00:00La municipalité de Nice a pris une décision radicale, interdire l'accès à toute une rue envahie par les toxicomanes,
00:05les riverains, les clients des commerces et les patients des services médicaux pourront emprunter cette rue Tyranti.
00:11Nous sommes avec Anthony Bourré, premier adjoint à la mairie de Nice. Bonjour monsieur.
00:16Bonjour.
00:16Alors depuis hier, cette rue Tyranti est fermée par des barrières sous surveillance policière.
00:22Quelle est cette situation vécue par les habitants de cette rue ?
00:25Voilà plus de trois ans que nous dénonçons les toxicomanes qui se piquent en pleine rue jusqu'à ce que des commerçants soient eux-mêmes piqués, menacés par des toxicomanes.
00:42Il appartient à l'État de prendre des mesures fortes. Nous constatons que ces mesures sont insuffisantes depuis plusieurs mois.
00:49Le phénomène est monté en puissance. Nous avons décidé donc au titre des pouvoirs de police du maire avec Christian Estrosi de prendre un arrêté municipal
00:56pour faire en sorte que de 8h à 20h jusqu'au 22 juillet, il y ait des policiers municipaux qui surveillent en permanence cette rue
01:07et veillent à ce que tous ceux qui ont une raison d'y aller parce qu'ils sont riverains, parce qu'ils sont commerçants,
01:15parce qu'ils sont patients d'un camidé médical, parce qu'ils se rendent tout simplement chez un ami, puissent y accéder
01:21et que tous les autres ne puissent pas le faire pour éviter des points de fixation.
01:27Il y a sur mes réseaux sociaux une vidéo édifiante qui m'a été envoyée il y a trois jours de cela
01:32où on voit en plein jour des individus assis, en train de se piquer avec des seringues partout, dans une rue,
01:38alors même que la police municipale est intervenue des centaines de fois sur cette rue ces derniers mois.
01:45Il y a donc un problème d'hygiène publique qui justifie cet arrêté.
01:48Alors vous nous parlez de surveillance permanente, alors c'est entre 8h et 20h, c'est deux jours.
01:54La nuit, vous n'avez pas peur à un retour de ces consommateurs ?
01:56D'abord, c'est le jour qu'on constate la plupart des récriminations.
02:03La nuit, il convient que la police nationale complète le dispositif de la municipalité
02:10par un dispositif qui lui appartient.
02:14La municipalité veille aussi aux rues adjacentes pour que le phénomène ne se déplace pas.
02:18Et je crois qu'il est rare qu'une municipalité prenne des mesures aussi fortes
02:23dans un domaine qui relève pourtant de l'État.
02:26Je suis malheureux de constater que mon pays n'est pas capable, en trois ans,
02:31de régler un phénomène tel que celui-ci, de mener des enquêtes,
02:34de faire des gardes à vue vis-à-vis de consommateurs
02:38qui, en pleine rue, sont parfois des zombies, il faut dire les choses.
02:44Et moi, je souhaite qu'il y ait une prise en charge en milieu hospitalier.
02:46Je souhaite que ces populations soient accompagnées.
02:48mais je ne laisserai pas ma population vivre dans ces conditions
02:53car c'est dangereux pour elle, tout simplement, et qu'il faut la protéger.
02:57Vous souhaitez l'accompagnement de cette population toxicomane.
03:02Il y avait un centre d'accueil qui était prévu.
03:04Le projet a été avorté en 2022.
03:06Est-ce que ça pourrait être de nouveau sur la table ?
03:08Mais bien sûr, il faut toujours regarder les choses.
03:13En revanche, il est évident qu'un projet de cette nature doit être coordonné,
03:18doit être discuté, ne peut pas se faire au milieu d'habitations nombreuses.
03:22C'est la raison pour laquelle nous défendons depuis des années
03:25une prise en charge en milieu hospitalier.
03:29Et la ville de Nice a toujours été aux côtés des associations,
03:34des structures sanitaires qui portent des projets d'accompagnement des toxicomanes.
03:39Il ne s'agit pas de dire que ces populations n'existent pas.
03:42Elles existent, il faut les accompagner.
03:44Et dans le même temps, quand depuis trois ans,
03:47vous écrivez systématiquement au service de l'État,
03:49j'en ai encore parlé vendredi au préfet des Alpes-Maritimes,
03:52que je veux remercier,
03:53qui a été attentif sur cette problématique qu'il découvre.
03:57Mais quand la situation devient intenable avec un risque sur l'ordre public,
04:04vous êtes contraint, malheureusement,
04:05et vous n'avez que peu de compétences juridiques pour le faire,
04:09de prendre des mesures pour protéger votre population.
04:12Cette relation avec l'État, vous avez eu des réunions,
04:14vous le disiez avec le préfet,
04:16il y a des patrouilles de police qui passent.
04:19Qu'est-ce que vous demandez de plus concrètement ?
04:21Qu'est-ce que l'État peut faire de plus pour vous ?
04:24Je demande que des enquêtes aient lieu,
04:26pour savoir quel est le produit qu'ils s'injectent.
04:28Je demande qu'il y ait des enquêtes sur des fraudes aux ordonnances,
04:34du trafic d'ordonnances que nous imaginons,
04:38parce que certains semblent être en difficulté.
04:41Je demande qu'on prononce des obligations de soins à l'égard de cette population.
04:44Et je demande une présence permanente,
04:47car un arrêté de police ne peut être que limité dans le temps et dans l'espace.
04:51Et donc, je souhaite qu'une fois que nous aurons levé ce dispositif,
04:57l'État veille à ce que la quiétude soit retrouvée dans ce quartier.
05:01C'est la moindre des choses.
05:02C'est l'État qui est en charge de la sécurité dans notre pays.
05:05C'est lui qui doit à nos concitoyens la sérénité et la quiétude de tout un quartier.
05:11Et je souhaite que cette quiétude soit rétablie dans les plus brefs délais.
05:15Là, ce dispositif, pour l'instant, la mairie de Nice l'a mis en place jusqu'à quand ?
05:20Jusqu'au 22 juillet.
05:22D'accord, jusqu'à mardi.
05:22Il est possible qu'il soit renouvelé si nous l'estimons nécessaire.
05:28Mais il est évident qu'il ne pourra être que temporaire,
05:31car des arrêtés de police ne peuvent être que limités dans le temps et dans l'espace.
05:34Oui, ça mobilise vos équipes de police municipales.
05:37Donc, forcément, ce n'est pas la solution sur le long terme.
05:40Vous étiez sur place hier.
05:42Quelle première impression vous avez eue pour cette première journée de mesure ?
05:45D'abord, j'ai constaté que tous ceux qui voulaient accéder à la rue pouvaient le faire sans difficulté.
05:53L'idée, c'est d'éviter des points de fixation.
05:55Et dans le même temps, j'ai reçu beaucoup de remerciements des commerçants, des riverains
05:59qui étaient excédés depuis plusieurs années
06:02et qui voient pour la première fois que les pouvoirs publics ne sont pas dans l'immobilisme.
06:08Et ça, c'est essentiel, car si on veut que nos concitoyens continuent d'avoir confiance en nos institutions,
06:14il est évident qu'ils ne peuvent pas comprendre qu'en trois ans,
06:18on n'ait pas réussi à obtenir des résultats conséquents
06:21et une diminution de ce phénomène qui n'a fait que s'amplifier.
06:27Donc, nous en tirons une expérience pour l'instant plutôt positive.
06:32Il n'y a eu aucune verbalisation, car la simple présence des policiers
06:35suffit à dissuader les toxicomanes de se rendre dans cette rue.
06:39Et il est évident qu'aucun maire de France ne souhaite qu'une rue
06:43devienne la rue des toxicomanes, car c'est ainsi qu'elle était appelée depuis trois ans.
06:48Et donc, moi, je me réjouis de ce travail, mais je sais que la partie n'est pas gagnée,
06:53qu'il faudra continuer avec les autorités de l'État
06:55à trouver des solutions durables et pérennes
06:57pour que cette rue retrouve sa quiétude durablement.
07:02Merci beaucoup, Anthony Boré, d'être intervenu sur l'antenne de Sud Radio.
07:07Vous êtes le premier adjoint à la mairie de Nice.