Joël Le Scouarnec « n'a pas cherché à se sauver, n'a pas cherché à amoindrir son sort pénal », déclare son avocat Maxime Tessier lors d'une suspension de séance après les derniers mots de l'ex-chirurgien pédocriminel, marquant la fin des débats d'un procès débuté il y a trois mois devant la cour criminelle du Morbihan à Vannes.
00:00Joël Le Soirnec ne demandait pas à échapper à la peine requise par M. l'Avocat Général ni au réexamen en vue d'une rétention de sûreté.
00:07Néanmoins, comme tout accusé, une décision de justice ne peut être prise qu'en tenant compte des éléments favorables à l'accusé,
00:13en fait des éléments d'humanité, c'est-à-dire ses aveux, les soins, la reconnaissance du préjudice des victimes.
00:19Donc vous voyez, il a pu être annoncé par certains que la Défense chercherait par une stratégie utilitaire à réduire la peine ou à éviter la rétention de sûreté.
00:27En réalité, il n'en est rien. Ce qui compte pour M. Le Soirnec, c'est sa reconnaissance.
00:32La Cour criminelle dira quelle est la peine. Et de toute façon, ce n'est pas la Cour criminelle qui prononce la rétention de sûreté.
00:38Elle peut, de par la loi, prononcer un réexamen à l'issue de la peine.
00:42Mais vous l'avez compris, M. Le Soirnec n'a pas cherché à se sauver, n'a pas cherché à amoindrir son sort pénal.
00:49Nous espérons que la Cour criminelle reconnaisse la juste valeur de la reconnaissance de Joël Le Soirnec.
00:54Cette reconnaissance n'a pas été faite dans un but utilitaire, n'a pas été faite dans un but d'amoindrir sa sanction.
01:01Celui-ci souhaitait qu'elle ait lieu. Et ce que nous souhaitons, c'est qu'elle soit reconnue dans son exactitude.
01:07À aucun moment, il ne l'a fait pour tenter de réduire sa sanction.
01:12Néanmoins, ce que nous demandons aussi à la Cour, c'est que la justice lui soit appliquée comme tout autre accusé,
01:18c'est-à-dire avec les mêmes règles et donc en reconnaissant les éléments d'infavorables, les éléments d'humanité,
01:23qui sont les aveux, qui sont le travail de soins, qui sont la reconnaissance des souffrances infligées.
01:28Ce qui compte, c'est de se demander ce qui a changé depuis que Joël Le Soirnec est en prison.
01:33En réalité, ce qui nous a frappés au cours du procès, c'est que pas grand-chose n'avait songé.
01:36Donc, la reconnaissance de Joël Le Soirnec a cette valeur de pouvoir ici empêcher les gens du monde médical
01:44de dire que les faits étaient des fantasmes, qu'ils étaient impossibles,
01:48oblige à repenser notre système de soins, car nous en sommes tous les usagers.
01:53Il n'y a aucune gloire à tirer pour sa défense de cela.
01:55Mais néanmoins, dès le stade de l'audience, grâce aux aveux, cette réflexion a été renforcée.
02:01Ce que je retiens de la défense, c'est la volonté de sublimer un homme,
02:07là où les experts ont pu rappeler qu'on est sur un homme qui a 70 ans de structure perverse
02:13et d'une perversion comme jamais ils n'ont pu rencontrer.
02:18Qu'il y a parfois des réalités qui s'imposent,
02:21et j'espère que la Cour ne passera pas à côté de cette réalité,
02:25d'une perversion chimiquement pure et qui présente un risque de dangerosité extrêmement important.
02:33Il est compliqué de demander à la justice de se remettre en question dans le temps d'un procès.
02:38Il y a quand même eu quelques paroles de la part de l'avocat général
02:41qui a pu dire qu'effectivement ce dossier, ce procès,
02:45venait quand même questionner la question de la prescription,
02:49du fait de la reconnaissance par l'accusé des faits prescrits,
02:52mais aussi venait questionner la peine.
02:56C'est-à-dire que là aujourd'hui nous avons un plancher à 20 ans,
02:59il n'y a pas de circonstances aggravantes pour la pluralité des victimes.
03:02Je crois que ce procès est venu mettre à la justice une réalité
03:06qu'elle n'avait jusqu'aussi jamais vue, jamais touchée.
03:11Je pense que la justice viendra tirer elle aussi les bilans de ce dossier.