00:00À 8h12, la grande interview ce matin. Nous recevons en direct le député Paul-André Colombani. Bonjour.
00:08Bonjour monsieur.
00:09Député Lyot, Corse du Sud. Lyot, liberté, indépendant, outre-mer et territoire.
00:14Alors l'épineux dossier Corse arrive demain au terme d'un long processus sur la table du Conseil des ministres.
00:21Le ministre de l'aménagement du territoire va présenter le projet de révision constitutionnelle
00:26qui prévoit l'autonomie de la Corse au sein de la République.
00:30Un texte fruit de plusieurs années de tractation, un texte déjà controversé.
00:36Concrètement, c'est un pouvoir législatif autonome qui serait donné à Lille.
00:41Le projet accorderait le pouvoir d'adapter les lois et les règlements,
00:45de fixer ses propres normes dans les matières où s'exercent les compétences.
00:49Paul-André Colombani, est-ce que tout d'abord vous soutenez ce texte ?
00:52Nous le soutenons à fond. Il est le fruit d'une discussion qui a été entamée au lendemain de l'assassinat tragique
01:00d'Yvon Colon en prison en 2022, qui s'est suivie d'événements extrêmement douloureux
01:07qu'on n'a surtout pas envie de revivre.
01:08Vous savez, dans quelques jours, on va fêter les 50 ans, on va commémorer le mieux,
01:14de la cave d'Alleria, le moment où le docteur Edmond Sibéogne avait pris cette cave pour l'occuper.
01:25Et c'est le point de départ un peu des revendications des nationalistes.
01:27C'était il y a 50 ans.
01:29Depuis 50 ans, la Corse a vécu trop de drame.
01:31Je le rappelle aussi avec malheureusement la mort d'un préfet.
01:35Le seul département ces 50 dernières années qui a vécu autant de choses, peut-être avec la Nouvelle-Calédonie.
01:40Et donc ce processus, c'était la porte de sortie par le haut pour tout le monde,
01:44pour solder 50 ans de conflits politiques et historiques.
01:47Alors le texte toutefois a été retoqué en partie par le Conseil d'État,
01:52mais aucune des modifications recommandées par le Conseil d'État ne devrait être intégrée à ce projet de loi.
02:00C'est Emmanuel Macron qui décidera de conserver ou non les modifications du Conseil d'État.
02:04Vous faites confiance au Président de la République ?
02:08On a appris à se faire confiance.
02:10Je ne fais pas partie de sa majorité.
02:13Je ne fais pas partie de sa majorité.
02:15On a appris à se faire confiance.
02:16C'est lui qui a utilisé une expression très juste à l'initiation de ce processus,
02:19de dire qu'il va falloir travailler entre les tabous et les totems.
02:22Et je pense que tout le monde n'est pas satisfait.
02:25Je veux dire, il y a des conservateurs sur le continent qui hurlent un petit peu au loup.
02:30Et puis il y a des indépendantistes en Corse dont ce n'est pas du tout la vision et dont il faut respecter le point de vue,
02:36qui nous parlent de trahison.
02:38Donc moi, ce texte, c'est un point d'équilibre qu'on a trouvé.
02:42Il a la légitimité d'avoir été voté à plus de 70% par les élus de la collectivité de Corse.
02:47Et c'est celui-là qu'on doit prioriser.
02:49Mais on n'a pas tous les attendus du Conseil d'État en Corse.
02:54Ces attendus du Conseil d'État, des brides qu'on a, ils ne sont pas complètement défavorables non plus.
02:58Il y en a certains qui parlent, qui expliquent tranquillement que ce processus ne met en aucun cas la République française en danger avec tous ses grands principes.
03:07Mais par contre, il y a des choses qui ont été enlevées, des choses importantes qui nous permettraient d'avoir un statut de résident
03:13et surtout régler les problèmes fonciers en Corse.
03:16Cette réforme constitutionnelle, concrètement, Paul-André Colombani, en quoi ça consiste, ce dispositif ?
03:23Aujourd'hui, il s'agit d'un processus entier.
03:28C'est-à-dire qu'il faut reprendre le discours du Président.
03:31Le Président, quand il est venu en Corse, il a dit qu'il faut mieux se soigner en Corse.
03:35Il faut en même temps lutter contre la grande criminalité.
03:39Il faut plus de place pour le Corse dans l'espace public.
03:41Et il faut ce processus institutionnel qui doit arriver à un processus, un pouvoir régislatif pour la Corse,
03:47c'est-à-dire pouvoir fabriquer des lois en Corse dans un domaine de compétences données.
03:52L'autonomie, c'est la règle dans quasiment tous les pays européens.
03:55L'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, les habitants vivent sous des statuts d'autonomie depuis bien, bien longtemps.
04:02C'est un pouvoir qui est donné aux régions, au plus près des électeurs, avec plus de responsabilités aussi.
04:08Il ne s'agit pas du tout de demander plus d'argent pour ces pouvoirs-là.
04:12Je vous prends un exemple n'importe lequel.
04:14Si vous devez gérer la culture, le budget aujourd'hui, il y a un budget de la culture qui est géré,
04:19il y a une somme qui est allouée à la Corse par Paris.
04:23Cette somme, nous, ce qu'on réclamerait, c'est qu'elle soit réglée intégralement en Corse
04:26et qu'on présente à nos électeurs le bilan de ce qu'on a fait.
04:30Si on est mal géré, c'est normal d'être sanctionné.