00:00Il est 7h10 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la présidente du comité de soutien de Boilem Sans Salle, l'ancienne ministre Noël Lenoir.
00:08Bonjour Noël Lenoir.
00:09Bonjour Dimitri.
00:10Bienvenue sur Europe 1, c'est donc le jour J pour Boilem Sans Salle qui va connaître son verdict en appel tout à l'heure aux alentons de 9h30.
00:17La réquisition réclame pour lui, comme en première instance, 10 ans de prison.
00:21Est-ce que, d'abord pour commencer, Noël Lenoir, vous pouvez nous rappeler ce que la justice reproche à Boilem Sans Salle ?
00:26Est-ce que c'est vraiment important finalement de le rappeler ?
00:29Il y a deux questions en une.
00:30Oui, enfin la justice, on l'appelle passer à la justice.
00:33Elle est sur ordre du pouvoir politique.
00:36Alors, il est condamné à 5 ans de prison pour actes subversifs et terroristes.
00:43Article 87 bis, qui a été modifié du code pénal, qui a été modifié à la demande du président Tebboune,
00:50qui ne cesse d'augmenter la répression de sa population, comme malheureusement d'autres pays.
00:55Mais celui-là, c'est quand même, ça prend une tournure absolument ahurissante, en termes d'autoritarisme et de répression, comme je l'indiquais.
01:06Et on lui reproche l'atteinte à l'unité nationale, au territoire national.
01:10Pourquoi ? Et ça a été vraiment bien démontré par la présidente de la Cour d'appel, qui va prononcer son verdict ce matin à 9h30.
01:21C'est qu'en réalité, ce qu'il écrit et ce qu'il déclare ne plaît pas.
01:25Et notamment, il a déclaré à une radio française, qui n'est pas diffusée en Algérie,
01:32qui n'est pas une des grandes radios, qui est une bonne radio, mais qui n'est pas une des grandes radios,
01:36qu'au moment de la colonisation, en 1830, c'est-à-dire au début du XIXe siècle,
01:41la France avait un petit peu empiété sur le territoire marocain.
01:45Elle avait emputé le Maroc au bénéfice de l'Algérie.
01:47Est-ce que soutenir une thèse, qui est celle de certains historiens, alors que d'autres soutiennent une autre thèse,
01:55s'apporte atteinte à l'unité nationale ?
01:57Est-ce que vraiment, la population algérienne est intéressée par un problème historique de frontières en 1830 ?
02:05Nous sommes en 2025.
02:08Donc tout ça est cousu de fil blanc, et je dirais, assez, c'est assez.
02:12Il faut maintenant que le pouvoir algérien comprenne que la France défend ses citoyens.
02:16D'ailleurs, il n'y en a pas qu'un seul, comme vous le savez, qui est incarcéré.
02:19Alors, on va y venir, mais d'abord, j'aimerais avoir votre ressenti.
02:22Est-ce que vous y croyez, vous, à ce scénario qu'on lit partout, de
02:25« Bon, Alain M. Sansa, elle va être condamnée aujourd'hui, mais c'est pas grave,
02:28parce que samedi va être gracié par le président Tebboune. »
02:31On lit ça partout, et j'ai l'impression que ça relève un peu de la pensée magique, Noël Lenoir.
02:35Alors, nous, on n'a aucune pensée, on est le comité de soutien.
02:39Mais il est vrai qu'on avait su, via le Quai d'Orsay,
02:42puisqu'on a quand même des contacts avec le gouvernement,
02:45que ce soit le ministre de l'Intérieur, le Quai d'Orsay et l'Élysée,
02:50le conseiller diplomatique du président de la République.
02:53Donc, nous, on nous a dit, les signes sont favorables,
02:57et on va vers une libération.
03:00Et il y a trois formules.
03:02Il y a la formule, peut-être, on peut toujours espérer,
03:05de toute façon, on n'a pas le choix,
03:06qui consiste à le condamner à sept mois de prison ferme.
03:12Voilà, ça s'appelle couvrir la détention provisoire.
03:16Puisqu'il est en détention provisoire, sa condamnation.
03:18Donc, il serait condamné, mais il sortirait.
03:19Mais il sortirait.
03:21Et puis, le reste serait la prison exurcie.
03:26Ensuite, il y a la condamnation.
03:28À cinq ans, six ans, jusqu'à dix ans de prison.
03:31Et il y a la grâce présidentielle, qui est habituelle, en Algérie,
03:37lors de la fête nationale, le 5 juillet.
03:39Puis, il y a la troisième formule,
03:40qui serait une libération,
03:42avec interdiction de quitter le territoire national.
03:46C'est-à-dire que ce serait la mort...
03:47De quitter le territoire algérien, donc.
03:49Algérien.
03:49Donc, ce serait la mort civile,
03:51parce qu'il ne pourrait plus écrire et publier.
03:54Et ce serait la mort physique,
03:55parce qu'il serait peut-être même encore moins sécure...
03:59Dehors qu'en cellules, oui.
04:01Bien sûr.
04:02Pourquoi ?
04:03Parce que le gouvernement algérien
04:05a monté la population algérienne
04:06contre cet écrivain que personne n'a lu là-bas,
04:10sauf la nomenclatura.
04:11Et donc, je pense que la situation
04:13est en tout état de cause extrêmement dangereuse.
04:16Et comme je l'indiquais tout à l'heure,
04:17assez, c'est assez.
04:18La stratégie de la discrétion.
04:20C'est la stratégie française dans le dossier Boalem Sansal.
04:22C'est la stratégie française dans tous les dossiers
04:24qui ont un trait à l'Algérie.
04:26Christophe Gleize, on découvre,
04:28ce journaliste sportif,
04:30travaille pour SoFoot.
04:31Ça faisait presque plus d'un an
04:32que lui était retenu administrativement.
04:35SoFoot, le magazine qu'il emploie,
04:37pensait qu'il allait s'en sortir judiciairement.
04:40Et bien non, il a été condamné à 7 ans de prison,
04:42ce dimanche.
04:43Et cette stratégie de la discrétion,
04:45est-ce qu'elle paye encore,
04:46vous pensez, Noël Lenoir ?
04:48Alors, moi, je pense qu'il n'appartient pas au comité de soutien
04:52de juger de la diplomatie française.
04:56Ce qui est vrai,
04:58c'est qu'elle a échoué.
04:59Elle a échoué à Gaza,
05:03elle a échoué en Iran,
05:05et elle a échoué jusqu'à demain,
05:08mais de toute façon,
05:09elle a échoué concernant ce journaliste
05:11qui n'a vraiment rien fait,
05:13et qui n'a même rien déclaré,
05:14qui faisait une enquête sur le foot,
05:17et donc, elle a échoué.
05:20Moi, je trouve qu'il faut tirer des leçons.
05:23Le président américain a fait libérer des otages,
05:26Donald Trump, américain.
05:29Madame Melanie a fait libérer son otage iranienne,
05:33enfin, en Iran,
05:34qui était une jeune journaliste italienne
05:37qui avait été incarcérée par les Mollah.
05:40Et donc, je trouve qu'il serait de bonne augure
05:41que le gouvernement français
05:44essaye de tirer les leçons.
05:45Mais quand il fait que nous n'avons pas fait Noël Lenoir,
05:48qu'a fait Donald Trump,
05:49qu'a fait Georgia Meloni,
05:50pour avoir des résultats
05:51que nous n'arrivons pas à nous obtenir ?
05:53Alors, je pense que Donald Trump,
05:55on sait ce qu'il fait,
05:56il met le poing sur la table,
05:57et il a du pouvoir.
05:57Oui, il a la première armée du monde derrière lui aussi.
06:00Ça aide.
06:01Et puis, en plus, c'est son style.
06:02Oui.
06:03C'est un style
06:04qu'il a adopté,
06:06et il vient de signer
06:08un accord de paix entre le Congo et le Rwanda.