00:00Alors quelle est la situation aujourd'hui des vins de Bourgogne en cette année 2025 ?
00:05Alors en ce qui concerne les marchés, on est encore dans une situation positive.
00:10On est la seule région en France à l'heure actuelle à avoir des chiffres qui restent orientés positivement,
00:16que ce soit en France notamment en grande distribution, comme à l'export.
00:20Toutes les autres régions françaises ont basculé et sont plutôt en perte, ce qui n'est pas notre cas.
00:24Donc à la fois on s'en réjouit, on est très heureux, mais on sait aussi que la situation est précaire, qu'elle est fragile, on est sur un fil.
00:32Il faudrait peu de choses pour qu'on bascule du mauvais côté.
00:35Notamment on est toujours préoccupé, on suit avec beaucoup d'attention ce qui se passe aux États-Unis, les taxes Trump, etc.
00:44En dehors de ça, donc marché qui reste quand même positif, il faut s'en réjouir.
00:48Et puis on a un millésime 2025 qui est sur les rails maintenant.
00:51On sait que ça sera un millésime précoce, donc un millésime qui sera qualitatif certainement,
00:56avec une récolte qui sera moyenne en termes de volume.
01:00Je pense que c'est à peu près ce qu'il nous faut.
01:02Trop de volume pourrait faire baisser les prix de façon inconsidérée.
01:05A priori, ça devrait pousser à une certaine stabilité, ce qui est très bien pour la Bourgogne.
01:11Est-ce que la diversité des vins de Bourgogne n'est pas finalement leur meilleur atout ?
01:16C'est un des atouts, c'est vraiment une spécificité de la Bourgogne.
01:19Mais on n'a nulle part ailleurs dans le monde, on trouve autant de diversité, effectivement, des appellations, des terroirs.
01:26Et puis on a vraiment un modèle unique en Bourgogne, qui est le modèle des climats de Bourgogne, notamment,
01:31et qui est le modèle des vins de lieu, c'est-à-dire un vin qui est issu d'un vignoble identifié, dont le nom est porté sur l'étiquette,
01:39et tout ça avec une notion de temps long.
01:42En fait, cette année, les 10 ans des climats, ils ont été un starter important pour les vins de Bourgogne ?
01:50Oui, oui, pour beaucoup de raisons, notamment parce qu'effectivement, les climats symbolisent ce modèle et cette philosophie bourguidienne,
01:57des vins de lieu et des vins de climat.
02:00Alors les climats, c'est un périmètre relativement restreint, mais c'est quelque chose, en fait, qui s'étend à la totalité de la Bourgogne.
02:07Mais ce qu'on a figé ou ce qu'on a sacralisé, d'une certaine manière, et qui a été enregistré auprès de l'UNESCO dans les climats de Bourgogne,
02:18c'est ce modèle et cette philosophie qui s'appliquent à l'ensemble de la Bourgogne.
02:21Et finalement, on se rend compte que ça devient d'ailleurs un modèle un petit peu universel,
02:25parce qu'on voit que dans le monde entier, les gens souhaitent faire des vins qui portent le nom de leur terroir d'origine
02:30et souhaitent montrer à travers leurs vins les spécificités et les caractéristiques de leur terroir.
02:35Alors toutes ces spécificités sont reconnues tous les ans avec la cuvée de Prestige.
02:43C'est la 54e.
02:44Exactement.
02:45En quoi c'est important pour un viticulteur d'avoir son vin sélectionné ?
02:51Alors c'est donc la cave Prestige du BIVB.
02:55On remettait aujourd'hui les prix de la cave Prestige.
02:58Donc tous les viticulteurs, tous les producteurs bourguignons, s'ils le souhaitent, sont invités à présenter leurs vins.
03:02Les vins sont dégustés par des jurys de professionnels, donc essentiellement par leur père.
03:08Donc c'est une reconnaissance de la profession.
03:10C'est une reconnaissance de gens qui connaissent mieux que personne les caractéristiques des vins de Bourgogne.
03:16Ce sont des cuvées qui servent ensuite au BIVB comme cuvées ambassadrices.
03:20On les emmène dans le monde entier pour toutes les actions, tous les événements auxquels on participe, les salons, etc.
03:27Donc on les met en avant. Et puis c'est presque une sorte de distinction, un petit peu comme une médaille si vous voulez.
03:33C'est une sélection qui est extrêmement rigoureuse.
03:36On a un peu plus de 13% des vins présentés qui ont été sélectionnés.
03:40Donc c'est vraiment la crème de la crème.
03:42Et c'est ouvert à tous les producteurs bourguignons.
03:46Donc j'encourage chacun à y participer.
03:48Quelles sont les ambitions de la profession pour les années à venir ?
03:53Écoutez, pour l'ensemble de la profession, je dirais que notre enjeu principal, c'est quand même de faire face à ce changement climatique, à ce réchauffement.
04:02On le vit ces jours-ci avec des températures qui sont extrêmes, même si on a eu effectivement dans le passé des pics de température.
04:10Mais en fait, c'est très intéressant de regarder la courbe, le graphique de la production des vins de Bourgogne, la production annuelle depuis une cinquantaine d'années.
04:17On se rend compte que depuis 2010, donc depuis une quinzaine d'années, on a des variations, des écarts qui sont de plus en plus importants.
04:24Je rappelle juste que 2021, c'était le plus petit millésime des 40 dernières années.
04:28Et 2023, seulement deux ans après, c'était le record absolu de production en Bourgogne.
04:31Donc on se rend compte à quel point on a des variations.
04:34Et ça, c'est très difficile en termes de gestion parce que ça oblige à faire des stocks et à stocker des vins,
04:39à les financer quand il y a des années généreuses pour faire face aux petites années.
04:42Ça fait des à-coups qui sont très difficiles pour approvisionner les marchés.
04:47Et donc, on travaille beaucoup avec le BIVB, notamment sur l'adaptation aux conséquences du réchauffement climatique, du changement climatique.
04:55Le pôle technique et innovation du BIVB suit à peu près 70 projets.
04:59Deux tiers de ces projets sont liés à l'adaptation au changement climatique.
05:02Donc je pense que de façon structurelle, pour les années qui viennent, c'est quand même effectivement le principal problème.
05:07Mais quand on voit que la Bourgogne est une région de temps long, qu'on fait du vin en Bourgogne depuis 2000 ans,
05:12des épreuves, on en a traversées.
05:14Donc je suis assez confiant, je suis parfaitement convaincu qu'on va trouver toute une panoplie de méthodes culturelles,
05:22de sélections variétales, que ce soit les porte-greffes, que ce soit nos cépages, pinots noirs, chardonnés, etc.,
05:28qui seront mieux adaptés aux nouvelles conditions climatiques.
05:31Tous les vignerons, par exemple, savent très bien que certains porte-greffes qu'on recommandait il y a 25, 30 ou 40 ans,
05:38comme étant très qualitatifs, s'avèrent complètement inadaptés maintenant à des conditions beaucoup plus sèches et beaucoup plus chaudes.
05:44On a énormément de mortalité dans les vignes.
05:46Ça fait tout à fait partie des sujets sur lesquels on travaille.
05:48Donc je pense que c'est le principal enjeu.
05:50Les grands gagnants, ce sont les vins des Hautes-Côtes ?
05:53Notamment.
05:54Moi, je crois beaucoup aux Hautes-Côtes.
05:55Je suis un enfant des Hautes-Côtes.
05:56J'y habite.
05:58Et je pense qu'effectivement, monter en altitude, c'est une des solutions.
06:01On a un peu plus de fraîcheur.
06:02Il y a à peu près 1,5 degrés de température moyenne en moins dans les Hautes-Côtes.
06:08Et quand on regarde l'histoire, moi, j'aime bien me référer toujours au temps long.
06:11Quand on regarde depuis le début du Moyen-Âge, ce degré et demi de différence,
06:15c'est ce qui fait la différence entre la production de très grands vins ou de vins plus ordinaires et plus difficiles.