00:00Sud Radio, c'est à la une tout de suite. Couvre-feu, autorisation parentale pour lutter contre la délinquance des mineurs.
00:05Le maire d'une commune des Yvelines a décidé de prendre le problème à bras-le-corps et il est avec nous ce matin. Je l'en remercie. Bonjour Cédric Aoun.
00:13Bonjour, je vous remercie pour l'invitation.
00:15Bienvenue sur Sud Radio, monsieur le maire. Vous êtes le maire sans étiquette de Triel-sur-Seine, commune de 12 000 habitants.
00:22Expliquez-nous un petit peu en quoi consiste exactement l'arrêté que vous avez pris.
00:25Ce qu'il faut savoir, c'est que la police municipale n'a pas le droit d'effectuer des contrôles d'identité s'il n'y a pas d'infraction constatée.
00:36Donc on est embêté, notamment la nuit, parce que vous avez régulièrement des personnes qui sont dehors, très jeunes personnes, notamment des mineurs.
00:45Et grâce à cet arrêté, à partir de 23h, ils sont en infraction et donc ça nous permet de contrôler ces enfants et d'avoir leur identité,
00:54de pouvoir contacter les parents, de vérifier ce qu'ils font et voir si on est dans le cas d'un enfant qui se rentre sans autorisation
01:03ou si on est dans le cas d'une autorisation pour, par exemple, c'est qu'il y a un enfant qui peut te sortir pour être allé à une soirée
01:12ou être rentré du sport après une compétition sportive.
01:15Couvre-feu à partir de quelle heure, monsieur le maire, pour ces mineurs ?
01:20Voilà, donc c'est entre 23h et 5h du matin. Alors je n'aime pas vraiment la notion de couvre-feu parce que ça fait très guère.
01:27Je préfère utiliser une autorisation parentale de sortie nocturne, on va dire.
01:32C'est plutôt original comme démarche parce que les couvre-feu, il en existe ailleurs, je pense notamment à Béziers.
01:38Là, ça veut dire que vous demandez aux enfants d'avoir un mot des parents pour sortir, c'est ça ?
01:44Tout à fait. Mais c'est ce qui est classique quand on regarde ce qui se passe dans les lycées.
01:50Lorsqu'il y a une fin des cours anticipées, les enfants ont une autorisation de sortie anticipée qui est signée de la part des parents.
01:59Donc, ils ont une autorisation de sortie pour quitter le lycée, ne plus être sur la responsabilité du lycée, ils sont dehors dans la journée.
02:04Donc, je pense qu'il est quand même beaucoup plus dangereux d'être dehors en pleine nuit qu'en pleine journée.
02:10Pour les enfants, parce qu'ils peuvent faire des rencontres, ils ne sont pas forcément les meilleurs à ces heures-là.
02:16Avec une augmentation de la délinquance des mineurs, notamment la nuit, c'est quelque chose que vous avez constaté récemment, monsieur le maire ?
02:27Oui, on a eu beaucoup de dégradations. Donc, ça peut être du mobilier urbain, ça peut être des brises de glace sur les voitures, des rayures, des incendies de poubelle.
02:36Il y a beaucoup de choses comme ça qui se déroulent, mais je veux dire, ce n'est pas vraiment qu'un quatrième, c'est un phénomène qui est sociétal.
02:42Et d'ailleurs, il y a beaucoup d'élus qui souhaitent, on va dire, pénaliser les parents, comme ils disent, voilà, on va supprimer des aides aux parents d'enfants délinquants.
02:51Sauf que ce n'est pas forcément, moi, le problème que j'ai eu, je suis très sur le terrain, le problème que j'ai eu, c'est d'identifier les parents qui sont, on va dire, démissionnaires,
02:59de ceux qui font un encadrement de qualité, mais qui ne sont pas forcément au courant de tout ce qui se passe.
03:05Les enfants ne vont pas forcément leur dire, écoute, ce soir, on a décidé de faire une soirée d'or avec des potes, et des fois, ça tourne mal.
03:12C'est ce qui se passe, et les parents découvrent, malheureusement, quand c'est trop tard, qu'on n'est plus sur de la prévention, qu'on est sur de la répression, qu'il y a eu un incident.
03:21Une fois, je vous dis, j'ai eu deux garçons de 15 ans qui ont fait 24 vitres de voitures pendant la nuit.
03:30Et les parents n'étaient pas au courant ?
03:33Non, non, bien entendu, les parents ne sont pas informés, ils vont dégrader.
03:36En tout cas, ils ne savaient pas qu'ils étaient dans la rue, parce que l'idée, c'est véritablement de responsabiliser les parents,
03:41de les pousser à reprendre le contrôle sur leurs enfants, c'est ça ?
03:46Alors, je n'ai pas allé sur la responsabilité des parents, parce qu'il y en a qui font vraiment bien leur travail, mais qui ne sont pas au courant.
03:51L'idée, c'est de leur redonner du pouvoir, parce que vous avez aussi des adolescents qui, vers 16 ans, 17 ans, comme ils sont bientôt majeurs,
03:57vont dire à leurs parents, ce soir, je sors.
04:00Et en gros, ne m'embête pas, parce que dans un an, je suis majeur et je n'ai pas de compte à tremble.
04:04Donc ça, on a ce discours-là de certains adolescents.
04:06Et c'était pour donner aux parents qui sont dans cette difficulté-là la possibilité de dire,
04:11oui, mais en fait, ce n'est pas moi, c'est la municipalité qui demande où tu vas, ce que tu dois faire,
04:17de manière à ce que je puisse justifier l'attestation en conséquence.
04:21Donc là, avec cette arrêtée municipale, on redonne un pouvoir supplémentaire aux parents,
04:25les parents qui ont beaucoup de responsabilités et qui, maintenant, n'ont plus beaucoup de moyens,
04:29finalement, qui se retrouvent, certains, assez démunis, parce que s'ils sont un peu trop constrimés,
04:34si l'éducation ne va pas dans le bon sens, on se retrouve rapidement inquiétés.
04:40Vous voyez ce que je veux dire ?
04:40Maintenant, on va un peu dans l'autre sens.
04:42On est un peu trop dans la bien-pensance.
04:45Et les parents, certains parents, n'ont plus aucun moyen d'agir sur leurs enfants,
04:48et c'est bien dommage.
04:49Donc là, je leur ai redonné un moyen supplémentaire.
04:51Et en plus, moi, ça ne me dérange pas du tout d'être le bouc émissaire, si ils veulent.
04:55Ils disent, c'est de ma faute, c'est le maire de Triel qui a fait ça.
04:58Moi, ce n'est pas grave.
04:59Si ça permet aux parents d'avoir la possibilité, un moyen supplémentaire,
05:04un levier supplémentaire pour diffuser une bonne éducation, c'est parfait.
05:10Est-ce que si votre police municipale tombe sur un jeune qui n'a pas un mot de ses parents,
05:18il peut être verbalisé, ce jeune ? Comment ça se passe ?
05:22Alors, on est avant tout, je le dis, on est avant tout dans la prévention.
05:24Donc, la première fois, on va l'alerter déjà sur ce qui s'est passé,
05:27pourquoi il est contrôlé.
05:29Et surtout, la police municipale, il faut arrêter de faire passer toujours la police
05:32pour de la répression, etc.
05:34C'est des personnes qui sont...
05:36En fait, il y a quand même des consignes.
05:38L'idée, c'est de ne pas charger tout ce qui est tribunaux,
05:41de ne pas pénaliser financièrement.
05:44Au début, c'est vraiment de dire, voilà, on cherche à comprendre
05:46pourquoi vous êtes dans la rue, qu'est-ce qui s'est passé.
05:49Et s'il y a des récidives où on voit qu'il y a un parent qui est démissionnaire
05:53parce qu'en fait, il n'en a rien à faire, ces personnes-là, effectivement,
05:57on va les verbaliser.
05:58Mais ce n'est pas du tout le premier message qu'ils ont envoyé.
06:00Le premier message qu'ils ont envoyé, c'est de voir s'il y a une rupture de communication
06:04entre les enfants et les parents.
06:07Et si c'est le cas, nous, on a des médiateurs qui interviennent,
06:10qui donnent des clés, des indications aux parents de manière à reprendre le contrôle.
06:14C'est le coup, il y avait une émission à l'époque, c'était avec Pascal Legrand-Ferre,
06:17on avait une rupture de communication entre les parents et les enfants,
06:20la personne intervenait, et après, ça se passait mieux.
06:23C'est l'idée, c'est que finalement...
06:25Monsieur le maire, c'est quand même assez facile à falsifier, un mot des parents, non ?
06:30Tout à fait, c'est pour ça que dessus, sur l'attestation,
06:33on a bien entendu prévu le numéro de téléphone
06:35et de vérifier si les informations qui sont marquées sur l'attestation sont réelles.
06:43Ça se voit assez vite, vous savez, on a rarement, encore à 15 ans, 16 ans,
06:47il y en a qui sont doués, mais on a rarement des grands menteurs à cet âge-là.
06:50Et vérifier l'adresse d'une personne, ça va très vite pour les services de police.
06:54Et appeler un petit coup de téléphone, on va dire vers minuit,
06:58à l'heure du matin, pour vérifier si les parents sont bien informés,
07:01ça se fait aussi très rapidement.
07:03Et si on n'arrive pas à les joindre, à ce moment-là,
07:05la police municipale se déplace au démicile, et voilà.
07:09Merci beaucoup, Cédric Aoun, d'avoir été avec nous ce matin.
07:11Sur Sud Radio, je le rappelle, mère sans étiquette de Triel sur Seine,