00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07Alors Vincent, samedi à la mutualité, Bruno Retailleau a exposé la stratégie des Républicains pour les prochaines échéances électorales.
00:13Nous sommes au point de départ, a-t-il dit, le point d'aboutissement, c'est la présidentielle de 2027.
00:18Alors franchement, avec un RN qui est quand même loin devant, un Edouard Philippe solidement installé, ça vous paraît jouable pour LR, Vincent ?
00:25Dimitri, si l'on s'en tient à l'arithmétique, c'est mort. On parle d'un parti qui a fait moins de 5% à la dernière présidentielle,
00:31qui compte une cinquantaine de députés, et qui n'a pas gagné d'élections nationales depuis plus d'une décennie.
00:37Si l'on se plonge dans la perception des LR dans l'imaginaire de droite, c'est pas beaucoup mieux.
00:41C'est un parti contre lequel les électeurs ont développé une rancune profonde, où se mêlent les reproches de lâcheté, de division, et parfois même de bêtises.
00:48En revanche, si l'on considère que la politique, c'est d'abord une dynamique, celle qui porte Bruno Retailleau est bien réelle,
00:55on la trouve dans les élections partielles depuis le mois d'octobre, dans les sondages de popularité et d'intention de vote,
01:00et on la trouve aussi dans la place centrale que le ministre de l'Intérieur a prise dans la conversation politique et médiatique.
01:06Si cette dynamique se poursuit, elle peut bousculer, oui, les projections et les pronostics.
01:10Mais qu'est-ce qui explique, selon vous, Vincent, cette dynamique ?
01:13Elle repose sur un alignement de conjonctions assez spectaculaire.
01:17D'abord, la conjonction entre une angoisse collective, l'immigration, et la nomination Place Beauvau d'un homme, Bruno Retailleau,
01:23qui exprime publiquement cette angoisse et veut prendre le sujet à bras-le-corps.
01:27Ensuite, la tentation du découragement qui frappe les deux forces qui, depuis dix ans, prennent en tonaille la droite classique.
01:35Le RN, après le barrage électoral des dernières législatives, subit maintenant le barrage judiciaire.
01:40Quant au macronisme, même les héritiers de la famille renie leur généalogie.
01:44En conséquence, le RN et le centre apparaissent comme des remparts de plus en plus fragiles,
01:48face à la menace mélanchoniste qui, elle, se précise.
01:50Mais face à la gauche, les électeurs ne vont-ils pas demander une droite unie,
01:54comme en témoigne un sondage fait par l'Institut CSA pour le journal du dimanche hier,
01:58dans lequel trois électeurs de droite sur quatre, trois sur quatre, veulent l'union des droites ?
02:02Oui, mais on peut déjà le dire sans risque, Dimitri, les candidats des partis de droite ne s'uniront pas pour l'élection présidentielle de 2027.
02:09Le RN est trop puissant pour s'allier, LR est trop faible et horizon trop aimanté sur sa gauche.
02:15Bruno Retailleau, pourtant, a compris ce désir d'union et de victoire d'un camp majoritaire,
02:18et c'est pour cela que sa stratégie repose sur une dialectique très efficace.
02:22L'adversaire prioritaire, c'est la gauche mélanchonisée, l'électorat cible,
02:26c'est ce qu'il appelle la France des honnêtes gens, ou pour le dire autrement,
02:29la France de la transmission contre la France de la déconstruction.
02:33Alors sur le papier, cette ligne claire est la bonne,
02:36mais la situation politique quasi carnavalesque oblige Retailleau à écrire droit avec des lignes courbes.
02:43Dans son parti, il recycle quelques chevaux de retour qui ont mené la droite au désastre,
02:47il est ministre dans un gouvernement de centre-gauche,
02:50et à l'Assemblée, ses députés s'abstiennent sur l'énergie
02:52et désertent l'hémicycle sur le mariage des étrangers irréguliers
02:55parce que ses textes sont portés par Éric Ciotti et par le RN.
02:59Pour l'électorat de conquête de Retailleau,
03:01ces manquements sur le fond peuvent réveiller le soupçon d'une droite qui a peur de son ombre.
03:05Si l'on en revient à l'arithmétique,
03:07pour passer de 4% à 20% au premier tour de la présidentielle,
03:11il faut agréger les macronistes déçus,
03:13mais aussi faire revenir les électeurs qui sont partis au RN
03:16parce qu'ils ne supportaient plus une droite honteuse d'elle-même.
03:21Finalement, les choses sont assez simples.
03:23Pour faire dans les urnes l'union des électeurs de droite,
03:25il faut les convaincre que la politique qu'ils appellent de leur vœu sera enfin appliquée.
03:29Cela demande du courage, de la compétence et de la constance dans les convictions.
03:32Et c'est aussi sur cette dimension personnelle que se jouera le match.
03:35Et c'est pour cela qu'en l'absence probable de Marine Le Pen,
03:38Retailleau n'est pas le plus mal placé.
03:41Merci Vincent Trémolet de Villers.
03:43L'édito politique sur Europe 1, je signale la Une du Figaro
03:45consacrée justement à Bruno Retailleau
03:47qui met la droite LR en ordre de bataille pour 2027.