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Dans son édito du 16/07/2025, Paul Sugy revient sur les annonces budgétaires annoncées par François Bayrou.

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Transcription
00:00François Bayrou a proposé un plan d'économie massif, par bien des aspects assez courageux et par moment même iconoclaste.
00:05Quand il aborde certains tabous, celui des jours fériés, celui de certains abattements incompréhensibles sur la fiscalité des retraités,
00:11puis même le remboursement excessif de certaines dépenses de santé, il faut saluer ce mérite.
00:15Mais comme souvent avec François Bayrou, le spectateur attentif des annonces politiques voit flou.
00:19Toutes ces annonces sont parfois d'autant plus fracassantes qu'elles sont imprécises, allusives,
00:24ou que le détail concret du périmètre nous sera donné plus tard.
00:27On nous parle par exemple de suppression de postes de fonctionnaires, certes modeste, mais enfin suppression tout de même.
00:33Enfin on ne sait pas lesquelles, ni dans quel ministère.
00:35Des fusions de services de l'État, très bien, des suppressions d'agences inutiles, tant mieux, c'est beau,
00:39mais n'allez surtout pas demander par qui on commence.
00:42En fait il y a dans ces imprécisions, au mieux un inachèvement, mais dans ce cas-là le Premier ministre n'a pas assez travaillé,
00:47au pire une couardise, et dans ce cas-là il n'a pas assez assumé.
00:50C'est donc un plan de court terme, une forme de rustine appliquée en urgence à une crevaison,
00:55en attendant de changer la chambre à air, si vous me passez cette métaphore cycliste.
00:58Alors je trouve un petit peu dur sur cet avis, l'année blanche par exemple,
01:02ça permet de gagner plus de 7 milliards rien que sur les dépenses l'an prochain.
01:07Oui mais précisément, cher Anthony, l'année blanche, ce mécanisme qui permet de reculer d'un an
01:12l'indexation des dépenses publiques qui sont automatiquement revues à la hausse chaque année avec l'inflation,
01:17c'est le mécanisme par excellence de la procrastination budgétaire.
01:20Certes, toutes les prestations sont concernées sans exception, cela concerne aussi la masse salariale publique,
01:25mais l'année blanche, c'est une boîte noire qui franchit toutes les lignes rouges.
01:29Une boîte noire parce qu'on ne sait pas très bien quel va être le périmètre définitif de la mesure.
01:33Puis d'ailleurs, tout ou presque risque de partir à la découpe, selon le bon vouloir des oppositions
01:36qui déjà se déchaînent pour fustiger le plan de François Bayrou,
01:40et puis qui, elles, prendront en compte les intérêts catégoriels de leurs électeurs.
01:43Or, ce qu'il faudrait à François Bayrou pour résister à ce tsunami attendu d'opposition et d'accrochage parlementaire,
01:50c'est une solide philosophie de l'État.
01:53Ici, c'est le procès de l'État socialiste qu'il faudrait faire une bonne fois pour toutes,
01:56et François Bayrou ne l'a pas fait.
01:58Il n'a pas prononcé un mot sur l'immigration, il n'interroge pas le bien fondé d'un certain nombre de dépenses politiques,
02:02la politique culturelle, les investissements massifs dans la politique de la ville, dans le logement social,
02:06même dans une transition écologique à marche forcée,
02:08qui s'est bien souvent faite contre les entreprises et contre la production.
02:13Et il décale donc la rehausse de certaines prestations,
02:17mais n'interroge pas le bien fondé de chacune de ces prestations sociales prises individuellement.
02:22On reconnaît au fond l'ancien commissaire au plan,
02:24qui gouverne un État, certes capable de planifier sa propre modération,
02:29mais certainement pas de renoncer à des pans entiers de son emprise sur la société.
02:32On est loin de l'exutoire libéral à grand coup d'afouéra par l'argentin Ravier Milei.
02:36– Donc vous pensez… – Je vous en prie.
02:39– Vous pensez que ce n'est pas un bon plan, pas le sujet ?
02:42– Pour un plan d'économie idéal, il faudrait que le pouvoir soit doté d'une majorité confortable,
02:48si possible qu'il soit épaulé par des oppositions constructives,
02:51ou à tout le moins qu'il soit conscient de l'urgence,
02:53et puis qu'il soit capable d'assez de recul pour repenser en profondeur la place et le rôle de l'État,
02:58et en finir avec la conception pentagruélique que s'en font les socialistes
03:01et qui nous a été imposée depuis un demi-siècle.
03:03De toute évidence, on est loin de toutes ces conditions.
03:05Maintenant, tout cela me fait penser à ma propre mauvaise foi quand il s'agit de me remettre au sport.
03:10Je veux bien, évidemment, mais enfin, quand j'aurai le temps,
03:13quand je ne serai plus reposé, quand j'aurai un terrain de sport en bas de chez moi,
03:15quand tout le public sera là pour m'encourager,
03:18à ce compte-là, on ne s'y met jamais.
03:19Sous-titrage Société Radio-Canada

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