Le ministre de l'Economie, Eric Lombard, et celui des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, réuniront demain à Bercy "les filières économiques" pour évoquer "les conséquences" de l'accord intervenu dimanche entre l'UE et les Etats-Unis. Michel Picon, président de U2P est l'invité de RTL Soir. Regardez L'invité événement avec Gaël Giordana du 29 juillet 2025.
00:0318h17 sur RTL, demain le ministre de l'économie Eric Lombard et celui des affaires étrangères Jean-Noël Barraud
00:09réuniront à Bercy les filières économiques pour évoquer les conséquences de l'accord intervenu dimanche dernier entre l'Union Européenne et les Etats-Unis.
00:17Et justement, ces droits de douane, ils vont forcément avoir des conséquences sur les petites entreprises en France.
00:23Bonsoir Michel Picon.
00:25Bonsoir.
00:26Vous êtes le président de l'UDEP, l'Union des entreprises de proximité, et vous serez à Bercy demain.
00:32Vous attendez quoi de ces rendez-vous avec les ministres ?
00:36D'abord, de l'information.
00:40Au-delà de ce taux, il y a quelques entreprises qui peuvent être exemptées de ces droits.
00:46Donc on va essayer d'y voir un petit peu plus clair.
00:48Comme vous le savez, l'UDEP, c'est l'organisation qui représente les petites entreprises.
00:52Et donc elles ne sont pas beaucoup orientées vers l'export pour la majorité d'entre elles.
00:58Mais elles sont très souvent dans un domaine de sous-traitance, de donneurs d'ordre.
01:03Et évidemment, lorsque des secteurs ou des bassins d'emploi vont être affectés par une perte,
01:09en partie du marché américain à la suite de l'augmentation de ces droits de douane,
01:15eh bien nous aurons, nous, des conséquences.
01:19Même si, je vais vous donner l'exemple de la facture de fabrication d'instruments de musique,
01:27où on est, nous, sur des instruments haut de gamme, aussi bien instruments à cordes qu'avant,
01:34eh bien c'est 219 millions qui sont exportés vers les USA et qui vont être frappés.
01:41Alors bon, nous, on va se battre demain, mais je vais porter la voix de toutes ces entreprises
01:45qui sont pour la plupart des artisans, à la limite de l'artisan d'art,
01:49qui fabriquent des instruments de grande qualité et qui sont prisés par le marché américain.
01:55Ils vont perdre la compétitivité, bien évidemment.
01:58Michel Pigon, on va rappeler le taux.
02:00Le taux, c'est 15% donc de droits de douane.
02:04Quel secteur va trinquer principalement chez vous ?
02:08Vous qui représentez donc les artisans, les entreprises du bâtiment ?
02:12Je pense que c'est tous les secteurs, même s'ils n'exportent pas,
02:16mais qui sont dans des bassins d'emploi ou des entreprises.
02:19C'est pour ça que la réunion demain va être importante pour nous,
02:23pour voir les filières, l'impact sur certaines filières,
02:26parce que 15%, bien sûr, c'est beaucoup moins que ce à quoi on nous avait préparé.
02:31Oui, 30%.
02:32C'est la technique du président des Etats-Unis.
02:35J'annonce un truc, je vais plus bas.
02:38Bon, ça reste quand même, moi je pense, une taxation supplémentaire
02:43qui, conjuguée à la dépréciation du dollar par rapport à l'euro,
02:48c'est autour de 13%.
02:50Ça veut dire que quelqu'un qui vend des produits là-bas
02:52va devoir les vendre 28% ou 30% plus chers.
02:56Donc, oui, pour nous, il y a des entreprises,
02:58la fabrication de pièces de métallurgie,
03:02également dans l'artisanat d'art, voyez-vous,
03:05beaucoup de packaging et beaucoup de cartonnage de produits de luxe
03:11sont faits par des entreprises artisanales.
03:14Combien tout cela va être touché ?
03:15Alors, on dit le cosmétique n'est pas touché,
03:18on a besoin vraiment de faire un peu le point.
03:20Évidemment, toutes les petites entreprises qui sont en sous-traitance de grandes
03:24qui, elles, vont être affectées,
03:26quand une grande perd 30% de parts de marché,
03:29évidemment, ces 30% de parts de marché,
03:32ils se répercutent à moins de commandes chez leurs sous-traitants.
03:35Est-ce que vous avez un peu des retours du terrain ?
03:37Qu'est-ce qu'ils vous disent, vos adhérents ?
03:39Ils sont inquiets ce soir ?
03:41Oui, ceux qui réagissent le plus vite,
03:44c'est évidemment ceux qui sont exposés en faciale
03:47à l'exportation de leur production.
03:51Je pense à des gens dans la maroquinerie qui exportent.
03:56C'est souvent des produits d'artisanat d'art.
03:59Ce n'est pas des millions,
04:00enfin des centaines de millions,
04:02sauf pour la fabrication d'instruments de mesure.
04:06La Chambre syndicale de la facture instrumentale
04:10me disait ce matin qu'ils sont extrêmement inquiets
04:13sur les répercussions de leurs entreprises
04:16et également de l'emploi que cela va occasionner.
04:20Mais pour l'instant, on est plutôt, nous,
04:22dans une phase de recherche d'informations
04:26et d'essayer d'apporter des soutiens, de reconversions.
04:31Je pense que la situation des comptes publics
04:33ne va pas permettre d'obtenir des aides,
04:36d'accompagnement pour ceux qui seraient vraiment frappés.
04:40Oui, c'est la double peine.
04:41Ce que vous expliquez, c'est un peu ça.
04:42Mais Michel Picon, est-ce qu'on essaie d'y voir clair ?
04:46Parce que, par exemple, sur le secteur des spiritueux,
04:49sur les vins, on n'a pas encore vraiment de réponse.
04:52Alors, vous allez poser toutes ces questions demain au ministre ?
04:56Bien sûr, bien sûr.
04:57Oui, oui, je vais poser toutes ces questions.
04:59Parce que voyez-vous, derrière un exportateur de Chablis,
05:02par exemple, derrière lui,
05:04il y a quelqu'un qui fabrique des bouchons,
05:06il y a une imprimerie qui imprime les étiquettes,
05:10avec des étiquettes particulières correspondant aux droits américains.
05:14Et donc, tout ça, c'est en chaîne.
05:17Et je prends l'exemple du Chablis,
05:19mais je pourrais en prendre des tas d'autres.
05:21Il y a toujours, derrière une grande entreprise,
05:23il y a derrière tout un back-office qui sera impacté
05:26s'il perd des marchés aux États-Unis
05:28à la suite de cette augmentation des droits.
05:31Mais tout ça va nous demander un peu de temps pour l'investiguer.
05:35Il y a aussi des domaines où on se dit,
05:37ça ne va pas les gêner,
05:38mais c'est les domaines dans les professions libérales,
05:40les cabinets d'avocats,
05:42les conseils en propriété industrielle,
05:44enfin, tous ces gens-là qui accompagnent leurs clients à l'export.
05:48Si demain, ils ont des marchés aux USA
05:50qui sont trop pénalisés par ces droits de douane
05:53et par la dévaluation du dollar par rapport à l'euro,
05:57ça sera des activités en moins.
06:00En tout état de cause, ce n'est pas une bonne nouvelle.
06:03Personne ne peut se résoudre de cette situation.
06:06Il faut être aussi prudent dans les réponses à apporter.
06:11J'entends beaucoup qui disent
06:13qu'il faut rendre la monnaie de sa pièce
06:15au président des États-Unis.
06:16Oui, mais il faut faire attention aussi
06:18que rendre la monnaie de sa pièce...
06:20Vous savez, ceux qui vont souffrir de ces mesures-là,
06:22le président américain ne le mesure peut-être pas totalement,
06:27ce sont les Américains eux-mêmes
06:28qui vont voir tous les produits qui rentrent chez eux
06:31beaucoup plus chers.
06:33Et donc, ça aura des conséquences qui ne seront pas fortes.
06:38Michel Picon, j'ai une question qui est un peu en parallèle
06:40et qui concerne la France.
06:42Vous savez que le gouvernement cherche à faire des économies,
06:46plusieurs milliards d'euros.
06:47La ministre du Travail, Astrid Panossian-Bouvé,
06:50a mis plusieurs pistes sur la table,
06:52notamment celle de s'attaquer aux abus
06:54concernant les ruptures conventionnelles.
06:56Vous, à l'UDEP, qu'est-ce que vous en pensez ?
06:59Je pense que les ruptures conventionnelles
07:02ont atteint un niveau aujourd'hui.
07:04Elles sont majoritairement, très majoritairement,
07:07le fait de salariés.
07:08Il y a une forme de désaffection.
07:12Je m'en vais pour faire autre chose.
07:14Parfois, je ne fais rien d'autre.
07:16Je veux simplement me reposer.
07:17C'est un mode de vie un petit peu différent.
07:19Moi, je pense qu'il faut garder les ruptures conventionnelles
07:24parce qu'elles répondent à un désengorgement
07:26des contentieux judiciaires,
07:28notamment devant les conseils de prud'homme.
07:30Elles apaisent aussi des situations contentieuses
07:34dans le monde du travail.
07:36Quand vous avez un salarié qui veut partir,
07:38vous pouvez faire ce que vous voulez.
07:40Il va vous pourrir la vie jusqu'à ce que vous acceptiez.
07:43Vous, si on durcit les conditions d'éligibilité
07:46et la durée d'indemnisation, vous, vous êtes pour ?
07:49Exactement.
07:50Il faut durcir, il faut faire en sorte
07:52que la rupture conventionnelle soit moins attrayante
07:56que ce qu'elle est aujourd'hui pour le salarié.
07:58Eh bien, je vous remercie, Michel Pignot.
08:00Je vous en prie.
08:01Bonne journée.
08:02Vous êtes le président de l'UDEP,
08:03donc l'Union des entreprises de proximité.
08:06Merci d'avoir répondu à nos questions
08:07sur ces droits de douane
08:09et sur cette question de la rupture conventionnelle.
08:12Notez que demain, Éric Lombard,
08:14le ministre de l'économie,
08:16sera l'invité de Vincent Derosier dans RTL Matin.
08:19Rendez-vous en direct à 7h40.
08:22Restez avec nous.
08:23Dans un instant, on vous emmène à Cap-Breton,