Passer au player
Passer au contenu principal
Passer au pied de page
Rechercher
Se connecter
Regarder en plein écran
Like
Commentaires
Favori
Partager
Ajouter à la playlist
Signaler
Accord entre les États-Unis et l'Union européenne : «C'est la première victoire du Brexit», estime Nicolas Baverez
Europe 1
Suivre
hier
Catégorie
🗞
News
Transcription
Afficher la transcription complète de la vidéo
00:00
Bonjour Thomas Chenel, on accueille votre invité.
00:02
Bonjour Nicolas Bavré.
00:04
Bonjour.
00:04
Historien, économiste, éditorialiste au Point au Figaro, merci d'être en direct avec nous.
00:08
Alors, assistons-nous aujourd'hui à une reddition commerciale ou un compromis honorable ?
00:13
On a beaucoup de questions après cet accord qui a été trouvé dimanche soir
00:16
entre Ursula von der Leyen et Donald Trump qui porte les taxes à 15%
00:20
sur les produits de l'Union Européenne que nous exportons vers les Etats-Unis.
00:24
Tout d'abord, Nicolas Bavré, est-ce que la France est la grande perdante de cet accord ?
00:30
Alors, je pense qu'il n'y a pas que la France, il y a surtout l'Europe dans son ensemble
00:35
parce que vous avez parlé de compromis, mais en fait, c'est vraiment le ralliement
00:40
à une décision unilatérale de Donald Trump avec une asymétrie complète des engagements.
00:47
Quand on prend les droits, les droits des exportations européennes vers les Etats-Unis
00:52
vont donc augmenter de 4,7 à 15%.
00:55
On oublie de rappeler que les droits des exportations américaines vers l'Europe,
01:01
ces droits-là restent figés à 4%.
01:03
Donc, d'un côté, on triple, de l'autre côté, et on a maintenant un rapport de 1 à 4
01:09
entre les droits appliqués aux Etats-Unis et ceux appliqués en Europe.
01:13
Et puis, les autres engagements sont aussi très préoccupants.
01:16
D'ailleurs, ils sortent complètement des compétences de l'Union européenne.
01:23
Il y a l'engagement d'acheter 750 milliards de dollars de pétrole et de gaz de schiste sur 3 ans.
01:28
C'est quand même l'énergie la plus sale du monde.
01:31
Donc, c'est complètement opposé à la stratégie de décarbonation de l'Union européenne.
01:38
Ensuite, on dit qu'on va investir 600 milliards de dollars sur le territoire américain.
01:42
Et là encore, ça va nous priver des capitaux qui sont nécessaires pour financer la mise à niveau
01:49
de la compétitivité des entreprises européennes, la révolution numérique,
01:53
la transition écologique et le réarmement.
01:55
Et enfin, on s'engage à acheter des armements.
01:58
Et c'est extravagant, puisqu'on va même très au-delà des engagements budgétaires
02:02
qui ont été pris au sein de l'OTAN, qui par ailleurs est la bonne structure pour discuter de défense.
02:07
Et j'ajoute qu'au passage, l'Europe a abandonné et renoncé à l'accord fiscal de l'OCDE
02:14
qui fixait un impôt minimal de 15% sur toutes les entreprises mondiales.
02:19
Et on en a exonéré les entreprises américaines.
02:21
Ce qui veut dire que cet accord, maintenant, dans la réalité, est totalement caduque.
02:26
Donc, c'est vraiment... Vous avez utilisé...
02:28
Le mot de reddition, on peut dire aussi capitulation.
02:31
Et de fait, aujourd'hui, ce que c'était évoqué tout à l'heure,
02:38
là où c'est très préoccupant, c'est que c'est la première fois
02:42
que l'Europe, dans le cœur de sa compétence,
02:45
montre que l'Union, en fait, fonctionne moins bien que le cavalier seul.
02:50
C'est d'une certaine manière la première victoire du Brexit.
02:53
449 millions d'Européens ont donc tous aidés devant 347 millions d'Américains.
02:58
Mais on obtient beaucoup moins bien que 69 millions de Britanniques
03:02
puisque, pour les Britanniques, les droits sont de 10%.
03:05
Et ça fait une énorme différence.
03:08
Avions-nous vraiment le choix ?
03:09
Est-ce que Ursula von der Leyen ne devait pas se résoudre
03:13
à accepter l'accord commercial proposé par les États-Unis ?
03:16
Qu'est-ce qu'on avait dans notre besace pour répondre au bras de fer de Donald Trump ?
03:21
Alors, je crois qu'on s'est complètement trompé de stratégie
03:24
avec la stratégie de l'apaisement.
03:27
Donc, premier argument, quand on regarde la Chine
03:29
qui a choisi une ligne de fermeté,
03:32
c'est la Chine qui a gagné face aux États-Unis.
03:34
Et la Chine a utilisé les terres rares.
03:36
Elle a aussi vendu massivement, mais sans trop le dire,
03:38
des titres de dette américaines.
03:40
Qu'est-ce que nous avions, nous, dans notre arsenal ?
03:45
Premièrement, nous n'avons jamais appliqué des représailles sur les droits
03:50
alors que nous pouvions le faire.
03:52
On a établi des listes de produits, mais on n'est jamais passé à l'action.
03:56
Deuxièmement, l'Union européenne s'est dotée d'un mécanisme anti-coercition.
04:00
C'était destiné à la Chine, mais c'était un cas d'école.
04:04
Pour le mettre en fonctionnement, on y a renoncé.
04:07
Troisièmement, il est bien vrai que les États-Unis ont un déficit commercial
04:13
de 200 milliards face à l'Union européenne sur les biens,
04:17
mais ils ont un excédent de 150 milliards sur les services.
04:21
Et donc, il y avait la possibilité de répliquer sur les services.
04:25
Et enfin, nous finançons, nous expédions 300 milliards d'euros d'épargne par an aux États-Unis.
04:33
Et en fait, la Chine se désengage de la dette américaine.
04:37
C'est maintenant l'Europe qui est parmi les plus gros acheteurs de dette américaine.
04:42
Et donc, il y avait enfin cette dernière rétorsion possible.
04:45
On a déjà eu une alerte sur les titres de la dette américaine
04:50
à cause des ventes chinoises.
04:53
Et l'Union européenne aurait pu faire tout ça.
04:56
Mais elle a renoncé d'emblée, en fait.
04:59
Elle s'est installée, enfermée dans une stratégie d'apaisement
05:03
qui est exactement ce qu'attendait Donald Trump.
05:09
Et on a...
05:10
La stratégie de l'apaisement, vous savez, c'est Churchill qui disait
05:13
que c'est nourrir un crocodile avec l'espoir qu'on sera mangé en dernier.
05:17
Et bien là, on a été bel et bien croqué.
05:20
Demain, les filières économiques ont rendez-vous à Bercy,
05:23
le patronat, les fédérations, les alliances.
05:26
Comment est-ce que vous sentez le pouls, justement, des différents acteurs économiques ?
05:32
Alors, d'abord, ça pose la question des zones d'ombre de cet accord.
05:38
Par exemple, sur la pharmacie, on ne sait pas exactement où elle est.
05:44
Les spiritueux, a priori, seraient exonérés, mais pas le vin.
05:48
L'acier et l'aluminium restent taxés à 50%, ce qui est énorme.
05:53
Donc, il est vrai qu'on est moins exposé que l'Allemagne.
05:58
Les exportations vers les États-Unis, c'est à peu près 1,8% du PIB.
06:02
En revanche, il y a quelques filières qui sont extrêmement exposées.
06:07
Et on a plusieurs dizaines de milliers d'entreprises
06:09
pour lesquelles les exportations vers les États-Unis sont vitales.
06:15
Donc, l'impact sera loin d'être négligeable dans une économie française
06:21
qui est déjà complètement à l'arrêt.
06:25
Et je crois que, si vous voulez, il y a quand même quelques leçons à en tirer.
06:30
La principale leçon qui est très importante,
06:33
c'est que le monde a changé et que l'Union européenne refuse de le voir.
06:37
On est dans un monde des empires.
06:39
Que vaut la parole de l'Union européenne dans le reste du monde, maintenant ?
06:43
La première chose impressionnante, c'est la parole de Trump,
06:48
puisque Trump dit lui-même que, par ailleurs,
06:51
il ne s'engage que tant que les accords passés
06:54
servent les intérêts de l'économie américaine.
06:56
Donc, quand on dit qu'on a un système stable, c'est faux.
06:59
Trump a toujours affirmé qu'il pouvait sortir à tout moment
07:02
et remettre en question tous ces arrangements
07:05
s'il trouve que ce n'est pas encore assez positif pour l'économie américaine.
07:10
Il est certain que, pour l'Europe,
07:12
on a vraiment fait un affeu de faiblesse qui est terrible
07:16
et on va être pris en tenaille,
07:17
parce que, d'un côté, nos exportations vers les États-Unis vont beaucoup réduire.
07:22
De l'autre côté, les exportations de la Chine vers l'Union européenne vont bondir,
07:27
puisque la Chine est en train de réorienter
07:29
ces exportations qu'elle destinait aux États-Unis vers l'Europe.
07:33
Les exportations chinoises vers l'Europe
07:36
augmentent de 15% par mois.
07:39
Et derrière, je pense que la leçon,
07:42
il faut absolument bouger là-dessus très vite,
07:45
c'est que, dans ce monde des empires,
07:48
où la force prime le droit,
07:51
essayer de faire jouer le soft power sans hard power
07:55
et sans être adossé au hard power,
07:57
ça ne marche pas.
07:58
Et donc, l'Union européenne
08:00
est en train de rater complètement,
08:03
à cause de l'impérissie de Mme Ursula von der Leyen,
08:07
sa réorientation vers la souveraineté et la sécurité.
08:12
Et il faut absolument qu'il y ait une réorientation majeure.
08:20
L'autre point qui est préoccupant,
08:22
c'est évidemment les divergences d'intérêts au sein même de l'Union.
08:26
Parce que ce pseudo-accord, il faut bien reconnaître
08:29
qu'il est complètement aligné sur les intérêts de l'Allemagne.
08:31
On a d'un côté la normalisation de l'automobile
08:33
et de l'autre côté des achats massifs de gaz d'armement aux États-Unis,
08:37
la liberté sur les services financiers.
08:40
Ça, c'est une équation qui est une équation allemande
08:43
et qui est totalement orthogonale aux intérêts français.
08:46
Donc, il faut absolument revenir et remettre les États dans le jeu
08:51
parce qu'il faut pouvoir adosser ces négociations
08:56
à tous les instruments de la souveraineté,
08:58
y compris le recours possible à la force armée.
09:01
Merci Nicolas Bavré pour votre analyse sur Europe 1 ce matin.
09:05
Merci beaucoup, merci à tous.
09:06
Très bonne journée à vous, historiens, économistes, éditorialistes,
09:09
au point au figuero.
09:09
Merci d'avoir été en direct sur Europe.
09:11
Merci à tous.
Recommandations
1:20
|
À suivre
Droits de douane entre l'UE et les États-Unis: les responsables des secteurs les plus impactés seront réunis avec les ministres ce mercredi à Bercy
BFMTV
hier
0:53
Martin Garagnon : «Il faut arrêter de considérer que les hommes politiques sont des chiens»
CNEWS
hier
1:05
Guerre en Ukraine: pour Sergueï Jirnov, ancien officier du KGB, "Poutine a blessé Trump dans son orgueil"
BFMTV
hier
0:41
Donald Trump a indiqué qu'il "imposera des droits de douane" à la Russie si Vladimir Poutine ne met pas fin à la guerre en Ukraine
BFMTV
hier
2:38
Météo (Bulletin du 30/07/2025)
CNEWS
aujourd’hui
2:14:24
100% Politique Été (Émission du 29/07/2025)
CNEWS
hier
1:30
es images glaçantes d'un individu qui menace de faire sauter en vol l'avion Easy Jet dans lequel il se trouve et qui est immobilisé par un passager - Regardez
Jeanmarcmorandini.com
hier
1:21
Bouches-du-Rhône - Pour lutter contre les incendies, des pompiers positionnés au plus près des massifs: "L’objectif est d’intervenir rapidement sur des feux naissants" - VIDEO
Jeanmarcmorandini.com
hier
2:40
«Il y a une espèce de soumission de la France à une idéologie qui est inquiétante», analyse Joshua Zarka
Europe 1
aujourd’hui
1:23
Accord entre l'UE et les États-Unis : après le gaz russe, l'Europe ne va-t-elle pas dépendre désormais du gaz américain ?
Europe 1
aujourd’hui
10:49
Le journal de 8h - 30/07/2025
Europe 1
aujourd’hui
3:55
Le laxisme judiciaire, l’éléphant dans la pièce
Europe 1
aujourd’hui
4:40
Lorient, la ville aux cinq ports et «Le Balato» de Djamel Cherigui
Europe 1
aujourd’hui
9:02
Le journal de 7h30 - 30/07/2025
Europe 1
aujourd’hui
9:54
Droits de douane : «Ça aura des conséquences désastreuses sur l'économie française», estime Franck Choisne
Europe 1
aujourd’hui
2:30
2017 : Les obsèques de Johnny Hallyday
Europe 1
aujourd’hui
1:38
Vols, points de deal, squatteurs... À Toulouse, des agents de sécurité privés mobilisés pour surveiller les résidences
Europe 1
aujourd’hui
1:37
Attentat de la rue des Rosiers : l’inaction des autorités face à la demande d’extradition d’un suspect identifié en Palestine
Europe 1
aujourd’hui
1:16
Qu’est-ce que l'«upwelling», ce phénomène qui a rendu la Méditerranée plus fraîche que la Manche ?
Europe 1
aujourd’hui
9:07
Le journal de 7h - 30/07/2025
Europe 1
aujourd’hui
3:32
Avis d'orage sur la rentrée sociale, l'été tourmenté du ministre de l'Économie et l'IA préférée aux jeunes diplômés dans certaines entreprises
Europe 1
aujourd’hui
1:26
«Le soir, je ne sors pas» : à Tourcoing, des habitants en première ligne face à la montée de l'insécurité, la CRS 8 déployée
Europe 1
aujourd’hui
10:42
Le journal de 6h30 - 30/07/2025
Europe 1
aujourd’hui
2:16
La saga de la famille de de Villiers
Europe 1
aujourd’hui
1:28
Italie : des touristes français de confession juive agressés sur une aire d'autoroute, un sénateur italien leur apporte son soutien
Europe 1
aujourd’hui