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  • 07/07/2025
Yaël Braun-Pivet, députée des Yvelines et présidente de l'Assemblée nationale, était l'invitée du Grand entretien de la matinale du lundi 7 juillet. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-07-juillet-2025-1361175

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Transcription
00:00Il y a un an, jour pour jour, l'Assemblée Nationale prenait un visage inédit.
00:04Après la dissolution surprise décrétée par Emmanuel Macron le mois d'avant,
00:07les Français votaient pour renouveler leurs députés.
00:10Et au soir du second tour, ce 7 juillet, l'ERN arrivait en tête en nombre de voix.
00:15Le nouveau Front Populaire, l'Alliance de la Gauche, remportait le plus de sièges de députés
00:18et le groupe présidentiel arrivait derrière.
00:21Bonjour, Yael Broun-Pivet.
00:22Bonjour.
00:23Vous êtes notre invitée ce matin, merci d'être au micro de France Inter.
00:25Les auditeurs peuvent vous poser des questions et dialoguer avec vous au 01 45 24 7000
00:30et sur l'appli Radio France ont pressenté il y a un an que cette Assemblée-là,
00:34dont vous êtes restée la présidente, allait être sans majorité, difficilement lisible.
00:39Un an après, comment vous la qualifiez cette Assemblée ?
00:41C'est une Assemblée qui est vivante et vibrante.
00:45C'est un euphémisme, ça.
00:46Oui, parce qu'en fait, on voit bien, c'est une Assemblée très particulière,
00:50unique dans la Ve République, aucune majorité et très fracturée.
00:54J'ai 11 groupes politiques, c'est le maximum qu'on ait jamais eu à l'Assemblée nationale
00:58et donc beaucoup de fracturations, pas de majorité et ça donne effectivement une Assemblée contrastée.
01:05Il y a des moments très agités et on voit les Français de Moldis, bordélisation, fracas, brouhaha, etc.
01:12Je le constate et je le déplore avec eux, évidemment.
01:15Il y a des moments d'union ou de débat de qualité.
01:19On peut penser au débat sur la fin de vie, qu'on était à la hauteur de l'enjeu.
01:24Donc voilà, une Assemblée contrastée, mais une Assemblée qui fonctionne, qui tourne.
01:28On m'avait dit, on n'y arrivera pas.
01:30On arrive quand même à faire fonctionner l'institution, les organes de l'institution, vous savez, les organes de pilotage, ils fonctionnent.
01:38On a adopté la semaine dernière, dans un bureau où je ne suis pas majoritaire, où le nouveau Front populaire est majoritaire,
01:43le budget de l'Assemblée nationale, à l'unanimité.
01:46Donc on y arrive, c'est compliqué, c'est difficile, mais on y arrive.
01:50Un an après, vous en voulez, Emmanuel Macron.
01:52Vous comprenez ce qu'il a fait avec cette dissolution ?
01:54Alors un an après, il me l'a expliqué, mais je ne suis toujours pas d'accord.
02:00Et moi, j'avais marqué mon opposition à la dissolution lorsqu'il m'avait consultée avant même de dissoudre.
02:06Je trouve qu'effectivement, cette décision qui visait à clarifier, on n'est pas encore allé au bout de la clarification.
02:17Nous légiférons en mode mineur.
02:21Vous partagez ce qu'on constate, votre homologue au Sénat, le président Gérard Larcher ?
02:24En fait, on ne légifère pas bien, pour plusieurs raisons.
02:28On légifère autant que sous les précédentes mandatures.
02:32Moi, j'ai été regarder les chiffres.
02:33On a à peu près le même nombre de textes.
02:35En revanche, le fait marquant de cette législature depuis un an, c'est que le gouvernement passe par des propositions de loi.
02:44Au lieu de passer par des projets de loi.
02:46Les projets de loi qui nous ont été soumis sont des vieux projets de loi.
02:50C'est la loi agricole, la loi simplification.
02:53C'était des choses qui étaient engagées par les gouvernements, même avant Michel Barnier.
02:57En revanche, il y a des propositions de loi sur des thématiques qui devraient faire l'objet de projets de loi.
03:03J'en ai deux à l'esprit.
03:07La réforme de l'audiovisuel public qui vous concerne, est-ce que c'est bien normal qu'elle passe par proposition de loi et pas par projet de loi ?
03:14Je dis à vos auditeurs, la différence elle est importante.
03:17Parce que pour un projet de loi, il y a beaucoup plus de concertation avec tous les partis politiques et avec les acteurs professionnels, syndicats, etc.
03:24Il y a ce qu'on appelle une étude d'impact.
03:27L'étude d'impact, ça vient dire pourquoi on doit légiférer, quelles sont les conséquences de la législation, quelle est la situation, qu'est-ce qu'on attend, etc.
03:36Donc c'est important.
03:37Et puis on a un avis du Conseil d'État.
03:39Tout cela, on ne l'a pas sur des propositions de loi.
03:42Et une proposition de loi, elle fait beaucoup d'aller-retour entre l'Assemblée nationale et le Sénat.
03:48Il n'y a pas de procédure rapide.
03:49Ce qu'il y a sur des projets de loi, beaucoup plus facilement.
03:52Donc là, vous dites au gouvernement, faites-nous confiance, confiez-nous des projets de loi, c'est ça ?
03:55Moi, je dis au gouvernement, faites confiance évidemment au Parlement.
03:58L'Assemblée nationale est celle que les Français ont élue.
04:01Qu'elle vous plaise ou qu'elle ne vous plaise pas, elle résulte du choix des Français.
04:05Et moi, je suis garante du respect du choix des Français, du choix démocratique que les Français ont fait dans les urnes en 2024.
04:13Et après, je dis au gouvernement, donnez-nous de la prévisibilité.
04:17Dites-nous ce sur quoi nous allons travailler.
04:19En septembre, mais en octobre, en novembre, en décembre, et puis pendant l'année qui vient.
04:24En fait, on est, c'est invraisemblable, on est le seul Parlement au monde qui ne sait pas quel va être son agenda parlementaire.
04:32Et dans un contexte difficile, il vaut mieux essayer d'organiser les choses
04:37et de parler avec les différents groupes politiques très en avance plutôt que d'arriver un peu en catastrophe à l'Assemblée nationale et au Sénat avec des textes qui ne sont pas d'origine gouvernementale et que les parlementaires découvrent.
04:50Et effectivement, parfois, il y a du fracas.
04:52Les procédures sont devenues également assez peu lisibles.
04:55On a les exemples de la loi Duplomb, la reprise du chantier de la 69, la réforme de l'audiovisuel public, vous en parliez,
05:00avec des motions de rejet qui sont présentées, votées par les défenseurs de ces textes.
05:05On n'y comprend plus rien, en fait, à ces procédures.
05:07Mais justement, je pense que c'est une des conséquences de ce que je viens d'expliquer.
05:11Quand vous parlez de la loi Duplomb, c'est pareil, c'est une proposition de loi.
05:14Est-ce qu'elle n'aurait pas dû être endossée dès l'origine par le gouvernement ? C'est une vraie question.
05:19Après, les procédures qui sont votées et qui permettent de rejeter le texte dès le départ, elles sont aussi la conséquence de l'obstruction.
05:28En fait, ce sont, et c'est dommage, mais c'est des armes parlementaires de part et d'autre.
05:32Mais qu'on n'utilisait pas avant.
05:33Alors si, on l'a oublié.
05:35Mais ce n'était pas les défenseurs de ces textes qui les déposaient, les motions de rejet.
05:39Alors, c'est arrivé une seule fois.
05:42Sous la cohabitation.
05:43Mais en revanche, ce qu'on voit, c'est que d'un côté, moi j'ai des députés, et c'est leur droit, qui déposent des centaines, des milliers d'amendements.
05:51Et puis de l'autre côté, j'ai d'autres députés qui vont voter des motions de rejet pour dire,
05:54attendez, nous, on n'a pas d'autre arme contre les amendements qui sont déposés parce qu'il y en a des milliers.
06:00Et donc, on ne va pas pouvoir aller au bout du débat.
06:02Et vous comprenez bien que c'est aussi très sain qu'il n'y ait pas quelques députés qui, en déposant des milliers d'amendements,
06:09puissent faire obstacle à l'examen d'un texte.
06:11Démocratiquement, ça poserait un vrai problème.
06:13Donc, il y a différents recours qui sont prévus.
06:17Ces motions de rejet, elles ne me plaisent pas.
06:19Mais de la même façon, l'obstruction ne me plaît pas non plus.
06:21Moi, je veux du débat à l'Assemblée nationale.
06:24Vous vous sentez court-circuité par ces motions de rejet, parfois ?
06:27En fait, à nouveau, ce n'est pas que la motion de rejet.
06:31C'est l'obstruction plus la motion de rejet qui court-circuitent l'Assemblée nationale.
06:35C'est les deux ensemble.
06:36Et vis-à-vis des électeurs, ces manipulations, ça peut ressembler à des coups tordus.
06:39Ce n'est pas comme ça qu'on va rétablir la confiance entre la classe politique et les électeurs.
06:43Je suis bien d'accord.
06:45Mais c'est aussi, vous voyez, c'est pour ça que je parle vraiment beaucoup aussi de prévisibilité.
06:49Parce que c'est ça qui redonne confiance aussi.
06:51Quand on sait sur quoi va travailler le Parlement.
06:54Et dans quelles conditions va naître le débat.
06:56Le fait d'effectivement aller davantage vers les citoyens, d'être beaucoup plus transparent, etc.
07:02De mettre tout le monde autour de la table aussi.
07:04Les Français, ils nous disent quoi ?
07:06Ils en ont marre de ces querelles.
07:08Ils en ont marre de nous voir nous engueuler, nous voir nous invectiver.
07:12Les Français, ils ne veulent qu'une chose.
07:13C'est qu'on se mette autour de la table et qu'on essaye de se mettre d'accord.
07:16On n'y arrivera pas à tous les coups.
07:18Mais dans toutes les entreprises, même dans toutes les familles françaises,
07:20qu'est-ce qu'on fait quand on a des différents ?
07:22Eh bien, on essaye le dimanche midi, on invite un peu tout le monde.
07:25On met autour de la table et du gigot.
07:27Et on essaye de régler nos différents.
07:30Et pourquoi en politique, on n'y arriverait pas ?
07:32Pourquoi en politique, on n'est pas capable de faire ça ?
07:34Les Français, en tout cas, nous le disent.
07:36Moi, j'essaye.
07:37J'aimerais, je le fais à l'Assemblée nationale, dans le champ de compétences qui est le mien.
07:41Je crois que la classe politique, dans son ensemble,
07:43s'honorerait à davantage se mettre juste autour d'une table.
07:46La bordélisation de l'Assemblée nationale, c'est le ton aussi employé.
07:49Ce sont les cris, les invectives.
07:51Il n'y a jamais eu autant de sanctions à l'Assemblée ?
07:53Il n'y a jamais eu autant de sanctions.
07:56Contre des députés qui dérapent.
07:57Il y a eu beaucoup plus de sanctions entre 2022 et 2024 que sur cette dernière session.
08:03Il y a des dérapages.
08:05Et de la même façon, moi, je suis très intransigeante vis-à-vis de ces dérapages.
08:10Il ne faut pas les accepter.
08:11Il ne faut pas les tolérer.
08:12Donc, ils sont sanctionnés quand ils ont lieu.
08:14De la même façon, moi, les Français me disent plutôt l'inverse.
08:17Ils me disent tout le temps, mais pourquoi vous ne sanctionnez pas plus ?
08:20Pourquoi vous acceptez ça, etc. ?
08:21Alors, je leur explique quel est l'état de notre démocratie et qu'à l'Assemblée nationale,
08:26il y a aussi dans l'hémicycle une immunité parlementaire qui fait que les députés ont le droit de porter leurs idées de façon radicale.
08:34Après, il y a une limite.
08:36Et quand cette limite est franchie, eh bien, moi, je sanctionne.
08:39Un groupe de travail avait été annoncé par le Modem en début d'année pour trouver le chemin, justement, d'un retour à l'ordre et au calme.
08:44Il en est où ? Des propositions ont été faites ?
08:47Alors non, aujourd'hui, moi, je n'ai pas eu de proposition de la part du Modem.
08:50Moi, j'ai discuté avec beaucoup de présidents de groupe.
08:52Je les réunis régulièrement parce que moi, je les mets autour de la table.
08:55Les 11 présidents de groupe pourraient justement essayer d'avancer.
08:58C'est comme ça que l'Assemblée nationale réussit à avancer tant bien que mal depuis un an.
09:04Donc moi, ce que je leur ai annoncé, c'est que nous allions, à la rentrée, faire un groupe de travail avec les 11 présidents de groupe.
09:11Parce qu'on peut se réunir tout seul dans notre coin pour réfléchir.
09:14Mais en fait, si on veut avoir une voie de passage, il va bien falloir trouver du consensus avec toutes les forces politiques.
09:20Et donc moi, je les réunirai à partir de la rentrée régulièrement pour regarder ce que l'on peut faire comme réforme du règlement pour mieux avancer ensemble.
09:28Mais moi, je suis convaincue d'une chose et ça vaut pour le règlement, pour la proportionnelle, pour tout ce que l'on souhaite.
09:35C'est qu'en fait, il ne faut pas se réfugier derrière la règle, derrière les institutions, derrière telle ou telle loi ou organisation pour dire
09:43« Nous, on ne se met pas autour de la table, on ne discute pas ».
09:46En fait, il faut arrêter un petit peu de se réfugier derrière cela.
09:50Il y a un moment, on est des hommes et des femmes politiques.
09:53On doit prendre nos responsabilités et c'est une affaire aussi de volonté.
09:57Est-ce qu'on veut s'asseoir ou est-ce qu'on ne veut pas ?
09:59Et ce n'est pas parce qu'il y aura un changement du règlement de l'Assemblée nationale,
10:02ce n'est pas parce qu'il y aura un changement de la règle électorale, scrutin majoritaire, scrutin proportionnel,
10:07qu'on fera asseoir les gens autour de la table.
10:08Vous comprenez ce que je veux dire ?
10:10Il y a un moment où il s'agit aussi de la volonté exprimée par les hommes et les femmes politiques de notre pays.
10:14Certains disent quand même que la recette pour arriver à bout de cette assemblée fracturée
10:18qui fonctionne moins bien aujourd'hui, c'est la proportionnelle.
10:21Vous en pensez quoi de la proportionnelle ? Il en faut ou pas ?
10:23Je suis favorable à la proportionnelle, mais j'alerte sur le fait de dire
10:27ne croyons pas que la proportionnelle est la baguette magique
10:30pour que tout le monde puisse coopérer et rentrer dans une logique de coalition.
10:35Il faut de la volonté politique pour se faire et cette volonté politique,
10:38on pourrait très bien l'avoir dès aujourd'hui.
10:40On n'a pas besoin d'attendre le changement du mode de scrutin pour se faire.
10:44Et la dissolution ? A partir de demain, Emmanuel Macron, il peut de nouveau dissoudre.
10:48Ce ne serait pas ça la solution ? On remet tout à plat, on fait voter les Français ?
10:51Mais je ne crois pas parce que cette Assemblée nationale,
10:54elle est la dernière expression politique et démocratique des Français.
10:57Elle date d'il y a un an.
10:58Je ne suis pas bien convaincue que les Français diraient autre chose dans les urnes
11:02que ce qu'ils ont dit il y a un an.
11:05Et donc, jeter l'Assemblée nationale parce qu'elle ne nous plaît pas,
11:10je trouve que démocratiquement, moi, ça me pose un vrai problème.
11:15Et puis, à nouveau, je pense que ça ne servirait à rien.
11:18Cette Assemblée nationale, il faut la faire fonctionner.
11:21Et puis, il ne faut pas résumer l'action d'un gouvernement à l'Assemblée nationale.
11:25On est en Ve République, le gouvernement détient beaucoup de pouvoirs,
11:31beaucoup de modalités d'action.
11:33Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale
11:36que le gouvernement est empêché.
11:37Il n'a pas beaucoup de capacités à agir.
11:40Et donc, l'Assemblée nationale, c'est un aspect de notre situation politique.
11:45Heureusement, ça n'est pas le seul.
11:47Vous débutez aujourd'hui la dernière semaine de travail avant les vacances parlementaires.
11:51Une session extraordinaire jusqu'à vendredi avec un programme hyper chargé.
11:55Refondation de Mayotte, programmation énergétique, loi du plomb,
11:58loi PLM pour le changement de mode de scrutin de Paris-Lyon-Marseille,
12:02la réforme de l'audiovisuel public.
12:05Comment on peut examiner sereinement, sérieusement, tous ces textes jusqu'à vendredi ?
12:10En fait, ce sont des textes dont certains ne sont pas les mêmes stades de procédure.
12:15Mayotte, par exemple, a été examiné, voté dans nos deux chambres.
12:19Et là, maintenant, on est en recherche de compromis entre nos deux assemblées,
12:23Assemblée nationale, Sénat.
12:24J'observe sur ce point que le taux de compromis entre l'Assemblée nationale et le Sénat
12:28n'a jamais été aussi élevé, dans toute l'histoire de la Ve République,
12:3295% d'accords entre nos deux chambres.
12:35Ce qui montre qu'on est capable de faire le chemin et de trouver le chemin du compromis.
12:39Et moi, je voulais cette session extraordinaire parce que, déjà,
12:42je ne comprenais pas qu'on puisse imaginer que les députés partent en vacances le 30 juin,
12:46là où les Français travaillent bien plus.
12:49Et c'est bien normal.
12:50Mais vous n'avez pas un peu chargé la barque, quand même, pour la dernière semaine ?
12:52La barque n'est pas chargée, mais on voulait terminer un certain nombre de textes.
12:56Et donc, c'est le cas.
12:57Un peu faire le ménage avant la fin de la session.
13:00Et donc, ça se passe bien.
13:02Donc, moi, je ne suis pas inquiète.
13:03On travaillera jusqu'à vendredi sans aucune difficulté.
13:05Vous parlez de compromis.
13:06Ces compromis, on les voit en commission à l'Assemblée nationale,
13:10plus que dans l'hémicycle.
13:11Pourquoi on arrive à faire ça en commission ?
13:13Ou, par exemple, on a des co-rapporteurs qui sont renaissance insoumis.
13:17Là, je pense à la commission sur les violences à l'école née après Bétharum.
13:21Violette Spilbou et l'insoumis Paul Vannier.
13:23Là, ça marche.
13:24Pourquoi ça marche en commission et pas dans l'hémicycle ?
13:26Alors, ça marche aussi dans l'hémicycle.
13:28Depuis 2022, moi, j'ai créé ce qu'on a appelé les semaines transpartisanes.
13:32Justement, l'idée, c'était de dire, vous avez accès à l'hémicycle avec un texte de loi
13:37si vous le portez avec, dès le début, avec un député de la majorité, un député de l'opposition.
13:43Et cela, ça marche.
13:44Depuis 2022, on a adopté des dizaines et des dizaines de textes
13:49et ça a conduit à adopter des textes, effectivement, à l'unanimité.
13:53Je crois, en un an, 24 textes adoptés à l'unanimité dans ce cadre-là.
13:58C'est des textes tels que la fiscalité sur les AirBnB, le viol, la définition pénale du viol, etc.
14:06Donc, on y arrive.
14:08Mais c'est pour ça que, moi, je dis, il faut s'y prendre dès le départ.
14:12Vous voyez bien, dans ce cas-là, c'est deux députés qui décident de travailler ensemble sur une thématique donnée.
14:18Ils n'ont pas les solutions qu'ils posent sur la table dès l'origine.
14:21Ils avancent ensemble.
14:22Et c'est ce que j'invite le gouvernement à faire, avancer dès le départ avec l'Assemblée nationale
14:28et avec tous les groupes politiques qui la composent.
14:31Alors là, on imagine que le compromis va être difficile à trouver sur le budget.
14:34C'est la bataille qui nous attend à l'automne.
14:3640 milliards d'euros à trouver pour le budget 2026 pour amener le déficit à 4,6% du PIB.
14:42Parmi les sujets sur lesquels vous ne suivez pas votre majorité, il y a le budget.
14:46Donc, vous estimez que la majorité ne pouvait pas exclure d'emblée une hausse des impôts ?
14:50Oui, parce que déjà, moi, quand je m'engage en politique en 2016 derrière Emmanuel Macron,
14:57il y a dans la vision que l'on porte le refus des dogmes.
15:01Donc, je considère qu'on ne peut pas écarter d'emblée telle ou telle piste
15:05sous prétexte que ce serait finalement un dogme, ou en tout cas, elle serait érigée de la sorte.
15:12Ensuite, moi, j'ai proposé des aménagements à la marge.
15:16J'ai proposé que l'on cible uniquement une catégorie de la population, donc les retraités plus aisés,
15:24et de supprimer un avantage fiscal qu'ils ont, en l'occurrence l'abattement fiscal de 10%.
15:31Donc, je ne souhaite pas une hausse d'impôts généralisée pour les Français,
15:36parce que, dans le même temps, moi, je souhaite que l'on fasse très attention à préserver la croissance,
15:42à préserver le pouvoir d'achat.
15:44Donc, il n'a jamais été question, dans mon esprit, dans mes propos, de hausse d'impôts généralisée.
15:49En revanche, on peut aller regarder ça ou là.
15:52Quel est l'intérêt de telle ou telle niche fiscale, ou tel est l'intérêt de tel ou tel avantage fiscal ?
15:58Il faut absolument que, dans l'effort que l'on va demander à la nation,
16:01que cet effort soit équitablement réparti, et que chaque Français puisse se dire
16:05« Eh bien, moi, je contribue ».
16:07Et il est vrai que, sur le terrain, j'ai entendu beaucoup de retraités aisés me dire
16:12« Eh bien, nous, nous souhaitons contribuer à l'effort national.
16:16Nous ne voulons pas que cet effort repose uniquement sur nos enfants et sur nos petits-enfants. »
16:21Et donc, nous souhaitons contribuer. Cette proposition allait dans ce sens-là.
16:26Le Premier ministre et le Parlement arbitrera.
16:30Et moi, je trouve qu'à la place qui est la mienne, et moi qui rencontre tellement les Français au quotidien,
16:35qui me déplacent beaucoup, 64 déplacements, j'étais encore la semaine dernière en Dordogne,
16:40« Eh bien, je crois que c'est aussi ma place et mon rôle de faire remonter des propositions
16:46qui m'apparaissent comme étant quelque chose qui apporte quelque chose au débat
16:52et à la solution du problème qui est devant nous, ce problème de la dette et du budget de l'État. »
16:56L'hypothèse du moment, c'est l'année blanche.
16:58C'est un gel pour un an des pensions de retraite, des prestations sociales, du barème de l'impôt sur le revenu.
17:03C'est aussi une hypothèse, c'est quelque chose que je soutiens en faisant attention aux plus fragiles.
17:10Et vous voyez bien que mettre à contribution ceux qui sont le plus aisés peut permettre aussi de préserver les plus fragiles.
17:19Et donc, les équilibres sont compliqués à trouver, mais en tout cas, il va falloir qu'on les trouve.
17:25Et la TVA sociale remise en avant par le Premier ministre ?
17:29Je ne suis pas hyper fan pour tout vous dire.
17:32Non, parce qu'en fait, la TVA sociale, elle fait reposer sur la TVA une partie du financement de notre protection sociale.
17:40Et tout le monde sait, ou pas, mais en tout cas c'est un fait,
17:44que la TVA pèse beaucoup plus sur les ménages les plus fragiles que sur les ménages les plus aisés.
17:51Et donc, la TVA sociale est un impôt qui va venir impacter davantage les plus fragiles d'entre nous.
17:59Donc, il faut faire très attention avec la TVA sociale.
18:01Et en tout cas, si on allait dans cette direction, il faudrait vraiment répercuter l'ensemble.
18:07Il faudrait qu'il y ait une bascule entre le coût du travail et la TVA sociale.
18:11Qu'on baisse les cotisations patronales et salariales,
18:17mais en tout cas, qu'on baisse les cotisations sur le coût du travail pour les basculer sur de la TVA sociale
18:21et que ça ne serve pas à autre chose.
18:23Et la taxe Zuckman, on en a pas mal parlé ces derniers mois,
18:25une imposition de 2% sur les plus grosses fortunes, sur les 1800 foyers les plus riches.
18:30Ça pourrait rapporter 20 milliards d'euros, la moitié de ce qu'on cherche.
18:33Oui, alors, à nouveau, il faut faire attention.
18:36Nous, depuis 2017, on a réussi à recréer de la croissance, de l'attractivité dans notre pays.
18:43Et ça n'est pas qu'au bénéfice des plus aisés d'entre nous,
18:47puisque ça a créé 2 millions d'emplois.
18:48Et donc, 2 millions d'emplois, c'est 2 millions de personnes que vous sortez du chômage
18:52et à qui vous redonnez de la qualité de vie et de la dignité,
18:58puisqu'ils arrivent à vivre par leur travail.
19:00Donc, il faut faire attention.
19:02On voit beaucoup d'idées qui sortent.
19:04C'est normal et c'est bien.
19:06Moi, j'entends des gens qui disent « Oh, c'est la foire à la saucisse, des idées et tout ça ».
19:09Non, c'est très bien qu'il y ait des idées sur la table.
19:12Après, il faut regarder, équilibrer et ne pas casser sur le long terme
19:16ce que nous avons réussi à faire, ce qui était difficile et ce que nous avons fait.
19:21Yael Brunpivé, je crois que vous revenez d'une visite en Chine.
19:24L'un de nos contentieux majeurs actuelles avec Pékin, c'est le Cognac.
19:27Les Chinois viennent de confirmer des surtaxes douanières contre les brandis européens.
19:32On a perdu le match face à Pékin ?
19:33Non, on n'a pas perdu le match.
19:35On a beaucoup échangé.
19:37Moi-même, j'ai échangé avec mes homologues.
19:39Il y a eu des discussions avec les maisons de Cognac.
19:43On a réussi à parvenir à un accord sur des prix négociés.
19:47C'est une première bonne étape.
19:49Il faut s'en féliciter, mais il faut aller plus loin et continuer les discussions avec la Chine.
19:54On voit aujourd'hui que le commerce mondial est complètement bouleversé.
19:59On est en train de réinstaurer de nouvelles relations.
20:03Et donc la France, en tout cas, doit défendre ses producteurs, défendre son art de vivre.
20:07Et là aussi, on n'est pas dans la théorie.
20:10C'est des dizaines de milliers d'emplois qui sont concernés.
20:12Donc il faut continuer les discussions.
20:14Mais la première étape est une bonne étape de franchie.
20:16Je voudrais qu'on aille au standard puisque Sylvain nous a appelé.
20:19Bonjour Sylvain.
20:20Bonjour.
20:21Allez-y, posez votre question à Yael Broun-Pivet.
20:23Je vous remercie de prendre ma question à laquelle votre invité a déjà un petit peu répondu dans l'interview.
20:28En fait, je voulais avoir son avis sur une perspective de changement, de refonte des institutions.
20:34Alors j'entends que le gouvernement prend des décisions, fonctionne, les institutions fonctionnent.
20:40Mais je pense plus, on va dire, à l'engagement citoyen et à une perte de confiance.
20:44Je voulais savoir ce qu'en pensait votre invité à propos éventuellement d'une mise en place, d'une nouvelle constitution et d'une perspective d'une sixième république.
20:52Je vous remercie.
20:53Votre réponse.
20:54Alors, sur les institutions et la perspective d'une sixième république, moi je n'y suis pas favorable pour deux raisons.
21:01D'une part, parce qu'en pratique, ça me semble difficilement réalisable quand on n'a pas de majorité du tout.
21:06Il faut réunir, comme vous le savez, une majorité de trois cinquièmes du congrès Assemblée nationale plus Sénat réunis.
21:12Et puis, la deuxième raison, c'est que quand les temps sont justement difficiles, quand la classe politique et le pays est fracturé,
21:20je pense que nos institutions, elles sont là pour nous protéger.
21:23Et donc, je ne m'aventurerai pas dans une réforme en profondeur des institutions.
21:27En revanche, sur le côté participation citoyenne, moi j'y crois beaucoup.
21:30Je plaide depuis des années pour que le président de la République organise régulièrement des référendums
21:37et des consultations des Français sur les sujets qui les concernent,
21:40comme un jour de la consultation qui pourrait être une fois tous les ans ou une fois tous les deux ans.
21:46Je plaide aussi pour beaucoup plus de participation citoyenne au niveau des villes, des villages, des départements.
21:51Moi, je pense qu'il faut qu'on réinvente cela.
21:54Comment on recrée le lien entre le citoyen et la décision publique ?
21:58Merci beaucoup, Yael Broun-Pivet.
21:59Et c'est déjà terminé, 8h43 sur Inter.
22:01Merci d'avoir été l'invité de France Inter ce matin.

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