00:00Oui, elle mérite qu'on s'y arrête car un an après les Jeux Olympiques, Emmanuel Macron, Gabriel Attal et le parti Renaissance semblent pris d'un étrange vertige, celui de la nostalgie.
00:12Le chef de l'État a publié une vidéo générée en partie par l'intelligence artificielle où on le voit assis, les yeux emboués, une larme à l'œil.
00:21Titre de la séquence, POV, tu es nostalgique des Jeux de Paris, plus de 4 millions de vues sur X. Gabriel Attal lui aussi est allé de son montage vidéo.
00:31Il y a un an, les Jeux, il y a un an, la fierté, l'émotion, même refrain chez Renaissance. Il y a un an, la France accueillait le monde.
00:41Mais enfin, pourquoi ? Pourquoi ce besoin de se repasser en boucle, ce qu'il présente comme un moment d'unité nationale ?
00:49Parce que visiblement, ces images-là, ce sont les seules qu'ils ont envie de revoir.
00:54Une manière d'oublier la réalité d'aujourd'hui peut-être ?
00:57Exactement. Pendant des années 2024, c'était l'horizon magique, le point de fuite.
01:02Depuis 2017, on nous vendait les JO comme la promesse d'un pays rayonnant, rassemblé, performant.
01:08Et sur ce point, c'est vrai, l'organisation a été saluée, c'était un pari fou, il a été tenu.
01:14Mais voilà, le rêve est passé et la réalité revient comme une gifle.
01:19Derrière les anneaux olympiques, le quotidien a repris ses droits, brutalement.
01:23Politiquement, on patauge. Économiquement, on dévisse.
01:27Et même l'ex-patron des JO, Tony Estanguet, s'en plaint.
01:30Ce week-end, il a dénoncé les coupes budgétaires dans le sport.
01:34Moins 18% de dotation.
01:37Une coupe incompréhensible selon lui.
01:39Le sport un peu sacrifié, regrette-t-il.
01:42On en vient en effet à supprimer le passeport, cette aide de 50 euros pour les enfants de familles modestes.
01:49Alors, dans d'autres ministères aussi, la rigueur frappe.
01:51Mais ici, c'est symbolique.
01:53Parce que le sport, c'était le récit présidentiel, le vecteur de fierté, de cohésion, d'espoir.
01:58Et sur le terrain, la colère monte.
02:00Dans la presse régionale, la colère monte.
02:03Et les clubs parlent de trahison.
02:06Une pétition circule et certains annoncent le boycott.
02:09Le boycott de la toute nouvelle fête nationale du sport prévue le 14 septembre.
02:14Une fête lancée par Emmanuel Macron pour justement prolonger l'élan des Jeux.
02:18Et pourtant, Jacques, certains y croyaient à ce fameux effet JO.
02:22Oui, à commencer par Amélie Oudea Castera.
02:25Avant les Jeux, l'ex-ministre des Sports jurait que l'événement allait rapporter plus qu'il ne coûte.
02:31Aujourd'hui, elle dénonce un effort disproportionné, une injustice faite au sport.
02:37Mais où t'es ces mêmes responsables quand on engageait 1,4 milliard d'euros d'argent public pour dépolluer la scène
02:44afin que les athlètes puissent y plonger devant les caméras du monde entier ?
02:48Où étaient-ils quand on dépensait 6 milliards d'euros, toujours d'argent public, pour organiser ces Jeux ?
02:54Eh bien, ils tenaient les cordons de la bourse.
02:566 milliards d'euros, ce n'est pas moi qui le dis, c'est la Cour des comptes,
02:59présidée par Pierre Moscovici, où l'on retrouve désormais Najat Vallaud-Belkacem.
03:03Et vous vous demandez ce matin si c'était bien raisonnable tout ça ?
03:05Voilà la vraie question.
03:07Car si aujourd'hui, on doit réduire la voilure, si on n'a plus les moyens d'aider les petits clubs,
03:11c'est peut-être qu'on n'avait tout simplement pas les moyens d'organiser ces Jeux.
03:16Et ce n'est pas seulement une question de sport.
03:18Ce qui frappe, c'est ce décalage d'ambition.
03:20Pour les Jeux, on a su sortir le carnet de chèques.
03:23Mais pour l'hôpital, pour l'école, pour la sécurité, pour la maîtrise de l'immigration,
03:28là, les moyens ne suivent pas.
03:29Comme si la France avait su mettre en scène ce qui lui restait de grandeur,
03:34mais peinait aujourd'hui à assumer ses fonctions vitales.
03:37On a cramé la caisse en clair, pour reprendre une expression bien connue ?
03:41C'est exactement ça.
03:42Les Jeux ont été réussis, oui, mais ils étaient au-dessus de nos moyens.
03:47Si je devais résumer, Anthony, on s'est acheté une voiture de luxe pour briller un été
03:52et un an après, on mange des pâtes.
03:55Alors oui, elle est belle cette voiture, on peut la contempler dans l'album Souvenir,
03:59mais ne soyons pas surpris si la musique s'est arrêtée.
04:02Le rideau est tombé, place à la facture.
04:04Comme le disait Jean de La Fontaine, la cigale ayant chanté tout l'été
04:08se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue.