Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • aujourd’hui
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Stéphane Carpentier du 16 juillet 2025.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00RTL Matin
00:02Merci de nous rejoindre, l'invité de RTL Matin au lendemain du Grand Oral de François Bayrou et de ses 43,8 milliards à trouver.
00:10Sophie Binet, leader de la CGT, est en direct et en studio. Bonjour à vous.
00:14Bonjour.
00:15Des hausses d'impôts en vue, une année blanche, pas de revalorisation pour les allocataires et les retraités,
00:20réduction de postes de fonctionnaires, l'état au régime sec, deux jours fériés en moins pour les salariés.
00:25Sophie Binet, ce Grand Oral du Premier ministre, vous lui attribuez quelles notes et quelles appréciations ?
00:31C'est très inquiétant. Il nous prépare un appauvrissement généralisé du pays, une année noire pour les travailleuses et les travailleurs.
00:39Nous allons concrètement toutes et tous perdre des centaines d'euros, voire plus, l'année prochaine,
00:45puisque les prix vont augmenter en moyenne de 1,7%, voire plus, parce que les fournitures scolaires, par exemple, c'est annoncé à plus de 10%.
00:51Et par contre, toutes les prestations ne vont pas suivre.
00:54Très concrètement, pour quelqu'un qui touche, par exemple, l'allocation adulte handicapé,
00:59ça serait, l'année prochaine, 200 euros de moins de revenus.
01:03Et donc ça, dans les tableurs de Bercy, pour des ministres qui ont un patrimoine de plusieurs millions d'euros,
01:10c'est peut-être l'épaisseur du trait.
01:12Mais en fait, la majorité des Françaises et des Français, elle est à quelques euros près pour boucler ces fins de mois.
01:17Ces annonces, elles ont lieu en plein milieu de l'été,
01:19alors que des millions de travailleuses et de travailleurs ne peuvent même pas payer des vacances à leurs enfants.
01:24C'est indécent.
01:25Sophie Binet, François Bayrou, il dit notre pronostic vital, il est engagé.
01:29Toute la nation doit travailler, le chef de Matignon appelle les Français à travailler plus.
01:32Ça, ça vous choque d'entendre ça aujourd'hui ?
01:34Oui, puisque le chef de l'État dit ça.
01:38Et dans le même temps, depuis un an que la CGT alerte sur les centaines de milliers de licenciements
01:43qui sont en cours dans le pays,
01:44il refuse de lever le petit doigt pour empêcher ces licenciements.
01:48Le pire, c'est que ces mesures, elles sont très injustes,
01:51puisque c'est encore les mêmes, les travailleuses et les travailleurs qui passent à la caisse
01:54sans que les plus riches et les plus grandes entreprises soient mises à contribution.
01:57Mais elles sont inefficaces et dangereuses d'un point de vue économique.
02:01Le Premier ministre nous a dit, j'ai un plan pour dire en avant la production.
02:05En réalité, son plan, c'est en avant la récession.
02:08Il y aura un impact très négatif pour notre économie.
02:11François Bayrou, il planche sur la suppression de deux jours fériés.
02:13Ça, je sais que c'est un sujet qui vous fâche.
02:16L'un ne dit pas qu'il dit que ça n'a plus de signification religieuse.
02:19Ce sont ses mots, de François Bayrou.
02:20Et puis le 8 mai, parce que Metz, c'est un gros hier,
02:23on saute de pont en viaduc de congé.
02:26Oui, le gouvernement nous a volé deux ans de vie.
02:29Maintenant, il veut nous imposer deux jours de travail gratuit.
02:32En cumulé, ce serait trois mois de travail gratuit sur toute la carrière, quand même.
02:36Où s'arrêteront-ils ?
02:37C'est une honte de nous demander de travailler gratuitement.
02:40Nos jours de repos sont mérités.
02:43Nous les avons acquis de haute lutte.
02:44Ça s'appelle le progrès social.
02:46Il faut arrêter de nous demander de travailler plus pour gagner moins.
02:49Le 8 mai, ce n'est pas progrès social.
02:50C'est par rapport à la guerre.
02:52Le 8 mai, c'est une date symbolique qui est extrêmement importante.
02:56C'est le jour de la victoire contre le nazisme.
02:58Et alors qu'aujourd'hui, l'extrême droite est aux portes du pouvoir en France,
03:02comme dans le monde entier,
03:03où elle exerce déjà le pouvoir dans la première puissance du monde aux Etats-Unis,
03:07supprimer ce jour de victoire contre le nazisme,
03:10c'est un symbole très grave.
03:11Deux jours fériés qui seraient supprimés,
03:13parce que bien sûr, c'est le conditionnel.
03:15Toutes ces annonces, c'est du conditionnel pour l'instant.
03:17Rien n'est tacté.
03:19Ça ferait travailler la France un peu plus quand même.
03:21On en a besoin de ça, de travailler plus, non ?
03:22Vous pensez pas ?
03:23De produire plus ?
03:24Tout à fait. Il y a 6 millions de chômeurs qui aimeraient beaucoup pouvoir travailler.
03:29Il y a 4 millions de précaires et de femmes à temps partiel qui voudraient pouvoir travailler à temps plein.
03:34Le problème, c'est que pour celles-là et pour ceux-là,
03:37le gouvernement ne propose rien à part la précarité.
03:40Et donc, c'est ça la honte.
03:42C'est qu'il faut empêcher les licenciements.
03:44Le gouvernement refuse d'agir et d'affronter les multinationales
03:49qui, aujourd'hui, licencient en toute impunité.
03:51Pire, le Premier ministre, dans ses annonces hier,
03:53nous a même annoncé un nouveau chantier de dérégulation du droit du travail, par exemple.
03:57C'est-à-dire ?
03:58Eh bien, il a annoncé deux séries de concertations.
04:01D'abord, des négociations sur l'assurance chômage.
04:04Moi, j'ai envie de leur dire qu'il faut qu'ils se soignent.
04:06Cette obsession pathologique pour les chômeurs, il faut arrêter.
04:08On a quasiment eu une réforme de l'assurance chômage chaque année.
04:12Le précédent accord, il date d'il y a six mois.
04:15Il ne s'applique même pas qu'il faudrait faire une nouvelle négociation.
04:18Les droits des chômeurs ont été divisés par deux.
04:20C'est une honte, alors que le chômage explose.
04:22Et puis, ensuite, le Premier ministre nous a dit
04:24qu'il souhaitait que nous négocions sur le droit du travail
04:27et qu'il était prêt, d'ailleurs, à légiférer par ordonnance
04:30pour adopter un certain nombre de simplifications.
04:34Maintenant, on est habitué à les traduire, à traduire leur langage marketing.
04:37Quand on parle de simplification, en général,
04:39on parle de recul de droit pour les salariés, malheureusement.
04:42Là, on sort d'un conclave très très long.
04:44Est-ce que vous irez autour de la table, justement,
04:46à l'invitation du Premier ministre pour discuter,
04:48pour échanger sur les sujets que vous venez d'évoquer ?
04:50Vous irez ou pas ?
04:51La CGT va tout faire pour empêcher ces régressions sociales,
04:54pour empêcher qu'elles rentrent en vigueur.
04:57Nous débattrons dans la CGT,
05:00avec les autres organisations syndicales,
05:02de la façon d'arriver à mettre en échec le gouvernement.
05:06Ce qui est à l'ordre du jour, c'est la mobilisation.
05:08Mobilisation dans les rues, en septembre ?
05:11Oui.
05:12Moi, ce que je rappelle au Premier ministre,
05:15c'est que nous avons un très bon exemple l'année dernière,
05:18puisque son prédécesseur a essayé d'imposer
05:21trois jours de carence pour les fonctionnaires
05:22et le gel des pensions pour les retraités.
05:26Le gouvernement a été obligé de renoncer
05:28à ces mesures qui ont été enterrées.
05:29On ne laissera pas revenir par la fenêtre,
05:32ce qu'on a empêché par la porte,
05:34sachant en plus que la copie que nous présente M. Bayrou
05:37est bien pire que la copie qui était celle de M. Barnier
05:40l'année dernière.
05:42Et donc, évidemment, la mobilisation s'impose.
05:44Ça veut dire que vous travaillez déjà à des rendez-vous
05:45pour le mois de septembre, là ?
05:47Ça veut dire que la mobilisation, ça ne se décrète pas,
05:50ça se construit.
05:50Nous appelons l'ensemble des travailleurs et des travailleuses
05:53qui sont choqués par ces annonces
05:55à se syndiquer, à s'organiser dans leurs entreprises,
05:58pour qu'ensemble, nous puissions nous mobiliser à la rentrée.
06:01Ça, c'est votre mobilisation et votre opposition à vous,
06:03Sophie Binet, de syndicaliste,
06:05d'aller dans les rues, justement,
06:07face à cette décision du gouvernement.
06:09Si vous étiez, par exemple, politique,
06:11députée aujourd'hui, Sophie Binet,
06:12est-ce que vous feriez partie de tous ceux
06:15qui vont censurer le gouvernement ?
06:17Je ne suis pas députée,
06:18donc je ne vais pas répondre à cette question.
06:20Mais par contre, comme syndicaliste,
06:22ce que je peux vous dire,
06:23c'est que nous demandons aux parlementaires
06:25de tout faire pour que ces mesures ne s'appliquent pas,
06:27parce qu'elles sont non seulement injustes,
06:29mais dangereuses pour le pays.
06:31Les députés n'ont pas été élus pour ça,
06:33et donc, j'espère qu'ils vont s'opposer
06:35à l'entrée en vigueur de ces mesures.
06:38Donc, si vous étiez aujourd'hui politique et députée,
06:40vous iriez censurer le gouvernement ?
06:42Écoutez, je ne le suis pas,
06:43donc je ne vais pas répondre à votre question.
06:45Par contre, ce que je vais vous dire,
06:47c'est que, comme syndicaliste,
06:49je vais tout faire pour empêcher cette potion amère
06:52qui est extrêmement dangereuse,
06:53ce d'autant qu'il y a d'autres solutions qui existent.
06:56Par exemple, l'Assemblée nationale
06:57a voté une proposition de loi
06:59pour mettre à contribution
07:00le patrimoine des 1 800 personnes
07:03dont la fortune dépasse 100 millions d'euros.
07:05Je pense que quand on a un patrimoine
07:07de plus de 100 millions d'euros,
07:08on peut participer un peu
07:09au financement de l'intérêt général.
07:11Eh bien, cette taxe,
07:12elle rapporterait 20 milliards d'euros chaque année.
07:14Pourquoi est-ce que le gouvernement
07:15balaye cette proposition de loi
07:17et refuse de l'appliquer ?
07:18Deuxième question,
07:19il y a un éléphant dans la pièce,
07:21c'est les 211 milliards d'euros
07:23d'aides publiques
07:24que l'État consent
07:26sans condition ni contrepartie
07:27pour les entreprises chaque année.
07:29Quand est-ce qu'on s'attaque à ça
07:30alors que ces aides publiques
07:31n'ont jamais été aussi élevées,
07:33que c'est le premier budget de l'État
07:35et que Bercy lui-même
07:37n'est pas capable
07:38de nous les chiffrer,
07:39de nous les énumérer
07:40et évidemment pas de les évaluer.
07:42On mesure votre colère
07:43à vos propos ce matin
07:44sur RTL
07:45depuis 8 minutes, Sophie Binet.
07:46Est-ce qu'on n'est pas
07:47un peu trop rapide dans l'histoire
07:49puisqu'on parlait des politiques tout à l'heure
07:50et que tout le monde va vouloir censurer
07:52les insoumis, les socialistes
07:54et sans doute le Rassemblement National ?
07:56Est-ce qu'on ne va pas trop vite
07:57et est-ce que tout ça
07:58ne sortira rien du tout ?
08:00Est-ce qu'il ne va pas quitter Matignon
08:02et qu'il n'y aura pas toutes ces mesures ?
08:04Peut-être.
08:05C'est de la vigilance
08:06que vous adoptez aujourd'hui ?
08:07Franchement, nous,
08:07ce n'est pas notre sujet.
08:08Nous, notre sujet,
08:09c'est que ces mesures
08:10ne rentrent pas en vigueur
08:11parce qu'elles sont injustes,
08:13violentes et dangereuses
08:14pour le pays,
08:15qu'il y a des alternatives
08:16et qu'encore une fois,
08:17moi, ce que je note aujourd'hui,
08:19c'est qu'il y a un acteur
08:21qui est content des annonces,
08:22c'est le patronat
08:23qui se frotte les mains
08:24parce qu'encore une fois,
08:26ils réussissent
08:27à nous faire les poches
08:28et à eux ne pas passer
08:30à la caisse
08:30et avoir de nouveaux cadeaux.
08:32Le disque est rayé,
08:33ça commence à être vraiment lassant.
08:35Ça, ça s'appelle
08:35la politique de l'offre.
08:37C'est la politique d'Emmanuel Macron
08:38depuis huit ans
08:38qui consiste à multiplier
08:40les cadeaux
08:40pour les grandes entreprises
08:41et pour les plus aisés.
08:43Soit disant que
08:44le résultat de cette politique
08:46de l'offre,
08:46c'était de créer des emplois
08:47et de réindustrialiser le pays.
08:49Or, on le voit,
08:50le Premier ministre l'a dit hier,
08:51non seulement le déficit explose,
08:53mais le déficit commercial
08:54n'a jamais été aussi élevé
08:56parce que les usines
08:57ferment en France.
08:59Donc, cette politique de l'offre,
09:00elle a vidé les caisses
09:01mais elle n'a pas créé
09:02d'emplois en France.
09:03Il faut en tirer les leçons
09:04et changer de politique économique.
09:07Le problème,
09:07c'est qu'Emmanuel Macron
09:08a un acharnement dogmatique
09:10et refuse d'entendre
09:11que sa politique économique
09:13de l'offre
09:13est un naufrage.
09:14Et donc,
09:14la rentrée sociale sera agitée,
09:16Sophie Binet ?
09:17Si le gouvernement
09:18maintient ses mesures,
09:18évidemment,
09:19si elle revoit sa copie,
09:20on sera très contents
09:21de pouvoir travailler
09:23de façon très constructive
09:23avec le gouvernement.
09:25Affaire à suivre.
09:25Merci d'avoir été.

Recommandations