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Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, président de la Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire, était l'invité de la matinale de France Inter, vendredi 11 juillet.
Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
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00:00Une situation anxiogène. Voilà comment François Bayrou décrit la période alors qu'il doit présenter mardi aux Français ses pistes
00:07pour faire 40 milliards d'euros d'économies sur le budget de l'État l'an prochain.
00:12Le Premier ministre déjà sous la menace d'une motion de censure portée notamment par le groupe parlementaire de notre invité.
00:19Bonjour Éric Coquerel.
00:20Bonjour.
00:21Député de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis, président de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale.
00:26J'attends aussi vos questions, chers auditeurs au Zéan 1 45 24 7000 ou sur l'application de Radio France.
00:33On va parler longuement du budget Éric Coquerel ce matin, mais d'abord Lénard Monterlo, ce jeune homme franco-allemand de 18 ans
00:41qui n'avait pas donné signe de vie depuis près d'un mois alors qu'il était en plein voyage à vélo en Iran.
00:47Téhéran a confirmé hier qu'il avait été arrêté pour avoir commis un délit.
00:51On n'en sait pas plus pour le moment. Que peut faire, que doit faire la France pour lui venir en aide Éric Coquerel ?
00:58Faire pression sur l'Iran. Je n'ai pas une solution miracle, mais bien évidemment il faut exiger sa libération
01:04comme celle de nos deux compatriotes qui sont toujours emprisonnés en Iran.
01:09Je n'ai pas d'autre chose que de vous dire que, évidemment, un, je le dénonce, bien évidemment,
01:15et que deux, il faut faire une pression diplomatique sur l'Iran, même si...
01:23La situation en Iran, du fait des bombardements israéliens puis des Etats-Unis, totalement en dehors du droit international...
01:31Voilà, à un effet, malheureusement. C'est que la répression vis-à-vis de l'opposition en Iran s'est accrue.
01:37C'est à peu près le même scénario qu'on a eu dans d'autres pays du Proche et du Moyen-Orient.
01:41Et donc, à mon avis, il y a aussi, j'allais dire, cette pression mise sur la France à travers ce genre d'arrestation.
01:48Voilà, c'est une dénonciation de ce qui se passe.
01:50D'où je pars, je n'ai pas la solution d'Irak, mais simplement, je soutiens les efforts français pour les faire libérer.
01:57Vous dites faire pression, est-ce qu'il faut envisager des sanctions contre l'Iran aujourd'hui ?
02:01Écoutez, les sanctions contre l'Iran, j'allais dire qu'elles existent déjà.
02:06De toute façon, je vous rappelle qu'il y a déjà des sanctions liées à la question d'extraterritorialité décidée par les Etats-Unis.
02:13Je ne suis pas sûr que ce soit par ce moyen-là qu'on peut l'obtenir.
02:17Peut-être que la France devrait aussi, j'allais dire, faire preuve dans la situation internationale que nous connaissons d'un plus grand non-alignement par rapport à ce que font notamment les Américains.
02:30Je veux dire, ça aiderait peut-être.
02:32Alors, je ne dis pas qu'il faut être faible vis-à-vis de l'Iran, mais en tout cas, je pense qu'il ne fallait pas être du côté, ou même laisser faire ce qu'ont fait les Américains, encore une fois, en dehors du droit international.
02:42Avec des conséquences qui, à mon avis, vont être, on l'aura peut-être à la fin de l'émission, mais qui vont être, à mon avis, terribles pour le monde.
02:49Parce que cette sortie du droit international à laquelle nous avons assisté, bien évidemment, ça a des répercussions.
02:55Ça a par exemple des répercussions pour les Ukrainiens.
02:57Parce que, bien évidemment, Vladimir Poutine, à partir du moment où, du côté des Etats-Unis, d'Israël, on s'abstrait du droit international.
03:04Vous imaginez bien que Poutine, qui l'avait déjà largement fait en agressant l'Ukraine, vous remarquerez que les bombardements ont, du coup, augmenté.
03:12Voilà, donc je pense que ce qui s'est passé ouvre une période très, très instable, très dangereuse pour la paix dans le monde.
03:19Et nous évoquions Cécile Collère et Jacques Paris. Je rappelle qu'ils sont en prison en Iran depuis trois ans.
03:23Absolument.
03:23Maintenant, on en vient au budget 2026, Éric Coquerel.
03:28Il y aura des efforts pour les Français, pas de sacrifice, a dit le Premier ministre François Bayrou hier soir.
03:35Vous êtes rassuré, il n'y aura pas de sacrifice ?
03:36Non, pas vraiment, comme je sais à peu près ce qu'ils veulent faire.
03:39Non, je ne suis pas rassuré.
03:41Mais surtout, le problème, c'est qu'au-delà des efforts demandés aux Français, et toujours eux-mêmes,
03:45c'est-à-dire à peu près 90% de la population, au bénéfice d'un pourcentage très infime d'ultra-riches,
03:51moi, ce qui m'inquiète surtout, c'est que ce n'est pas le budget qu'il faut faire.
03:54Il ne correspond pas à la période du tout, qui justement a un lien avec la situation internationale, je vous décris.
04:01Avec l'élection de Donald Trump, on a un changement, une bascule très importante dans la situation économique.
04:09C'est-à-dire que jusqu'à maintenant, on va dire que le capitalisme, pour aller vite, se basait sur le libre-échange.
04:17C'est comme ça que les choses évoluaient.
04:18Et là, on voit qu'il déclenche une guerre commerciale, parfois même d'ailleurs une guerre tout court,
04:24par rapport à...
04:25Avec les droits de douane de Donald Trump.
04:27Les droits de douane.
04:28Les réponses aux droits de douane.
04:29Donc, cette guerre commerciale, elle devrait induire certaines choses.
04:32Par exemple, elle devrait induire qu'on soit moins dépendant, justement, des importations, exportations,
04:38et donc qu'on accroisse une souveraineté industrielle, notamment au service d'une bifurcation écologique.
04:45Ce n'est pas du tout ce qu'on fait. On fait un budget, alors que les Allemands vont mettre cette année 82 milliards d'investissements dans l'industrie,
04:52dont l'industrie de défense. On en parlera peut-être tout à l'heure.
04:55On va en parler, bien sûr.
04:56Ils vont monter jusqu'à 129 milliards d'investissements en 2030.
05:00Tout ça pour remplacer en réalité leur industrie automobile par l'industrie de défense.
05:03On va vous répondre que l'Allemagne n'a pas la même dette que la France.
05:05Oui, mais on va mettre ça de côté, parce que s'ils le font, c'est que c'est nécessaire.
05:09Et nous, on va rester sur le quai, avec un budget d'austérité, sans quasiment aucun investissement,
05:15à part un peu plus sur les dépenses militaires.
05:18Je pense que dans quelques années, dans une dizaine d'années, quand on va se donner rendez-vous,
05:22si jamais cette politique, malheureusement, se perpétuait, je pense que nous aurons deux yeux pour pleurer.
05:28Nous n'aurons plus d'industrie dans ce pays.
05:30Les emplois seront en berne, etc.
05:32Donc, si vous voulez, ce budget ne correspond pas du tout à ce qu'il faut faire.
05:36Et c'est principalement ça que je lui reproche, en fait.
05:39Pas d'augmentation d'impôts généralisés, a promis François Bayrou hier, mais des efforts particuliers.
05:44Vous avez peut-être entendu, Dominique Seux, tout à l'heure,
05:48le recours à la fiscalité dans ce budget ne représenterait que 10% des 40 milliards
05:53que le gouvernement s'est engagé à trouver pour l'année prochaine.
05:56Tout le reste, ce serait donc des coupes dans les dépenses publiques.
06:00Est-ce qu'il faut plus d'impôts, Éric Coquerel ?
06:01Écoutez, regardons un peu ce qui s'est passé d'abord depuis 2017.
06:05Et faisons le bilan de cette politique.
06:07En 2017, Emmanuel Macron, en gros, dit qu'on va accroître, parce que ce n'était pas nouveau,
06:11mais la politique de l'offre et de la compétitivité, qui signifie une chose.
06:15Vous essayez d'attirer les capitaux.
06:17Et pour ça, vous leur faites des cadeaux fiscaux, des avantages, etc.
06:20En espérant que ça va produire de l'investissement, produire de l'emploi.
06:23Bien. Donc faisons le bilan. Cette politique a produit des déficits.
06:28Parce que ce que vos éditeurs doivent comprendre, c'est que la dépense publique dans le PIB,
06:33dans le produit, dans la richesse, n'ont pas augmenté.
06:35Elles ont même légèrement baissé depuis 2017.
06:38Ce n'est donc pas les dépenses publiques qui créent le déficit.
06:40Ce qui crée le déficit, c'est les recettes qu'on a perdues.
06:42Environ 60 milliards par an de recettes, même plus maintenant.
06:46Alors, quelles nouvelles recettes ?
06:47Et ces recettes, elles ont surtout avantagé les ultra-riches, les détenteurs de capitaux.
06:53Alors, est-ce que ça a produit des effets sur l'économie ?
06:55C'est ça qu'il faut voir. Ça aurait produit des effets, pourquoi pas ?
06:57Parce que si ça avait produit des effets sur l'économie,
07:00d'une autre manière, ça aurait produit des recettes, des cotisations,
07:03de la fiscalité à travers une économie qui repart.
07:04Pas du tout.
07:06Le chômage va repartir à 8%.
07:07Pour la première fois, la part de l'industrie va baisser en dessous de 10% du PIB.
07:11C'est historique, il faut bien le comprendre.
07:13Alors qu'on nous parlait de réindustrialisation,
07:15étant le plus grand succès d'Emmanuel Macron.
07:17Le taux de pauvreté explose.
07:20Plus 650 000 personnes en dessous du seuil de pauvreté l'an dernier.
07:24On en est à 15,4%.
07:25Presque 10 millions de Français pauvres.
07:27Je pourrais vous accumuler tous les chiffres,
07:29y compris la question de la productivité, qui est un vrai problème.
07:31Donc, toute cette politique a échoué.
07:33Il serait peut-être temps, au lieu de continuer
07:35et de faire en sorte de faire payer à tout le monde,
07:38par la baisse des dépenses publiques,
07:39ou des prestations, ou des pensions,
07:41les cadeaux qu'on a fait aux plus riches,
07:43d'aller récupérer cet argent pour réduire les déficits,
07:45mais surtout pour investir.
07:46Et donc, quelle autre solution avec Coquerel ?
07:48Qu'est-ce que vous proposez ?
07:49Quelle nouvelle recette vous proposez ?
07:50Très clairement, je propose de faire une marche arrière par rapport à 2017.
07:54C'est-à-dire d'aller prendre un peu,
07:57ne vous inquiétez pas, on ne va pas leur prendre tout, loin de là.
08:00On va leur prendre une part infime de ce qu'ils ont gagné.
08:04Je parle des ultra-riches, je parle des 0,1% des Français les plus riches,
08:07mais ils ont tellement gagné que ça produirait des dizaines de milliards d'euros
08:11qui éviteraient d'aller baisser les moyens de l'État,
08:14baisser les moyens de la sécurité sociale,
08:15baisser les moyens des collectivités territoriales,
08:17s'attaquer aux retraités, puisqu'on compte beaucoup s'attaquer aux retraités,
08:21ce qui en plus a un aspect, j'allais dire, mauvais pour l'économie,
08:24parce que les dépenses publiques, quand vous les baisser,
08:26vous avez un effet récessif.
08:28Taxer les ultra-riches, est-ce qu'on parle là de la taxe Zuckman ?
08:30Notamment, on parle de la taxe Zuckman.
08:32Je rappelle rapidement ce que c'est.
08:35Depuis 2017, les avantages fiscaux faits par Emmanuel Macron
08:41ont eu tendance à faire en sorte que les ultra-riches
08:46versent leur patrimoine sur leur patrimoine professionnel,
08:49en gros des actifs financiers, parce qu'ils sont moins taxés.
08:52Donc, du coup, il y a eu beaucoup d'argent perdu pour les impôts.
08:56La taxe Zuckman consiste à dire, écoutez, on va leur prendre 2% de leur patrimoine.
09:01Seulement 2%.
09:02Et figurez-vous que ce 2% de patrimoine, ça s'est tellement accumulé
09:06pour les personnes qui gagnent plus de 100 millions d'euros.
09:08On parle par an, on parle vraiment d'une part infime de la population.
09:13Ça rapporterait 15 à 20 milliards d'euros.
09:152% du patrimoine.
09:16Est-ce que vous sentez que ça bouge sur la taxe Zuckman ?
09:18Le président du groupe centriste au Sénat, par exemple, Hervé Marseille,
09:21a dit hier, pourquoi pas, finalement.
09:23Alors, est-ce que vous sentez qu'à l'Assemblée, vos collègues du centre de la droite se posent la question ?
09:29Alors, je vais vous répondre.
09:30Alors, sur la taxe Zuckman, oui, ça bouge.
09:32Vous savez qu'il y a 7 prix Nobel d'économie qui ont dit qu'ils étaient pour.
09:37Il y a, en dehors de Gabriel Zuckman, qui est un économiste plutôt antilibéral, on va dire.
09:41Mais il y a Olivier Blanchard, qui est l'ancien économiste conseiller du FMI.
09:45Il y a Jean Pisani-Ferry, qui était autrefois un proche d'Emmanuel Macron,
09:49qui ont appuyé sa taxe.
09:50Donc, oui, ça bouge.
09:52Et pour vous répondre sur l'Assemblée, ce qu'elle peut faire.
09:55La taxe Zuckman, qui taxe de 2% le patrimoine, 15 milliards.
09:58Le retour à un ISF, et avec une version climatique de ce ISF, 10 milliards.
10:03Une autre taxe Zuckman, moins connue, mais qui est vraiment très importante,
10:06qui consiste à dire, on va aller taxer les entreprises qui délocalisent leurs profits.
10:11J'explique, vous faites 30% de votre chiffre d'affaires en France.
10:14Comme en France, c'est plus imposé, vous allez en gros vous arranger pour déclarer vos profits en Irlande, par exemple.
10:21Ça, ça pourrait rapporter 26 milliards, etc.
10:23Figurez-vous que toutes ces taxes que je vous énumère l'année dernière à l'Assemblée,
10:26elles étaient majoritaires.
10:28Elles ont toutes été adoptées.
10:30On a adopté environ pour 60 milliards de recettes en plus.
10:34uniquement, je le précise par rapport aux Français,
10:38en touchant, on va dire, les 5% des Français les plus riches.
10:41Mais pour l'instant, le gouvernement n'en veut pas.
10:42Oui, mais c'est important de dire que l'Assemblée était disposée à aller voter,
10:46et que le gouvernement aurait été bien inspiré d'écouter l'Assemblée,
10:48au lieu de continuer à imposer une politique qui a échoué.
10:52Parce que la politique, l'an dernier, je vous rappelle, c'est déjà 35 milliards d'économies.
10:56On en rajoute 10 dans l'année parce qu'ils ont rectifié.
10:59La croissance a baissé, les déficits ont explosé.
11:01Je ne vais pas vous refaire la démonstration que j'ai faite au début.
11:03Éric Coquerel, le temps file.
11:05En tant que président de la commission des finances de l'Assemblée,
11:10vous avez vu les ministres de Bercy cette semaine.
11:14Là, on a parlé des recettes.
11:15Eux veulent faire des économies.
11:16Est-ce que la piste de l'année blanche est bien retenue, Éric Coquerel ?
11:20Oui, elle est retenue.
11:21Elle est retenue d'ores et déjà sur les dépenses de l'État.
11:25C'est-à-dire que ce qu'on va faire, c'est que les dépenses de l'État n'augmenteront pas.
11:27Pas indexées sur l'inflation ?
11:29Voilà.
11:30Et ni ce qu'on appelle en tendanciel.
11:32Le tendanciel, c'est ce qu'il faudrait augmenter pour répondre aux mêmes besoins,
11:35pour aller vite, en tant qu'on de l'augmentation de la population.
11:38Donc, avec un ministère qui va augmenter, c'est la défense.
11:42La défense, on va en parler juste après.
11:44Et donc, ça veut dire que d'autres ministères vont baisser.
11:46Est-ce que les prestations sociales, les retraites ?
11:48Alors, c'est la deuxième version.
11:49A priori, ça, ce n'était pas encore tranché.
11:51Mais ce dont on parle, c'est les pensions des retraités.
11:54C'est les pensions en général, notamment tout ce qui est social.
11:58C'est peut-être aussi l'impôt sur le revenu dont le barème ne serait pas indexé sur l'inflation.
12:04Et donc, ça va toucher tous les Français, notamment beaucoup les retraités,
12:09dont je rappelle qu'ils ne sont pas les privilégiés dans ce pays.
12:11Et qu'ils sous-tendent souvent la consommation populaire,
12:14qui est quand même un des moteurs de l'activité économique de ce pays.
12:17Donc, tout ça est très mauvais.
12:18Venons-en à la défense.
12:19Emmanuel Macron va faire des annonces dimanche.
12:22C'est ce qu'a reprécisé François Bayrou hier.
12:24Plus 3 milliards d'euros l'an prochain sur le budget de la défense.
12:27Et ça va augmenter comme ça jusqu'à 2030.
12:30Est-ce que ce n'est pas finalement une bonne nouvelle, Éric Coquerel ?
12:34C'est de l'industrie, l'armement en France ?
12:36Vous qui êtes attaché à l'industrie et à l'emploi que ça peut créer ?
12:38La première question, c'est qu'on va augmenter le budget de la défense.
12:43Pour quoi faire ?
12:44Moi, ça m'intéresse de savoir quel est l'objectif.
12:47On augmente la part du PIB.
12:49Mais quel est l'objectif ?
12:50Se défendre face aux menaces.
12:53Moi, je suis d'accord pour que la France ait les moyens de défendre son territoire.
12:56Je ne suis pas d'accord pour que la France participe à l'espèce de surarmement
13:00qu'on constate dans le monde, notamment imposé par les Etats-Unis,
13:04qui demande qu'il y ait 5% du PIB, comme ça les gens vont acheter l'armement américain
13:09et ça va être bon pour l'économie américaine et moins bon pour la paix.
13:12Tout simplement, pourquoi je ne suis pas d'accord avec ça ?
13:14C'est que si vous voulez, quand vous avez un affrontement commercial
13:17de plus en plus intense entre des blocs économiques
13:19et qu'en plus vous avez un surarmement,
13:23en général, le capitalisme a besoin de déboucher.
13:25Autrement dit, quand il produit des armes,
13:26il ne va pas stocker toutes ces armes, il va falloir les utiliser.
13:29Et donc, je pense que pour la paix dans le monde, c'est extrêmement dangereux.
13:32Et le deuxième point qui, moi, me pose question,
13:36c'est que je crois que l'urgence que nous connaissons,
13:38c'est l'urgence climatique.
13:39C'est la question de l'environnement.
13:41Vous avez vu les incendies, ça a évidemment un lien avec ça.
13:44C'est la question de zones de plus en plus importantes du monde
13:49autour des littéraux hautes qui vont devenir invivables.
13:51On ne dépense pas assez pour l'adaptation au changement climatique.
13:56Ce n'est pas qu'on ne dépense pas assez, c'est qu'on dépense moins.
13:59Là, il y a une étude d'I4C, c'est un think-sang qui travaille sur les questions de l'écologie,
14:03qui estime qu'il faudrait, pour respecter les accords de Paris,
14:06que la France mette 50 milliards d'investissements publics de plus d'ici 2030.
14:11L'année dernière, c'est moins de 2 milliards.
14:12Et pour la première fois, les budgets d'investissement depuis des années ont baissé l'an dernier.
14:16Donc là, je dis alerte.
14:19Tout ce que les gens constatent aujourd'hui comme problématique à la fois de prévention,
14:24d'adaptation, de réparation par rapport au climat,
14:27nous dépensons toujours moins de budget pour la bifurcation écologique.
14:31Je pense que, vous savez, on parle souvent de la dette financière.
14:34On nous dit, nos enfants, nos petits-enfants, nous reprochons la dette financière.
14:38Moi, je n'y crois pas.
14:39Je crois que ça, ce n'est pas un problème majeur.
14:41Par contre, ils auront raison de nous reprocher la dette écologique qu'on est en train de leur léguer,
14:45qui va devenir dramatique, parce que celle-là, elle est vitale.
14:48Et c'est exactement ce que nous sommes en train de faire.
14:50En un mot, aujourd'hui, avec la copie que prépare le gouvernement d'après vous,
14:54vous censurez François Bayrou.
14:56Ah oui, bien sûr.
14:57Je ne vois pas très bien comment on appuie un budget qui est à la fois injuste
15:01et qui va avoir un effet récessif, régressif sur l'économie
15:05et qui ne va pas répondre aux urgences de l'heure.
15:07Donc, bien sûr que nous le censurons.
15:10Et je pense que le gouvernement Bayrou, d'ailleurs, à mon avis, tombera sur le budget
15:13s'il veut vraiment l'imposer à l'Assemblée.
15:15Parce qu'il y a deux solutions.
15:16En rapport, il faut que les députés du Rassemblement national
15:18votent avec les groupes du Nouveau Front Populaire.
15:20Mais moi, je ne trie pas parmi les opposants, si vous voulez.
15:24Ce gouvernement, M. Macron, a fait le choix de nommer un gouvernement minoritaire,
15:27de ne pas respecter le suffrage universel.
15:29Ce n'est pas nous les responsables de ça.
15:31Et il aurait une possibilité, c'est qu'il laisse faire l'Assemblée.
15:34Parce qu'encore une fois, l'an dernier, je le répète, nous avons voté des recettes supplémentaires
15:38et nous avons voté moins de dépenses publiques.
15:41Moins de baisse de dépenses publiques, pardon.
15:43Bon, ce n'est pas ce que le gouvernement a choisi.
15:44Il est passé par 49,3.
15:46S'il veut faire la même chose cette année, il y aura une motion de censure.
15:48Autre sujet d'actualité, Éric Coquerel.
15:50Ce projet pilote sur l'immigration annoncé hier par Emmanuel Macron.
15:54Il est en visite d'État au Royaume-Uni.
15:55Aux côtés du Premier ministre britannique, Kirstarmer.
15:58Projet qui prévoit que les migrants arrivés illégalement depuis la France
16:02seraient arrêtés et renvoyés rapidement, je cite Kirstarmer, en France.
16:07En contrepartie, Londres ouvrirait une voie légale d'immigration
16:11pour ceux qui, depuis la France, demandent à s'installer
16:15en justifiant des liens avec le Royaume-Uni.
16:18Et le principe, c'est un migrant renvoyé du Royaume-Uni vers la France,
16:23un migrant qui a le droit de partir de la France vers le Royaume-Uni.
16:26Est-ce que c'est une bonne solution pour limiter les traversées de la Manche
16:30qui sont, on le sait, extrêmement dangereuses ?
16:31Moi, je crois que nous devons arrêter d'être les gardes frontières
16:34du Royaume-Uni en matière d'immigration.
16:37Je ne vois pas pourquoi c'est la France qui ferait ce tri.
16:40Au nom de quoi, je pense que s'il y a des gens qui veulent aller en Grande-Bretagne
16:46plutôt que de rester en France, parce que c'est de ça dont on parle,
16:48pour une bonne part, il faut savoir qu'ils pourraient avoir le droit d'asile en France.
16:51Ils choisissent d'aller en Grande-Bretagne parce qu'ils ont des familles
16:54qu'ils connaissent culturellement, ils viennent de pays qui sont plus proches
16:57de l'ancien Commonwealth, etc.
16:59Donc moi, je refuse l'idée que la France continue à appliquer des accords du Blin
17:04qui, à mon avis, sont mauvais pour tout le monde, pour les migrants
17:07et puis pour notre pays.
17:08Autre sujet, Éric Coquerel, votre collègue députée insoumise Gabriel Catala
17:12et la députée européenne Emma Fourreau vont embarquer la semaine prochaine
17:16sur un nouveau bateau humanitaire à destination de Gaza,
17:19navire de la flottie de la liberté.
17:21Cette ONG, en juin, à bord de l'un de ces navires, on s'en rappelle,
17:25Rima Hassan, eurodéputé LFI, avait été arrêtée avec d'autres par la marine israélienne.
17:31N'est-ce pas un mode d'action dangereux, Éric Coquerel,
17:34pour ceux qui embarquent sur ces navires ?
17:38C'est déjà un mode d'action qui me permet de vous répondre sur cette question
17:41et de vous rappeler qu'aujourd'hui, à Gaza, il y a plusieurs dizaines de morts par jour
17:44palestiniens, qu'il y a toujours un blocus alimentaire, humanitaire,
17:49et qu'il y a une population qui subit un génocide.
17:54Des distributions humanitaires organisées par Israël mais qui se passent très mal.
17:57Au moins, ça sert à ça.
17:59Déjà, c'est déjà un premier élément, à ne pas oublier, à ne pas s'y faire.
18:03Parce que ce qui se passe à Gaza, pour le peuple palestinien,
18:06est une des plus grandes hontes, déjà, de ce XXIe siècle.
18:09Donc déjà, c'est positif.
18:10Et la deuxième chose, c'est que le fait qu'ils approchent des côtes de Gaza,
18:14dont je rappelle qu'elles ne sont pas israéliennes,
18:16montre bien, là aussi, qu'on est en dehors de tout droit international.
18:19Je rappelle que le bateau sur lequel était Rima Hassan,
18:21le Madeleine, oui,
18:22est un bateau qui a été arraisonné en eau internationale,
18:26pas dans les eaux israéliennes.
18:27Donc ça montre aussi, j'allais dire, la manière dont Israël se...
18:31Pardon, Israël se fait du droit international,
18:35ce qui est évidemment problématique.
18:36Donc c'est très positif comme action.
18:38On approche la fin de ce grand entretien, Eric Coquerel,
18:41un mot de la campagne pour les élections municipales,
18:43qui commence doucement, en ordre dispersé à gauche.
18:47Est-ce que les futurs maires insoumis vont désarmer les polices municipales ?
18:52Écoutez, ça c'est marrant comme débat, vous savez,
18:54parce qu'il y a quelques années...
18:55Est-ce que c'est Mathilde Panneau, votre collègue, qui...
18:57Il y a quelques années, le débat à gauche, c'était
18:59est-ce qu'il y a des polices municipales ou pas ?
19:01Je ne sais pas si vous vous rappelez.
19:01Et notamment au nom du fait qu'au nom de l'égalité républicaine,
19:05ce n'est pas selon les moyens des municipalités
19:08qu'on peut mettre de la police, c'est la police nationale.
19:10Et puis, bon, il y a des polices municipales qui se sont installées partout.
19:13Et maintenant, on a un deuxième débat.
19:14Est-ce que la police municipale doit forcément être,
19:17j'allais dire, dupliquer une police nationale,
19:21devenir une police d'intervention, une police répressive ?
19:23Moi, je pense que c'est une erreur profonde.
19:25Je pense que tant qu'à faire qu'on a des polices municipales,
19:27elle doit reprendre le rôle de police de proximité,
19:29qui était, avant Nicolas Sarkozy, celle d'une partie de la police nationale,
19:33c'est-à-dire des îlotiers, des gens qui faisaient surtout de la prévention
19:37et non pas de la répression, qui montent cruellement dans les quartiers.
19:40Et je pense qu'à travers cette question de désarmement, c'est ça qui est posé.
19:45Moi, je vis dans deux villes, par exemple, gérées par le Parti Socialiste,
19:49Saint-Denis et Saint-Ouen, où progressivement,
19:51la police nationale, on ne fait plus la différence avec la police municipale,
19:54on ne fait plus la différence avec la police nationale.
19:56Et par contre, il y a des quartiers qui disent,
19:58nous, on aimerait bien avoir une présence policière, assurante,
20:02et puis qui, après, ont un rôle de prévention,
20:04et qui, s'il y a un problème, appellent la police nationale.
20:06Voilà, je pense que tout le débat est là-dessus,
20:08et vous voyez que ce n'est pas un débat entre plus ou moins de sécurité,
20:11plus ou moins de tranquillité,
20:12mais qu'est-ce qu'est la police et qu'est-ce qu'est la police municipale ?
20:15Merci Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis,
20:18président de la Commission des Finances.
20:19Merci d'avoir été l'invité d'Inter ce matin.
20:21Bonne journée.
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