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  • 04/07/2025
L'eurodéputé Pascal Canfin, membre du groupe centriste Renew, était l'invité de France Inter ce vendredi. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-vendredi-04-juillet-2025-5991379

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Transcription
00:00Le grand entretien ce matin, France Inter reçoit l'eurodéputé Pascal Canfin,
00:04coordinateur de Renew Europe, membre de la commission de l'environnement, de la santé publique
00:08et de la sécurité alimentaire au Parlement européen.
00:12Bonjour Pascal Canfin.
00:13Bonjour.
00:13Les auditeurs peuvent vous poser leurs questions, 0145 24 7000 ou sur l'application Radio France.
00:19Vous venez de lancer une plateforme progressiste, on va en parler.
00:23Mais d'abord, vous qui êtes membre de cette commission environnement au Parlement européen,
00:27on apprend ce matin que les émissions de CO2 annuelles de la France ont baissé.
00:33Elles vont baisser cette année de 0,8% contre presque 4% en 2022, 7% en 2023.
00:42En clair, ça ralentit vraiment. Quel regard vous portez sur cette information ?
00:47Ça prouve que si on ne poursuit pas les politiques qui ont été engagées,
00:52si on arrête MaPrimeRénov' par exemple, eh bien évidemment, l'impact se traduit immédiatement
00:57dans notre recul de l'action climatique.
01:00Donc on a réussi à mettre en place, en France et en Europe, les bonnes politiques qui ont porté leurs fruits,
01:06je vous le rappelez, moins 7%, moins 8% en Europe en une seule année.
01:10Mais si on arrête ces politiques, si on les freine, s'il n'y a plus d'argent,
01:13si on change les règles du jeu sur les ZAN ou le ZFE, évidemment, forcément, ça s'arrête.
01:19ZAN, zéro artificialisation nette, zone à faible émission.
01:23Voilà, on ne fait plus assez d'efforts, en clair.
01:25Le risque, c'est qu'on n'en fasse plus.
01:27Et donc, on est à un moment où il faut, au contraire, repartir de l'avant.
01:30Mais repartir de l'avant avec des méthodes qui peuvent être différentes.
01:33Et là, c'est très important de résister au backlash anti-écologique.
01:38Il faut une force de résistance qui dise, moi, je ne mange pas de ce pain-là.
01:42Les actions, je dirais, qui mènent les Républicains en France et le Rassemblement national
01:49à s'unir dans une posture et une politique anti-climat, climato-sceptique, anti-écologie, anti-transition.
01:56Il faut leur laisser.
01:58Mais par contre, on peut s'interroger, on doit s'interroger sur la bonne méthode
02:02pour embarquer la société et atteindre nos résultats.
02:05Et c'est ça, je pense, le moment politique où on est.
02:08C'est aucune complaisance sur les objectifs.
02:10Aucun recul en arrière sur les objectifs.
02:12On sort d'une vague de chaleur inédite en Europe, à Barcelone.
02:17Vous savez où ils en sont ?
02:18Ils en sont à faire un plan 50 degrés.
02:2150 degrés, je vous vois.
02:23Est-ce que c'est le monde dans lequel on veut vivre ?
02:26Est-ce que c'est le monde qu'on a envie de laisser à nos enfants ?
02:29Si on répond oui, ok, on ne fait rien.
02:30Si on répond non, on agit.
02:31Mais c'est vrai que Pascal Canfin, ça se produit dans un contexte général
02:35que certains appellent le backlash, un retour en arrière sur les questions écologiques
02:39au niveau mondial, au niveau européen, au niveau français.
02:42Ça, c'est une réalité.
02:43Quand vous entendez, par exemple, le discours du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
02:47sa tribune, qui signe pour dire qu'il faut privilégier le nucléaire
02:51et cesser de subventionner les énergies renouvelables.
02:53Qu'est-ce que ça vous inspire ?
02:55C'est une réalité.
02:56Cette contre-offensive, cette sorte de contre-révolution anti-écologique,
03:00c'est pour moi du Trumpisme européen et aux Etats-Unis, Trump l'incarne.
03:06Et c'est cette fameuse internationale réactionnaire que l'on voit à l'œuvre
03:10et qui mène cette guerre culturelle.
03:11Et je pense que cette internationale réactionnaire, elle a trois points qui l'unissent.
03:17Le premier, c'est les sujets migratoires, donc d'être anti-migrants.
03:21Le deuxième, c'est d'être anti-droit des minorités, anti-féminisme.
03:25On le voit partout en Europe et aux Etats-Unis, bien évidemment.
03:28Et le troisième, c'est d'être anti-climat.
03:31Trump, c'est une évidence, mais la droite européenne et l'extrême droite européenne
03:36sont maintenant contaminées totalement par ce virus
03:39et forment une base idéologique qui est le Trumpisme européen.
03:43C'est celle des médias Bolloré, c'est celle de CNews, etc.
03:47Et cette guerre-là, elle est en train d'avancer petit à petit.
03:51Et il faut opposer une résistance absolue sur les principes.
03:54Il ne faut rien céder.
03:56Par contre, encore une fois, il faut s'interroger, nous, le camp progressiste,
04:00sur les méthodes pour y arriver.
04:02Et c'est d'ailleurs pour ça, on y reviendra, que j'ai lancé cette plateforme progressiste
04:05pour que l'on dialogue ensemble pour trouver les meilleures solutions.
04:08Attendez, si je vous entends bien, ça, Bruno Retailleau l'incarne en France, par exemple.
04:12Bien sûr, le triptyque que je viens d'évoquer sur l'avortement, par exemple,
04:18Retailleau, on connaît ses positions, sur le droit des femmes, sur les migrants,
04:22et sur l'écologie maintenant. Voilà, c'est exactement ce triptyque qui me fait dire
04:27qu'il y a une rupture idéologique profonde qui est en train de se produire dans toute l'Europe
04:34et aux États-Unis, inspirée par Trump, qui fait que vous avez progressivement une union des droites
04:40qui est en train de se former autour de ce logiciel que je viens d'évoquer
04:44et il faut, on ne peut pas imaginer que la France bascule là-dedans
04:50et donc il faut s'organiser, il faut s'unir, il faut se rassembler, se dépasser
04:54pour être capable de gagner face à cette union des droites et face au rassemblement national
04:58au premier puis au deuxième tour de la future élection présidentielle.
05:01Mais ça, si on reste au niveau national et si on tire toutes les conclusions du raisonnement que vous tenez,
05:06ça veut dire que le bloc qu'on appelle le bloc central aujourd'hui, il doit se scinder ?
05:10Le bloc central, si vous voulez, il n'a de bloc que le nom, soyons très clairs, soyons très clairs.
05:16Il y a un gouvernement avec Agnès Pagny-Runacher, qui s'oppose ouvertement aux déclarations de Bruno Retailleau.
05:22Absolument, et d'ailleurs même Emmanuel Macron s'oppose aux déclarations de Bruno Retailleau.
05:27Et donc on voit bien, et c'est d'ailleurs ce qui m'a amené à lancer cette plateforme progressiste,
05:32c'est qu'aujourd'hui on est face à un risque de déliquescence, de délitement de la vie politique française, nationale.
05:40Et c'est triste, c'est triste pour notre démocratie,
05:45et je ne suis pas sûr qu'on soit nous, Français, dans un moment où on peut se permettre
05:49cette déliquescence de notre démocratie, parce qu'on ne va pas collectivement suffisamment bien pour jouer à ça.
05:55Et donc c'est très très important, très important de poser le bon diagnostic.
06:00Et c'est pour ça qu'ensuite il faut dialoguer entre toutes les personnes qui se disent
06:05notre avenir n'est pas fait d'une alliance de l'Union des droites basée sur le logiciel de l'extrême droite et du trumpisme européen.
06:12Ce n'est pas ça qu'on veut pour la France, pour nos enfants, pour notre avenir.
06:15Et de l'autre côté, on ne veut pas de la conflictualité permanente,
06:19de l'invective permanente de Jean-Luc Mélenchon.
06:22Et entre ça, si on n'arrive pas à dialoguer, y compris sur nos points de désaccord,
06:27mais au moins de se dire, voilà, il y a des points d'accord,
06:30finalement on a réussi et il y a des points de désaccord.
06:32Et pour ça, il faut une méthode.
06:33Il faut une méthode sur laquelle, justement, il faut des méthodes innovantes.
06:37Cette plateforme, voilà, que vous décrivez comme un espace de dialogue ouvert à tous les progressistes
06:41pour trouver des consensus sur les sujets clivants, comme on le voit les questions environnementales.
06:47L'objectif, donc, c'est de gagner contre le RN, de faire gagner le progressisme contre le RN.
06:51C'est ça que vous affichez.
06:53Est-ce que ça, c'est une fabrique à candidats pour la prochaine présidentielle ?
06:56Alors, justement, moi, ce que je pense, c'est qu'il faut absolument mettre de côté,
06:59pour l'instant, le sujet de l'incarnation, du candidat.
07:02Il faut partir du fond, du projet, de la réalité, de ce qu'on veut défendre comme idée.
07:08Je vous donne quelques exemples.
07:10La méthode, une méthode sur laquelle on va travailler, par laquelle on va travailler,
07:14on va commencer et personne ne le fait en politique.
07:17C'est ce qu'on appelle les conférences de consensus.
07:19C'est-à-dire, plutôt que de mettre en avant toujours ce qui clive, ce qui fracture,
07:23ce qui différencie, ce qui polarise, on va mettre en avant des possibilités de rassemblement
07:29autour de mesures qui, soit génèrent une volonté commune d'avancer très vite,
07:34soit il faudra prendre du temps, mais on y arrive parce qu'on fait converger progressivement les points de vue.
07:41Des conventions citoyennes ?
07:42Des conventions citoyennes, des conférences de consensus.
07:45Et j'invite d'ailleurs tous les auditeurs qui seraient intéressés par cela
07:49à s'inscrire sur le site internet laplateformeprogressiste.org.
07:54Ce n'est pas un parti politique, c'est totalement gratuit.
07:57Vous pouvez être n'importe où vous êtes aujourd'hui, vous ne changez rien.
08:00Simplement, ça vous donne la possibilité de participer à ces conférences de consensus.
08:04Je vous donne, si je peux me permettre de donner un exemple.
08:07Un exemple où je pense, nous pouvons très vite arriver à un accord
08:11entre toutes les forces progressistes dont on vient de parler.
08:13C'est un sujet qui concerne tous les parents et tous les pré-ados qui nous écoutent.
08:18C'est la régulation des réseaux sociaux.
08:21Nous sommes aujourd'hui dans un moment où la santé mentale de nos enfants,
08:24tous les scientifiques le disent, vous avez reçu il y a quelques semaines des psychologues sur le sujet,
08:28et c'était très très marquant.
08:31C'est un moment de bascule.
08:33La santé mentale de nos enfants, de nos pré-adolescents, de nos adolescents est en péril.
08:37Et vous avez en même temps des parents qui sont complètement dépassés.
08:40C'est une souffrance parentale.
08:42C'est une souffrance parentale.
08:44Moi-même, moi-même, j'y suis confronté.
08:46C'est aussi pour ça que ça me tient beaucoup à cœur.
08:49Donc, qu'est-ce qu'il faut faire ?
08:50Je pense qu'il faut interdire les réseaux sociaux qui ont des algorithmes addictifs
08:55aux enfants de moins de 15 ans.
08:57Ça, c'est une mesure radicale.
08:59C'est une mesure radicale.
09:00Je suis persuadé qu'on est capable, dans l'arc progressiste, de tous unir et de la défendre ensemble.
09:06Alors, cette idée, il faut quand même l'incarner pour la porter, pour la concrétiser.
09:11Et on dit toujours que la présidentielle, c'est la rencontre d'un homme et d'un peuple.
09:14Et vous, vous refusez l'incarnation aujourd'hui.
09:16Justement, je pense que c'est la rencontre des idées et ensuite d'une équipe pour la porter.
09:21On meurt d'une super personnalisation.
09:24Mais ça a toujours marché comme ça.
09:25Mais ça n'a pas toujours marché comme ça.
09:27Et justement, aujourd'hui, on est au bout d'un système.
09:29On le voit bien.
09:29Je veux dire, regardez la vie politique à l'Assemblée nationale, regardez à quoi ça ressemble.
09:33C'est, franchement, et même ceux qui le vivent de l'intérieur, et même à la rigueur,
09:36plutôt, en premier, ceux qui le vivent de l'intérieur disent que c'est un spectacle pathétique.
09:41Pathétique.
09:41Moi, je n'ai pas envie de ça pour mon pays.
09:43Donc, on reprend le taureau par les cornes, on se met au travail.
09:47Et on se met au travail pour, non pas pour ignorer les différences au sein de l'arc progressiste,
09:51non pas pour ignorer les candidatures qui existent, évidemment,
09:55mais pour que ces gens-là travaillent ensemble à dialoguer,
10:00éventuellement à se mettre d'accord, formidable,
10:03mais au minimum, si à la fin ils ne sont pas d'accord,
10:06à avoir créé une culture commune qui redonne de l'espoir.
10:09On a besoin d'espoir.
10:10Et il y a des sujets qui sont potentiellement clivants.
10:12Là, j'ai donné, exprès, un sujet sur lequel je pense qu'il y a des sujets plus clivants.
10:17Je me permets d'en citer deux très rapidement.
10:20Les fonds de pension.
10:22Les fonds de pension, il n'y en a pas en France aujourd'hui,
10:24il y en a en Espagne, pardon, il y en a en Suède.
10:26Pour les retraites.
10:27Sur les retraites, tout à fait.
10:28Il y en a dans les pays du nord de l'Europe.
10:30Pourquoi on ne pourrait pas imaginer qu'il y en ait en France ?
10:33Mais peut-être qu'en fait, c'est une mauvaise solution.
10:35Et peut-être qu'il y a des conditions qui font que les fonds de pension à la française,
10:38ça ferait sens et qu'une partie des gens qui nous écoutent serait pour dans certaines circonstances,
10:42mais contre dans d'autres circonstances.
10:43Eh bien, discutons-en.
10:45Faisons exactement cette conférence de consensus
10:47qui permet de créer progressivement un rapprochement des points de vue
10:52et ensuite d'avoir une mesure qui est stable,
10:54qui est soutenue par une grande partie de l'arc progressiste.
10:56Alors justement, l'arc progressiste, définition ?
10:59Je l'ai dit au tout début.
11:00C'est, pour moi, ceux qui pensent qu'il n'y a pas d'avenir politique possible
11:07avec les Républicains, l'Union des Droites
11:09et bien évidemment avec le Rassemblement National, c'est la vrai-de-soir.
11:12Et qu'il n'y a pas d'avenir politique non plus possible
11:15avec une logique de conflictualité, de fracturation permanente
11:18qui est celle de Jean-Luc Mélenchon.
11:20Donc ça s'arrête aux portes de la France Insoumise ?
11:22À l'intérieur de ça, il y a une cohérence qui est plus forte
11:24et puis il y a des gens qui, plus on s'éloigne, plus on se rapproche de ses limites,
11:27plus évidemment on a des différences.
11:30Mais au moins qu'on soit capable de se parler.
11:33Prenez Olivier Faure, le premier secrétaire du PS.
11:36Il a dit il y a quelques mois, je crois que c'était en février,
11:38faisons « je n'ai pas peur d'un débat sur l'identité de la France ».
11:41C'est quoi la France aujourd'hui ?
11:43Ce camp progressiste, qu'est-ce qu'il a à dire sur l'identité de la France ?
11:48Eh bien moi je dis chiche, banco.
11:49Mais on ne va pas le faire de manière polarisante,
11:52en disant « ah voilà, on n'est tout de suite pas d'accord ».
11:54Non, on va faire le contraire.
11:55Le contraire, parce qu'il faut donner de l'espoir
11:57et puis parce qu'à la fin, il faut gagner.
12:00Et vous ne gagnez pas si vous ne rassemblez pas.
12:02Mais est-ce que ça, ça ne fait pas doublon par exemple avec d'autres initiatives ?
12:05Par exemple la gauche qui vient d'acter l'idée d'une candidature commune
12:09autour de Lucie Casté, Marine Tondelier, la patronne des Verts,
12:12Olivier Faure dont vous parliez, le patron du PS.
12:14En fait, ils sont déjà ensemble ces gens-là ?
12:16Mais justement, c'est pour ça que je dis,
12:18c'est indépendant des différentes candidatures.
12:20Je ne sais pas combien il y aura de candidatures dans cet arc progressiste à la fin.
12:24Ce que je sais, c'est que s'il y en a beaucoup, aucune d'entre elles ne sera au deuxième tour
12:27et que ce sera la défaite assurée.
12:29Mais ce n'est pas le sens de mon initiative.
12:30Mon initiative, c'est de dire, voilà, il y a la vie des partis politiques
12:34et puis il y a la nécessité avec les citoyens.
12:37C'est pour ça que les auditeurs peuvent s'inscrire sur cette plateforme progressiste
12:41parce que ça n'est absolument pas réservé, loin de là, aux responsables politiques.
12:45Et j'essaye de créer quelque chose d'inédit
12:49qui rassemble, non pas justement dans une logique de candidature,
12:54mais qui rassemble sur les idées et la construction des idées à la fois des citoyens
12:58qui peuvent être engagés ou pas,
13:00qui peuvent être dans des associations, des syndicats ou pas,
13:03ou des entreprises, des entrepreneurs, peu importe,
13:05et des responsables politiques dans leur diversité
13:07avec deux bornes que je viens de rappeler
13:09parce qu'il ne faut pas faire n'importe quoi,
13:11il ne faut pas dire que tout se vaut, ce n'est pas vrai.
13:12Il y a un projet politique, il y a un arc,
13:15à l'intérieur de cet arc, il y a des sensibilités différentes,
13:18mais il y a, je pense, la conviction, l'intuition
13:21que ce qui nous rassemble est au fond plus fort que ce qui nous divise.
13:25Et puis il y a le sujet des identités professionnelles sur la méthode,
13:28si je peux en dire un mot, c'est absolument fondamental.
13:30Aujourd'hui, les responsables politiques,
13:32à l'exception d'un que je veux citer, c'est François Ruffin,
13:35parce qu'il a la même intuition que moi,
13:37qui est qu'il faut repartir des métiers,
13:39il faut repartir des identités professionnelles.
13:42C'est-à-dire ?
13:43C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le débat politique,
13:45il est sur la compétitivité, la justice, les inégalités, les salaires,
13:48mais c'est des catégories.
13:50Il faut partir des gens,
13:51il faut partir de la vie quotidienne de chacun d'entre nous.
13:54Exactement comme je viens de le dire sur les parents.
13:56La souffrance parentale face aux réseaux sociaux, il faut l'adresser.
13:59Sur les métiers, vous savez, moi je viens d'une famille ouvrière du nord de la France,
14:03ma mère a commencé à travailler à 14 ans,
14:05mon grand-père était mineur de fonds,
14:06donc les métiers, l'identité ouvrière et salariale, je sais ce que c'est.
14:12Et je pense que le politique aujourd'hui, il a largement ignoré.
14:16On ne parle plus des métiers.
14:17Et donc moi, ce que je propose dans cette plateforme,
14:19c'est de commencer par deux métiers.
14:20Un métier très féminisé, un métier largement occupé par des hommes.
14:25Le premier métier, c'est les auxiliaires de vie et les aides-soignantes.
14:27Partir de leur réalité, partir de leurs aspirations, partir de leurs besoins,
14:31de leur vécu, de leur expérience de vie,
14:34pour établir des propositions concrètes,
14:37non pas surplombantes, faites depuis Paris dans un bureau avec des experts,
14:41mais avec elles.
14:42Je dis elles puisque c'est un métier très largement féminisé.
14:45Et un autre métier, c'est les magasiniers,
14:47les préparateurs de colis dans les entrepôts logistiques.
14:50Tout ça, ça fait 700 à 800 000 personnes,
14:53800 000 Français qui occupent ces deux métiers.
14:55Ce sont parmi les deux métiers les plus présents en France.
14:58Qui en parle aujourd'hui dans l'espace politique ?
15:00Personne.
15:01Et donc, si vous êtes auditeur de France Inter ce matin
15:04et que vous êtes préparateur de colis dans un entrepôt Amazon,
15:07participez à cette plateforme progressiste
15:08parce qu'on va parler de vous et on va parler avec vous
15:10et on va construire des propositions avec vous.
15:12Qui donc va établir des propositions,
15:15se mettre d'accord sur un certain nombre de propositions,
15:17portées par quelqu'un ?
15:19Non, justement, données au bien commun de l'arc progressiste.
15:23Vous voulez toujours me faire revenir à un sujet d'incarnation ?
15:26Il va bien falloir que quelqu'un les mette en œuvre.
15:28Bien sûr, exactement.
15:29Je suis tout à fait d'accord à vous.
15:30Mais ce n'est pas le sujet de la plateforme.
15:32Le sujet de la plateforme, c'est de créer potentiellement,
15:35et il y aura des sujets sur lesquels on n'y arrivera pas,
15:37mais il y aura des sujets, je pense, sur lesquels on va y arriver
15:40et ça sera déjà un changement profond.
15:42On va arriver à créer cette culture commune,
15:44à créer éventuellement ces propositions communes
15:47ou au compte, et au moins ces éléments de débat
15:49sur lesquels de dire « bon, on a essayé, là on n'y arrive pas ».
15:52Et ensuite, qui le portera ?
15:54Qui sera le mieux placé ?
15:55Je ne sais pas, on verra.
15:57On verra peut-être dans six mois, on verra dans un an, on verra.
15:59Mais commençons par créer de l'espoir.
16:01Parce que cette bataille qui commence directement par les égaux,
16:04c'est la certitude de l'échec.
16:06Florent est au Standard de France Inter.
16:08Bonjour Florent.
16:09Oui, bonjour.
16:10Vous avez une question pour Pascal Canfin.
16:12Oui, j'ai une question finalement sur un cas très concret.
16:15Moi, j'habite en campagne.
16:17Et en campagne, nous, ce qu'on voit, c'est qu'autour de nous,
16:19on a des pesticides qui sont épandus.
16:22Moi, je suis agriculteur.
16:23Et il y a des néonicotinoïdes, pesticides tueurs d'abeilles,
16:26qui s'apprêtent à être réautorisés.
16:28Ce que je vois, c'est que la semaine prochaine,
16:31du coup, à l'Assemblée nationale,
16:32il y a une loi du plomb qui va être votée
16:34pour réautoriser ces pesticides tueurs d'abeilles.
16:36Et donc là, vous parlez de backlash, de choses comme ça.
16:38Ces pesticides, ils s'apprêtent à être réautorisés.
16:40Pourquoi ? Parce qu'il y a une alliance entre la droite,
16:42l'extrême droite et votre camp du centre.
16:45Donc comment est-ce que finalement, là,
16:47toutes ces belles paroles,
16:48elles sont concrétisées par une action de votre part
16:51vis-à-vis de tous vos députés, là, du centre,
16:53qui permettent la réautorisation de ces pesticides ?
16:56Parce qu'on peut essayer de faire du consensus,
16:58mais si au final, quand ça passe à l'Assemblée,
17:00on nous remet des pesticides qui vont tuer les abeilles,
17:02je ne vois pas bien l'intérêt.
17:03Merci Florent.
17:05Donc là, c'est Amipride qui va peut-être être autorisée
17:07dans le cadre de cette loi du plomb
17:08qui est en discussion à l'Assemblée nationale.
17:11Alors, je vais vous donner, un, ma position personnelle.
17:15Moi, je ne suis évidemment pas favorable à cela
17:17et je constate qu'au sein du groupe Renaissance
17:21auquel vous faites référence, Ensemble pour la République,
17:24il y a des divisions.
17:25Et d'ailleurs, la position du groupe n'est pas encore définie.
17:28Et je laisse les responsables politiques à l'Assemblée nationale
17:31décider sur cela, ça n'est pas l'objectif de la plateforme.
17:34Mais vous avez raison, il y a des sujets sur lesquels
17:35il y aura des points d'accord,
17:36il y aura des sujets sur lesquels il y aura des points de désaccord.
17:38Il ne s'agit pas de faire les bisounours.
17:40Il ne s'agit pas de dire, youpla boum,
17:41tout d'un coup, on est tous d'accord sur tout.
17:42Il s'agit de créer un cadre de discussion
17:45où précisément, les sujets agriculture, environnement
17:48doivent être traités.
17:49Et c'est d'ailleurs pour ça que, déjà,
17:52ont annoncé leur volonté, leur accord pour participer à la plateforme.
17:55Par exemple, le président de la région Bretagne.
17:58Le président de la région Bretagne,
17:59il a une majorité politique en Bretagne
18:01qui va des écolos aux, entre guillemets, macronistes.
18:04Chose totalement impossible à l'échelle nationale.
18:07En Bretagne, ça marche.
18:08Et il travaille justement sur des méthodes
18:11de contractualisation de transition agricole
18:13pour y parvenir.
18:14Autre exemple, dans la ruralité...
18:16Pardon, mais je voulais aborder d'autres sujets avec vous,
18:19Pascal, qu'enfin, sujet européen important,
18:21celui de l'Ukraine,
18:22parce que les Etats-Unis ont annoncé cette semaine
18:24qu'ils entendaient cesser de fournir une partie des armes
18:26qui est livrée à l'Ukraine,
18:28dont les fameux missiles patriotes
18:29qui protègent le ciel ukrainien contre les frappes russes.
18:33Est-ce que l'Europe, selon vous,
18:34qui est eurodéputée, est prête à prendre le relais ?
18:37On a pris des engagements...
18:39Alors, on va totalement changer de sujet.
18:41On a pris des engagements d'augmentation
18:42des dépenses militaires.
18:45Et on a pris des engagements
18:47pour enfin, enfin, créer une Europe de la défense.
18:52C'est un projet français,
18:54porté notamment par le président de la République,
18:56mais pas que,
18:57pour réussir à dépasser le fait qu'aujourd'hui,
19:00alors qu'aux Etats-Unis, il y a un modèle de char,
19:02en Europe, il y en a des dizaines.
19:03C'est stupide.
19:04Et donc, on va enfin prendre nos responsabilités.
19:07Ça signifie pas qu'on est prêt ?
19:09Aujourd'hui, si vous me demandez si aujourd'hui on est prêt,
19:11non, on n'est pas prêt.
19:12On n'investit pas dans la défense en claquant des doigts.
19:14Par contre, on est prêt à faire l'effort
19:16et à s'organiser ensemble pour y arriver.
19:19Construire enfin une industrie de la défense européenne coordonnée.
19:22Ça ne veut pas dire une seule entreprise de défense européenne,
19:24mais ça veut dire qu'au moins,
19:25on arrête tous ensemble de passer des commandes incompatibles
19:28avec des matériels qui ne marchent pas entre eux,
19:30ce qui fait que dès qu'on veut faire une opération ensemble,
19:32c'est impossible.
19:33C'est stupide.
19:34Stupide.
19:35Contre-productif.
19:35Voilà.
19:35Ça, on y met fin.
19:36Et enfin, on se met dans la bonne direction.
19:39Un autre sujet qui dépasse même les frontières de l'Europe,
19:41mais qui vous tient à cœur, je crois,
19:42c'est celui de l'aide au développement.
19:44Cette semaine se tenait à Séville la conférence internationale
19:46pour réfléchir à la réponse à apporter à la baisse
19:49des aides au développement des Etats-Unis.
19:51Plus de 80% en moins sur des budgets consacrés à la santé,
19:55à l'éducation et la France, notamment l'Espagne, le Kenya,
19:58appellent à généraliser ce qu'on appelle la taxe Chirac
20:00sur les billets d'avion pour financer cette aide au développement.
20:03Est-ce que vous y êtes favorable ?
20:05J'y suis favorable.
20:06Jacques Chirac l'a initié en son temps.
20:08On le met en place et on voudrait que d'autres le fassent.
20:11Je voudrais juste rappeler ce que ça veut dire pour les Français aujourd'hui.
20:14Parce qu'on dit souvent, ah oui, mais la fiscalité écologique,
20:18ce n'est pas juste.
20:19Là, en l'occurrence, on a un très bon exemple.
20:21Une taxe, l'augmentation de la taxe pour la billet d'avion
20:26dans le projet de loi de finances, le budget qui s'applique cette année.
20:298 euros en classe économie.
20:31Puis ensuite, ça monte progressivement et j'arrive au jet privé.
20:354 000 euros.
20:364 000 euros par place.
20:38Bon.
20:39Donc, 8 euros pour celui qui prend l'avion pour aller à Toulouse en classe économique
20:43et 4 000 euros pour celui que je...
20:45Vous voyez bien, on est capable de faire de la justice fiscale et de la transition écologique.
20:50Parce que je pense que tous les Français sont d'accord pour dire,
20:52bon, on prend l'avion, ça pollue, je veux bien payer un peu plus,
20:55mais enfin, il est hors de question que je paye autant que le gars qui...
20:57Bon, eh bien oui, voilà, 8 à 4 000, le rapport est quand même colossal.
21:01Eh bien, ça, c'est typiquement une mesure, je pense,
21:03qui peut tout à fait faire consensus au sein de l'arc progressiste dont je parlais.
21:08Pascal Canfin, député européen Ensemble, coordinateur de Renew Europe
21:12et membre de la Commission Environnement et Santé Publique au Parlement européen.
21:16Merci beaucoup d'être venu ce matin sur France Inter.
21:18Merci à vous.
21:18Merci à vous.

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