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  • il y a 4 jours
Jeudi 3 juillet 2025, retrouvez Edouard Faure (Responsable du crédit, Swiss Life Asset Managers France) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Le dernier quart d'heure de Smartbourg, chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir, c'est celui du crédit, l'univers de la dette d'entreprise.
00:18L'occasion a mis par cours de cette année 2025 un rapide bilan bien sûr de ce qui s'est passé au premier semestre
00:23et d'évoquer les enjeux et les perspectives pour ces marchés de crédit avec Edouard Faure à mes côtés,
00:27le responsable du crédit chez Swiss Life, Facet Management.
00:30Bonsoir Edouard.
00:31Bonsoir Grégoire.
00:31Merci beaucoup d'être là.
00:33Oui, bilan du premier semestre pour le crédit qu'on peut classer quand même dans la catégorie des actifs risqués.
00:39Alors c'est vrai que quand on regarde les actions, la photo finish au 30 juin,
00:43ce sont des indices actions américains au plus haut qui battent de nouveaux records historiques
00:50ayant traversé un certain nombre de turbulences, de rebondissements, de twists politiques
00:56autour de la politique économique notamment menée par Donald Trump.
01:00J'ai l'impression qu'on observe exactement ce genre de performance et de résilience du point de vue du crédit, Edouard.
01:06Oui, tout à fait.
01:07Le crédit a très bien résisté sur ce premier semestre malgré toutes les turbulences qu'on a pu avoir.
01:12Des performances sur la partie investment grade en Europe qui sont autour de 2%,
01:16sur la partie à yield en Europe 3%.
01:20Aux Etats-Unis, on est à plus de 4% à la fois sur l'investment grade et sur le yield.
01:24Donc des performances tout à fait remarquables qui témoignent vraiment de l'appétit pour la classe d'actifs.
01:29Alors contrairement aux actions, on n'a pas battu de record en termes de niveau de prime de risque.
01:33On est toujours un peu plus haut que ce qu'on a pu connaître par le passé.
01:37Mais en tout cas, c'est vrai qu'étant donné les turbulences, on aurait pu s'attendre à vraiment des performances un peu moins bonnes.
01:45Ce qu'on remarque, c'est que ces performances, elles n'ont pas tant été drivées par les primes de risque
01:49qui se sont resserrées légèrement en Europe, qui ont été plutôt flat aux Etats-Unis.
01:57En revanche, ce qu'on observe, c'est un carry, un portage qui profite largement à cette classe d'actifs-là.
02:03Et puis aux Etats-Unis particulièrement, et ce qui explique aussi la différence de performance entre ces deux zones,
02:08l'effet taux qui a joué à plein, les taux ont été très porteurs aux Etats-Unis, un peu moins en Europe.
02:16Mais voilà, globalement, une très bonne performance sur le crédit, premier semestre.
02:20Avec des entreprises qui profitent de cet appétit, des investisseurs pour la dette d'entreprise.
02:26Le marché primaire a été dynamique, très dynamique également, Edouard ?
02:29Ah oui, extrêmement dynamique.
02:30En particulier, en fin de semestre, clairement, on a vu des records de volumes de primaires.
02:38Juste pour citer un chiffre, sur la partie Aïle d'euros, quand on exclut la partie financière,
02:44les financières, on a eu 21 milliards d'émis au mois de juin.
02:47C'est le plus gros mois jamais connu par le Aïle d'euros ex-financiers depuis que la classe d'actifs existe.
02:52Donc ça témoigne vraiment de l'appétit pour la classe d'actifs.
02:55Et en fait, on le comprend bien, on le comprend de la part des investisseurs, le portage, résilience du marché,
03:02des flux nets dans la classe d'actifs qui sont positifs.
03:05Et donc du coup, le besoin pour les investisseurs est bien d'investir ces liquidités.
03:10Et puis du point de vue des émetteurs, des rendements qui sont plus bas d'un point de vue émetteur que ce qu'ils étaient il y a quelques mois,
03:19quelques années, donc des conditions de refinancement qui sont attractives.
03:24Généralement, les émetteurs se refinancent autour de 5 ans, c'est ça ?
03:28Oui, autour de 5 ans, voire un peu plus long sur la partie Investing Trade.
03:32Et sur cette partie-là, les taux ont quand même baissé par rapport aux niveaux qui ont pu être atteints.
03:36Exactement, les taux ont baissé, les primes de risque sont relativement compressées,
03:40donc on est vraiment sur des conditions qui sont attractives pour les émetteurs.
03:44Et puis, si on pense aux émetteurs à haut rendement qui, eux, sont beaucoup plus à risque en termes de refinancement,
03:49ils ne peuvent pas se permettre d'attendre trop longtemps.
03:51Si le marché primaire est fermé, ça peut les mettre dans des difficultés.
03:54Ils saisissent chaque opportunité.
03:56Aujourd'hui, c'est une vraie opportunité pour les émetteurs, donc ils viennent.
03:59Et on voit même des émissions qu'on n'avait pas vues depuis longtemps, des LBO, des émissions qui servent à payer des dividendes aux actionnaires,
04:07ce genre de choses qu'on comprend de qui sont là dans des marchés vraiment très porteurs.
04:11C'est solide.
04:12En tout cas, il y a de l'appétit pour ce risque-là aujourd'hui.
04:16Exactement, il y a de l'appétit pour ce risque-là.
04:17D'apparence, c'est solide, mais il n'y a que des pics de volatilité.
04:22C'est la question.
04:23Bon, juste pour rester sur le marché primaire, ce tombereau d'émissions qui a été mis sur le marché par les entreprises,
04:33ça leur permet de rallonger ce qu'on appelle souvent le mur de la dette.
04:37Il n'y a pas d'échéance trop importante désormais sur la fin d'année ou encore 2026.
04:45Ces échéances-là ont été reportées à nouveau dans le temps.
04:47Complètement, complètement reportées dans le temps.
04:48Aujourd'hui, on n'a plus d'échéance courte, on n'a plus de crainte de mur de maturité.
04:53Qui pourrait, dans un scénario difficile de marché, entraîner des taux de défaut en hausse ?
04:57Bien sûr.
04:57Ça, c'est, on peut dire, derrière nous...
05:00C'est reporté.
05:00C'est reporté.
05:02C'est plus juste de dire derrière nous, parce que ça va revenir un jour.
05:05Mais pour l'instant, c'est...
05:06La vie est un report permanent, de toute façon.
05:09Et je reviens également sur l'idée qu'il y a une opportunité intéressante pour les émetteurs.
05:13C'est-à-dire que les taux, certes, sont plus bas aujourd'hui qu'ils étaient il y a encore quelques temps.
05:18Mais pour eux, ça reste un bon moment.
05:20C'est-à-dire, je sais ce que je paye aujourd'hui en termes de refinancement,
05:24alors que je ne suis pas totalement certain de ce que je pourrais payer dans 6 mois, dans 9 mois, dans 12 mois.
05:29Exactement.
05:30Il y a un peu de ça.
05:30C'est complètement ça.
05:32Et le meilleur exemple, c'est de regarder ce qui s'est passé au mois d'avril.
05:35Les émissions primaires étaient relativement importantes, février et mars.
05:39Tout début avril, Liberation Day, les annonces des tarifs.
05:42Le choc, un marché primaire complètement tari pendant plusieurs semaines.
05:45Enfin, on a eu deux semaines, deux semaines et demie.
05:48Donc, impossibilité de la part des émetteurs de venir émettre.
05:51Ou alors, il fallait payer très cher.
05:53Et donc, du coup, une fois que le marché s'est normalisé,
05:56une fois que les rendements étaient de revenus attractifs,
05:59on voit tout le monde se ruer pour justement éviter cette situation.
06:03Et en tout cas, on sait qu'il y a beaucoup d'incertitudes dans le marché.
06:05Donc, quid des pics de volatilité plus tard ?
06:07Quid de l'ouverture du marché primaire ?
06:09Personne n'est capable de le dire.
06:10Donc, mieux vaut pour une entreprise sécuriser son financement
06:13au moment où il y a de l'appétit de la part des investisseurs.
06:17Flexible, opportunisme.
06:18Effectivement, c'est comme ça que ça fonctionne sur ces marchés aujourd'hui
06:21avec des fenêtres de tir, qui peuvent être larges,
06:23mais qui peuvent aussi se fermer très brutalement, très rapidement
06:25pour un temps autour d'aspects politiques, en l'occurrence.
06:29Exactement.
06:29Et elles peuvent se fermer pendant un temps relativement long dans le passé.
06:33Alors, en ce moment, les pics de volatilité sont très courts.
06:35Liberation Day, ça a duré quelques jours.
06:37C'est un V, c'est un V et très serré.
06:40Oui, oui, c'est ça.
06:40Les bras du verre.
06:42Donc, oui, non, effectivement, c'est très court,
06:44mais ça peut se fermer pendant plus longtemps.
06:46Et pour les émetteurs les plus spéculatifs, ça peut devenir compliqué.
06:49Bon, la volatilité, c'est quelque chose qui va nous accompagner,
06:52mais je crois que pour beaucoup de classes d'actifs,
06:54sur les devis, sur le crédit ou sur d'autres.
06:57Quand on parlait de cette résilience aussi observée,
07:00c'est une résilience qui se justifie par des fondamentaux solides aussi
07:04de la part des entreprises.
07:06Est-ce qu'il y a des poches de complaisance aussi dans ces marchés de crédit
07:09auxquels il faut être attentif aujourd'hui, Édouard ?
07:11Les fondamentaux et des entreprises sont bons, clairement.
07:14La structure des indices obligataires sont aussi relativement bons,
07:20avec des meilleures notations globalement que par...
07:22On a gagné en qualité dans les indices de référence obligataires.
07:25On a gagné en qualité, les fondamentaux se sont améliorés.
07:28En revanche, effectivement, quand on voit tous les risques autour de nous
07:31qui sont là et qui apparaissent par signaux,
07:37on se dit que quand on regarde le niveau des primes de risque,
07:39on se demande si on est vraiment bien rémunéré.
07:41Et finalement, on se dit qu'il y a très peu de place pour plus de compression.
07:44En revanche, si demain, on avait un risque qui se matérialisait
07:47de manière plus importante, là, l'écartement pourrait être significatif.
07:51Mais le marché est relativement complaisant.
07:53Encore une fois, on peut prendre l'exemple de ce qui s'est passé récemment
07:55avec la guerre de 12 jours, l'invasion de l'Iran par Israël,
07:59conjointement avec les États-Unis.
08:01Le marché n'a pas branché du tout, honnêtement.
08:04Et c'est de la placidité ou c'est que le marché n'a pas le temps de réagir à ces événements ?
08:07Enfin, le marché peut aller très vite quand il le veut, mais c'est...
08:10Il y a un sentiment dans le marché qui est fort,
08:13c'est aller récupérer les papiers dès qu'ils baissent un petit peu.
08:17Et donc, en fait, tout le monde est prêt à acheter dès qu'il y a une toute petite baisse.
08:21Et donc, en fait, finalement, aujourd'hui, on voit assez peu de vendeurs.
08:25On a envie de garder le portage.
08:26Vu les niveaux de rendement absolus, c'est important d'être investi.
08:29Ne pas être investi, ça coûte de l'argent, ces niveaux de rendement-là.
08:31Ce n'est plus comme quand on était dans des territoires de taux négatif ou de taux zéro.
08:35Aujourd'hui, il faut être investi.
08:37Et donc ça, ça pousse les investisseurs à être relativement complaisant.
08:41Comment être bien investi sur ces marchés de crédit, Edouard, pour la deuxième partie d'année,
08:47dans un environnement où, vous l'avez dit, les primes de risque, les écarts de primes de risque,
08:51les spreads sont quand même relativement serrés aujourd'hui pour la dette de l'entreprise.
08:55Tout à fait.
08:55Et en même temps, le rendement absolu est attractif.
08:58Donc, il faut être investi.
08:59La classe d'actifs crédits reste intéressante.
09:01Donc, la logique portage reste une bonne logique.
09:04Oui, complètement.
09:04Ça reste, pour nous, le maître mot pour la deuxième partie de l'année.
09:07En plus, plus on a de portage, plus on amortit la volatilité.
09:10C'est ça aussi qui est intéressant.
09:12Donc, éviter de trop s'exposer à la partie prime de risque
09:14ou alors de le faire plutôt via des secteurs moins cycliques.
09:17Donc, quand on descend dans les classes de notation,
09:20en particulier quand on arrive dans les notations simple B,
09:22voire triple C, qui sont vraiment très spéculatives.
09:25Là, on va plutôt chercher vraiment les secteurs les plus défensifs,
09:27la santé, les télécommunications, à quelques exceptions près,
09:31parce que c'est un secteur qui est quand même un peu sous le feu des projecteurs en ce moment.
09:34Donc, il faut faire attention.
09:35Mais voilà, il faut vraiment se concentrer sur les secteurs les plus cycliques,
09:38les moins cycliques ou les moins cycliques,
09:40je ne dis pas de bêtises.
09:42En revanche, une fois qu'on remonte dans les classes de notation,
09:45on peut se permettre d'aller chercher des secteurs plus cycliques,
09:49cette fois-ci, qui vont offrir plus de portage
09:51et qui vont permettre de profiter du bon environnement sur la classe d'actifs crédits.
09:55Donc, j'ai envie de dire un barbeul,
09:57un positionnement plutôt défensif sur la partie plus spéculative.
10:02C'est très clair.
10:02Un peu plus dynamique sur la partie plus sécurisante.
10:08Et la partie courte reste intéressante pour nous.
10:11Vraiment, la partie courte de la courbe.
10:13Monétaire, crédit court terme.
10:15Il y a encore vraiment des choses à faire aujourd'hui.
10:17On a des rendements qui sont autour de 2,5-3% sur cette partie-là.
10:22Ça reste attractif.
10:24On est payé pour attendre.
10:26Les primes de risque sont serrées.
10:27Pourquoi aller chercher beaucoup plus de risques ?
10:30Vraiment, pour nous, l'intérêt, c'est d'aller chercher
10:32soit la partie courte de la courbe sur la partie investment grade,
10:34soit le high yield en ayant ce distinguo secteur cyclique,
10:40moins cyclique en fonction des notations.
10:41C'est vraiment les deux segments de marché
10:43qui nous semblent les plus attractifs aujourd'hui.
10:45Le beau voyage du crédit se poursuit.
10:47On a déjà deux années exceptionnelles derrière nous.
10:50On en a parlé avec vous déjà, Édouard,
10:51en termes de performance, volatilité.
10:53Je crois que l'an dernier, même certains indices crédits
10:56ont même battu des indices actions
10:58sur ces ratios de performance, volatilité.
11:00Il faut bien l'avoir en tête,
11:02avec des épisodes de volatilité,
11:04mais qui sont pour l'instant traversés de manière très solide,
11:08avec beaucoup de résilience par ces marchés de crédit.
11:10Merci beaucoup, Édouard.
11:10Édouard Faure qui était avec nous en plateau
11:12dans ce dernier quart d'heure de Smart Bourse,
11:14le responsable du crédit chez Swiss Life Asset Management.
11:17Sous-titrage Société Radio-Canada

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