Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et président du groupe UDR à l’Assemblée nationale est l'invité du Grand entretien de la matinale de France Inter. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-28-mai-2025-4400045
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00:00Avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le député des Alpes-Maritimes,
00:04président du groupe Union des Droites pour la République à l'Assemblée Nationale,
00:09l'UDR qui est un parti allié du Rassemblement National.
00:13Il publie dans dix jours, le 4 juin prochain chez Fayard,
00:19« Je ne regrette rien, l'heure est venue de dire pourquoi ».
00:23Et vous pourrez dialoguer avec lui dans quelques instants au 01 45 24 7000.
00:29Et sur l'application Radio France, Éric Ciotti, bonjour.
00:33Bonjour, bienvenue.
00:34Bienvenue, oui.
00:35Heureux d'être chez vous.
00:36C'est sympa, bienvenue d'être à ce micro.
00:39Beaucoup de sujets à aborder avec vous ce matin.
00:42La situation budgétaire du pays, vos propositions présentées hier sur une retraite par capitalisation,
00:49votre regard sur la situation politique avec le rebond de votre ex-parti, Les Républicains,
00:55qui a désormais un nouveau chef.
00:57Mais un mot pour commencer sur la fin de vie.
01:00Après trois ans de discussions, de débats, après une convention citoyenne,
01:06l'Assemblée Nationale a voté hier la proposition de loi sur la fin de vie,
01:10créant un droit à l'aide à mourir.
01:13Catherine Votrin, actuelle ministre de la Santé, défend cette proposition de loi
01:17qui ouvre selon elle la voie à un modèle français d'aide à mourir,
01:21strict et encadré.
01:23Vos députés et vous-même avez voté contre ce texte.
01:27Absolument.
01:28Pour quelles raisons ?
01:29Parce que ce texte introduit une rupture anthropologique.
01:33j'ai voté le texte sur les soins palliatifs, qui a été voté à l'unanimité,
01:41parce que c'est là le problème.
01:43J'entends la demande légitime de personnes en grande souffrance, en fin de vie,
01:48qui veulent disposer de leur vie.
01:50C'est légitime et c'est une vraie question.
01:53Mais ce qu'ils veulent, c'est que leur souffrance soit atténuée.
01:55Et pour répondre à cette légitime demande, il faut que partout, il y ait des services de soins palliatifs.
02:03La moitié des départements français en sont privés.
02:06Et les personnes qui rentrent dans ces services, qui sont extraordinaires,
02:09j'ai eu l'occasion d'en visiter, apportent une humanité et un soulagement extrêmement important.
02:17Je pense que l'objectif était là.
02:19C'est vrai que vous êtes le seul groupe de toute l'Assemblée nationale à avoir voté unanimement contre.
02:25C'est-à-dire que le RN était divisé, en majorité ils ont voté contre,
02:29mais il y a eu des voix qui ont voté pour et des abstentions.
02:32Les LR aussi s'étaient divisés et vous, vos 16 députés ont tous voté contre.
02:37Il n'y avait pas de discipline de groupe.
02:39Sur un sujet comme cela, chacun vote comme il le souhaite.
02:42Au départ, plusieurs députés de mon groupe souhaitaient s'abstenir.
02:47Personnellement, j'ai nourri une réflexion qui a évolué.
02:54J'ai pu être concerné à titre personnel par des sujets très graves.
03:00Donc j'ai réfléchi, je n'ai pas de position dogmatique.
03:03Mais ce qui a fait basculer ceux qui hésitaient, c'est l'introduction de ce délit d'entrave.
03:09Et là, on rentre dans une logique extraordinairement différente.
03:12Parce qu'une société, elle doit protéger la vie.
03:17Toutes nos lois, toutes les sociétés développées, c'est protéger la vie.
03:22Éviter qu'on note la vie.
03:24C'est le sens de la loi commune.
03:26Et là, on rentrait dans une logique inverse.
03:29Non seulement on autorise à donner la mort, dans des conditions encadrées,
03:33mais on va condamner ceux qui veulent que la vie subsiste.
03:40Et ce délit d'entrave qui préoccupe au plus haut point les soignants,
03:47notamment parce que demain, ils risqueraient d'être victimes s'ils refusent d'accomplir ce geste.
03:54C'est cette porte ouverte qui a fait basculer certains dans le contre.
03:58Mais c'est un vote individuel, c'est une rupture anthropologique à laquelle on a assisté.
04:03On verra ce que ça donne au Sénat, s'il garde notamment ce délit d'entrave ou pas, on verra.
04:08J'espère qu'il sera rejeté.
04:10Passons à l'économie et aux questions budgétaires.
04:13Hier, François Bayrou a annoncé qu'il présenterait un plan pluriannuel de redressement des finances publiques
04:18qui va demander un effort à tous les Français.
04:20C'est un plan qui vise de retour à l'équilibre sur trois ou quatre années.
04:25Il n'a pas donné les mesures, il va les annoncer en juillet.
04:27On rappelle que le gouvernement cherche 40 milliards d'euros d'économie pour le budget 2026.
04:32Est-ce que vous saluez le fait que François Bayrou mette sur la table, malgré son absence de majorité,
04:36le fait qu'il va falloir tenir ses finances publiques ?
04:40On est dans un discours.
04:42Et que dans un discours.
04:43Il avait déjà dit dans sa déclaration de politique générale,
04:47pour l'instant, on n'a rien vu venir.
04:50Moi, ce qui me perturbe, c'est qu'on demande des efforts aux Français.
04:54Mais ce que les Français demandent au gouvernement, c'est que le gouvernement fasse des efforts lui-même.
04:59Qu'il diminue les dépenses publiques.
05:02On est le pays d'Europe où on dépense le plus d'argent public.
05:05Et les Français mesurent que les services publics apportent des réponses de plus en plus imparfaites
05:12à l'hôpital, dans la justice, dans l'éducation nationale.
05:16Donc, il y a ce paradoxe.
05:18Plus on dépense d'argent public, et plus il y a d'impôts pour les financer.
05:22Et les Français sont écrasés d'impôts.
05:24Donc, demander des efforts aux Français, sans que l'État lui-même,
05:29sans qu'aussi les collectivités, quelquefois,
05:31sans qu'on touche à notre modèle bureaucratique, les 1200...
05:36Justement, votre modèle, vous, Nicolas ?
05:38Vous avez voulu, Éric Ciotti, à l'UDR, mettre sur la table un plan simple,
05:46copié en France, qui a été fait ailleurs, par Elon Musk aux Etats-Unis,
05:50ou Javier Mileï en Argentine.
05:51En janvier, vous frappiez les esprits en posant, comme le président argentin,
05:56avec une tronçonneuse siglée UDR, pour élaguer dans la dépense publique,
06:01appelant à la libéralisation de notre économie.
06:05C'est Mileï, votre modèle ?
06:08Mileï, il réussit.
06:10Ce qu'il a fait en Argentine est extraordinaire.
06:13Il a réduit les déficits de façon considérable,
06:17parce qu'il a réduit les dépenses,
06:19ce qui a nourri une croissance beaucoup plus forte pour l'Argentine.
06:23À quel prix, Éric Ciotti ?
06:24Ça fait un an et demi, ce que vous dites est juste.
06:26Il y a un modèle argentin qui est en train de réussir.
06:28Il a réduit les déficits, mais à quel prix ?
06:29Il baisse drastique des dépenses dans l'éducation et la santé,
06:32osse des prix de l'électricité et des tickets de métro,
06:34et explosion de la pauvreté.
06:36Un argentin sur deux vit désormais sous le seuil de la pauvreté.
06:39C'est ça que vous voulez faire en France ?
06:40C'était déjà dans un seuil de pauvreté élevé au contraire.
06:43Oui, mais il l'a fait exploser.
06:45Alors là, je peux vous donner les chiffres.
06:47Le taux de pauvreté a bondi en Argentine.
06:50La croissance bondit.
06:51Et la croissance, elle va générer une hausse des salaires,
06:55de la production et donc des salaires.
06:58Et quelque part, ce modèle, pour moi,
07:00les pays sont naturellement différents.
07:02On n'est pas l'Argentine, on n'est pas les États-Unis.
07:05Mais comment on peut vivre en France avec 1200 agences
07:08qui dépensent 80 milliards d'euros,
07:11avec une accumulation de normes,
07:14avec des échelons de collectivité locale
07:16dont plus personne ne comprend rien ?
07:19On a proposé dans ce premier forum des libertés,
07:22hier soir, on était au troisième,
07:23sur la capitalisation pour les retraites.
07:25On a proposé de supprimer un tiers des agences,
07:28de supprimer 400 000 normes.
07:30On a proposé la fusion des départements,
07:33des régions, des métropoles,
07:34qu'il n'y ait plus que 10 grands ministères,
07:37qu'on réforme l'État, qu'on le rende efficace.
07:39Vous espérez trouver 600 milliards d'euros en 5 ans ?
07:43Ce qui semble, là déjà, pour trouver 40 milliards l'an prochain,
07:45c'est extrêmement difficile.
07:48C'est l'accumulation par an !
07:50Mais comment vous voulez faire pour trouver ces 600 milliards, Eric Ciotti ?
07:53Je veux dire, comment vous prenez la tronçonneuse ?
07:55Donc on a compris sur les agences de l'État,
07:56mais les agences de l'État, ça ne vous fait pas 600 milliards du tout.
07:59Donc vous allez devoir aller taper, si j'ose dire,
08:02dans l'éducation, dans la santé, dans la justice,
08:04bien sûr, dans la culture.
08:06Vous ne pouvez pas les trouver, sinon, les 600 milliards.
08:08On va taper, d'abord, dans les dépenses
08:11liées au modèle migratoire aussi.
08:14Elles sont très importantes.
08:15J'assume, et nous sommes quasiment les seuls,
08:20de dire qu'il ne faut plus qu'il y ait de prestations sociales
08:23pour les étrangers qui arrivent dès le premier jour.
08:26Si on met ces prestations sociales,
08:28les allocations familiales, les APL,
08:31au bout de 5 ans,
08:32et c'est ce qui se fait dans la plupart des pays,
08:34on économise 7 milliards d'euros
08:36par an.
08:39Donc il y a le coût du modèle migratoire,
08:41il y a le coût de la bureaucratie,
08:43je rappelais, ces 80 milliards d'agences.
08:45Il y a notre réforme territoriale
08:48qui se conjugue à une réforme de l'État.
08:50Je veux supprimer toutes les directions régionales,
08:52les rectorats, les ARS.
08:55Tout cela génère des coûts,
08:57et tout cela nourrit de la réglementation
08:59qui empêche de la production.
09:01Ça veut dire réduire la masse salariale
09:02dans la fonction publique de manière drastique,
09:04ça veut dire mettre au chômage
09:05beaucoup de fonctionnaires.
09:07On ne met pas au chômage un fonctionnaire
09:09puisqu'il bénéficie d'un statut protecteur à vie.
09:13Aux Etats-Unis, ils les ont virés.
09:15Aux Etats-Unis, ils les ont virés.
09:16Ce n'est pas notre modèle.
09:17On peut adapter la fonction publique,
09:20il y a des services où il manque du personnel,
09:23la police, la justice,
09:25les fonctions régaliennes.
09:26Aujourd'hui, l'État est devenu
09:28très impuissant dans ses missions essentielles.
09:31celles de la sécurité, de la justice,
09:33de la défense, de la diplomatie.
09:36Et en revanche,
09:39l'État est devenu tellement obèse
09:43dans sa dépense sociale
09:45qui est improductive.
09:47Parce que, est-ce que vous pouvez reconnaître aujourd'hui
09:50que notre système éducatif,
09:53malgré les moyens qu'il a,
09:54n'a plus les résultats escomptés ?
09:56Que l'hôpital, c'est une vraie véritable problématique ?
09:59Moi, je suis élu local aussi.
10:02Je vois les Niçois
10:03m'appellent de plus en plus
10:04parce qu'ils ont des difficultés
10:06pour accéder aux soins,
10:07parce que les prises en charge
10:09à l'hôpital sont difficiles,
10:10parce que quand on va aux urgences,
10:12après, il n'y a plus de lits
10:13pour être soignés.
10:14Et pourtant, on dépense,
10:16on dépense de plus en plus.
10:17Donc, ça veut dire que le système,
10:19il ne fonctionne pas.
10:19Il y a un chiffre qui est sorti ce matin.
10:21Si on ne fait rien,
10:23le service de la dette,
10:24c'est-à-dire la somme pour rembourser la dette,
10:26sera de 108 milliards d'euros par an.
10:29108 milliards d'euros par an,
10:30vous parliez de 200 milliards.
10:32Donc, ça veut dire 108 milliards d'euros
10:34brûlés un peu comme les billets de Gainsbourg
10:36chaque année.
10:37C'est l'équivalent du budget de la défense
10:41et du budget de l'éducation.
10:42On ne peut plus continuer comme ça.
10:44Donc, il faut faire cette révolution de l'État.
10:47Et ce n'est pas des mesures contre les Français.
10:49Au contraire, ils auront la possibilité,
10:51parce qu'on va produire plus,
10:53de gagner plus dans ces mesures.
10:55Je termine là-dessus.
10:56Mais on proposait aussi une hausse des salaires de 10%.
10:59De 10% parce qu'on a en France
11:02des salaires qui sont trop faibles.
11:04Et parce que les charges sociales
11:07sont trop élevées
11:08et elles pèsent sur le pouvoir d'achat
11:10pour les salariés.
11:10Comment vous voulez augmenter de 10% ?
11:12Vous allez faire une loi.
11:12Vous allez forcer les chefs d'entreprise à augmenter.
11:15Par rapport aux 200 milliards d'économies
11:17que j'évoquais tout à l'heure,
11:18qu'on a documentées.
11:20C'est très précis, c'est très sérieux.
11:22On supprime la CSG sur la part salariale,
11:26ce qui aboutit à un 13e mois pour Télé-Français.
11:28Donc, on ne fait pas des économies
11:30pour redistribuer à ceux qui,
11:32déjà, n'auraient trop.
11:34On fait des économies
11:35pour redonner du pouvoir d'achat aux Français.
11:37Sur les retraites,
11:38vous appelez à développer une dose de capitalisation
11:40dans notre système de retraite par répartition.
11:44Dites-nous quel système vous prenez exactement ?
11:47Il s'agirait de faire basculer entièrement
11:49notre système sur le modèle américain,
11:52suédois ou hollandais,
11:53où les travailleurs financent leur propre retraite
11:55grâce aux cotisations
11:57qui sont placées en bourse.
11:59C'est quoi cette part de capitalisation
12:01dont tout le monde parle par ailleurs ?
12:03C'est un système mixte qui a fait ses preuves.
12:06Vous évoquiez la Suède.
12:08C'est des résultats remarquables.
12:10Ils ont un fonds de capitalisation
12:12qui est l'équivalent de toute leur richesse nationale.
12:16Ils ont des retraites qui sont beaucoup plus élevées
12:18que les nôtres.
12:19Ils ont des taux de rendement de retraite
12:21extrêmement élevés.
12:22Ce que nous proposons,
12:24c'est que, d'abord, ce système s'applique
12:26à ceux qui seront à la retraite dans 20 ans.
12:29Donc, on prendrait aujourd'hui à peu près
12:32la moitié des cotisants.
12:34Qu'il y ait un taux de capitalisation de 3%,
12:38de 3% sur, aujourd'hui, l'ensemble des cotisations.
12:42Il y a 28 points de taux de cotisation
12:46pour les patrons et pour les salariés
12:47consacrés aux retraites sur la masse salariale.
12:50Sur ces 28%, nous proposons, à terme,
12:53qu'il y en ait un tiers,
12:55à l'horizon d'une quinzaine d'années,
12:57qui aille sur la capitalisation.
12:59Et le socle de base resterait la répartition.
13:02C'est le seul moyen pour sauver notre système.
13:06Aujourd'hui, il est devenu intenable.
13:08On ne pourra plus continuer en augmentant
13:10l'âge de départ.
13:11Vous savez, l'espérance de vie, et c'est heureux,
13:13va être de 4 à 90 ans à l'horizon de 2070.
13:16C'est un énorme progrès pour la société,
13:18dû à la science.
13:19Comment on ne va pas pouvoir augmenter
13:21à vie l'âge de départ ?
13:22On vous entend ce matin, modèle Javier Milei,
13:27600 milliards d'économies trouvées sur 5 ans,
13:30la retraite par capitalisation.
13:31Elle en pense quoi, votre alliée Marine Le Pen ?
13:33Elle qui a promis d'abroger la réforme à 64 ans
13:36pour revenir à la retraite à 60 ou 62 ans.
13:38On n'a toujours pas bien compris,
13:39mais en gros, elle ne veut plus des 64 ans.
13:41Nous en discutons librement.
13:43Mais d'abord, moi, je suis à la tête
13:45d'une formation politique indépendante,
13:48qui a ses convictions.
13:48Qui a rallié le Rassemblement National,
13:51avec qui vous deviez être.
13:52Pardon, mais c'était présenté comme ça
13:54il y a encore moins d'un an,
13:55au moment de la dissolution.
13:57Jordan Bardella, Premier ministre,
13:58si on est en tête.
14:00Éric Ciotti, ministre de l'Intérieur.
14:02J'enlèverai à votre démonstration
14:04un R à rallier.
14:06Je suis allié.
14:08Et je l'assume, et j'en suis fier,
14:10et c'est ce que j'expliquerai dans mon livre,
14:12qui sort mercredi prochain,
14:14que je signerai ce dimanche
14:15au festival du livre de Nice.
14:17Et je suis fier de cette alliance,
14:20parce qu'elle a cassé là aussi
14:21des codes,
14:23elle a cassé ce mur,
14:25cet isolement,
14:26qui a privé la droite
14:27de mettre ses idées au pouvoir
14:29depuis des décennies.
14:31Mais quelle droite, Éric Ciotti ?
14:32Éric Ciotti, quelle droite ?
14:33La droite de...
14:34Je ne sais pas si vous estimez
14:35que Marine Le Pen est de droite,
14:36mais quand on lui demande,
14:37en janvier dernier,
14:38quand Darius Rochebin sur LCI
14:39lui demande,
14:40est-ce qu'il faut...
14:41Et tout réduire...
14:43Vous avez entendu,
14:44je le dis pour les auditeurs,
14:45il faut-il réduire la masse salariale
14:46dans la fonction publique ?
14:48Non, non, ça c'est des trucs de droite.
14:50Mais c'est une boutade, la démarche.
14:52Non, ce n'est pas une boutade,
14:53c'est ce que...
14:54Elle a ses convictions en économie,
14:56vous êtes très très éloigné.
14:57La démarche de Marine Le Pen,
14:58qui est candidate à l'élection présidentielle,
15:00c'est de rassembler tous les Français.
15:02Mais pour moi, être de droite,
15:05c'est mettre la nation au-dessus de tout,
15:07c'est avoir un regard
15:09sur ce qui fait la force
15:12de notre civilisation,
15:13de notre nation,
15:15c'est faire confiance à l'entreprise.
15:17On discute beaucoup avec...
15:19Je ne suis pas rallié,
15:20je suis allié...
15:21C'est un petit point d'accord,
15:22l'entreprise,
15:22dire l'entreprise, c'est important.
15:24Il y a des désaccords,
15:25mais il y a des points de rapprochement...
15:26Mais sur toutes les questions économiques,
15:28vous êtes en désaccord ?
15:29Non.
15:30Sur quel point vous êtes d'accord ?
15:31Économiquement ?
15:32Le RN, notamment,
15:33a porté,
15:34lors de la discussion budgétaire,
15:36la diminution des dépenses publiques.
15:38C'est un point essentiel,
15:40nous sommes d'accord.
15:40Mais ça, tout le monde est d'accord,
15:41la diminution des dépenses publiques ?
15:42Ceux qui nous gouvernent aujourd'hui
15:44augmentent les dépenses publiques.
15:45Les socialistes veulent augmenter
15:47les dépenses publiques.
15:48Donc là,
15:48il y a un point de différence majeur
15:50avec ceux qui ne sont pas d'accord
15:53avec notre alliance,
15:55y compris les LR.
15:56L'ERN veut la diminution
15:58des impôts de production,
16:00veut qu'on produise plus,
16:01comme moi,
16:02parce qu'on ne s'en sortira pas
16:03si la France ne relocalise pas
16:05des productions.
16:06Si on arrête, par exemple,
16:07de mettre fin à la destruction
16:09de l'industrie automobile.
16:11Tout cela,
16:11ce patriotisme,
16:13nous le nourrissons,
16:14nous le chérissons ensemble.
16:16Donc, les points d'accord,
16:18ils sont beaucoup plus importants.
16:20C'est vrai que sur les retraites...
16:21Sur les retraites,
16:21vous n'êtes pas d'accord.
16:23Sur la réduction de la masse salariale
16:24dans la fonction publique,
16:25vous n'êtes pas d'accord.
16:27Pardon,
16:27il y a beaucoup,
16:28beaucoup de questions majeures
16:30économiquement
16:30où vous n'êtes pas d'accord.
16:31Et en revanche,
16:32c'est vrai qu'on vous entend ce matin,
16:33c'est vrai qu'on a lu
16:34vos programmes et vos propositions,
16:35puisque vous les publiez
16:36depuis janvier dernier.
16:38Et on se dit,
16:39mais qu'a-t-il fait
16:40de quitter LR ?
16:41Parce que quand on voit
16:41Bruno Retailleau
16:42qui est arrivé,
16:43là je vous vois sourire,
16:44mais il n'y a pas une feuille
16:46de papier de cigarette
16:47entre ce que vous proposez
16:48et ce que propose Bruno Retailleau
16:49sur tous les points.
16:50Le régalien,
16:51l'économie,
16:51la défense,
16:52sur tout.
16:53Alors là,
16:54on relit le titre de votre livre,
16:56Je ne regrette rien.
16:56Et là, on se dit,
16:57ben si,
16:58il va peut-être regretter un peu.
16:59C'est le problème de LR
17:00et c'est pour ça
17:01que ce parti
17:02qui est l'héritier
17:03du général de Gaulle
17:04est pour moi aujourd'hui
17:05le parti qui est l'héritier
17:07du général de Gaulle,
17:08j'ai pris d'ailleurs
17:08le nom du parti
17:09du général de Gaulle,
17:10c'est l'UDR.
17:11Ce parti,
17:12s'il a perdu la confiance
17:13des Français
17:14sur les six dernières
17:15grandes élections,
17:16LR a fait moins de 10%.
17:18Et j'ai échoué,
17:19personnellement aussi.
17:20Vous êtes le président de LR.
17:21C'est pour ça que je vous dis,
17:22j'ai échoué
17:23à le faire remonter.
17:24J'ai pris le parti,
17:25il était en ruine
17:26après l'élection présidentielle
17:29où Mme Pécresse
17:30a fait 4,7%.
17:31Ce n'était pas une défaite,
17:32c'était une humiliation.
17:34J'ai tout fait pour le remonter
17:36jusqu'aux élections européennes
17:38où on a amélioré les choses
17:40avec François-Xavier Bellamy
17:42mais on n'a pas retrouvé
17:44cette confiance.
17:44Pourquoi ?
17:45Parce que les Français voient
17:46un écart entre
17:47ce que nous disions
17:49et ce que dit aujourd'hui
17:50Bruno Retailleau,
17:51et les actes qui sont faits.
17:52La faiblesse de la démonstration
17:54de Bruno Retailleau,
17:55c'est qu'il est
17:56dans un gouvernement
17:57macroniste
17:59qu'il se fait rabrouer
18:00au Conseil des ministres
18:01la semaine dernière
18:02par M. Macron
18:03parce qu'il a sorti le rapport
18:05sur l'entrise
18:06des frères musulmans.
18:08Qui était confidentiel.
18:09Parce qu'il s'est fait désavouer
18:11sur l'Algérie.
18:12Donc, les Français voient bien,
18:14ils ne sont pas stupides.
18:15Enfin, les Français voient bien
18:16mais les militants LR
18:17qui ont été assez massifs à voter.
18:1990 000.
18:22On parle.
18:24Le PS, c'est 23 000
18:25qui ont voté hier.
18:26C'était pas mal,
18:2790 000 aujourd'hui
18:28pour les partis politiques.
18:29L'UNR a plus d'adhérents
18:30que le PS.
18:30Donc, c'est satisfaisant.
18:33Mais, il ne faut plus
18:34arrêter de parler.
18:35Moi, je dis,
18:37j'ai cassé ce cordon sanitaire.
18:38J'ai brisé ce mur.
18:40Je veux que les idées
18:41nationales,
18:42les idées droites
18:43gouvernent le pays.
18:45On aurait pu le faire
18:48l'année dernière
18:48si ceux qui ne m'ont pas suivi,
18:52beaucoup m'ont suivi.
18:53Mais Bruno Retailleau,
18:55Laurent Wauquiez,
18:56on fait partie de ceux
18:57qui ont refusé cette alliance.
18:59Rendez-vous compte,
18:59ils ont préféré
19:00être alliés au premier tour
19:02avec Emmanuel Macron
19:03et pire,
19:05et c'est pour moi
19:05une forme d'abomination,
19:07au second tour
19:08avec le nouveau Front populaire.
19:10S'ils m'avaient suivi
19:11dans cette alliance,
19:12nous serions aujourd'hui
19:13dans un vrai gouvernement
19:15qui pourrait mettre
19:16en place ces idées.
19:17Vous ne regrettez rien,
19:18même pas la fin rocambolesse,
19:20vous êtes enfermé
19:21dans le bureau,
19:21devant les chaînes d'info,
19:23en gardant les clés,
19:24tout ça,
19:24il n'y a pas de regrets.
19:25Ça, c'était la caricature
19:26que quelques-uns ont nourrie.
19:27Je n'ai jamais été enfermé.
19:29Tout a toujours été transparent,
19:31ouvert.
19:32Moi, ce que je souhaite,
19:33et je suis persuadé
19:34que l'avenir nous donnera raison,
19:36la droite ne peut pas gagner
19:38sans une alliance
19:39avec le Rassemblement national.
19:41Le reste, c'est une fable.
19:43Le reste, c'est tromper
19:44les électeurs de droite.
19:46Le reste, c'est continuer.
19:47C'est se rallier demain
19:48à M. Philippe ou à un autre.
19:50C'est poursuivre les lignes
19:51du déclin français.
19:52Donc, vous dites à Bruno Retailleau
19:53qu'il vous fait un peu de l'œil
19:54ces derniers temps, non ?
19:55Je me trompe ?
19:56Je me trompe ou pas ?
19:57Je ne sais pas.
19:58J'ai dit à Bruno Retailleau
20:02de me rejoindre.
20:02Vous ne l'assumez pas,
20:03mais vous le dites.
20:03J'ai dit à Bruno Retailleau
20:04de me rejoindre,
20:06de me rejoindre dans cette union.
20:07Vous vous êtes parlé ?
20:09Vous vous êtes parlé ou pas ?
20:10On a eu l'occasion
20:11de nous parler, bien sûr.
20:13Il faut qu'il rompe
20:14cette alliance
20:15avec les macronistes.
20:16Et il ne peut pas aller
20:17aux élections
20:18au second tour
20:20avec le soutien de LFI.
20:22Ça, ce n'est pas possible.
20:23Combien de députés LR
20:24ont été élus
20:25grâce au désistement
20:26de LFI ?
20:29Ce n'est pas possible.
20:29Donc, vous dites à Bruno Retailleau
20:32pour qu'on comprenne bien
20:33« Rejoins-moi
20:34dans la grande alliance
20:35avec Marine Le Pen
20:36et Jordan Bardella, c'est ça ? »
20:37Bien sûr, mais l'avenir,
20:38il n'est plus dans le macronisme.
20:40Il y a des ministres
20:40qui ont dit
20:41« Le macronisme, c'est fini. »
20:42Mais naturellement,
20:43ils ont raison.
20:44Mais alors,
20:44pourquoi il reste
20:45dans un gouvernement
20:46dont M. Macron
20:47tire les ficelles ?
20:48C'est ça qui est contradictoire.
20:49Vous savez,
20:50la vie politique,
20:50elle doit être simple.
20:51La vie politique,
20:52elle doit être simple.
20:53On ne peut pas tenir
20:53un discours
20:54et faire l'inverse.
20:56Parfois,
20:56ce n'est pas simple.
20:57Quand il n'y a pas
20:57une majorité
20:57à l'Assemblée nationale,
20:58ce n'est pas simple,
20:59Éric Ciotti.
21:00Oui, mais on aurait eu
21:01une majorité
21:01à l'Assemblée nationale
21:02si certains LR
21:05n'avaient pas eu
21:06cette position
21:07d'incohérence totale.
21:09Et si Marine Le Pen
21:10était empêchée
21:11par ses ennuis judiciaires,
21:12empêchés en 2027,
21:15Jordan Bardella
21:15serait-il
21:16un bon candidat
21:17pour vous ?
21:18Moi,
21:19je ne tire pas
21:20des plans sur la comète.
21:21Je ne vais pas préjuger
21:22d'une décision judiciaire.
21:24Il y a quand même
21:25une chance
21:25qu'elle soit empêchée.
21:27Moi,
21:27je travaille
21:28avec Marine Le Pen
21:29à l'Assemblée nationale.
21:31Nous avons des relations
21:32et une alliance solide
21:34et c'est quelqu'un
21:35de bien au plan humain
21:36qui respecte sa parole.
21:38Ça me changeait
21:38avec LR,
21:39je le dis,
21:39parce que là aussi,
21:41l'écart entre les discours
21:42et les actes,
21:43c'est notre faiblesse.
21:43Vous voulez dire,
21:43humainement,
21:44Marine Le Pen
21:45est meilleure
21:46que Laurent Wauquiez,
21:47votre ancien champion ?
21:48Je crois qu'on peut le dire.
21:50Ah oui ?
21:50Je crois qu'on peut le dire.
21:51Boum !
21:51En tout cas,
21:52elle respecte sa parole
21:53et ça m'a changé.
21:54Et je peux dire aussi
21:57que je travaille
21:58de façon très étroite
22:00avec Jordan Bardella.
22:01C'est quelqu'un
22:02qui a une stature,
22:04qui a une compétence.
22:04Est-ce qu'il n'est pas
22:05trop jeune ?
22:06On peut faire
22:07tous les procès
22:08qu'on veut.
22:10Ce n'est pas un procès,
22:11c'est un fait.
22:11Il aura 31 ans en 2027,
22:13il en a 29.
22:14Pour moi,
22:14ce n'est pas un handicap.
22:15Ce qui compte,
22:15c'est ce qu'on veut faire
22:16et ce qu'on va faire
22:17parce que je suis sûr
22:18que cette alliance,
22:20elle va gagner
22:20parce que
22:21c'est le moment de changer.
22:23tous ceux qui nous gouvernent
22:25depuis 40 ans
22:25sont au pouvoir.
22:27On a vu
22:27quel que soit leur camp
22:28où ils ont amené le pays.
22:30Et vous, candidat ?
22:31Non,
22:32ce n'est pas mon idée.
22:33Merci.
22:33Merci Eric Ciotti.
22:35Qui ne regrette rien,
22:36l'heure est venue
22:37de dire pourquoi.
22:39Le titre de votre livre
22:40aux éditions Fayard
22:41qui sera donc en librairie
22:43le 4 juin prochain.
22:45Merci d'avoir été
22:45au micro d'Inter ce matin.
22:47Sous-titrage Société Radio-Canada