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Transcription
00:00Et à 7h24 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko place à l'édito éco.
00:04Bonjour Olivier Babaud.
00:06Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:08Olivier, vous nous parlez ce matin d'une inquiétante chute d'attractivité des fonctions d'encadrement en France.
00:15C'est emblématique selon vous Olivier du mal profond qui nous ronge.
00:19Oui Dimitri, selon une étude Ségos, le poste de cadre autrefois recherché fait fuir.
00:24Plus de la moitié des salariés refuseraient désormais les offres de promotion vers des fonctions d'encadrement.
00:29Mais alors qu'est-ce qu'il redoute exactement ?
00:31Alors il fuit le stress, l'épuisement, la pression.
00:34Un cadre sur quatre estime que sa santé mentale s'est dégradée ces deux dernières années.
00:38Et ce chiffre grimpe à 2 sur 3 chez les managers.
00:41Ces derniers vivent souvent leur travail comme un calvaire avec des exigences contradictoires,
00:45une surcharge chronique et une solitude renforcée par la peur de mal faire ou d'en faire trop.
00:50Mais est-ce que ça ne devrait pas être compensé par le salaire ça ?
00:53Justement non.
00:54Alors tenez-vous bien, en euro constant, le salaire net moyen des cadres est revenu à son niveau de 1996.
01:01Oui, vous avez bien entendu, en presque 30 ans, zéro progression en termes réels.
01:06Pendant ce temps, les ouvriers ont vu leur revenu progresser en termes constants de 16%.
01:09Les responsabilités, ça eut payé, mais ça ne paye plus.
01:13Comme on aurait dit, je crois que c'est Fernand Reynaud.
01:14Oui, c'est ça.
01:15Pourquoi il y a une telle panne de reconnaissance ?
01:18On en revient toujours là.
01:19On a construit un modèle social et fiscal punitif de l'effort.
01:23Le système hyper redistributif écrase les gains du travail.
01:27En haut de l'échelle, le moindre euro supplémentaire est laminé par des taux marginaux de cotisation sociale et d'imposition délirant.
01:33Résultat, même avec plus de responsabilités, les gains ne suivent pas.
01:37Travailler plus pour gagner peu n'emballe logiquement personne.
01:39Ce refus des responsabilités, Olivier, ça n'est pas qu'un problème pour l'entreprise.
01:44Ça témoigne selon vous de quelque chose de plus profond ?
01:45Exactement.
01:47Le refus des responsabilités est le symptôme d'un malaise collectif.
01:50La France ne veut plus progresser.
01:52Elle ne croit plus au mérite.
01:53Elle se méfie de l'ambition.
01:55L'encadrement, autrefois signe d'ascension sociale, est désormais perçu comme un piège.
01:59On peut tout à fait préférer l'équilibre personnel à la réussite hiérarchique.
02:03Mais quand cela devient un principe général de fuite de la progression professionnelle, il y a de quoi s'inquiéter.
02:07Vous y voyez là un signal d'alarme ?
02:09Oui, une société qui n'a plus envie de diriger, ce n'est pas seulement une société d'employés de bureaux résignés.
02:13C'est aussi une société sans dynamique collective.
02:16Si plus personne ne veut t'encadrer, qui assumera les arbitrages difficiles, les responsabilités qu'il engage ?
02:22Nous avons oublié que diriger, ce n'est pas dominer, c'est décider, c'est porter, c'est transmettre, c'est tirer vers le haut.
02:26Alors qu'est-ce qu'on peut faire pour inverser cette tendance ?
02:29Redonner du sens, de la reconnaissance, de la confiance, alléger le fardeau fiscal et administratif
02:34et surtout refaire du cadre une figure d'inspiration,
02:38car une société où plus personne ne veut prendre la tête est condamnée à être en queue de peloton.
02:41Signature Europe 1, Olivier Babaud, merci beaucoup Olivier.

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