00:00Bienvenue sur Median TV, livre dans cette chronique culture avec le roman Le rêve du pêcheur de l'écrivaine camerounaise Emléboun et couronné par le Grand Prix Afrique 2025.
00:20Avec Le rêve du pêcheur, Emléboun signe une fresque intime et politique sur l'exil, la mémoire et la filiation.
00:28Du Cameroun postcolonial à la France d'aujourd'hui, trois générations cherchent à se dire, se comprendre et se transmettre.
00:37Le rêve du pêcheur, publié en janvier 2024 aux éditions Gallimard, s'est rapidement imposé comme une œuvre majeure de la littérature africaine contemporaine, en plus du Grand Prix Afrique 2025.
00:49Ce roman a également reçu le prix des cinq continents de la francophonie 2025, le prix Louis Guillou 2024 et le prix littéraire des Sciences Po en 2024.
01:01Le grand-père est mort quand le petit-fils vient au monde et leurs deux histoires sont complètement à parallèle, dans une espèce de destin au miroir où ils commettent les mêmes erreurs, ils ont les mêmes aspirations, des rêves trop grands pour eux.
01:16Et une étrange capacité à la fois d'être aimé, de rencontrer et d'être aimé de personnes exceptionnelles et de ne pas savoir reconnaître leur bonheur.
01:30Le roman tisse les destins de deux personnages, Zacharia, pêcheur dans un village camerounais dans les années 60, et son petit-fils, Zach, psychologue, clinicien à Paris.
01:41Zacharia voit son mode de vie bouleversé par l'arrivée de sociétés forestières qui promettent modernisation et richesses, mais entraînent la ruine de la communauté.
01:51Zach, quant à lui, grandit dans un quartier populaire de Douala, élevé par sa mère Dorothée.
01:56A 18 ans, il quitte le Cameroun pour Paris, laissant derrière lui sa mère et ses amis.
02:03Devenu psychologue clinicien, marié et père de jumelles, il est confronté à son passé lorsque sa vie commence à s'effondrer.
02:12C'est plusieurs temporalités, plusieurs lieux géographiques.
02:15Il y a Campo au Cameroun, il y a Douala, le bidonville dans lequel Zach grandit, et puis il y a le Paris dans lequel il devient psychologue clinicien.
02:25Et en fait, tous ces lieux s'épousent parce que je considère aussi dans ce livre que d'une certaine façon, on porte les lieux en nous.
02:32C'est-à-dire que quand Zach part, il emporte avec lui ce qu'il sait, d'où il vient, et aussi ce qu'il ignore, tout ce qui est dans son inconscient.
02:40Il fait des cauchemars dans lesquels il se noie dans la mer, il n'a jamais vécu au bord de l'océan, mais son peuple vient de l'océan.
02:46Donc il y a quelque chose comme ça qui est de l'ordre des différentes ramifications des géographies, qui sont des géographies intimes, des trajectoires qui sont à la fois les nôtres et toutes celles de ceux qui nous ont précédés.
02:59Le roman alterne ainsi entre les récits de Zacharia et de Zach, deux hommes liés par le sang, mais séparés par le temps et l'espace.
03:08La structure du récit alternant entre la première personne pour Zach et la troisième personne pour les récits familiaux permet une immersion complète dans les pensées et les sentiments des protagonistes.
03:20Cette double narration offre une perspective riche sur les thèmes de la transmission, de l'exil et de la quête d'identité.
03:28Le rêve du pêcheur explore des thèmes universels tels que la transmission, l'exil, la mémoire et l'identité.
03:35Zach, le petit-fils, surgit dans le livre à un moment, il a dix ans, je ne dis rien de son passé et une seule fois il pose à sa mère la question de ses origines et elle réagit tellement mal, non seulement qu'il ne la lui pose plus jamais à elle, mais il ne se la pose plus jamais à lui-même.
03:52Il ne se demande plus jamais d'où il vient et il est psychologue clinicien.
03:55Son travail c'est un petit peu aussi de rentrer dans la psyché des gens et d'essayer de savoir pourquoi il dysfonctionne.
04:00Lui, il n'arrive jamais à toucher ce lieu-là et pourtant, bien qu'il n'en soit pas conscient, ce lieu est là.
04:09Cette absence de répandre se vide, se trouve dans sa vie, l'empêche aussi de faire lien, l'empêche de se construire et injecte une forme de mélancolie et de désespoir dont il n'arrive jamais à trouver la source.
04:20Et c'est pour ça que le livre aussi est en jeu pour ce personnage.
04:23C'est un personnage qui parle de lui-même parce qu'il est tellement silencieux, il se ment tellement, il y a tellement d'évanescence dans sa vie.
04:31Le roman interroge la manière dont les choix et les traumatismes des générations précédentes influencent les suivantes.
04:38Il met en lumière les défis de l'intégration, les conflits de loyauté et la difficulté de se construire une identité entre deux cultures.
04:46Le récit souligne également les conséquences de la mondialisation sur les communautés traditionnelles, illustrées par la transformation du village de Zakaria.
04:55L'arrivée des chalutiers et des sociétés forestières symbolise la perte d'un mode de vie ancestral et l'impact de l'industrialisation sur les sociétés rurales africaines.
05:05Ce que dit aussi ce livre, c'est à quel point les liens sont primordiaux dans la façon dont on se construit.
05:13Nous sommes dans une société extrêmement individualiste où on dit « deviens le meilleur », je ne sais même plus très bien cette phrase tellement elle m'agace, « deviens le meilleur de toi-même » ou quelque chose comme ça.
05:23Mais on ne peut pas être le meilleur de soi-même, détaché du monde.
05:27On est forcément en lien et ce lien-là que Zakarias, le pêcheur, a avec sa communauté, sa famille, sa terre, l'océan,
05:35c'est les mêmes liens que nous essayons de refaire plus tard dans d'autres cieux, sous d'autres cieux, avec nos amitiés, avec nos amours, avec nos enfants.
05:47Il y a quelque chose, il est impossible, pour moi en tout cas, il est impossible de ne pas être en communauté.
05:56Merci, chers téléspectateurs, pour votre fidélité. L'information se poursuit sur nos différents canaux Median TV Arabique, Median TV Afrique, Median TV Maghreb,
06:05et bien évidemment sur notre média digital, MedianNews.com.