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00:00d'être avec nous sur Europe 1.
00:02Tout de suite, c'est l'édito politique avec Judith Vintrop qui nous a rejoint en studio.
00:05Bonjour Judith !
00:06Bonjour Thomas, bonjour Stéphanie.
00:08Grande reporter au Figaro Magazine ce matin,
00:10vous voulez nous parler du projet de réforme de la justice de Gérald Darmanin.
00:13Il annonce une révolution pénale, rien de moins, vous y croyez ?
00:18Si c'est une révolution, elle va se faire attendre.
00:20Le ministre de la Justice voulait que sa réforme soit programmée
00:23dès septembre à l'Assemblée Nationale,
00:26mais à Matignon, on a refusé.
00:27Les députés fourbissent déjà leurs armes
00:30pour tailler en pièces le budget de François Bayrou à la rentrée.
00:33Il ne tient pas à doper leurs ardeurs guerrières
00:35en les saisissant d'un sujet par nature conflictuelle comme la justice.
00:40Le projet SURE, acronyme de sanctions utiles, rapides et effectives,
00:46ne devrait donc être soumis que mi-novembre au Sénat,
00:50où la droite est majoritaire,
00:51avant d'arriver à l'Assemblée en janvier.
00:54C'est ce que prévoit le Premier ministre
00:56si le gouvernement n'est pas tombé d'ici là.
00:57Et si le texte de Gérald Darmanin était vide,
00:59il ne ferait pas si peur à François Bayrou ?
01:01Effectivement, il n'est pas vide.
01:03Le ministre de la Justice a profité de sa visite
01:05au palais de justice de Nanterre hier
01:07pour en présenter les grandes lignes.
01:09C'est une façon de prendre les Français à témoin
01:11au cas où les aléas de la vie parlementaire
01:13l'empêcheraient de passer de la parole aux actes.
01:16Gérald Darmanin prévoit, entre autres mesures,
01:18de rétablir des peines minimales,
01:21ces fameuses peines planchées, vous savez,
01:23créées par Nicolas Sarkozy en 2007
01:25et abrogées par François Hollande,
01:27de restreindre les possibilités de sursis
01:30et de rétablir la possibilité de prononcer
01:33des peines inférieures à un mois,
01:35dont Nicole Belloubet avait privé les juges
01:37depuis 2019.
01:39Il veut aussi supprimer toute possibilité
01:41d'aménagement de peines pour les délinquants étrangers
01:44frappés d'une interdiction administrative
01:46ou judiciaire de territoire.
01:47Et de quoi s'attirerait les foudres
01:49de certains syndicats de magistrats ?
01:51Alors, vous pensez certainement
01:52au syndicat de la magistrature,
01:54celui du mur des cons,
01:56et vous avez raison.
01:58Il ne représente qu'un gros tiers des magistrats,
02:00mais il n'est pas le seul à monter au créneau.
02:03L'Union syndicale des magistrats,
02:04l'USM, majoritaire dans la corporation,
02:07a réclamé hier des moyens pour appliquer la loi
02:09plutôt que, je cite,
02:10une énième réforme.
02:12Et quand Gérald Darmanin regrette
02:14que trop de peines de prison ferme
02:16ne soient jamais exécutées,
02:19c'est le barreau de Paris,
02:21qui regroupe plus de la moitié des avocats
02:23exerçant en France,
02:24qui s'insurge,
02:25en répondant que 92% des peines fermes
02:28sont mises à exécution dans les 5 ans
02:30suivant la condamnation.
02:32Alors, le barreau omet juste de préciser
02:34que peine ferme ne signifie pas prison.
02:37Selon les statistiques du ministère de la Justice,
02:3941% des condamnés à de la prison ferme en 2024
02:43n'y ont pas passé une seule journée,
02:46leurs peines ayant été aménagées ou transformées.
02:50Gérald Darmanin souhaite que la peine
02:51ne puisse plus être convertie
02:53avant le début de son exécution.
02:54Selon lui, c'est à cause de ce décalage
02:57qu'une majorité de Français
02:58trouve la justice laxiste.
03:00Et le ministre a-t-il tort ?
03:02La différence énorme entre les peines de prison
03:04prononcées et les peines de prison
03:06réellement exécutées
03:07était effectivement l'une des raisons
03:10de la perte de confiance dans la justice.
03:12Mais de là à dire que les magistrats
03:14ne sont pas laxistes,
03:15comme il le répète depuis qu'il est arrivé
03:17place Vendôme,
03:18pour ne pas se mettre la corporation à dos,
03:21il y a un fossé,
03:22le fossé qui sépare la théorie de la réalité.
03:25La théorie, c'est par exemple
03:26que le code pénal prévoit
03:28de 3 à 10 ans de prison
03:29pour des violences sur personnes dépositaires
03:31de l'autorité publique.
03:32La réalité, comme le montre une étude
03:34réalisée par l'Institut pour la justice
03:36à partir des chiffres fournis par le ministère
03:39pour l'année 2022,
03:41c'est qu'un tiers seulement
03:42des auteurs de ces violences
03:44va en prison
03:45pour une durée moyenne
03:46d'un peu moins de 7 mois.
03:48Durcir les sanctions ne sert à rien
03:50si les juges ne les appliquent pas.
03:51Merci Judith Vintraub,
03:53votre édito politique sur Europe.

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