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Lors de l'émission Face à l'Info du 10 juillet, la journaliste Charlotte d'Ornellas est revenue sur le niveau des élèves à la fin du collège en français : «Moins de la moitié des élèves ont les acquis attendus à la fin de leur troisième».

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Transcription
00:00Alors, c'est des tests qui ont été passés, en effet, ça vient du ministère de l'Éducation nationale lui-même,
00:03parce que vous savez, on est nombreux à dire depuis des années qu'il y a un problème de niveau,
00:07qu'on constate dans la vie réelle, tout simplement.
00:10Là, c'est le ministère de l'Éducation lui-même qui a fait passer des tests à la rentrée dernière,
00:14et les chiffres laissent assez peu de doutes.
00:16Alors, vous allez voir, la manière de communiquer est amusante.
00:18On dit 46,6% des élèves en dernière année de collège, c'est-à-dire en troisième,
00:22ont les acquis attendus en français.
00:26On pourrait donner le chiffre inverse, ça ferait peur à tout le monde.
00:2845,7% en mathématiques, donc concrètement, ça signifie que moins de la moitié des élèves ont les acquis attendus
00:36à la fin de leur troisième, sachant que les acquis attendus eux-mêmes sont sujets de discussion depuis quelques années.
00:44Alors, dans le détail, il y a une avance des filles, vous verrez, c'est important.
00:47Il y a une avance des filles, elles sont à 54%, quasiment 55%, contre 38-39% pour les garçons.
00:53Il y a également des différences géographiques très fortes à l'intérieur du territoire français.
00:59Les élèves du secteur public hors éducation prioritaire affichent des résultats quasiment deux fois supérieurs
01:04aux élèves qui sont scolarisés dans les collèges de réseaux d'éducation prioritaire,
01:10REP et REP+, c'est-à-dire, massivement, c'est pas dit comme ça, mais c'est moi qui ajoute le commentaire,
01:15vous verrez pourquoi, dans les zones à très forte concentration de populations immigrées ou issues de l'immigration.
01:21Sur le sujet précis de la lecture, seuls 60% des élèves de 3e ont une maîtrise satisfaisante.
01:29Le terme est important, pas une maîtrise, une maîtrise satisfaisante, ça passe.
01:3260% seulement, c'est-à-dire, précise l'étude, une capacité à lire au minimum 150 mots par minute.
01:39Alors, moi, je ne sais pas combien de mots par minute je lis, je n'avais pas cette information.
01:43Donc, j'ai été voir, on estime qu'un lecteur adulte moyen lit entre 220 et 350 mots par minute.
01:51Donc là, on vous dit, un niveau satisfaisant en 3e, c'est 150 mots par minute.
01:57En clair, c'est quand même la catastrophe, de manière générale.
01:59On parle de 3e, pas en CE1.
02:01Donc, en 3e, il y a un niveau de lecture, et encore, il n'y a que 60%.
02:06Et à l'inverse, de l'autre côté du spectre, vous avez quasiment 17% des élèves qui n'ont absolument pas le niveau.
02:12Ils sont parvenus à se hisser jusqu'à la fin de la 3e, et ils ne savent pas lire.
02:16C'est ce qu'on nous explique concrètement.
02:18Non. Alors, l'écart, précise l'étude, pour être absolument complète, se réduit un petit peu au collège.
02:24Je vous éparle les chiffres parce que c'est vraiment du déplacement de virgule.
02:26On gagne un ou deux points.
02:28Enfin, le problème est le même.
02:30Évidemment, de telles lacunes accumulées depuis le CP et le CE1, et que l'on constate encore en 3e, c'est non seulement pour le reste de la scolarité, mais pour la vie en général.
02:40Et ceux qui jugent que le thermomètre est lui-même facho d'extrême droite et tous les mots qui ont été sortis ces dernières années pour expliquer que ceux qui disaient qu'il y avait une baisse de niveau étaient tout simplement des déclinistes et des mauvais coucheurs,
02:54que ceux-là comprennent bien et regardent en face avec quel handicap ils font partir ces enfants dans la vie.
03:00Quand en fin de 3e, vous ne savez pas lire correctement, votre vie va être compliquée, et c'est évidemment pour sauver ces enfants qu'il faut précisément préserver et regarder bien en face ce thermomètre.
03:08C'est intéressant parce que ça forge l'esprit critique, le discernement, ça rejoint un peu le sujet qu'on va aborder avec vous, Bilal Hussein, aussi, dans un instant, qui est un apostate de l'islam.
03:18Et c'est intéressant parce que ça permet de réfléchir à la vie et de ne pas croire n'importe quoi.
03:24Est-ce qu'il est vraiment possible, Charlotte, de trouver responsable à cette situation aussi désastreuse aujourd'hui ?
03:31Il y en a plusieurs, évidemment.
03:32Ça dépend d'énormément de choses, à la fois dans l'éducation, dans le choix de l'école, dans la gestion de l'école, etc.
03:36Mais il faut bien, et politiquement, au sens très large du terme, pas de manière partisane, mais de manière politique, il faut identifier des raisons de penser qu'on pourrait faire mieux demain.
03:47Alors, il y a d'abord un, évidemment, et c'était développé encore récemment par Mathieu, le changement qui a été voulu et non pas subi, il faut insister là-dessus, un changement qui a été voulu dans l'organisation de l'école
03:58et surtout dans le rapport et la vision que nous avons de la transmission, de la discipline et de l'autorité, qui sont nécessaires à une bonne transmission.
04:05Cela étant, évidemment, le but premier de l'école.
04:09Notamment, parce qu'il est impossible de transmettre correctement ce que l'on n'aime pas.
04:13On ne transmet pas ce que l'on n'aime pas.
04:15Et, évidemment, ce qui est censé transmettre l'école, à savoir la trame de fond d'une intelligence qui, en effet, sera adulte parce qu'elle sera libre,
04:24eh bien, c'est précisément l'héritage que nous avons également voulu détruire avec un ministère, celui de l'Éducation nationale,
04:31qui s'est révélé assez perméable à cet esprit du temps-là.
04:35Mais on comprend aussi qu'il y a une inconséquence politique grave sur beaucoup d'autres sujets qui pèsent sur l'école et sur son bon fonctionnement.
04:43J'évoquais tout à l'heure la question des zones REP et REP+, en l'alliant à la question de l'immigration.
04:48Pourquoi ? Pas pour expliquer que les immigrés sont responsables de la situation scolaire.
04:53En revanche, comment s'étonner ? Soyons sérieux.
04:56Comment s'étonner que les résultats soient beaucoup plus dramatiques ?
05:00Ce n'est pas naturel. Ce n'est pas des enfants plus bêtes que les autres.
05:03Comment s'étonner que les résultats soient deux fois inférieurs en mathématiques et en français ?
05:08Et je dirais même, à l'inverse, en français et donc, probablement, dans une école où tous les cours se font en français, en mathématiques également.
05:15Comment est-ce qu'il faut s'en étonner quand vous avez des quartiers où, désormais, par la concentration des populations issues de l'immigration,
05:23l'école est quasiment le dernier endroit où ces enfants entendent même parler le français ?
05:30Qu'a-t-on répondu à ça ? Il ne fallait pas le dire.
05:32Et il fallait préserver l'illusion d'une égalité parfaite entre tous les élèves.
05:40Mais la vérité qu'il fallait dire et qu'il faut absolument dire aujourd'hui, c'est que des enfants qui n'apprennent pas à parler le français à la maison,
05:47parce que ça n'est pas leur langue maternelle, ce n'est pas du tout ni une insulte ni un reproche, c'est factuel.
05:52Des enfants qui n'apprennent pas, qui n'entendent pas parler français à la maison, ni dans la rue, ni même parfois dans leurs activités extrascolaires,
06:00ont besoin de travailler deux fois plus que les autres.
06:02C'est comme ça.
06:04Ce n'est pas méchant, ce n'est pas je ne sais pas quoi, c'est comme ça.
06:07Et c'est vrai pour un élève qui a des déficits en mathématiques, il vaut mieux qu'il travaille plus plutôt que tout le monde travaille moins.
06:12Or, on a fait exactement l'inverse.
06:14Ces dernières années, par ailleurs, maîtriser la langue, c'est le plus beau cadeau qu'on puisse leur faire,
06:18si l'on veut être sérieux un quart de seconde quand on parle derrière de volonté d'intégration.
06:23Ensuite, la deuxième chose qui pèse lourdement sur l'école et qui a été traitée de manière inconséquente,
06:30c'est la question de l'idéologie.
06:31Il y a désormais une place absolument folle portée aux sujets qui animent nos débats dans la société
06:38et qui prennent place à l'école.
06:41Or, vous savez, on a beaucoup parlé ces derniers temps du fait que l'école était un sanctuaire.
06:44Vous savez combien cette expression m'agace quand il s'agit de la question de la violence,
06:47parce que, encore une fois, et je donne l'exemple tout le temps,
06:49mais le bureau de poste n'est pas un sanctuaire et on n'agresse pas son voisin dans un bureau de poste non plus.
06:54Donc, si l'école est un sanctuaire, puisque c'est un mot que nous utilisons souvent,
06:58c'est précisément sur ce point. L'école est préservée des autres débats.
07:02Pourquoi ? Parce que vous avez des enfants petits qui arrivent
07:05et le seul but de l'école, c'est de leur transmettre un héritage intellectuel,
07:09qu'ils puissent former leur intelligence pour qu'elle soit suffisamment libre,
07:12c'est-à-dire souple, pour ensuite participer aux débats qui animent la société
07:16et la vie politique en société et qu'ils le fassent librement.
07:19On a fait exactement l'inverse. Donc, désormais, vous avez des heures et des heures
07:24qui sont consacrées à l'école, à la question de l'écologie,
07:27à la question, justement, de l'immigration, à la question de l'éducation sexuelle.
07:31Et on l'a vu ces derniers temps, ce sont des heures qui sont prises
07:33sur les heures de maths et les heures de français.
07:36Qui peut s'étonner, des années après, des résultats que nous constatons ?
07:40Cela dit, on a vu plusieurs autorités, Charlotte, jusqu'au ministère,
07:43d'ailleurs, reconnaître désormais ce problème de niveau.
07:46Est-ce que ce n'est pas un premier pas encourageant ?
07:47Alors, sans doute, mais dans les faits, il faut voir les débats qui nous animent
07:50au sujet de l'école, ne serait-ce que dans l'année qui vient de se passer.
07:53Alors, on a passé un an à s'écharper et entre administrations
07:57sur les détails du programme d'éducation à la vie sexuelle, affective, etc.
08:04Et le ministère de l'Éducation, notamment, parce que la question qui se posait,
08:07c'était est-ce qu'on respecte les stades de l'enfance ?
08:09Est-ce qu'on ne rentre pas trop dans l'intimité de ces enfants ?
08:11Est-ce qu'on accorde une place suffisante aux parents qui ont quand même le droit
08:14de savoir ce qu'on explique à leurs enfants sur ce terrain ?
08:16Donc, des sujets qui ne sont pas, vous me l'accorderez, directement scolaires.
08:19Et la deuxième chose, c'est que la ministre de l'Éducation nationale
08:22a lancé en mai, il y a quelques jours, donc,
08:24non pas un plan alerte, secours, sauvetage en lecture et urgence absolue,
08:28non un plan, ouvrez les guillemets, filles et maths.
08:31Filles et maths, parce que les filles, en effet, sont moins bonnes en maths,
08:34c'est-à-dire qu'elles sont moins bonnes, surtout, elles choisissent moins
08:38les études supérieures scientifiques.
08:40Et c'est une fille, en l'occurrence, que je suis, qui a fait des études scientifiques,
08:44précisément un bac scientifique, pardon, qui vous le dit.
08:47Donc, c'était possible, personne ne m'a regardé de travers.
08:49On est trois filles sur le plateau, trois filles scientifiques.
08:51Voilà.
08:51J'aime bien.
08:52Et ce serait le résultat, non pas de choix ou même d'organisation scolaire,
08:57mais le choix de préjugés de genre, évidemment.
09:00Alors, moi, je dis juste une chose, je veux bien tout entendre,
09:02et je veux bien qu'on encourage les filles.
09:03Il faut juste regarder les chiffres en face.
09:04En mathématiques, 46% des élèves présentent des automatismes satisfaisantes.
09:08Donc, 54% ne les présentent pas.
09:11Certes, il y a 53% de garçons et 40% pour les filles.
09:14Mais 53% de garçons seulement ont les compétences satisfaisantes en mathématiques
09:19à la fin de la troisième.
09:20Alors, ce qu'on va faire pour tous se mettre d'accord,
09:22on va réparer l'outil.
09:23Et une fois que les garçons seront à 100%,
09:24on se préoccupera de faire rentrer les filles dans les études scientifiques,
09:27même les filles qui ne le veulent pas,
09:29puisque la ministre a évoqué l'éventualité même de quotas
09:31dans les études scientifiques.
09:34Et par ailleurs, je note que les filles,
09:35et j'arrête là, pardon,
09:36les garçons sont bien moins bons en français
09:38que les filles ne sont mauvaises en maths.
09:40Donc peut-être qu'il faudrait faire un plan garçons et français,
09:43mais ça n'est pas dans l'air du temps.

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