on a besoin,
02:38 pour bien rémunérer le prix du lait, de couvrir à la fois
02:41 la matière première industrielle et à la fois la matière première agricole,
02:44 puisque c'est l'ensemble de la chaîne de valeur qui va permettre
02:47 de rémunérer notre lait.
02:49 Le président de la République, Emmanuel Macron, était ici même
02:52 au Salon de l'Agriculture le week-end dernier.
02:55 Il a demandé à ce que les forces soient partagées,
02:58 en gros que les distributeurs prennent leur part, en rognant sur les marges.
03:02 Est-ce que vous faites aujourd'hui, en tant que présidente sodiale,
03:05 le même appel aux distributeurs ?
03:08 C'est un appel qu'on lance d'ailleurs depuis de nombreuses années,
03:12 puisqu'en fait, il faut savoir que depuis une dizaine d'années,
03:15 les filières agroalimentaires ont perdu énormément de valeur ajoutée,
03:19 et que finalement, ça s'est répercuté sur les éleveurs.
03:22 Aujourd'hui, on est à un point où il faut à tout prix qu'on arrive
03:24 à redonner de la valeur ajoutée sur les exploitations agricoles,
03:27 parce qu'on a un vrai sujet d'attractivité dans notre métier,
03:30 et on a besoin de pallier un renouvellement des générations
03:33 qui a besoin d'être extrêmement important aujourd'hui.
03:37 On sait qu'on a 50% des éleveurs qui vont prendre leur retraite
03:41 d'ici 10 ans, et donc il faut à tout prix que la filière soit attractive
03:44 et qu'elle rémunère bien les producteurs, justement,
03:47 pour pouvoir renouveler les générations.
03:49 L'an dernier, d'après les chiffres de l'INSEE,
03:51 le prix du lait a augmenté en moyenne de l'ordre de 18%,
03:55 c'est à peu près le même ordre d'idée pour le fromage, pour les yaourts.
03:59 Pour l'année à venir, vous voyez des hausses de quel ordre
04:02 pour le consommateur final dans les rayons des supermarchés ?
04:06 J'allais dire, on a clairement demandé des hausses de tarifs,
04:10 nous, auprès des distributeurs, qui correspondent à l'évolution
04:13 de nos coûts. Je pense qu'en dessous d'une augmentation de prix
04:17 de 12%, ça sera extrêmement difficile pour la filière laitière,
04:21 et donc c'est bien l'objectif final qui est fixé.
04:25 On a besoin de cette augmentation-là pour la répercuter
04:29 sur les exploitations. Le prix du lait a augmenté l'année dernière
04:32 de 23% dans notre coopérative depuis le début de l'année.
04:35 Plus que l'inflation moyenne ?
04:38 Plus que l'inflation moyenne. D'ailleurs, il y a un rapport
04:41 des finances qui dit que les marges des industriels
04:44 se sont fortement contractées l'année dernière.
04:47 J'allais dire, ça ne peut pas durer, puisqu'on a beaucoup
04:51 d'objectifs à couvrir aujourd'hui. On a ce sujet d'attractivité,
04:57 on a aussi le sujet des évolutions, des transitions, la décarbonation,
05:01 on a des gros investissements à mener, et ça se fera grâce
05:04 à la valeur qu'on dégagera de nos produits.
05:07 Il faut qu'on arrive à faire ce pacte avec les consommateurs
05:10 autour du juste prix qui permet à la fois de rémunérer
05:13 les producteurs. On sait que c'est extrêmement important
05:16 et que c'est extrêmement urgent dans la situation où on est aujourd'hui.
05:19 Et ce juste prix, est-ce qu'il passe par un panier inflation ?
05:24 C'est une des idées qui est avancée par le gouvernement aujourd'hui,
05:27 un panier d'une cinquantaine de produits à peu près.
05:30 Vous êtes forcément concerné avec le lait, le fromage, les yaourts ?
05:35 On peut être concerné sur tous les produits.
05:38 On est très opposé à ce panier anti-inflation,
05:41 puisque c'est revenir quatre ans en arrière par rapport à ce qu'a apporté
05:45 la loi Egalim. Et c'est un retour à la guerre des prix si on rentre là-dedans.
05:48 Et si les distributeurs se mettent d'accord ?
05:51 Ils vont forcément répercuter leurs demandes sur les fournisseurs
05:56 que nous sommes aujourd'hui, et on sait qu'on ne peut pas répondre
06:00 à ces demandes-là. Le sujet de la précarité alimentaire,
06:03 à notre avis, doit être géré différemment.
06:06 Effectivement, il y a cinq ou six millions de Français
06:09 qui ont des difficultés à se nourrir, et il faut se préoccuper de ce sujet-là.
06:12 Nous, on a des projets qui sont à l'étude en imaginant des choses
06:16 qui se font par exemple aux États-Unis, où là, il y a des systèmes
06:20 qui permettent aux plus démunis de se nourrir.
06:22 Mais il faut arriver à régler le social par une aide sociale.
06:26 Une sorte de chèque alimentaire, mais en tout cas,
06:29 ça ne passe pas par un panier inflation.
06:30 Voilà, un chèque alimentaire, mais quelque chose de plus élaboré.
06:32 On a travaillé sur ce sujet-là, on va partager ça avec les pouvoirs publics.
06:35 Mais clairement, le panier anti-inflation nous ferait revenir quatre ans en arrière,
06:38 et on ne peut pas se permettre de revenir quatre ans en arrière.
06:40 Alors, si vous obtenez cette hausse du prix du lait,
06:43 de l'ordre de 10 à 15%, comme vous le demandez,
06:46 comment ça va se répercuter concrètement sur le producteur ?
06:49 Vous avez 16 000 et quelques adhérents aujourd'hui au sein de la coopérative.
06:53 Alors, on sait que les inflations ont continué pendant ce début d'année,
06:58 et donc clairement, on a besoin d'une amélioration du prix du lait
07:01 sur cette année, qui peut être de 10 à 15%.
07:05 Et l'éleveur, finalement, au final, combien il va toucher en plus ?
07:08 Et donc, notre prix du lait, qui était aux alentours de 450, 420 euros l'année dernière,
07:14 son prix va évoluer.
07:16 On est bien sûr dépendant des marchés mondiaux,
07:18 puisqu'on exporte aussi des produits sur la scène internationale,
07:22 donc c'est le mix des deux, j'allais dire, qui fait le prix du lait.
07:25 Ce qu'on sait pertinemment, c'est qu'on a besoin d'une évolution
07:28 extrêmement forte du prix du lait cette année, pour justement
07:31 que les producteurs puissent se rémunérer correctement,
07:34 et qu'on puisse justement communiquer positivement autour de notre production laitière.
07:38 Ce que je voudrais rajouter, peut-être si j'ai le temps,
07:40 c'est qu'on est une coopérative de territoire, et qu'effectivement,
07:44 la rémunération du prix du lait sur toutes les filières, dans tous les territoires,
07:49 puisqu'on est aussi producteur de fromage à opé, etc.,
07:52 est vitale pour le maintien de la production laitière sur ces territoires-là,
07:55 et pour la vie économique sur tous ces territoires.
07:57 Merci beaucoup, Damien Lacombe, président de la coopérative Saudiale,
08:01 invité éco de France Info depuis le salon de l'agriculture ce soir.

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