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  • 15/07/2025
Le Premier ministre doit présenter mardi 15 juillet les coupes qu'il prévoit pour boucler le budget 2026, qui s'apparente à une cure d'austérité avec une diminution des dépenses de 40 milliards d'euros. L'heure de vérité pour François Bayrou ? Éric Coquerel, président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale et député LFI de la Seine-Saint-Denis, est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Stéphane Carpentier du 15 juillet 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Merci à vous tous d'être là, merci de nous rejoindre à 7h47 en ce mardi 15 juillet.
00:07C'est donc jour de grande orale pour le Premier ministre.
00:11François Bayrou doit annoncer à 16h tout à l'heure depuis Matignon
00:14son fameux plan pour ramener le déficit public à 4,6% en 2026.
00:20Bref, pour trouver 40 milliards d'euros d'économie.
00:23Invité de RTL Matin en direct, le député LFI de la Seine-Saint-Denis, c'est Éric Coquerel qui est là.
00:28Bonjour.
00:28Merci d'être connecté, Président de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale.
00:34Éric Coquerel, on dit depuis des jours que François Bayrou joue gros.
00:38Est-ce que vous partagez cette appréciation ?
00:41Il joue gros, en tout cas.
00:43J'allais dire que c'est peut-être plus le pays qui joue gros
00:46parce que ce budget ne correspond évidemment pas à ce qu'il faudrait.
00:51Quant à François Bayrou, on sait depuis longtemps
00:53qu'il aura certainement besoin du 49-3 pour passer ce budget à l'automne.
00:58C'est plutôt à l'automne où ça se jouera
00:59et que, vraisemblablement, il y aurait une motion de censure.
01:02Et ce que j'espère, c'est que cette motion de censure passera.
01:04Donc, en réalité, c'est moins aujourd'hui qu'à l'automne où les choses seront décisives.
01:08Vous disiez, je crois, vous avoir entendu il y a quelques jours dire que François Bayrou,
01:12il ne peut plus être Premier ministre.
01:14Vous maintenez ça ce matin ?
01:16Oui, je crois, parce qu'il suffit de regarder ce qui se passe à l'Assemblée nationale
01:19depuis maintenant plusieurs semaines.
01:21Il ne tient sur certaines lois que lorsque le Rassemblement national veut bien voter pour lui.
01:26Et sinon, il est battu en général.
01:29Et tout simplement parce que son bloc central, qui n'était déjà plus majoritaire,
01:33je vous le rappelle, puisque Emmanuel Macron avait choisi en juillet dernier
01:36de laisser gouverner les minoritaires,
01:39est souvent absent, peu présent, peu mobilisé.
01:42Donc, c'est un Premier ministre qui n'a pas de majorité,
01:45qui tient sur le RN.
01:46Ça ne peut pas durer très longtemps.
01:47Oui, on comprend et on sait à part avance que vous allez le censurer,
01:50vous, Éric Coquerel,
01:52en espérant que vous serez imité au passage,
01:53puisque vous l'y citez par le Rassemblement national
01:55et par le Parti socialiste ?
01:58Déjà, ce qu'on va essayer de faire,
01:59c'est de faire notre rôle de parlementaire,
02:02comme l'an dernier.
02:03C'est-à-dire qu'on a un budget,
02:05on va essayer d'avoir le droit d'en débattre,
02:07de le voter.
02:07Vous savez qu'on ne vote plus le budget de trois ans dans ce pays,
02:10ce qui est quand même assez sidérant,
02:11parce qu'on passe par 49,3,
02:14est peu démocratique,
02:15mais on va essayer de le bouger.
02:17Je pense que si on le bouge comme l'an dernier,
02:19je vous rappelle que l'an dernier,
02:20on avait réussi à voter 60 milliards de recettes en plus
02:24en allant taxer uniquement les ultra-riches
02:27et les grandes entreprises.
02:28Et je pense qu'à ce moment-là,
02:29il y aura le 49,3.
02:30Donc, quelque part, c'est ce budget
02:32que nous allons d'abord battre
02:33avant de battre François Véroux.
02:35Et c'est François Véroux
02:36qui, évidemment, en tirera les conséquences.
02:38Il faut trouver 40 milliards d'euros d'économie.
02:41Éric Coquerel, c'est une année blanche
02:42qui pourrait être décidée pour économiser 5 milliards.
02:46Année blanche, je rappelle aux auditeurs
02:47que ça veut dire que l'ensemble des prestations sociales,
02:50RSA, APL, retraite, allocation chômage,
02:52primes d'activité,
02:53ne seraient pas augmentées au niveau de l'inflation.
02:56Ça ne serait pas une bonne nouvelle
02:57pour ceux qui ont peu, en fait.
02:58C'est une très mauvaise nouvelle.
03:00On a calculé que les 10% les plus défavorisés
03:03perdraient deux fois plus que les 10% les plus riches.
03:06C'est vous dire le côté absolument injuste
03:09et inégal de ces dispositions.
03:11Dans un moment, je vous rappelle,
03:12où l'INSEE a rappelé l'an dernier
03:14que ce pays souffrait de 650 000 personnes
03:19en état de pauvreté en plus en un an.
03:21C'est-à-dire qu'il y a 15,4% de la population
03:24près de 10 millions qui sont pauvres
03:25et on veut nous forcer à voter un budget
03:29qui serait inégal
03:31et surtout qui aurait un aspect absolument récessible
03:34sur l'économie.
03:35Pourquoi ?
03:35Parce qu'il faut bien comprendre
03:36que si vous touchez, on va dire,
03:39principalement la plupart des personnes défavorisées
03:42ou en tout cas des gens
03:43qui n'ont que leur force de travail pour vivre,
03:45leur salaire, leur retraite, leur pension,
03:47ils consomment moins.
03:48Et si on consomme moins, l'économie ralentit.
03:50Et c'est exactement l'un des deux plus gros dangers
03:54de ce budget, l'inégalité et les mesures excessives.
03:57Vous avez peur surtout, en fait, d'une chose,
03:59c'est qu'on demande des efforts à ceux qui gagnent peu.
04:02Je pense qu'en réalité,
04:03entre ces pensions, ces retraites qui seraient gelées,
04:07mais aussi, vous ne l'avez pas dit,
04:08le fait que le budget de l'État,
04:10sauf l'armée en nombre,
04:11peut-être après diminuera,
04:13en réalité, c'est 80% des Français
04:15qui vont souffrir de ce budget
04:16au profit de ceux
04:19à qui Emmanuel Macron
04:20a fait à peu près 100 milliards de cadeaux
04:23depuis 2017,
04:25cadeaux fiscaux,
04:26c'est-à-dire les 10%,
04:27mais surtout les 1% les plus riches.
04:29On est dans une situation
04:30où les inégalités en France
04:32deviennent aussi importantes
04:33qu'au 19e siècle,
04:34c'est ça qu'il faut bien comprendre.
04:35Et nous payons tous, en réalité,
04:37ces cadeaux plus riches.
04:38Et on propose de le faire encore.
04:39Il y aurait le gel du barème
04:40de l'impôt sur le revenu,
04:42en tous les cas,
04:42dans les pistes envisagées.
04:44Ça revient à augmenter les impôts
04:46et les recettes pour l'État,
04:47cette histoire.
04:47Ça ne concernerait que
04:48les tranches supérieures, au passage.
04:51Ça concernerait que les tranches supérieures.
04:53Et en plus,
04:54ça ne concernerait pas les milliardaires.
04:56Parce que, figurez-vous,
04:56les milliardaires payent quasiment
04:57plus d'impôts sur le revenu
04:58parce qu'ils ont réussi,
05:00avec les cadeaux de M. Macron,
05:02à transférer leurs revenus personnels
05:03vers des revenus professionnels.
05:05C'est pour ça, d'ailleurs,
05:06que nous avons des propositions.
05:07Par exemple, la taxe sur le patrimoine,
05:08la taxe dite d'Ukman,
05:10qui va toucher ces gens
05:11à hauteur de 2%.
05:12Et c'est peu de gens.
05:14Ça rapporterait jusqu'à 15 milliards d'euros
05:16à l'État.
05:16Donc, c'est ça,
05:17le choix qui est à faire.
05:18Est-ce qu'on pénalise tous les Français,
05:21soit en augmentant les impôts
05:23par ce gel des barèmes,
05:25soit en baissant les pensions,
05:26les retraités,
05:27qui prendraient très cher
05:28dans le budget de M. Bérou,
05:31dans les besoins des Français
05:33qui ne seraient plus résolus
05:34parce qu'on baisse les moyens de l'État,
05:35de la Sécu,
05:36des collectivités territoriales,
05:37ou alors est-ce qu'on va chercher
05:39des dizaines de milliards d'euros
05:41par un rétablissement de l'ISF,
05:43par cette taxe d'Ukman
05:45chez les plus riches ?
05:46Voilà, c'est ça,
05:47le choix qui nous est donné.
05:48Et dans un moment où,
05:49au contraire,
05:50la France, non seulement,
05:51a besoin de cette consommation populaire,
05:53mais aurait même besoin d'investissements,
05:55ce que ce budget ne s'apprête pas à faire.
05:57Eric Coquerel,
05:57vous dites qu'on ne vise pas les plus riches,
05:59mais le gouvernement pourrait prolonger
06:00la contribution différentielle
06:01sur les hauts revenus,
06:02comme on l'a fait l'an dernier.
06:04Oui, mais elle était tellement faible
06:05qu'au final,
06:06elle va rapporter peut-être 1,2 milliard
06:08au lieu des 2 milliards annoncés.
06:10Vous voyez bien qu'on est sur quelque chose
06:11de très homéopathique
06:12et presque symbolique,
06:14qui est très loin.
06:14Nous, on estime que,
06:16entre les grandes entreprises
06:17et les ultra-riches,
06:19on peut récupérer facilement
06:2060, 70 milliards d'euros par an.
06:22Donc, vous voyez,
06:23c'est beaucoup plus que les 40 milliards
06:24que M. Berrou s'apprête
06:26à économiser sur le dos des Français.
06:28Écoute d'Emmanuel Macron,
06:29vous l'évoquiez tout à l'heure,
06:30le chef de l'État,
06:31qui est le chef des armées,
06:32qui vaut beaucoup d'argent
06:33pour épaissir notre armée,
06:34multiplier nos moyens
06:35pour faire face à la menace.
06:37Il avait un ton grave,
06:38vous l'avez suivi,
06:39évidemment,
06:40dit Manchoir,
06:41défendant notre liberté,
06:43une liberté menacée.
06:44Vous partagez cet avis-là,
06:45notamment ?
06:46Non, je ne partage pas cet avis-là.
06:48Du moins,
06:49je ne pense pas
06:49qu'il soit aussi dramatique que ça.
06:51On n'est pas menacé,
06:52Eric Coquerel,
06:52c'est ça ?
06:53Nous, directement,
06:54je ne crois pas.
06:55D'ailleurs,
06:55je vous fais remarquer
06:56que le général Bucard,
06:58qui a fait une conférence de presse
07:00assez étonnante,
07:00où c'est lui qui a donné
07:01un peu le la stratégique
07:03de la défense française,
07:05mais a dit lui-même
07:06que ce n'est pas la menace
07:08du territoire français
07:09qui était sur la table.
07:11Par contre,
07:11je pense qu'effectivement,
07:12qu'on vit un moment
07:14de confrontation
07:15très difficile,
07:17très dure,
07:17qui n'a pas pour seul,
07:19j'allais dire,
07:21origine la Russie,
07:22loin de là.
07:23Les Etats-Unis de M. Trump,
07:24en déclenchant une guerre commerciale
07:26dans le monde,
07:26mettent le monde en danger.
07:28On se souvient que
07:29c'est un peu comme ça
07:30qu'a débuté,
07:31malheureusement,
07:31qu'a commencé la guerre de 14-18,
07:33par une confrontation commerciale
07:35qui s'est dégénérée
07:36après en confrontation militaire.
07:37Donc,
07:38on a ce risque.
07:39On a des puissances
07:40comme la Russie,
07:40comme les Etats-Unis,
07:42comme Israël,
07:42qui se détournent
07:44du droit international.
07:45Tout ça est évidemment
07:46considérablement dangereux.
07:47Mais la question qui est posée,
07:48est-ce que la France,
07:49dans ces cas-là,
07:50doit concourir
07:51à cette espèce
07:52de course en avant
07:52vers la bim,
07:53vers la guerre ?
07:54M. Macron parle
07:55de presque être certain
07:58qu'il va y avoir
07:58une guerre
07:59à haute intensité
08:00sur l'Europe.
08:01Mais si c'est vrai,
08:02on doit plutôt tout faire
08:03pour l'éviter.
08:04Donc,
08:04la France doit être
08:05du côté du droit international,
08:06de la paix,
08:07de la diplomatie.
08:08Et puis enfin,
08:09il y a un dernier problème,
08:09c'est que l'argent
08:10que nous allons mettre
08:10dans le domaine militaire,
08:12nous ne mettrons pas
08:12sur l'environnement,
08:14le dérèglement climatique.
08:15Et il me semble
08:15que c'est ça l'urgence
08:16que nous devrions affronter.
08:1816h, cet après-midi,
08:19le grand oral du Premier ministre.
08:20Merci à vous,
08:21Éric Coquerel,
08:21d'avoir été en direct.
08:22Merci.
08:22député La France Insoumise
08:24de Seine-Saint-Denis.

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