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  • il y a 4 jours
Les débats de l'été avec Bruno Fuligni, écrivain, historien, maître de conférences à Sciences Po, Auteur de “Les politiciens les plus cons de l'histoire” (Editions First)

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##INVITE_DU_JOUR-2025-07-11##

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Transcription
00:0010h-13h, Maxime Liedot.
00:02C'est la pépite qu'il faut absolument se procurer pour passer de bonnes vacances et se marrer autour des barbecues,
00:08lors du dîner, sur la plage, si vous aimez lire, en bronzant, ça s'appelle les politiciens les plus cons de l'histoire.
00:14Bonjour Bruno Fuligny.
00:15Vous êtes écrivain, historien, maître de conférence à Sciences Po et l'auteur de plus de 35 livres sur l'histoire parlementaire et politique.
00:22Et ça vous a donné le droit de faire cette petite pépite, parce qu'on parle de roi, on parle de président,
00:27de ministres, de députés, de sénateurs, de gens qui ont parcouru la vie politique en Europe, en France, aux Etats-Unis,
00:34et qui, on ne va pas se mentir, ont quand même des profils auxquels il faut rendre hommage.
00:38Alors, il y en a plein, il y a des catastrophiques, il y a les eurotomanes, il y a les navrants, il y a les bruts, il y a les incultes,
00:43et le livre à ça, vous mettez une petite phrase de Barès qui parle de cette intelligence qui est cette petite chose à la surface de nous-mêmes,
00:51encore faut-il l'avoir, et ce n'est pas donné à tout le monde.
00:54Comment vous est venue l'idée de faire ce petit bouquin chez First Edition, dans cette collection les plus cons de l'histoire,
01:00d'aller regarder du côté des politiciens ?
01:02En fait, ça fait très longtemps, une trentaine d'années, que j'étudie la vie politique et parlementaire,
01:08y compris dans ses aspects nobles, les grands discours de Victor Hugo, les grandes lois, la loi de 1905,
01:13toutes ces choses qui me passionnent.
01:14Mais quand vous commencez à lire, à aller aux sources, à lire les débats parlementaires d'autrefois, les vieux journaux,
01:22forcément vous tombez sur des personnages un peu bizarres, vous tombez sur des déclarations absurdes.
01:27Je pense à ce député qui avait interrompu un discours de Victor Hugo en disant
01:31« L'Assemblée ne veut pas écouter M. Victor Hugo car M. Victor Hugo ne parle pas français ».
01:35Bon, c'est extrêmement stupéfiant.
01:37Et en creusant un peu, je découvre que ce bonhomme était un poète raté.
01:40Donc c'était à la fois un opposant politique, mais aussi quelqu'un qui en voulait à Hugo d'avoir réussi, lui.
01:44Avec une vraie question d'égo.
01:45Voilà, exactement.
01:46Et donc il y a souvent des petites choses comme ça.
01:48Et donc petit à petit, j'ai accumulé comme cela un certain nombre de fiches, on peut dire.
01:52J'ai fiché la vie politique, non seulement française, mais internationale.
01:56Et donc l'idée c'était de rassembler de l'Antiquité à nos jours, tout pays confondu,
02:01vraiment le pire de la politique.
02:03Tout ce qu'il ne faut absolument pas faire
02:05quand on a des responsabilités politiques,
02:08que ce soit au niveau d'un État ou d'un conseil municipal.
02:11Il y a de tout.
02:12Il y a du dictateur qui décide tout d'un coup de déclencher une guerre
02:16pour faire respecter et pour avoir un match de football.
02:19Il y a l'histoire de cet emploi qui, au beau milieu d'une conquête,
02:22se décide d'aller faire un petit saut dans la rivière.
02:23Et il a oublié d'enlever son armure, donc il se retrouve à être noyé.
02:27Et Alain Bauer, qui est le directeur de cette collection chez First,
02:29et qui décline quelques phrases françaises
02:31qui, là aussi, permettent une jolie entrée en matière.
02:33On a notamment la phrase de Bernard Kouchner qui dit
02:36« La contraception doit avoir ses règles ».
02:38C'est sûr que dans le langage français, ça a quand même son pesant d'or.
02:40Et même Emmanuel Macron, récemment, qui dit
02:42« La réforme des retraites, on en fera cela quand on tombera les masques ».
02:46C'est-à-dire que c'est vrai que quand on doit être comme vous,
02:48au cœur de toutes les déclarations politiques,
02:51on doit avoir une sacrée mine d'informations.
02:53Est-ce qu'il y en a un ou une qui vous a plus donné envie qu'un autre ?
02:56Vraiment un mot qui vous a guidé en disant
02:58« Ah oui, si on est capable de sortir ça,
03:00ça doit forcément pouvoir en faire un livre ».
03:02Il y a un personnage complètement oublié,
03:04mais pour lequel j'ai une petite tendresse.
03:06C'est Charles Duclerc, qui était un homme politique du 19e siècle en France.
03:10Et un peu second couteau quand même,
03:12mais à un moment, à la énième crise politique,
03:15on lui confie le soin de former son gouvernement.
03:18Donc vous imaginez, c'est important.
03:19C'est même un sacrétage.
03:19Et il se dit « Bon, je ne vais pas faire appel à tous les leaders un peu connus,
03:25parce qu'ils vont m'écrabouiller,
03:26donc il va faire appel à des députés, à des sénateurs un peu comme lui,
03:30pas très très connus.
03:31Et il ne se rend absolument pas compte que la moitié des ministres qu'il recrute
03:36portent un nom d'animal.
03:38Hérisson, Labuse, Duveau, Varembon, etc.
03:41Et donc évidemment son ministère sombre dans le ridicule,
03:44parce que vous imaginez pour les caricaturistes,
03:46et son gouvernement va être appelé la ménagerie,
03:48et il va tomber au bout de trois mois.
03:50Puisque vous parliez de gouvernement et d'obligations,
03:54notre gouvernement actuellement se retrouve face à certaines obligations,
03:57notamment celle de faire un budget,
03:58de trouver des économies.
04:00Et alors dès les premières pages,
04:01on tombe sur une anecdote extraordinaire.
04:03Est-ce que vous pouvez nous raconter l'histoire de Charles Godefroy
04:06de la Tour d'Auvierne,
04:07qui se trouve finalement à avoir de l'argent,
04:10qui continue à être versé suite à un contrat signé en 1700 ?
04:14Oui, c'est ça.
04:14Au XVIIIe siècle, ce personnage qui était duc de Bouillon
04:18était content d'un de ses hommes de loi,
04:20et a voulu lui octroyer une pension.
04:23Donc une somme qui lui serait versée chaque année.
04:26Une pension élevée, 2000 livres,
04:28c'était beaucoup d'argent à l'époque.
04:30Et ce monsieur qui s'appelait Linot,
04:32dit, oh monseigneur c'est beaucoup trop,
04:34je ne voudrais que 1000 et non 2000 livres,
04:37mais pensez à ma femme, à mon fils,
04:39il faudrait qu'elle soit réversible.
04:41Oh, pas de problème, se dit le duc,
04:42qu'on se dit qu'il est vraiment complètement crétin ce Linot,
04:44je lui propose 2000, il veut 1000,
04:46on lui donne les clauses qu'il veut, évidemment.
04:48Sauf que Linot, en tant qu'homme de loi,
04:51très très bon,
04:52a rédigé des clauses telles,
04:54qu'elles valent toujours aujourd'hui.
04:56Donc du XVIIIe siècle à aujourd'hui,
04:58le fils de cet homme-là continue à percevoir combien maintenant ?
05:01Les descendants, qui d'ailleurs maintenant sont luxembourgeois et plus français,
05:05touchent toujours leur rente annuelle.
05:07Alors simplement, ça représentait beaucoup d'argent jusqu'en 1914,
05:11après avec la Grande Guerre,
05:13le franc a cessé d'être indexé sur l'or,
05:15et puis après il y a eu l'inflation,
05:16après il y a eu le passage des anciens francs au nouveau franc,
05:19donc aujourd'hui ça ne représente plus qu'un euro 12,
05:22donc même si on supprimait la rente Linot,
05:24ça ne rétablirait pas complètement l'équilibre des comptes en France.
05:27En fait, la rente Linot, elle a un intérêt quand même,
05:31c'est qu'elle prouve que la France respecte ses engagements,
05:34puisque vous voyez une rente qu'on s'est engagé à verser en 1738.
05:38C'est une valeur à ce point aujourd'hui,
05:39c'est-à-dire que la rente Linot a cette valeur historique de dire
05:41mais regardez, nous quand on s'engage, on le fait jusqu'au bout.
05:44En fait, c'est un monument national,
05:45c'est la plus ancienne rente d'État encore servie au monde.
05:50Extraordinaire !
05:50Et on a ça en France,
05:51d'où l'utilité de lire votre livre à plusieurs égards, Bruno Funini.
05:54Dans quelques pages plus loin, il y a ce cas aussi,
05:57puisqu'on parle beaucoup de notre relation avec Donald Trump,
05:59de la relation aux États-Unis.
06:01Bien sûr, la France a vendu la Louisiane à un certain moment,
06:06on est au XVIIIe siècle,
06:07et vous racontez que François Barbé-Marbois,
06:11qui était le ministre du Trésor public à l'époque,
06:13c'est lui qui a négocié cette vente.
06:15Il se pourrait qu'on soit presque en capacité de récupérer la Louisiane,
06:17si on vous lit.
06:17Oui, donc c'est à l'époque de Napoléon Bonaparte,
06:21ce ministre qui s'appelait François Barbé-Marbois,
06:25vend la Louisiane.
06:26Alors, il est mandaté pour cela par son gouvernement,
06:29mais la négociation n'est pas excellente,
06:32puisque j'ai calculé,
06:33il a vendu la Louisiane pour l'équivalent actuel d'un euro l'hectare,
06:37c'est quand même pas grand-chose.
06:38Et surtout, ce qu'on appelait la Louisiane à l'époque,
06:41c'est beaucoup plus vaste que l'État de la Louisiane d'aujourd'hui.
06:43C'est un quart du territoire des États-Unis,
06:46ça couvre une partie du Texas,
06:47ça couvre une partie du Colorado,
06:51ça couvre le Missouri, l'Iowa, l'Oklahoma, le Kansas.
06:54Donc, on a vraiment bradé ça
06:56à cause de la très mauvaise négociation du ministre Barbé-Marbois,
07:00qui deviendra par ailleurs président de la Cour des comptes,
07:02ça c'est quand même délicieux.
07:03Ah oui, c'est sublime.
07:04Et puis surtout, on s'est rendu compte rétrospectivement
07:06qu'en fait, Bonaparte n'avait absolument pas le droit
07:08de céder un territoire comme ça,
07:10par une simple négociation, une cession.
07:13Voilà, il fallait une loi.
07:15Et donc, en fait,
07:17les Américains qui voudraient échapper à Trump
07:18pourraient contester la transaction,
07:20la faire annuler et devenir Français.
07:22Mais est-ce que certains hommes politiques français
07:24se sont penchés sur ce cas-là,
07:26en disant, est-ce qu'un jour, vraiment,
07:27on pourra envisager de récupérer la Louisiane
07:29ou c'est toujours resté hypothétique ?
07:31Ça reste hypothétique,
07:32mais au fond, Trump réclame le Groenland,
07:36pourquoi est-ce que nous ne réclamerions pas la Louisiane ?
07:38Ça pourrait être un argument de négociation,
07:40en effet, restant du côté des présidents américains,
07:43parce qu'il y a le 15e président des Etats-Unis
07:45dont le nom est clairement devenu une injure.
07:47Est-ce que vous pouvez nous raconter
07:48quel est son destin pour qu'aujourd'hui,
07:50il soit haï, on va dire,
07:53sur la totalité du territoire américain ?
07:54Oui, Bussanan, c'est devenu un gros mot aux Etats-Unis
07:57parce que, en fait, c'est un président
07:59qui, par ruse, lâcheté,
08:03un mélange, un petit peu de tout cela,
08:05a laissé pourrir la question de l'esclavage.
08:08Et, en fait, c'est à cause de lui
08:10qu'il y a eu la guerre de sécession.
08:11C'est le président qui est à la Maison-Blanche
08:14juste avant Lincoln.
08:15Et donc, le pauvre Lincoln, quand il est élu,
08:17va avoir cette guerre sur les bras
08:19et les conséquences de cette guerre à gérer
08:21à cause d'une politique totalement irresponsable
08:24qui a été menée par son prédécesseur,
08:26qui est considéré comme le pire président
08:28de l'histoire des Etats-Unis
08:29et dont le nom est devenu une injure politique aux Etats-Unis.
08:32Vous voyez, il y a un intérêt à écouter Sud Radio,
08:34c'est que même si, dans les prochains jours,
08:36vous devez aller aux Etats-Unis,
08:37vous aurez, on va dire, une petite insulte locale
08:39et ça, ça fait toujours bien dans l'utilisage américain.
08:42Les politiciens les plus cons de l'histoire,
08:44c'est chez First Edition et c'est signé Bruno Fulini.
08:47Vous allez voir, on a de tout,
08:48les érotomanes, les brutos, les violents.
08:50C'est un formidable petit talmanac
08:52pour, justement, avoir de la culture, du rire
08:54et se plonger dans les coulisses politiques
08:57jusqu'aux confins de l'absurde.
08:59Vous êtes bien sur Sud Radio
08:59et on y retourne dans quelques instants.
09:01A tout de suite.
09:01Sud Radio, c'est vous qui donnez le temps.
09:06Sud Radio, les débats de l'été,
09:0810h-13h, Maxime Liedot.
09:11Là, il faut faire un petit détour,
09:12si vous êtes dans le coin,
09:13par un bureau de tabac qui fait librairie,
09:15une poste, bref, un endroit où vous pouvez
09:16acheter ce livre.
09:18Les politiciens les plus cons de l'histoire,
09:19c'est aux éditions First
09:20et c'est écrit par Bruno Fulini
09:22qui a eu la bonne idée de récolter,
09:24après des heures et des heures,
09:25à surligner, à noter, examiner
09:27des rapports, des débats parlementaires,
09:29de consigner en réalité
09:30tous les politiques les plus absurdes.
09:32Et en plus, ce qui est génial,
09:34c'est qu'on peut picorer.
09:35Je le dis vraiment pour ceux qui nous écoutent,
09:37c'est débordant de petites anecdotes.
09:39Ça dépasse rarement plus d'une page.
09:40On déambule dans les époques,
09:42dans les pays.
09:43Et c'est vrai que quand je dis
09:44qu'on déambule dans les époques,
09:47on a vraiment du mal à croire certaines choses.
09:49Par exemple, ce qui se passe
09:50du côté du Parti chrétien-démocrate
09:52suédois en 2002,
09:54où quand même une candidate
09:55propose à un moment
09:56qu'à la télévision soit diffusée
09:58pendant toute la journée
09:59des programmes érotico-porno.
10:01Oui, dans son esprit,
10:02ça allait raviver un petit peu les couples
10:03et donc relancer la natalité
10:05qui en a bien besoin en Suède.
10:07Le réarmement démographique.
10:08En quelque sorte.
10:10Elle s'appelle Thérèse Kirkpilly.
10:13Simplement, c'était une proposition
10:15qui n'engageait qu'elle,
10:16qui n'était pas vraiment
10:17dans la ligne du Parti chrétien-démocrate
10:21suédois.
10:21Et donc, elle a été virée de son parti.
10:23Elle n'a pas été élue,
10:23elle a été virée.
10:24Mais au moins,
10:25elle a eu son petit quart d'heure
10:25de célébrité avec cette proposition-là.
10:27Et puis, elle a eu le mérite
10:29d'aller jusqu'au bout de ses idées,
10:31ce qui est toujours pas mal.
10:33Quelqu'un aussi qui est allé
10:34jusqu'au bout de ses idées,
10:35ça se passe du côté du Royaume-Uni.
10:38C'est quelqu'un qui a eu
10:40une phrase fantastique,
10:40c'est une façon de tonton flingueur,
10:42celui qui devait être nommé
10:43ministre de l'agriculture
10:45et qui ne l'a pas été
10:46à cause de son accent.
10:48Ça, c'est quand même fantastique.
10:49Et qui a eu cette phrase,
10:50je suis d'un âge
10:51où je peux maintenant
10:52me retourner avec le plus grand plaisir
10:53et dire aux gens
10:54d'aller se faire foutre.
10:56C'est quand même
10:56une histoire fantastique, ça.
10:57Oui, mais c'est une triste histoire
10:58parce que c'est un homme politique
10:59qui a fait sa carrière,
11:00je dirais, de député de base.
11:02Et puis, à un moment,
11:03Tony Blair l'appelle
11:04pour le nommer ministre.
11:06Il est très content.
11:07Et au lieu de dire yes, point,
11:09il développe ce qu'il ferait
11:11en tant que ministre.
11:11Et du coup, Tony Blair se dit
11:12mais ce type a un drôle d'accent,
11:14c'est un accent écossais,
11:15c'est pas celui
11:16que je voulais appeler.
11:17Et donc, Tony Blair raccroche
11:18et appelle son quasi homonyme
11:20qui, lui, va être nommé ministre.
11:22Donc, vous imaginez après ça,
11:23forcément, on se pose des questions
11:25sur son engagement.
11:26Oui.
11:27Et puis, il y a quelque chose
11:28de formidable
11:30parce qu'on trouve des pépites,
11:31par exemple.
11:33Ça, c'est quand même,
11:34on va dire, une façon
11:35de se dévouer à la politique.
11:37C'est étonnant.
11:37Ce qui se passe du côté de l'Ukraine
11:39en 2003
11:40avec une candidate
11:40qui n'est pas élue,
11:42qui obtient moins de 100 voix.
11:44Et racontez-nous un peu
11:44quelle est la décision finale.
11:46Un candidat, par contre.
11:47Oui, c'est un candidat.
11:48Oui, en tout cas, maintenant,
11:49à l'origine,
11:50ce fut un candidat.
11:51qui se présente au municipal,
11:53qui fait un score
11:53vraiment minable.
11:55Et donc, bon,
11:56on a le droit d'être déprimé
11:57après un échec électoral.
11:58Mais chez lui,
11:58ça va très loin.
11:59Il considère
12:00qu'il n'a pas vocation
12:01à se reproduire
12:02après avoir été aussi minable.
12:03Et il se castre.
12:04Voilà.
12:05Tout simplement.
12:05Donc, quand on dit parfois
12:06qu'il faut tirer les leçons
12:07des échecs électoraux,
12:08on n'est pas obligé
12:09non plus d'aller jusqu'à
12:10cette sanction.
12:12Dans les plus récents,
12:13est-ce que vous l'avez retenu ?
12:14Parce que je le dis,
12:15on voyage dans l'histoire,
12:16le 18e, le 19e,
12:17les époques, les pays.
12:19Est-ce que dans les récents,
12:20il y en a qui vous ont marqué
12:20ou vous dites
12:21qu'on est quand même
12:21dans un pays formidable
12:22parce que dans les dernières années,
12:24on a eu le droit à des pépites ?
12:25Si on va du côté du Royaume-Uni
12:27où il y a déjà
12:27une petite tradition
12:28de l'excentricité en politique,
12:30on trouve quand même
12:30des choses assez extraordinaires.
12:34Je voudrais vous dire
12:34un mot de John Sewell.
12:36Vous savez que maintenant,
12:37à la Chambre des Lords,
12:37il n'y a plus beaucoup
12:38de lords héréditaires.
12:39On nomme l'ordre des gens
12:41qui ont un petit peu
12:42financé leur parti.
12:43Donc là, c'est un homme politique
12:45travailliste qui est nommé
12:46membre de la Chambre des Lords
12:47et même vice-président,
12:49président de commission,
12:50donc un personnage important.
12:53Et voilà que,
12:54là on est en 2014,
12:57et voilà que commencent
12:59à circuler des photos
13:00ou des films, des vidéos.
13:02Il est en train de sniffer
13:03de la cocaïne
13:03avec un groupe de prostituées
13:05en braillant que son indemnité
13:07parlementaire n'est pas suffisante
13:09et qui ne pourra pas payer
13:10comme elle le mérite
13:10les filles qui l'accompagnent.
13:13On le découvre
13:14portant un soutien-gorge rouge
13:16sous son blouson de cuir.
13:20Et bref, là, évidemment,
13:21les tabloïds anglais adorent,
13:23s'en emparent,
13:24et il va être surnommé
13:24Lord Coq.
13:26Du coup, évidemment,
13:27en 2015, il démissionne.
13:30Là, il a une parole de bon sens.
13:31Il déclare
13:31« Je servirais mieux
13:33la Chambre des Lords
13:34en la quittant. »
13:35Il y a un bon résumé.
13:36Une utilité tardive,
13:37mais une utilité quand même
13:38sur la fin.
13:39Et ce qui est délicieux,
13:40parce que quand on creuse,
13:40on trouve toujours
13:41la pépite dans la pépite,
13:42c'est que Lord Coq,
13:43en fait,
13:44il présidait
13:45la commission
13:46de l'immunité
13:47et de la tenue
13:48qui est chargée
13:49des bonnes manières,
13:50des règles de bonne conduite
13:51au Parlement britannique.
13:52Il y a aussi,
13:53en France,
13:54quand même,
13:54notre petite dose
13:56d'électricité,
13:57enfin,
13:57d'excentricité,
13:58pardon,
13:58une petite dose
13:59d'électricité aussi,
14:00on en aurait bien besoin,
14:01mais plus une dose
14:01d'excentricité
14:02dans ce cas-là.
14:03On se souvient tous,
14:04on a tout joué au jeu
14:08qui a voulu pousser
14:09la démonstration
14:10jusqu'au bout
14:11au point d'aller voir
14:12à l'époque,
14:13on va dire,
14:14le président.
14:15Oui,
14:15c'est-à-dire que nous sommes
14:16sous la Troisième République
14:17dans les années 1900
14:19et sous le septennat
14:21du président Fallière.
14:23Et Armand Fallière
14:25était un président
14:26très proche du peuple,
14:28d'origine rurale,
14:29il aimait bien marcher.
14:30Et donc,
14:31il faisait sa promenade quotidienne
14:32autour de l'Elysée
14:33sans escorte,
14:34sans rien,
14:34juste pour le plaisir
14:35de marcher,
14:36de regarder un peu la ville,
14:37de saluer les gens.
14:38Et donc,
14:38il faisait sa petite promenade
14:39comme ça,
14:40et un jour sur les Champs-Elysées,
14:41il y a un garçon de café
14:42qui lui était plutôt royaliste,
14:43donc plutôt un adversaire politique,
14:45qui voit passer
14:45le président de la République,
14:46qui se précipite sur lui
14:48et qui lui tire la barbichette.
14:50Effectivement,
14:51Armand Fallière
14:52avait une barbiche
14:53assez caractéristique,
14:54l'autre la tire,
14:55évidemment,
14:55là,
14:55on appelle la police,
14:56le bonhomme est arrêté,
14:57on lui dit,
14:57mais qu'est-ce qu'il vous a pris ?
14:59Et sa réponse est stupéfiante,
15:00il répond,
15:02je croyais qu'on avait le droit.
15:03Si le président a une barbiche,
15:05a-t-on le droit de la tirer ?
15:06A priori,
15:07non,
15:07il a été assez lourdement condamné
15:08pour outrage au chef de l'État.
15:11Donc,
15:11toujours un peu de respect
15:12du dignité de la personne.
15:13Est-ce que c'est envisageable aujourd'hui ?
15:15Est-ce qu'on trouve
15:16la même qualité de réplique,
15:18de répartie
15:20chez les hommes politiques aujourd'hui ?
15:21Vous êtes,
15:22je le rappelle,
15:22Bruno Fulini,
15:23écrivain,
15:24historien.
15:24Est-ce que quand on se plonge
15:25dans l'état des rapports parlementaires
15:27aujourd'hui,
15:27on voit encore
15:29ce style de langage,
15:30cette répartie,
15:31vraiment ce mot
15:32qui peut rapidement
15:33nous faire éclater de rire ?
15:35On le trouve.
15:35Alors après,
15:35la question,
15:36c'est est-ce que c'est
15:37de l'humour volontaire
15:38ou involontaire ?
15:39Voilà,
15:39il y a parfois des choses...
15:41Je me souviens
15:42de cette phrase extraordinaire
15:44d'un ancien ministre
15:45de l'enseignement supérieur
15:47qui a dit
15:47j'ai interrompu
15:49le cours de sexologie
15:50car il ne débouchait
15:51ni sur la maîtrise
15:52ni sur la licence.
15:54C'est très bon.
15:55C'est soit génial,
15:56soit une bourde incroyable
15:57et c'est difficile
15:59de trancher.
16:00Après,
16:00il ne faut pas idéaliser le passé.
16:02Il y avait aussi
16:02de très très mauvais orateurs,
16:04de très très mauvais
16:04politiques dans le passé
16:06et puis des génies
16:07comme Clémenceau.
16:08J'ai mis tout ce livre
16:10sous l'égide de Clémenceau
16:12qui a fait cette déclaration
16:13définitive.
16:14En politique,
16:15on succède à des imbéciles
16:16et on est remplacé
16:17par des incapables.
16:18Ce qui est très bien
16:19parce que du coup,
16:19il se mettait dedans.
16:20Il avait conscience
16:21qu'en politique,
16:22on est toujours le con d'un autre.
16:24C'est vrai qu'il y a
16:25énormément de phrases
16:25de Clémenceau
16:26qui sont cultes
16:27qu'on entend ici et là
16:28et qui sont vraiment
16:29d'une cruauté formidable
16:30et donc d'un humour
16:32vraiment fantastique.
16:33Vous parliez tout à l'heure
16:34des personnages
16:35pour lesquels on peut avoir
16:36une certaine affection.
16:38Vous faites la liste,
16:38vous avez un petit sommaire
16:39où vous décrivez
16:40on va dire
16:40les différents niveaux
16:43de conneries
16:43d'une certaine manière.
16:44Il y a les excessifs,
16:45les hérotomanes,
16:46les malchanceux,
16:46vous qui êtes l'auteur
16:48de ce livre
16:49Les politiciens
16:49les plus cons de l'histoire
16:50pour lesquels en général
16:51vous avez une petite tendresse
16:53où on va dire
16:54vous pardonnez
16:55un peu plus facilement
16:55que les autres.
16:56Les maladroits,
16:58les maladroits,
16:59des gens qui ne sont pas
17:00plus bêtes qu'un autre
17:01comme on dit
17:02dans un grand film
17:03qui ont mené leur carrière
17:05et qui à un moment
17:05inexplicablement
17:06ou par malchance
17:07ont fait un faux pas
17:09qui leur a coûté
17:10très très cher.
17:11Je vais prendre
17:12deux exemples rapides.
17:13Un député
17:13qui était tout le temps réélu
17:14sans problème,
17:15un député radical
17:16de l'Oise
17:16qui s'appelait
17:17Théodore Baudon
17:18et puis il se rend compte
17:19qu'avec l'inflation,
17:20l'indemnité parlementaire
17:21qui n'avait pas été
17:22augmentée
17:23depuis près de 70 ans
17:25ne permet plus
17:27de vivre.
17:28Donc ça,
17:29voilà,
17:30là on est
17:31en 1906
17:32et donc Baudon
17:34au lieu d'augmenter
17:35doucement et habilement
17:36et par palier
17:37cette indemnité parlementaire
17:38a l'idée bizarre
17:39et incongrue
17:40de l'augmenter
17:41de 66%
17:42en une nuit
17:43par un texte
17:43qu'on fait voter en urgence.
17:45Donc vous imaginez
17:45le scandale,
17:46les réactions dans la presse
17:47et non seulement
17:48ça fait scandale
17:49et ça va discréditer
17:50pour longtemps
17:51toute la vie parlementaire française
17:52mais lui-même
17:53va être battu
17:54aux législatives
17:54qui suivent
17:55alors qu'il avait
17:55toujours été réélu.
17:57Et puis,
17:57plus près de nous
17:58chronologiquement
17:59et plus loin géographiquement,
18:01ayons une pensée
18:01pour ce ministre
18:03de l'ordre public
18:04en Albanie,
18:05Spartak Poshy,
18:06qui est convié
18:07à un sommet international
18:08en Grèce.
18:09La Grèce et l'Albanie
18:10ont une frontière commune
18:11donc il se dit
18:12bon,
18:12je vais y aller en voiture,
18:13j'ai une belle voiture
18:14puissante automobile.
18:15Autant profiter.
18:16Et donc,
18:16il prend sa voiture,
18:18il franchit la frontière
18:19et là,
18:19il y a des appareils,
18:19vous savez,
18:20à l'entrée de l'espace Schengen
18:21qui se mettent à sonner.
18:22On se rend compte
18:22qu'il circule
18:23dans une voiture volée.
18:24Le ministre
18:25de l'ordre public,
18:26c'est-à-dire le ministre
18:27de l'Intérieur,
18:28circule dans une voiture volée
18:29qui est immédiatement confisqué.
18:31Il va devoir attendre
18:32qu'on lui envoie un hélico,
18:33enfin tout ça
18:34est extrêmement gênant.
18:35Alors je vous rassure
18:36parce que les politiques
18:36ont de la ressource.
18:37Depuis,
18:38il est devenu ministre
18:38des Transports.
18:39Comme quoi,
18:40quand on sait faire les choses
18:41et quand on les fait bien,
18:43on se replace
18:43et on trouve sa place.
18:44Merci beaucoup Bruno Fulini
18:46d'avoir été sur Sud Radio.
18:48Les politiciens
18:49les plus cons de l'histoire,
18:50je recommande vivement
18:51aux auditeurs
18:52de s'emparer
18:52de ce petit bouquin,
18:53notamment pour les vacances d'été,
18:54vous voulez lire
18:55sur un transat,
18:56les pieds dans l'eau,
18:57peu importe,
18:57vous allez picorer
18:58des anecdotes
18:58de tous les siècles,
18:59de tous les moments
19:00avec un personnel politique
19:02qui parfois en effet
19:02laisse à désirer.
19:04Merci beaucoup
19:04d'avoir été avec nous.
19:05Je vous souhaite
19:06une très belle après-midi
19:06aussi sur Sud Radio.
19:08De notre côté,
19:09on se retrouve lundi,
19:10même heure,
19:11même studio.
19:12Sud Radio.
19:13Sud Radio.
19:14Parlons vrai.
19:15Parlons vrai.
19:15Sud Radio.
19:16Parlons vrai.

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