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  • 10/07/2025
Face aux importants incendies survenus ces derniers jours près de Narbonne et à Marseille, la France a-t-elle les armes pour se protéger ? Nos invités sont Pauline Vilain-Carlotti, docteure en géographie, Grégory Allione, directeur de l'Ecole nationale des Officiers des Sapeurs-pompiers, et Anne-Catherine Loisier, sénatrice UDI de Côte-d’Or. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-10-juillet-2025-3726483

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Transcription
00:00La guerre du feu a ses prémices. La saison des incendies a débuté en France avec ces images impressionnantes.
00:05Des flammes aux portes de Marseille, calcinant l'Estac ou entrant dans les quartiers sud de Narbonne.
00:10Les scientifiques prévoient des incendies de plus en plus nombreux, de plus en plus grands, de plus en plus forts
00:15et de plus en plus étendus sur le territoire français.
00:18Alors comment l'État français s'arme contre le feu pour en parler ce matin ?
00:23Bonjour Pauline Villain-Carlotti, vous êtes docteur en géographie, spécialiste des incendies de forêt
00:27et deux parlementaires également avec nous. Bonjour Grégory Allion, en direct de Strasbourg
00:33puisque vous êtes eurodéputée Renu et président d'honneur de la Fédération Nationale des Pompiers de France.
00:39Et Anne-Catherine Loisier, soyez la bienvenue aussi. Bonjour.
00:43Bonjour.
00:43Vous êtes sénatrice centriste de la Côte d'Or, coautrice du rapport sénatorial d'information sur les feux de forêt
00:49également concerné au premier chef puisque je crois que votre métier d'origine c'est gestionnaire de forêt, c'est ça ?
00:54Oui, tout à fait.
00:55Alors première question, Pauline Villain-Carlotti, ce constat, il est établi, on ne va pas y échapper à ces feux de plus en plus nombreux, forts, intenses ?
01:04Ça clairement c'est une conséquence du réchauffement climatique.
01:07On se rend compte qu'effectivement la saison des feux démarre de plus en plus tôt.
01:11On a déjà dépassé à l'échelle globale pour l'année 2024 le seuil ambitieux des accords de Paris
01:19et on est à plus d'1,5 degré de réchauffement.
01:22Ça se constate avec justement des températures de plus en plus élevées, des vagues de chaleur qui durent de plus en plus longtemps.
01:29Donc cette saison incendie, elle démarre chez nous très tôt, donc fin juin, début juillet.
01:35Et la tendance va clairement s'aggraver dans les années à venir.
01:38Alors qu'avant c'était plus mi-juillet, fin juillet jusqu'à mi-août ?
01:42Oui, c'était à peu près ça.
01:44Anne-Catherine Loisier, vous faisiez également ce constat déjà dans votre rapport sénatorial.
01:49Oui, tout à fait. En fait, le Sénat s'est emparé de ce sujet au lendemain des grands incendies de juillet 2022,
01:59de l'Andiras de la tête de bûche.
02:00Et très rapidement, en consultant l'ensemble des acteurs, on a pris conscience de l'accroissement du risque
02:07pour de multiples facteurs qui viennent d'être évoqués,
02:10et de la nécessité d'adapter nos outils législatifs et réglementaires
02:14pour mieux prévenir autant que possible en tout cas ces incendies.
02:19L'INRAE, ces derniers jours, dit un réchauffement de la France de 4 degrés d'ici la fin du siècle.
02:23Ces feux vont augmenter de 70% d'ici 2050.
02:29Pauline ?
02:29Oui, et effectivement, ça c'est les perspectives de la TRAC,
02:33la nouvelle trajectoire d'adaptation au changement climatique,
02:35avec effectivement une augmentation constante des températures.
02:38et ce qu'on constate, c'est pas seulement l'augmentation du phénomène,
02:42c'est surtout son expansion.
02:44C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a des départements qui ne sont pas du tout acculturés à la problématique,
02:49qui n'ont quasiment jamais vu de feu de forêt ou alors de manière très résiduelle et exceptionnelle.
02:53Oui, l'alerte ce matin, ça concerne les Charentes, Charentes-Maritimes, les Deux-Sèvres, la Vendée.
02:57On n'est plus seulement dans le sud-méditerranée.
02:59Tout à fait, ça c'est assez nouveau.
03:01Donc on a une remontée du phénomène et on a aussi des départements qui commencent à prendre conscience
03:06et à adapter leurs outils réglementaires.
03:10Par exemple, les obligations légales de débroussaillement, elles remontent avec le phénomène.
03:13Et aujourd'hui, le dispositif s'applique également dans certains départements du centre de la France,
03:18comme le Cher, par exemple.
03:19Pauline Villain-Carlotti, vous êtes géographe.
03:21Ce qui frappe aussi ces derniers jours, c'est que le feu était aux portes de la ville,
03:25aux portes d'une très grande ville, de Marseille.
03:26Et comment on l'explique ? C'est l'urbanisation ?
03:29Alors, ce n'est pas l'urbanisation, mais c'est l'aggravation du phénomène
03:33qui fait qu'aujourd'hui, ça menace de plus en plus des zones urbaines denses.
03:37On l'a vu ces dernières années, pas seulement en France,
03:39mais la Californie régulièrement avec Los Angeles.
03:44Athènes, donc une capitale qui est constamment encerclée par les flammes.
03:48Donc le phénomène, il ne démarre généralement pas dans ces zones urbaines.
03:52Il démarre en périphérie, dans les interstices, les interfaces habitat-forêt.
03:58Mais comme il est renforcé du fait de l'aggravation des conditions météorologiques
04:02à l'échelle de la France, mais aussi de la planète,
04:06il trouve un matériau combustible suffisant et poussé par les vents,
04:10il finit par arriver aux portes, voire dans la ville.
04:13Ça, c'est assez nouveau et on n'est pas du tout prêt à faire face à ce phénomène.
04:17Les lisières de forêt se sont transformées ces dernières années.
04:20Mais du fait de l'étalement urbain, du fait du grignotage et du mitage de l'espace,
04:25donc on a de plus en plus de contacts et un phénomène de plus en plus important
04:30qui fait qu'ils ne s'arrêtent plus avec un bâti dense.
04:3280% des incendies se déclenchent à moins de 50 mètres des habitations.
04:36Grégory Allionne, vous qui avez été pompier, ça complique aussi le travail, j'imagine,
04:41des pompiers quand on se rapproche autant des habitations et de quartiers habités.
04:45Le sujet aujourd'hui, c'est le risque induit et le risque subi.
04:53Le risque induit, c'est la maison qui est source, et l'activité humaine est source de départ de feu.
04:59Donc on a toujours eu tendance à vouloir débroussailler pour faire en sorte que la maison ne mette pas le feu,
05:04que l'activité humaine ne mette pas le feu.
05:05Mais aujourd'hui, il y a le risque subi.
05:08Et effectivement, moi j'avais servi à l'époque dans le massif de l'Estérel à Fréjus-Saint-Raphaël en 2003,
05:14lorsqu'on avait eu cette canicule.
05:16Et je me souviens avoir travaillé avec les autorités locales, municipales notamment,
05:19à faire en sorte que justement, on prépare l'interface Habitat-Fouré
05:24avec quelque part une forme de cordon pour affronter le feu dans des conditions beaucoup plus agréables,
05:32dans le sens où quand vous avez des mégawatts qui arrivent,
05:35quand vous avez le vent qui pousse avec violence vers des maisons,
05:39on a une difficulté à pouvoir le stopper.
05:41Donc les obligations légales de débroussaillement sont un premier outil.
05:45Et après, il y a forcément une adaptation.
05:46On parle de revégétaliser nos centres-villes, en tous les cas nos villes, etc.
05:54Oui, mais attention, parce qu'on se fragilise aussi,
05:57parce qu'une parcelle forcément de végétation dans les lotissements, etc.,
06:02c'est forcément des lieux qui vont permettre au feu de se déplacer,
06:05parce que le feu n'a pas un mouvement linéaire.
06:08Il envoie des parties de matériaux incandescents qui vont mettre le feu un peu plus loin,
06:14donc qui procèdent par saut, et tout ça est une vraie difficulté,
06:17et notamment dans le tissu urbain, parce que quand on lutte dans le tissu urbain,
06:20on a le sujet des accès, on a le sujet de la connexion entre les voies privées,
06:25on a le sujet des véhicules, on a le sujet du mobilier urbain,
06:27donc c'est forcément une guérilla qui est toujours plus difficile
06:30que dans un massif forestier contigu.
06:33Grégory Allionne, vous vous êtes engagé pompier volontaire l'année de vos 18 ans,
06:36je crois, c'était en 1989 dans le Var, en 30 ans, sur le terrain,
06:40vous avez constaté, vous, cette accélération des incendies de plus en plus fréquents,
06:46de plus en plus nombreux, et qui compliquent du coup le travail des sapeurs-pompiers,
06:50des pompiers volontaires.
06:52Oui, j'ai constaté cela depuis effectivement l'âge de 17 ans,
06:56et c'est ce qui prévaut à mon engagement à la tête de la Fédération nationale
07:01des sapeurs-moyens de France,
07:02ce qui a aussi valu cette rencontre avec Emmanuel Macron
07:05juste avant la préparation de la présidence française de l'Union européenne,
07:09où j'ai tenté, et je pense avoir réussi à le convaincre,
07:13de faire en sorte que cette présidence française de l'Union européenne,
07:16six mois avant les incendies de la Teste de Buche dont on parlait avec Madame la Sénatrice,
07:21de dire, attention, on va avoir des événements qui ont une ampleur
07:25et qui ont une amplitude géographique et calendaire différente,
07:29et une intensité que je n'avais pas connue, donc il faut se préparer.
07:32C'était la première présidence de l'Union européenne où on parlait de protection civile,
07:36de renforcement du mécanisme de protection civile.
07:39Si aujourd'hui je suis au Parlement européen,
07:41c'est parce qu'il a souhaité faire en sorte qu'on ait cette continuité de travail
07:44pour porter l'idée qu'aujourd'hui, un pays ne peut plus faire face seul
07:49à ces événements qui ont une intensité et une récurrence.
07:53D'ailleurs, en 2020 et les années qui ont suivi,
07:57moi j'ai été engagé en Australie pour partager l'expérience des feux hors normes
08:02qu'ils subissaient, on a engagé des troupes au Canada pour partager l'expérience.
08:06Aujourd'hui, on mesure que l'intensité de ces feux-là,
08:09ils ne sont plus à taille humaine,
08:10et l'intérêt c'est de se préparer en amont pour premièrement faire en sorte
08:15qu'ils ne partent pas ces feux, c'est-à-dire travailler sur les populations,
08:18les sensibiliser pour qu'on ait une attitude qui fasse qu'il n'y ait pas
08:21une étincelle dans nos massifs.
08:2390% des départs de feux sont liés à l'activité humaine,
08:26et 70% d'entre eux sont liés à des accidents,
08:29ou en tous les cas des événements indésirables et non souhaités.
08:33Et donc, on doit travailler sur le fait qu'il n'y ait pas d'éclosion de feu,
08:36ensuite on doit travailler sur le fait qu'il n'y ait pas de continuité de massif,
08:40ou en tous les cas que la connexion, l'interface habitat-forêt
08:43puisse permettre que le feu ne prenne pas une extension dans le massif,
08:46et ensuite il faut travailler sur les moyens de lutte et les accroître forcément.
08:50Et on parle souvent du matériel, mais il y a aussi le sujet humain.
08:54Alors on va quand même parler du matériel, parce que c'est important,
08:57et après le terrible été 2022, le gouvernement avait pris des mesures,
09:01Emmanuel Macron s'était engagé à remplacer par exemple tous nos Canadair d'ici la fin du quinquennat,
09:07on a 12 Canadair en France, on en est loin là quand même.
09:11Grégory Allionne.
09:13Oui, la difficulté que l'on a, c'est que vous parlez uniquement d'un matériel qui s'appelle le Canadair,
09:20d'ailleurs moi je parle d'avions bombardiers d'eau amphibie,
09:23parce qu'on parle du Canadair, parce que la société canadienne a le monopole
09:27sur cet hydravion qui a cette capacité-là.
09:29Moi je parle d'avions bombardiers d'eau amphibie, parce qu'on a peut-être d'autres solutions,
09:32et d'ailleurs sur le territoire français et européen...
09:34Les construits en Europe, en France ?
09:35Mais c'est une évidence.
09:37Mais c'est des années encore de mise en place, de recherche et de développement.
09:43Il y a des projets, il y a des entreprises,
09:44il y a des entreprises qui sont tenues par des groupes tels que Airbus,
09:47il y a des projets de restructuration d'avions qui font actuellement du transport de passagers
09:52et qui pourraient devenir des hydravions,
09:54ou qui pourraient devenir des bombardiers d'eau terrestres
09:57qui ont besoin d'un terrain d'aviation pour se recharger.
09:59Donc il y a des solutions, l'essentiel c'est de déclencher
10:02et de donner de la perspective et de la profondeur à nos industriels.
10:04Vous savez, pendant la crise du Covid, j'ai été aussi au front,
10:08et on s'est posé la question de savoir où on allait s'approvisionner en masque.
10:11L'intensité des feux, que ce soit au Canada, aux Etats-Unis,
10:14vous en avez parlé également, sur le territoire européen,
10:16vont faire qu'à un moment donné, la priorité sera donnée aux nationales ou aux territoriales.
10:21Donc ce qui veut dire que les avions qu'on commande l'outre-Atlantique,
10:24probablement qu'à un moment donné, la priorité sera donnée pour livrer l'outre-Atlantique
10:28et que l'Europe passera en deuxième plan.
10:29C'est la raison pour laquelle il faut avoir une industrie souveraine sur ce point de vue-là.
10:35D'autre part, vous parliez des moyens.
10:37Depuis 2017, on a renforcé la flotte,
10:39notamment à l'acquisition de six avions bombardiers d'eau de type Dash.
10:42Oui, c'est ces avions qui peuvent charger un peu plus,
10:45qui peuvent charger notamment du produit retardant rouge, c'est ça ?
10:49Tout le monde fixe sur le Canadair,
10:50mais il y a des avions avec des capacités de largage de 10 000 litres,
10:54c'est-à-dire 10 tonnes d'eau,
10:55et qui ont une particularité, c'est qu'ils font du gué arrière armée.
10:58Pourquoi ? Parce qu'on parle du feu des peines Mirabeau.
11:00C'est le feu qui, finalement, c'est le train qui n'est pas arrivé à l'heure.
11:04La journée du départ de feu des peines Mirabeau,
11:08dans le département des Bouches-du-Rhône, 60 départs de feu.
11:1160 départs de feu.
11:13Et on n'en a qu'un, et 59 autres qui ont été éteints
11:18avant qu'ils n'atteignent 5 hectares.
11:20Ce qui veut dire que la stratégie française est performante.
11:22Et si je suis allé en Australie, c'est justement,
11:25pour discuter avec les collègues australiens, le Canada, etc.,
11:27parce qu'on a continué les travaux, pour dire, attention,
11:30aujourd'hui, il faut éviter que le départ de feu se fasse,
11:33sensibiliser nos populations.
11:34Premier acte, deuxième acte, s'il est clos,
11:36faire en sorte qu'il ne dépasse pas ce que j'appelle une taille humaine,
11:40c'est-à-dire qu'on ait toujours les moyens de pouvoir lutter contre lui.
11:43Et justement, les appareils, les avions bombardés d'eau
11:45et les nouvelles technologies vont nous permettre, certainement,
11:47d'intervenir au plus près et au plus vite.
11:49Anne-Catherine Loisier, je voudrais vous poser la question,
11:51à vous aussi, sénatrice centriste de la Côte d'Or,
11:54notre flotte aérienne, elle est suffisante,
11:57elle est vieillissante, elle est sous-dimensionnée ?
12:00Non, mais je crois que ça vient d'être dit,
12:02on l'a pointé lors de notre rapport
12:04et dans le cadre des débats qu'on suivit,
12:05puisque derrière, il faut quand même souligner
12:08que suite aux grands incendies de 2022,
12:11le Parlement s'est tout de suite emparé du sujet
12:13et qu'en 2023, on avait une loi avec une stratégie,
12:16des préconisations sur le déploiement de luttes,
12:18mais surtout des préconisations sur davantage de prévention,
12:22ce que disait l'intervenant tout à l'heure.
12:24Sur nos équipements, depuis, par exemple,
12:26Gabriel Attal a supprimé les crédits,
12:28annulé la commande de deux Canadaires.
12:29On est revenu un peu en arrière quand même.
12:32Oui, mais le problème, c'est qu'à partir du moment
12:33où on sort d'une période de tensions et d'incendies,
12:36finalement, la prise de conscience politique du problème,
12:39elle diminue.
12:41Ce n'est pas lié malheureusement au phénomène des incendies.
12:43Mais la réalité, c'est que notre pays est aujourd'hui
12:47de plus en plus exposé à des incendies importants
12:50et surtout, comme vient de le dire Grégory Allionne,
12:54à de multiples incendies.
12:55Et c'est ça, la difficulté.
12:56C'est que quand il y a un incendie,
12:59on peut peut-être mobiliser l'ensemble de nos moyens
13:01et ça peut suffire.
13:02Mais quand on commence à avoir plusieurs foyers naissants
13:05avec des risques importants de propagation rapide,
13:07à ce moment-là, effectivement, on a besoin de moyens aériens.
13:09Donc, moi, je souhaite, et l'ensemble des parlementaires,
13:13nous serons attentifs à ce que nous puissions monter en puissance
13:16en matière d'intervention aérienne.
13:18Mais une fois encore, je pense que le débat,
13:20il est d'abord dans la prévention.
13:22Alors, justement, on va aller au standard tout de suite.
13:25Bonjour Dominique.
13:26Bonjour France Inter, bonjour à vos invités.
13:29Vous nous appelez de Hot Corse, allez-y, posez votre question.
13:31Oui, en avant-propo, je voudrais dire que c'est choquant
13:34de voir qu'à Marseille, il y a eu des immeubles,
13:38des immeubles, pas des immeubles peut-être,
13:40mais des habitations qui ont été incendiées.
13:43Alors, donc, on peut remettre en cause la flotte aérienne peut-être.
13:48Mais Marseille, qui est chadis, c'est encore une image,
13:52la canne bière, bien évidemment, maintenant, ce n'est plus des cannes.
13:56Mais il y a une prévention dans le domaine
13:58où Marseille est entourée un peu de rural, si vous permettez.
14:04Voyez-vous ?
14:04Oui, et donc votre question, c'est sur la prévention, c'est ça ?
14:07C'est la prévention, surtout, qui doit, peut-être,
14:11ben oui, forcément...
14:14Qui doit prévaloir.
14:15Qui doit prévaloir, oui.
14:16Grégory Allion, c'est ça, c'est sur la prévention qu'il faut miser avant tout,
14:20plus que sur les moyens aériens ?
14:23Rien n'est blanc, rien n'est noir.
14:25C'est-à-dire que les actions sont complémentaires.
14:26Et Dominique a raison, c'est-à-dire que Marseille,
14:29c'était l'assemblage de plusieurs villages.
14:32Je suis originaire de la région,
14:34j'ai commandé les pompiers des Bouges-Juronnes pendant neuf ans.
14:35Donc oui, Marseille est un assemblage des territoires ruraux
14:40qui ont été rassemblés.
14:41Il faut se rappeler de l'histoire de Marseille avec le tramont
14:43et qui est relié ces villages qui sont devenus des quartiers.
14:47Et aujourd'hui, oui, il y a des parcelles de collines
14:50qui pénètrent finalement l'urbain,
14:53où l'urbain est allé conquérir des parcelles de collines.
14:56Donc oui, on a un travail à faire en sorte que,
15:00quelque part, si je devais imager pour nos auditeurs,
15:04il va falloir faire un rempart face au feu
15:06pour protéger notre interface habitat-forêt.
15:09Et quelque part, l'ennemi, à l'époque,
15:13nos anciens construisaient des châteaux forts
15:15pour se prémunir des ennemis qui les attaquaient avec des flèches.
15:18Dorénavant, il va falloir construire des pistes
15:20avec un réseau hydraulique et quelque part une séparation du combustible
15:24pour protéger nos villages, nos villes.
15:28Et quelles que soient les dimensions,
15:29que ce soit une métropole ou que ce soit un petit village,
15:32il va falloir se protéger finalement de cette interface
15:35et quel que soit le territoire.
15:37Pas uniquement dans le département des Bouges-sur-Ronne,
15:39pas uniquement dans la région sud PACA,
15:42mais notre collègue sénatrice le sait très bien.
15:44Bourgogne-Franche-Comté, en 2022,
15:46le département du Jura, de la Côte d'Or, de la Nièvre,
15:49c'était des départements qui étaient menacés.
15:51Ils le sont régulièrement dorénavant.
15:52Et je souhaiterais rappeler quelque chose à nos auditeurs,
15:56c'est que le premier gros feu qui a eu lieu en France cette année
15:59était dans le Puy-de-Dôme.
16:00Le Puy-de-Dôme, donc le massif central,
16:03était en proie aux flammes au printemps dernier,
16:06ce qui était un signe aussi annonciateur d'une saison difficile.
16:10Et en tant que sa part-pompier toujours,
16:12puisque je suis toujours pompier volontaire,
16:14je peux vous assurer, et vous me posiez la question tout à l'heure,
16:17l'évolution des feux depuis mon engagement,
16:20ces feux, avec cette intensité-là,
16:22on est tout début juillet.
16:25J'avais pour habitude de délévoir dans la première quinzaine d'août.
16:28Et donc, ce qui veut dire qu'on a quasiment un mois d'avance,
16:30et je peux vous assurer qu'on n'est pas au début des conversations
16:33sur vos antennes, parce que je pense que les sapeurs-pompiers
16:36et les forces de protection civile cet été vont être mises à rude épreuve.
16:41Et je le dis encore, au-delà des 59 feux
16:43qui ont été arrêtés dans la journée du départ de feu des Pennes-Mirabeau,
16:47dans le département des Bouches-du-Rhône,
16:50j'ai une forme de respect pour toutes celles et ceux qui ont lutté,
16:54c'est les comités communaux faute forêt,
16:56c'est les forestiers sapeurs, c'est les forces de police et de gendarmerie,
16:59c'est les sapeurs-pompiers et marins-pompiers, bien entendu,
17:01et nos collègues pilotes, mais il n'y a pas une victime.
17:03C'est une réussite, je peux vous assurer que quand il y a le feu
17:07qui arrive dans les habitations, au regard de la panique que ça génère,
17:11parce que nos populations ne sont pas prêtes à accepter ce risque-là,
17:14je peux vous assurer que c'est une vraie victoire
17:16de ne pas avoir de victimes sur ces feux-là.
17:19On retourne au standard, bonjour Eric.
17:21Oui, bonjour, bonjour France Inter, bonjour M. Dan.
17:25La question est simple, donc la forêt française est 17 millions d'hectares,
17:2950% paraît-il, j'attends que vous me confirmez ce chiffre,
17:3250% de cette forêt serait incapable maintenant de régénérer le carbone.
17:39Quelle en est la raison principale ?
17:41Est-ce que par exemple c'est dû au fait que 50% de notre forêt est morte
17:45ou est-ce que c'est lié à des arbres de malades ou toute autre chose ?
17:49Ou encore est-ce que le pifre serait faux ?
17:51Pauline Villain-Carlotti, vous froncez des sourcils.
17:54Oui, je ne sais pas d'où viennent ces chiffres.
17:57La forêt française n'est pas morte.
18:00Elle est en croissance, contre toute attente,
18:04plutôt dans la zone sud d'ailleurs,
18:06donc on n'a pas vraiment, elle est préservée.
18:09On peut faire mieux en termes de, on va dire, de politique forestière
18:13dans la mesure où la propriété forestière,
18:16elle est particulièrement morcelée sur le territoire national.
18:18Elle est à 75% privée,
18:20avec des propriétaires forestiers qui parfois s'ignorent.
18:23Donc c'est difficile d'avoir une gestion qui soit concertée à l'échelle nationale
18:28et qui soit cohérente.
18:32Mais en tout cas, la forêt française, elle n'est pas morte.
18:37Qu'est-ce que vous en pensez Anne-Catherine Loisier ?
18:39Vous êtes aux premières loisiers, vous êtes gestionnaire de forêt.
18:40Je pense que, bien sûr, il y a un grand sujet.
18:43Notre forêt est globalement fragilisée par des changements climatiques rapides,
18:48bien qu'en fait, le forestier, depuis 2018,
18:51il voit sa forêt devenir de plus en plus vulnérable.
18:53Depuis 2018, il y a des changements importants qui s'opèrent
18:56avec une moindre pluviométrie, avec des fortes chaleurs.
19:00Et donc, depuis 2018, on a une série de peuplement.
19:03On a beaucoup parlé des épicéas, mais il y en a d'autres.
19:05Il y a les hêtres dans d'autres régions, dans l'Est, qui périclite.
19:10Et depuis 2018, les forestiers mettent en œuvre des stratégies
19:13pour adapter les forêts.
19:17Donc oui, il faut être vigilant.
19:20Mais notre forêt, comme le dit madame,
19:22elle est toujours aujourd'hui, en tout cas en croissance,
19:23elle s'étend sur le territoire,
19:24ce qui peut, par ailleurs, représenter un danger,
19:27surtout quand elle s'étend aux abords des zones urbanisées.
19:31Et là, le sujet, c'est la maîtrise de l'urbanisme.
19:34Puisque jusqu'à présent, en fait, les documents d'urbanisme
19:37n'incluaient pas les massifs forestiers aux abords des zones urbanisées.
19:43Et notamment, dans notre loi, nous avons préconisé
19:45davantage de réflexions sur cette transition,
19:51en fait, ces zones intermédiaires entre la ville et la forêt,
19:54ou parfois même la ville de l'agriculture,
19:55parce que les feux peuvent démarrer sur des surfaces agricoles
19:58à l'occasion d'exploitation.
19:59Merci à vous trois, Pauline Villain-Carlotti,
20:03docteur en géographie, spécialiste des incendies de forêt.
20:05Grégory Allion, eurodéputé Rignoux
20:07et président d'honneur de la Fédération nationale des pompiers de France.
20:11Et Anne-Catherine Loisier, sénatrice centriste de la Côte d'Or,
20:13je vous souhaite une bonne journée.
20:15Merci à vous.

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