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00:00Mais avant d'être riche, il faut peut-être travailler bien à l'école, un peu mieux faire.
00:04Les résultats du bac mais aussi du brevet sont désormais connus.
00:07Et bien le niveau des élèves de 3e, notamment en français et en maths, est très alarmant.
00:12Ce n'est pas vraiment une nouvelle.
00:14Et ceux des communes rurales, notamment de France, majoritairement exclues des politiques d'éducation prioritaire,
00:19paient un lourd tribut. Alors d'où vient le problème ?
00:22On en parle avec mon invité Jean-Baptiste Noyac, fondateur d'Excellence Ruralité.
00:28Bonjour Jean-Baptiste Noyac.
00:30Bonjour. Bonjour à vos auditeurs.
00:32Bonjour. Alors avant d'aborder vos collèges d'excellence ruralité, vous allez nous expliquer ça.
00:38Déjà, est-ce que vous avez un petit avis, une explication au fait qu'on ne soit pas terrible en France ?
00:44Ces élèves, ils ne sont pas très bons. Les nouveaux résultats le prouvent une nouvelle fois.
00:51En fait, tout dépend si vous prenez les résultats avant ou après contrôle continu, avant ou après péréquation des notes.
00:57C'est-à-dire que si vous prenez les résultats au brevet, tels qu'ils sont annoncés, on a 85% de résultats au brevet, de réussite au brevet.
01:02Donc tout va bien dans le meilleur des mondes.
01:04Et ensuite, si vous prenez en revanche les résultats aux épreuves écrites uniquement,
01:08vous avez seulement 50% des élèves qui auraient normalement leur brevet si on s'en prenait aux épreuves écrites.
01:13Et vous rajoutez par-dessus un oral, vous rajoutez du contrôle continu, vous rajoutez une péréquation des notes.
01:18C'est-à-dire que concrètement, on dit au professeur, on veut atteindre telle moyenne, donc il faut augmenter les notes de temps dans telle circonstance.
01:24Ça, on le dit au professeur parce que vous avez été enseignant aussi.
01:27Il y a des consignes qui sont envoyées au professeur pour faire de la péréquation des notes.
01:31Donc en réalité, ce chiffre de 85% ne veut rien dire du tout.
01:34La vraie mesure qui compterait, ce serait la mesure des résultats aux épreuves écrites.
01:43C'est la seule mesure qui soit universelle.
01:46Alors c'est vrai qu'on se base aussi, en disant ça, on se base sur des tests passés, notamment à la rentrée 2024,
01:53qui montaient que moins de la moitié des élèves ont une maîtrise satisfaisante de la langue française et des maths.
01:59Donc ce sont des tests, pour le coup, factuels.
02:01Exactement, malheureusement, ça ne date pas de 2024.
02:06C'est une tendance très lourde qui se confirme.
02:09Aujourd'hui, moins d'un élève de 15 ans sur 10 est capable de distinguer un fait d'une opinion dans un texte.
02:14Il faut quand même se rendre compte de ce que ça veut dire.
02:16Et après, on s'étonne des problématiques sur les réseaux sociaux.
02:18Mais à 15 ans, il n'y a qu'un élève sur 10 qui est capable de distinguer un fait d'une opinion.
02:24Et en maths, on est aujourd'hui avant-dernier de l'OCDE, juste derrière le Chili.
02:28Donc il y a vraiment un problème qui est très, très lourd en termes de niveau.
02:32Alors Jean-Baptiste, il n'y a que la faute à qui ?
02:34Parce qu'évidemment, on parle toujours des élèves qui sont nuls.
02:36Mais enfin, ces élèves, ils ont des professeurs.
02:39Bon, moi, on m'expliquait.
02:40Alors, c'était peut-être pour me consoler de ne pas être terrible en maths,
02:42mais qu'il y avait toujours des mauvais professeurs et finalement de pas mauvais élèves.
02:46Ce n'est pas les professeurs.
02:47Ce n'est ni les élèves ni les professeurs.
02:49En réalité, il y a trois grands facteurs qu'on peut dégager.
02:51C'est-à-dire qu'il y a une question de méthode pédagogique.
02:54On a beaucoup fait évoluer les méthodes pédagogiques dans les années 70
02:59avec les nouvelles mathématiques, avec la méthode globale en enseignement de la lecture.
03:05Et on a vu que ça avait un impact terrible, notamment sur les enfants de milieu modeste.
03:09Par exemple, la méthode syllabique, c'est une méthode qui permet d'enseigner les mathématiques à tout le monde.
03:15À l'inverse, la méthode globale qui suppose d'avoir un lexique préalable
03:18et qui, du coup, discrimine les enfants de milieu défavorisé.
03:21Deuxième facteur d'explication, la question de l'exigence.
03:25On a petit à petit considéré qu'être très exigeant avec les enfants de milieu modeste,
03:30c'était une forme de violence de classe.
03:32C'était, vous savez, dans la dynamique de Bourdieu,
03:37on s'est dit que ce n'était pas juste d'avoir des exigences trop importantes avec les enfants de milieu modeste.
03:43Et du coup, on les enferme dans des difficultés.
03:45Alors, ne leur permettant pas d'acquérir ce qui va leur permettre d'être au niveau ensuite.
03:51Donc, il y a ce deuxième facteur qui est clé, la question de l'exigence.
03:54Et puis enfin, pour le coup, c'est la faute à personne.
03:57Ou en tout cas, maintenant, il faut qu'on prenne des mesures.
04:00C'est la question des écrans.
04:01C'est-à-dire que vous avez un impact terrible des écrans sur la concentration,
04:05la capacité de modernisation, le sommeil,
04:08la capacité à faire un effort pour acquérir une information.
04:14Et donc, ça, c'est...
04:15Jean-Baptiste Noyac, vous, vous ouvrez des collèges dans les zones les plus frappées par le décrochage
04:19qui sont souvent, parce qu'on parle toujours des quartiers prioritaires,
04:22mais enfin, qui sont souvent des communes rurales ou petites villes.
04:25Et vous nous dites, justement, c'est vrai que ces élèves des communes rurales
04:31ont été défavorisés par les politiques prioritaires qu'on met souvent dans les quartiers
04:38et aux abords des grandes villes.
04:40Oui, aujourd'hui, on se rend compte que les enfants des bourgs et des petites villes
04:45sont les communes qui sont les plus touchées par les difficultés scolaires,
04:50que ce soit aux évaluations d'entrée en sixième ou aux résultats, aux épreuves écrits du brevet.
04:55Il y a un décrochage très, très profond des petites villes, notamment.
04:59Et donc, dans ces territoires, en fait, on a des problématiques sociales, culturelles
05:02qui sont très proches de celles des banlieues qui entourent les grandes métropoles,
05:08mais dans lesquelles on n'a pas du tout concentré d'efforts.
05:10On a concentré tous les efforts depuis 30, 40 ans maintenant
05:13dans ces zones urbaines sensibles, au détriment de ces territoires-là.
05:18Et du coup, aujourd'hui, à situation scolaire identique,
05:21vous avez trois fois moins de chances de bénéficier des politiques d'éducation prioritaire
05:24quand vous êtes un jeune d'une petite ville.
05:26Mais pourtant, les résultats ne sont pas forcément meilleurs dans les zones prioritaires.
05:30Et non, justement.
05:31Donc, c'est un éject sur toute la ligne.
05:34Oui, parce qu'en fait, l'éducation prioritaire, aujourd'hui,
05:36on l'a pensée essentiellement en termes de moyens et de postes supplémentaires.
05:40Et il manque une dimension de pilotage, c'est-à-dire qu'on ne se fixe pas d'objectifs
05:45et on ne les traque pas, notamment parce que les critères de sélection des lieux
05:50pour l'éducation prioritaire, d'affectation des moyens,
05:52ce sont des critères sociaux ou des critères géographiques,
05:55comme l'appartenance à un QPV, et non des critères scolaires.
05:57Ce qu'il faudrait, c'est dire qu'en fait, on prend un seul critère unique,
06:00le niveau aux évaluations d'entrée en sixième,
06:03et on met le paquet sur ces territoires dans lesquels il y a des difficultés.
06:07En fait, on met les moyens de l'école là où l'école qui fonctionne.
06:11Merci Jean-Baptiste Nouillac.
06:13Et puis évidemment, il y a cette question de la vocation et de la formation des professeurs.
06:19Ça aussi, on se cherche un peu.
06:21Mais on en reparlera une prochaine fois.
06:23Merci Jean-Baptiste Nouillac, fondateur d'Excellence Ruralité,
06:27d'avoir été avec nous sur Europe.
06:29Merci Jean-Baptiste Nouillac.

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