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Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Vincent Derosier du 28 juillet 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Et l'invité de RTL Matin, c'est Marc Ferracci, ministre de l'Industrie, de l'Energie.
00:08Bonjour à vous.
00:08Bonjour.
00:09Alors, un accord a donc été trouvé.
00:11Les Etats-Unis, l'Europe sont parvenus.
00:13Hier, en Écosse, un accord commercial sur les droits de douane qui prévoit,
00:17on va en parler, un des droits de douane de 15% sur les exportations européennes.
00:20Vous dites quoi ce matin ? Ouf, pas suffisant ?
00:23Je dis que c'est un accord qui a le mérite d'apporter de la stabilité à nos entreprises et à nos industriels.
00:28Mais c'est un accord qui reste déséquilibré.
00:31C'est un accord qui reste déséquilibré parce que 15% de droits de douane vont être imposés à un très grand nombre de produits.
00:37Alors, certaines filières importantes pour l'industrie européenne, comme l'aéronautique, comme les spiritueux, devraient être exemptées.
00:43Nous aurons les détails de cet accord dans la journée.
00:46Et ensuite, une négociation technique aura lieu dans les prochaines semaines.
00:49Mais il faut bien se le dire, c'est un accord qui est déséquilibré et qui doit nous inciter à continuer à travailler au rééquilibrage commercial entre l'Europe et les Etats-Unis.
00:58Ça signifie très concrètement sur le sujet des services.
01:02Vous savez que les Etats-Unis sont exportateurs de services vis-à-vis de l'Europe.
01:06Je pense que nous devons aller plus loin sur le rééquilibrage et faire en sorte que les grandes entreprises américaines contribuent plus lorsqu'elles exportent des services, et notamment des services numériques en Europe.
01:17Bref, je pense que nous avons aujourd'hui une forme de soulagement, mais sur laquelle il nous faut continuer à travailler.
01:25Le soulagement, c'est la sortie de l'incertitude que permet cet accord.
01:30Mais encore une fois, j'insiste, ça n'est pas la fin de l'histoire.
01:34Alors, quand on vous écoute, on pouvait s'inquiéter quand on entendait Donald Trump hier dire que c'est le plus grand accord jamais connu en matière de commerce.
01:42C'est un accord qui porte sur des volumes extrêmement importants puisque ça couvre quasiment la totalité des biens manufacturés et agricoles également qui concernent le commerce entre les Etats-Unis et l'Europe.
01:55Quand on l'écoute, on a l'impression que les Etats-Unis...
01:58Évidemment que c'est un accord qui porte sur des volumes extrêmement importants.
02:04Mais ce que l'on doit se dire aujourd'hui, c'est que l'Europe a besoin, dans ce contexte, et une fois que cet accord a été conclu et qu'il sera peut-être adopté dans les prochaines semaines,
02:16l'Europe a besoin d'accélérer sur sa stratégie de compétitivité.
02:19Et la Commission européenne qui a négocié cet accord, elle a une responsabilité aujourd'hui, c'est d'accélérer, de consolider des mesures de soutien à nos entreprises industrielles,
02:29des mesures de lutte contre la concurrence déloyale, qu'elles viennent d'Asie, qu'elles viennent de tout pays.
02:37Et sur ce plan, je pense que nous avons besoin, dans les toutes prochaines semaines, d'avoir des résultats.
02:42Et moi, je le dis, cet accord, ça n'est pas la fin de l'histoire, parce que nous avons besoin d'accélérer sur notre agenda de compétitivité.
02:51Ça veut dire très concrètement imposer une préférence européenne dans les marchés publics, comme je le pousse depuis un certain temps.
02:57Ça veut dire mieux nous protéger contre la concurrence déloyale dans des filières comme la sidérurgie, comme la chimie,
03:03qui aujourd'hui souffrent d'être face à des productions venant notamment de Chine, qui sont massivement subventionnées.
03:11Là-dessus, l'Europe doit aller plus vite et plus fort. C'est l'enseignement que je tire, moi, aussi, de cet accord.
03:18On va rentrer dans le détail de l'accord, mais vous dites que ce n'est pas la fin de l'histoire. Donald Trump vous dit que ce ne sera jamais inférieur à 15%.
03:23Oui, mais vous avez aujourd'hui une phase de négociation qui va s'ouvrir, dans laquelle nous avons discuté, dans le détail,
03:29des exemptions qui vont être celles des filières européennes vis-à-vis des droits de donne américains.
03:38Nous allons, je l'espère, discuter assez vite de cette question des services, en particulier des services numériques.
03:45Donc, c'est là que je dis que nous rentrons dans une phase qui va durer des semaines, des mois, de négociations.
03:51C'est ce qui s'est passé quand les États-Unis ont conclu un accord avec la Chine.
03:54Il y a eu ensuite une phase de négociation qui a duré des semaines.
03:57Nous en sommes là, mais encore une fois, je pense que nous devons partir du principe que c'est un accord qui donne de la stabilité,
04:04mais qui n'est pas un accord équilibré et qui doit nous amener à être exigeant dans la négociation.
04:09L'automobile, l'aéronautique, on le disait, sortent plutôt vainqueurs de cet accord.
04:14Il y a énormément d'entreprises qui sont inquiètes, les vignerons, le secteur de l'acier et de l'aluminium.
04:18Qui va souffrir le plus, pour l'instant, de cet accord déséquilibré et incomplet ?
04:23C'est trop tôt pour le dire, parce que, comme je vous l'indiquais, le détail de cet accord sera connu dans les prochaines heures
04:28et les négociations techniques sur les clauses d'exemption, sur les filières qui seront plus ou moins concernées par cet accord,
04:37elles vont avoir lieu dans les prochaines semaines.
04:39Donc, c'est un peu trop tôt pour le dire.
04:41Moi, je suis à l'écoute de mes industriels, je suis à l'écoute de l'ensemble des filières.
04:45J'étais la semaine dernière à la tête d'un conseil national de l'industrie qui a adopté un avis.
04:52Cet avis, il disait une chose assez simple, c'est qu'un accord déséquilibré aurait des conséquences potentiellement dommageables
04:59pour l'industrie européenne, avec des pertes d'emplois, avec des pertes de compétitivité.
05:06Donc, notre responsabilité aujourd'hui, c'est de faire en sorte que cet accord, in fine, soit le moins déséquilibré possible.
05:12C'est de faire en sorte qu'il se rééquilibre sur le volet des services.
05:15Et j'insiste encore une fois sur cet aspect-là.
05:17Nous avons, en Europe, un outil qu'on appelle l'outil anti-coercition,
05:22qui est un outil que nous ne devons pas nous priver d'utiliser.
05:25Ça permet, par exemple, de limiter l'accès des entreprises américaines au marché public européen.
05:30Ça permet d'introduire une pénalisation de certains acteurs, comme les plateformes numériques.
05:37Tous ces outils, ils doivent, dans cette phase de négociation qui s'ouvre, être sur la table
05:41pour obtenir, à la fin, quelque chose qui soit le moins déséquilibré possible.
05:47Je pense que c'est aujourd'hui la responsabilité de l'ensemble des négociateurs et de la Commission européenne.
05:51Dans l'accord, l'Union européenne s'engage à faire des achats à hauteur de 750 milliards de dollars d'énergie
05:56et 600 milliards d'investissements.
05:58On va acheter quoi aux états-Unis ?
05:59Vous savez, ces grands chiffres, qui paraissent évidemment extrêmement considérables,
06:04ce ne sont pas des choses complètement nouvelles.
06:07Ça correspond, peu ou prou, à ce que les investisseurs et les acheteurs d'énergie,
06:12de gaz naturel notamment, avaient prévu de faire dans les prochaines années.
06:17Donc il y a, on va dire, une démarche qui consiste à afficher ces chiffres-là comme des acquis.
06:24Je pense que ça, ça n'est pas forcément l'élément le plus important dans cet accord.
06:28D'autant plus que, vous savez, ce n'est pas la Commission européenne qui opère ce genre d'achats
06:31ou qui décide de ce genre d'investissement.
06:33Ce sont des acteurs privés.
06:34Quand on consolide et quand on additionne tout ce qui était prévu dans les prochaines années,
06:40on aboutit à peu près à ces chiffres-là.
06:41Mais je pense que la dimension la plus importante de cet accord,
06:44c'est le volet commercial et les droits de donnes.
06:46Toutes les entreprises qui nous écoutent, qui sont inquiètes,
06:48qu'ils se disent qu'elles vont devoir baisser leur marge, perdre du chiffre d'affaires,
06:51vous êtes rassurant, vous leur dites ce matin,
06:53que les négociations continuent dans les semaines, les mois qui viennent.
06:55Je dis qu'on va continuer à se battre comme on le fait.
06:58On va se battre pour rééquilibrer peu à peu la relation commerciale avec les Etats-Unis.
07:03Car, il faut bien se le dire, la démarche de l'administration américaine,
07:07depuis maintenant plusieurs mois,
07:09ce n'est pas réellement une démarche de négociation,
07:11c'est plutôt une démarche de coercition.
07:13Je le regrette.
07:14Et je regrette que nous en soyons ici à un accord qui est un accord déséquilibré.
07:19Mais encore une fois, nous allons continuer à nous battre.
07:22Nous allons continuer à utiliser, je l'espère, l'ensemble des outils
07:25qui sont à la disposition de l'Europe dans cette négociation.
07:30Et nous aurons, d'ici quelques semaines, le détail de ce qui aura été négocié.
07:36Comment on négocie avec l'administration Trump,
07:39lui qui change d'avis, parfois du jour au lendemain, ça doit être déroutant ?
07:42C'est très difficile, c'est très difficile.
07:44Et effectivement, c'est aussi ce qui explique les résultats qui ont été obtenus.
07:50Je pense que, comment on négocie, c'est d'abord dans l'unité.
07:54Et moi, je souhaite que les pays européens affirment leur unité
07:58dans les prochaines semaines et les prochains mois.
08:01Parce que, si on n'est pas unis,
08:03eh bien, on a beaucoup, beaucoup de mal à obtenir quoi que ce soit.
08:06Et de ce point de vue, il faut bien constater que l'unité,
08:12elle se construit chaque jour.
08:13Et moi, je le vois quand je discute avec mes homologues européens,
08:16c'est difficile.
08:18Parce que tous les pays n'ont pas les mêmes filières fortes en termes industriels.
08:21Tous les pays n'ont pas les mêmes intérêts.
08:23Et de ce point de vue, eh bien, effectivement,
08:25c'est probablement plus facile d'opérer une négociation
08:29quand on est seul à décider.
08:31Et en l'occurrence, Donald Trump, à la fin, est seul à décider
08:34que quand on est à 27.
08:35Une question un peu plus politique, peut-être, pour finir.
08:38Vous êtes dans un gouvernement où le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
08:42déclare en quelques mots que le macronisme sera mort
08:45dans deux ans après le mandat d'Emmanuel Macron.
08:47Vous êtes à l'aise dans ce gouvernement ?
08:49Vous allez finir le quinquennat avec cette ambiance ?
08:51Moi, je suis très à l'aise dans ce gouvernement
08:52parce que je suis effectivement quelqu'un
08:54qui a accompagné le président de la République depuis le début,
08:56qui a participé aussi à l'élaboration de son projet politique
09:00pour dire que le macronisme ne se résume pas
09:02à la personne d'Emmanuel Macron.
09:03C'est aussi un projet politique dans lequel se sont reconnus
09:05des millions de Français,
09:07dans lequel continuent de se reconnaître des millions de Français.
09:09Je vais faire des réunions de terrain.
09:11J'étais encore à Bordeaux vendredi très fréquemment.
09:13Et je peux vous dire que beaucoup de gens croient encore
09:15aux idées qui se sont portées depuis maintenant huit ans.
09:19Et donc, de ce point de vue,
09:21moi, j'ai considéré que les déclarations de Bruno Retailleau
09:25n'étaient pas opportunes.
09:26J'ai considéré que c'était, au fond, un manque de respect
09:29par rapport à toutes celles et ceux qui se sont reconnus
09:31et se reconnaissent toujours dans ce projet.
09:33Je le regrette.
09:33Je le regrette parce que je pense qu'on ne construit pas
09:35un projet de rassemblement pour la nation
09:37sur le manque de respect.
09:39Il y a bien un recadrage en Conseil des ministres,
09:41vous le confirmez ?
09:42Non.
09:42Vous savez, dans le Conseil des ministres,
09:44les échanges sont très formels.
09:46Les gens perçoivent les signes qu'ils souhaitent percevoir.
09:50Une réunion à l'Elysée entre le Président
09:52et le ministre de l'Intérieur a été annulée.
09:54C'est un signe qu'on peut...
09:54Moi, ce que je pense, c'est que nous sommes
09:57dans une situation difficile pour le pays.
10:00Et ce dont nous nous parlions, les droits de douane,
10:02rajoutent à cette situation difficile.
10:03Dans cette situation difficile, il faut faire preuve
10:06d'unité, de solidarité et de discipline gouvernementale.
10:10C'est ça, au fond, que moi, je veux retenir de cet épisode.
10:13Pour le reste, chacun a ses ambitions.
10:16Et nous verrons bien ce qui se passera dans les prochains mois.
10:18Mais, encore une fois, je pense qu'on n'a pas besoin
10:21pour construire un projet et une identité politique
10:24de dénigrer.
10:26Merci beaucoup, Marc Ferracci,
10:28ministre de l'Industrie et de l'Énergie,
10:29d'avoir été ce matin...

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