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  • 14/02/2023
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Franck Devulder, président de la Confédération des syndicats médicaux français, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Les médecins libéraux sont en grève ce mardi pour protester contre le projet de loi qui vise à ouvrir certains actes aux paramédicaux et pour réclamer une revalorisation de leurs honoraires.
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Transcription
00:00 Ce n'est vraiment pas le jour où tomber malade. Les cabinets médicaux vont rester très massivement fermés aujourd'hui.
00:05 SOS Médecins est en grève également. C'est le deuxième mouvement d'ampleur de la profession depuis Noël.
00:10 Bonjour Franck de Vuldaer.
00:12 Bonjour Dimitri Pavlenko.
00:13 Bienvenue sur Europe 1. Vous êtes le président de la Confédération des syndicats médicaux français.
00:17 On a rarement vu la médecine libérale aussi mobilisée que ces dernières semaines,
00:21 rarement d'ailleurs d'unités syndicales de la profession.
00:24 Aujourd'hui, je crois que des quarts vont converger de toute la France sur Paris
00:28 pour dire la colère des médecins généralistes.
00:31 Les raisons de cette colère, expliquez-nous Franck de Vuldaer.
00:34 Généralistes et spécialistes. Les raisons de cette colère sont diverses.
00:38 Ce qui nous motive aujourd'hui à un jour de Saint-Valentin, ce n'est pas la Saint-Valentin.
00:42 C'est parce qu'aujourd'hui, 14 février, se discute au Sénat une proposition de loi
00:47 portée par une députée de la majorité, Stéphanie Ries, qui est une de nos consoeurs
00:51 et qui vise à donner un accès direct à d'autres professions de santé que les médecins.
00:56 C'est-à-dire que si cette loi est adoptée, demain, les Français pourront avoir directement
01:01 l'orthophoniste, le kinésithérapeute, sans avoir à passer par le médecin généraliste
01:07 ou un spécialiste pour obtenir une prescription.
01:10 Et ça, du point de vue d'un Français, c'est plutôt un progrès.
01:13 Pourquoi vous considérez que c'est une mauvaise chose ?
01:16 - On considère que c'est une mauvaise chose parce que le médecin a un métier singulier.
01:19 Rappelons-nous Mme Bovary, finalement.
01:21 Rappelons-nous ces officiers de santé du 19e siècle.
01:24 Je ne veux pas faire de comparaison désobligeante, mais rappelons-nous ce moment d'histoire.
01:29 Vous parliez de kinésithérapeute, d'orthophoniste, mais aussi d'infirmière en pratique avancée.
01:34 On ne rejette pas, en tout cas à l'ACSMF, on ne rejette pas purement et simplement cette
01:39 proposition de loi portée par Stéphanie Ries.
01:41 On dit simplement, ça doit s'inscrire dans le cadre d'un parcours de soins.
01:45 Le chef d'orchestre du parcours, le responsable du parcours, c'est notre médecin.
01:49 Parce que notre médecin a fait 12 ans d'études pour faire notre diagnostic et proposer des
01:54 thérapeutiques et qu'il le fasse avec d'autres professions.
01:56 Bien sûr que oui, mais qu'on mette en autonomie des professions, ça nous semble dangereux.
02:00 - Après, je vais expliquer un peu la logique gouvernementale qu'il y a derrière.
02:04 Eux disent, effectivement, vous avez raison, vous êtes le chef d'orchestre du parcours
02:08 de soins, vous avez fait plus d'études que les autres.
02:10 Finalement, ils sont un peu vos sous-traitants dans l'exécution des soins.
02:13 Je pense notamment aux kinésithérapeutes.
02:15 Oui, mais voilà.
02:16 Le problème, c'est qu'il y a 6 à 7 millions de Français qui n'ont pas de médecin traitant.
02:19 Il faut un peu détendre la machine.
02:21 Il faut que les Français puissent se soigner.
02:23 On n'a pas le choix.
02:24 C'est ce que dit François Braun, par exemple, ministre de la Santé.
02:26 Il dit que ce n'est pas une solution idéale, ce que nous proposons, mais on n'a pas le choix.
02:30 On n'a pas les effectifs suffisants.
02:32 Est-ce que vous êtes d'accord, malgré tout, avec ce constat dressé par le ministère
02:36 de la Santé, mais aussi la Sécurité sociale, l'assurance maladie, Franck de Vuldaer?
02:39 - On ne dit pas le contraire.
02:40 On pourrait toujours regarder derrière nous et se dire que depuis 40 ans, les politiques
02:46 publiques qui ont été menées ont contribué à diminuer le nombre de médecins.
02:49 - Notamment le numerus clausus.
02:51 On n'a pas formé suffisamment de médecins depuis 40 ans.
02:53 - Oui, alors qu'on savait, il y avait des éléments sociétaux qu'on savait.
02:57 On savait qu'ils étaient l'effet du départ des baby-boomers, ces médecins de la génération
03:03 d'après-guerre qui représentaient...
03:05 - Bon, on ne va pas se lamenter non plus, sur ces décisions non prises.
03:09 - Mais regardons devant.
03:11 Évidemment, on a un réel problème.
03:13 On a, vous dites, 6 à 7 millions de Français qui n'ont pas de médecin traitant aujourd'hui.
03:16 - Et peut-être 20 millions d'ici la fin de la décennie.
03:19 - Et peut-être 20 millions d'ici la fin de la décennie.
03:20 - 20 millions de Français sans médecin.
03:21 - On a presque plus grave, presque 700 000, un peu plus de 650 000 patients qui ont des
03:27 maladies graves, des infections longue durée qui ont aujourd'hui plus de médecin traitant.
03:30 Donc évidemment, il faut faire quelque chose.
03:33 Évidemment, notre souci, c'est de travailler en lien avec d'autres professions de santé.
03:39 - Alors, qu'est-ce que vous préconisez justement si vous récusez les propositions portées
03:43 par la députée Stéphanie Riste ? Qu'est-ce que vous, médecin généraliste et spécialiste,
03:47 vous préconisez pour que les Français aient plus facilement accès aux médecins ?
03:51 - Alors, il n'y a pas une solution.
03:52 S'il y avait une solution, on l'aurait tous trouvé depuis bien longtemps.
03:55 Il y a une multitude de solutions.
03:57 L'une d'entre elles consiste à valoriser l'expertise de son médecin.
04:01 C'est-à-dire mieux honorer son médecin pour des choses qu'il va faire de façon plus
04:05 difficile mais aussi plus rare.
04:07 Donc, on libère du temps médecin et on permet à ce médecin, dans le cadre d'un parcours
04:12 dont il est le responsable...
04:13 - Mais très concrètement, qu'est-ce que vous entendez par "libérer du temps au médecin"
04:16 par exemple ?
04:17 - Et bien, par exemple...
04:18 - Parce que c'est vrai, par exemple, on sait que vous prenez du temps de consultation pour...
04:20 Je lisais par exemple dans Le Figaro, une femme qui ne peut pas se baisser pour changer
04:24 son sol, son office HLM lui demande un certificat médical d'incapacité à déplacer des meubles.
04:30 C'est complètement aberrant.
04:31 Évidemment, ça n'a pas lieu d'être.
04:32 Et pourtant, ça existe.
04:33 - Mais de même qu'il est aberrant de demander des certificats de sport si vous et moi, nous
04:37 nous inscrivions demain dans le même club de tennis sans vouloir faire des exploits
04:41 sportifs exceptionnels, de même que...
04:43 - Mais ça, le ministre de la Santé propose ça, finalement, de vous débarrasser un peu
04:46 de cette charge de travail.
04:48 - Oui, j'ai envie de dire "enfin", et puis on attend des faits.
04:51 C'est-à-dire qu'il y a eu tout un travail, une commission qui a travaillé sur ces mesures
04:55 de simplification.
04:56 Passons aux actes.
04:57 On sait qu'on est en manque d'assistants médicaux.
05:00 Un assistant médical, ce n'est pas un professionnel de santé comme une infirmière en pratique
05:04 avancée, un kinésthérapeute.
05:05 Un assistant médical, c'est quelqu'un qui va seconder, aider le médecin dans sa tâche
05:10 quotidienne.
05:11 Et ça augmente de 10% la patientèle du médecin.
05:14 - Mais est-ce qu'il n'y a pas quelque chose, une dimension presque sociologique, finalement,
05:18 derrière ce mouvement de colère aujourd'hui des médecins ?
05:20 Aujourd'hui, Franck Devuldère, à savoir, cette sentiment de se faire un peu déposséder
05:24 de sa souveraineté médicale.
05:26 Et que ça vous agace souverainement, alors que quand, par exemple, on accorde aux pharmaciens
05:31 le droit de vacciner pendant l'épidémie de Covid, vous êtes bien content qu'on le fasse
05:34 parce que ça vous soulage objectivement.
05:35 Mais là, on sent que, par exemple, sur le monopole de prescription médicale, on vous
05:40 sent touché, finalement, dans cette souveraineté médicale qui est la vôtre.
05:43 - Il y a un vrai souci de déclassement du rôle de médecin.
05:46 Il y a un vrai souci d'attractivité des professions de santé en général, et des professions
05:52 médicales, et des professions de médecins en particulier.
05:54 Je ne veux pas tout ramener à l'aspect tarifaire, ce serait facile pour le président du premier
05:59 syndicat des médecins de France que je suis.
06:00 - Mais il y a quand même un sujet là-dessus.
06:02 - Mais il y a un sujet là-dessus.
06:03 - À savoir que la proposition de l'assurance maladie, c'est 1,50€ d'augmentation, ce
06:07 qui porterait la consultation de base à 26,50€.
06:09 Vous dites non, non, là, ce n'est pas possible.
06:11 - Oui, ce n'est pas possible.
06:12 Payer son médecin aujourd'hui 25€, demain 26,50€, avec une consultation qui est gelée
06:18 depuis 2017, avec une absence finalement de moyens de nos médecins pour s'organiser
06:24 au service de la problématique d'accès aux soins d'aujourd'hui, ce n'est pas raisonnable.
06:29 Et on perd en attractivité des professions de santé.
06:31 Et c'est dangereux aujourd'hui, mais c'est dangereux pour demain.
06:33 - Qu'est-ce que vous espérez de votre grève aujourd'hui ? Vous pensez qu'il y aura combien
06:36 de personnes dans la rue ?
06:37 - Je pense que vous le disiez tout à l'heure, dire combien il y aura de personnes, c'est
06:42 difficile, on ne va pas faire 500 000 personnes comme les manifestations pour les retraites.
06:45 Mais c'est assez unique, voir l'ensemble des syndicats médicaux représentatifs unis,
06:50 alors qu'on a l'habitude de...
06:52 - Y compris l'Ordre des médecins, et ça c'est très rare.
06:54 - Voir l'Ordre des médecins, cette institution plutôt calme et raisonnée, descendre dans
06:59 la rue, voir les syndicats de médecins hospitaliers descendre dans la rue pour soutenir les libéraux,
07:03 voir les jeunes descendre dans la rue, je pense que ça doit interpeller le gouvernement.
07:07 - Et votre objectif concret, c'est le retrait de la loiriste notamment ?
07:10 - Notre objectif concret, c'est que si loiriste il doit y avoir, ça ne peut pas exister en
07:14 dehors d'un parcours coordonné et protocolisé afin d'assurer une qualité de soins identique
07:20 à tous les Français.
07:21 - Allez, on va suivre ce qui va se dire au Sénat aujourd'hui, puisque c'est là que va
07:23 se trouver le texte aujourd'hui.
07:25 Merci d'être venu nous voir, Franck de Vulda.
07:28 Je complète la phrase, président de la Confédération des syndicats médicaux français, vous étiez
07:32 l'invité de l'Europe Matin.

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