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00:00Les amis, on va commencer avec ce premier thème.
00:02C'est bien parfois de faire des pas de côté et de saluer notre ami Yann Uzaï.
00:06Mais je voulais qu'on commence par ce thème fort.
00:08Quand la parole, je vous le disais, quand la parole des familles, des victimes se libère enfin, enfin,
00:14je tente de dire un constat aujourd'hui, c'est que ces familles osent enfin prendre la parole.
00:19Ce n'était pas le cas à une certaine époque.
00:21Ces familles qui osent prendre la parole.
00:23Et aujourd'hui, on va vous faire écouter deux témoignages très forts.
00:26On va commencer d'abord par Christelle Gervaise.
00:28Christelle Gervaise, vous le savez, c'est la veuve d'Alban Gervaise,
00:31ce médecin militaire agressé le 10 mai 2022, je vous le disais, par Mohamed El.
00:37Il avait été poignardé d'une dizaine de coups de couteau.
00:39Le meurtrier a été déclaré irresponsable pénalement.
00:42Il ne sera pas jugé.
00:44Elle veut carrément ouvrir le débat sur la récidive et le suivi des patients hospitalisés.
00:49Et puis, il y a une petite phrase, un petit mot qui lui a fortement déplu.
00:52Vous savez, quand je vous dis brainwashé, utilisé par Emmanuel Macron.
00:56Écoutez la réaction de Christelle Gervaise, qui a le courage de prendre la parole et de dire les choses.
01:02Quand j'entends dans la même phrase brainwashé et fait divers,
01:05effectivement, pour moi, c'est difficile à entendre.
01:08Alban, on l'a déjà dit, ce n'est pas un fait divers.
01:11Aujourd'hui, notre vie, à tous les quatre, elle est quand même très compliquée.
01:14Et des attaques au couteau, des familles brisées.
01:18Il y en a malheureusement beaucoup trop souvent.
01:21Alors, je ne sais pas ce que ça veut dire.
01:24Est-ce que ça veut dire qu'on ne doit pas en parler ?
01:26J'ai des doutes.
01:27Bon, pour moi, cette phrase, en tout cas, elle n'est pas entendable.
01:31Yann Usai, je commence avec vous.
01:32Vous êtes notre spécialiste politique.
01:35D'où l'intérêt de faire attention aux mots que l'on utilise ?
01:38Parce que quand on voit la répercussion et la réaction de Christelle Gervaise,
01:42et on comprend aisément, évidemment.
01:44Bien sûr, mais on l'a déjà dit souvent, c'est un mot qui, au-delà de ne pas être adapté,
01:48ne correspond pas du tout à la réalité de ce que vivent les Français.
01:52Parce que le terme utilisé par le Président de la République
01:54est un terme qui nie tout simplement la réalité.
01:58C'est un terme qui veut dire, en fait, aux Français,
02:02vous regardez trop la télé, vous lisez trop les journaux, à la limite.
02:06Mais surtout, vous regardez trop la télé.
02:07Parce que c'est quand même CNews qui était principalement visée par ce terme-là.
02:12Vous regardez trop la télé, ce que vous vivez, ça n'est quand même pas ça.
02:15Vous le voyez bien, tous les jours sur le terrain, il n'y a pas des agressions,
02:18il n'y a pas des meurtres.
02:19On minimise ?
02:20Tous les jours, effectivement, dans la vie réelle,
02:23dans la vie que vivent tous les jours nos compatriotes,
02:25il y a de l'insécurité, il y a du danger.
02:27Et ça, le Président de la République n'en a pas conscience.
02:30Il n'en a pas conscience, et donc, quelque part, il n'a rien fait pour lutter contre ça.
02:34Parce que l'insécurité, ça sera quand même l'un de ses nombreux échecs.
02:39Et ce que je disais aussi, c'est que la parole se libère aussi.
02:43Les familles osent parler, Louis de Ragnel.
02:46Et dire les choses, et mettre des mots.
02:47Jusqu'à il y a peu de temps, globalement, les familles de victimes,
02:50on leur disait surtout, ne parle pas trop, ça ne sert à rien.
02:53Ou alors, quand on entendait une victime qui hurlait un peu plus fort que les autres,
02:56on disait, non, mais c'est sous le coup de l'émotion, la personne ne se maîtrise pas.
02:59Ce qui était d'ailleurs très insultant.
03:01Et ce qui est vrai, c'est que là, depuis un an, un an et demi,
03:04vous avez des familles, des parents, des époux, des épouses,
03:08qui haussent le ton.
03:10Moi, je pense à la veuve du gendarme Comine.
03:13Qui avait dit, la France a tué mon mari.
03:16Et en fait, il y a une litanie.
03:18Je trouve que c'est elle qui a un peu marqué,
03:20c'est la première à avoir vraiment marqué le coup,
03:24de manière aussi explicite, aussi claire.
03:27Et ensuite, s'agissant d'Emmanuel Macron,
03:29j'ai peut-être une toute petite réserve avec vous, Johan.
03:31Moi, je pense qu'Emmanuel Macron est parfaitement conscient
03:33du diagnostic et du constat.
03:35Il a pensé que ça pouvait se régler avec son programme politique à lui.
03:39Ça n'a pas fonctionné.
03:40Ça ne marche pas.
03:40Et je pense qu'il se dit que c'est foutu.
03:43Et donc, il vaut mieux s'intéresser à autre chose.
03:46Et je trouve que c'est du coup, doublement,
03:49ça blesse encore plus certaines victimes,
03:51et particulièrement la famille d'Alban Gervais.
03:54Parce que si on se souvient bien, je ne sais pas si vous vous souvenez,
03:57mais au début, ça a été complètement passé sous silence.
03:59Et c'est parce que certains médias se sont emparés,
04:01ils se sont dit, non mais c'est quand même une histoire,
04:03c'est ahurissant ce qui vient de se passer,
04:05c'est extrêmement grave.
04:06Et on a mis un peu de temps à parler de ce drame.
04:09Les politiques ont mis énormément de temps à réagir pour ceux qui ont réagi,
04:13parce que les trois quarts de la classe politique n'avaient pas réagi à ce drame.
04:17Et moi, je me souviens, parce que, si on contextualise,
04:20son mari était médecin militaire.
04:23Non, mais ce n'est pas une fonction totalement anonyme.
04:26Ce n'est pas n'importe qui.
04:28Et il y avait eu même des débats.
04:29Est-ce qu'on s'intéressait ?
04:30Est-ce que c'est aussi parce qu'il était médecin ?
04:33Vous savez, quand on tue un militaire, un soldat français sur le territoire national,
04:37normalement, ce n'est pas tout à fait la même chose
04:38que si on tue quelqu'un qui n'est pas policier, pas gendarme, pas militaire.
04:44Et donc, il y avait eu un malaise de la classe politique.
04:47Et c'est pour ça que je comprends parfaitement la peine de la veuve,
04:51de ce militaire qui a été tué sauvagement.
04:56Et elle explique d'ailleurs, je termine par ça,
04:58qu'est-ce que je peux expliquer à mes enfants ?
05:01Qu'est-ce que je raconte à mes enfants ?
05:03J'explique que la personne qui a tué papa,
05:06eh bien, la justice a décidé de le remettre en liberté.
05:08On va les coller, justement, je vous donne la parole, Véronique.
05:10C'est vrai que c'est quelque chose d'assez incompréhensible et insupportable.
05:12On écoute Christelle Gervaise.
05:15Pour eux, c'est quand même difficile.
05:17J'aurais dit que les juges et les médecins
05:20considéraient qu'il était trop malade pour aller en prison
05:22et qu'il irait en psychiatrie.
05:25Par contre, forcément, je leur ai dit qu'il allait rester très longtemps
05:28en psychiatrie, j'ai des doutes.
05:31Et je leur ai menti aussi sur un point.
05:34Je leur ai dit qu'il n'avait pas le droit de venir
05:35dans le département des Bouches-du-Rhône
05:37ou au moins à Marseille,
05:38comme on en avait fait la demande devant la chambre de l'instruction,
05:42mais ça nous a été refusé.
05:44Donc, effectivement, le meurtrier de mon mari,
05:46nous, on habite toujours Marseille,
05:47et le meurtrier de mon mari pourra venir dans Marseille
05:49parce que la chambre de l'instruction nous répond
05:51qu'il doit pouvoir bénéficier de soins dans cette ville.
05:55Bon, ça, c'est aussi une décision qui est difficile à entendre
05:57et pour laquelle il va y avoir que je ne suis pas certaine
06:00de le dire aussi franchement à mes enfants.
06:02Je pense qu'il faut que je les protège
06:03et c'est déjà difficile pour eux de voir
06:06qu'ils vont aller à l'hôpital.
06:08C'est déjà difficile,
06:09donc je ne parle pas de durée d'hospitalisation
06:10ni de mesure d'éveillement pour le moment.
06:12C'est terrible ce que dit Christelle Gervais
06:15qui est obligée de mentir à ses enfants
06:16pour ne pas dire la vérité.
06:17Évidemment, on en est là aujourd'hui.
06:19Mais oui, mais ça place bien le débat
06:25qui motive tous les parents, les épouses,
06:31donc les veuves ou les mamans d'enfants tués
06:34qui demandent finalement à prendre la parole
06:36parce qu'au-delà de l'indicible,
06:39toutes ces familles ont pris perpétuité,
06:41donc elles ne seront jamais consolées.
06:43Mais au-delà de l'indicible,
06:45il y a quelque chose de nouveau,
06:47c'est que justement, si elles réagissent,
06:49si elles sortent du silence,
06:51c'est parce qu'elles sentent bien
06:52qu'il n'y a plus rien de juste
06:54qui puisse expliquer l'inexplicable.
06:56C'est-à-dire qu'on n'a pas de mots pour ses enfants,
06:59mais on n'a pas de mots non plus
07:01pour trouver une forme de consolation
07:02puisqu'il n'y a que des dissonances.
07:05Des dissonances de la part d'Emmanuel Macron
07:06qui n'est pas capable de parler que de Brenno Hachet,
07:09des dissonances de la part de la justice
07:11qui sous-estiment la dangerosité de certains individus
07:16ou la dangerosité des actes qui ont été portés,
07:19par exemple pour Alban Gervaise,
07:21là aussi on a mis quand même
07:22trop facilement sous le tapis
07:24le fait que celui qui est maintenant,
07:28enfin qui est considéré comme fou,
07:31a été suffisamment lucide
07:33ou tout au moins pas assez fou
07:35pour choisir un médecin militaire
07:37devant un établissement catholique,
07:40en sachant que deux heures auparavant
07:41il avait fait du repérage devant une autre école,
07:44en sachant qu'il était apte pour une garde à vue
07:46et en sachant que quand il a frappé
07:49Alban Gervaise, il a dit
07:50« au nom de Dieu, je lui ai mis 30 coups de couteau ».
07:53Et alors ce côté « au nom de Dieu »
07:55qui pourrait d'ailleurs valoir pourquoi pas
07:56le qualificatif de terroriste,
07:58là aussi c'est passé sous le tapis.
08:01Donc mettez-vous à la place de tous ces parents
08:02qui savent très bien qu'ils n'ont plus rien à attendre
08:04du président de la République, de la justice,
08:07de la police, de toute mission éducative
08:10au sein de l'école.
08:11Bien entendu, bien entendu qu'il parle
08:14parce qu'il y a trop de dissonance
08:16et trop de choses qu'il n'y a plus rien de juste
08:19et plus rien qui fait qu'aucune parole
08:23ne puisse être dans la justesse.
08:25On a perdu quelque chose de l'ordre de la civilisation
08:28et du civilisé pour comprendre la façon de traiter les choses.
08:31Heureusement, heureusement que la parole se libère.
08:34Heureusement.
08:34Oui, la parole se libère,
08:35mais maintenant il faut de la mobilisation.
08:37C'est-à-dire qu'il faut que tous ces parents se mobilisent
08:39pour ouvrir vraiment les débats
08:41qui incombent à nos responsables politiques
08:44pour faire en sorte que ces faits de société
08:46soient de moins en moins nombreux
08:48ou tout au moins soient combattus
08:49avec les mots justes
08:51et avec les armes justes.
08:52Et je trouve que Christelle Germain a beaucoup de courage
08:53de voir relancer le débat
08:54dans le contexte dans lequel elle est plongée
08:56actuellement évidemment.
08:57Nathan Devers.
08:58La souffrance des proches des victimes
09:01est inimaginable.
09:04On ne peut pas se mettre à leur place
09:05et donc leur parole,
09:06elle a une portée extrêmement forte
09:09et elle doit être écoutée avec un respect profond.
09:13Même, vous citiez tout à l'heure
09:14une épouse de victime
09:17qui avait pu avoir les mots
09:19« La France a tué mon mari », etc.
09:20Même si parfois,
09:22certains proches de victime
09:24peuvent avoir des phrases
09:25avec lesquelles tel ou tel citoyen
09:26peut ne pas être d'accord,
09:28on ne peut pas ne pas être d'accord
09:29avec un proche des victimes.
09:30Vous voyez ce que je veux dire ?
09:31On ne peut pas débattre politiquement
09:32avec quelqu'un
09:33qui a vécu une souffrance de toute nature.
09:35La question, à mon avis,
09:36qui doit se poser
09:37avec le plus grand respect,
09:39il ne s'agit pas de relativiser.
09:41Et c'est pour ça, je crois,
09:42que le président n'aurait pas dû
09:43dire ce qu'il a dit
09:45sur un ton polémique,
09:47c'est-à-dire en visant
09:47certains journalistes
09:48ou en donnant l'impression
09:50de relativiser, etc.
09:51La question qui doit se poser,
09:52quand même,
09:52c'est la question de savoir
09:54si l'insécurité
09:55doit être analysée à l'aune
09:57des faits.
09:58Ce qu'on appelle dans la presse
10:00les faits divers
10:00ou ce qu'on appelle
10:01les faits tragiques,
10:02peu importe le mot,
10:02mais des faits.
10:03Pourquoi ?
10:04Parce que quand on est
10:05dans le commentaire de ces faits,
10:08premièrement,
10:08on zoome sur un événement,
10:10on ne voit pas une situation globale.
10:12Deuxièmement,
10:12on est évidemment
10:12sous le coup de l'émotion.
10:13On ne peut pas rester
10:14un pur esprit abstrait,
10:15analytique,
10:16quand on commente
10:17des abominations pareilles.
10:18Et troisièmement,
10:19on n'a pas une vue d'ensemble
10:20sur ce qui se passe.
10:22majorité de la violence,
10:24de la criminalité.
10:25Il doit être pensé.
10:26Il doit être pensé sans tabou.
10:28Il doit être pensé
10:28en le regardant en face.
10:29Mais il doit être pensé
10:30à partir des statistiques annuelles.
10:33Parce que quand on s'en tient
10:33aux faits,
10:34faisons une simple
10:35expérience de pensée.
10:36Imaginez que demain,
10:37le nombre d'homicides
10:38soit divisé par deux
10:39l'année prochaine.
10:41Eh bien,
10:42si on commente uniquement
10:43les faits tragiques,
10:44on ne s'en rendra pas compte.
10:45Parce qu'on aura toujours,
10:46dans un pays
10:47aussi nombreux que la France,
10:49on aura toujours
10:49énormément de crimes.
10:50Même si c'était divisible.
10:51Il y a quand même
10:52deux choses, Nathan.
10:53Je vous propose,
10:54Louis,
10:54si ça ne vous dérange pas,
10:55poursuit nos échanges
10:56parce que nous partons
10:57en pause publicitaire
10:58et on continue nos échanges.
11:00Très bien.
11:01On remarque une pause
11:01sur Europe 1.
11:01J'attends l'objection de Louis.
11:04A tout de suite.
11:0418h18, merci de nous accueillir
11:18sur Europe 1 et sur CNew,
11:19c'est votre punchline du week-end.
11:21à mes côtés ce soir,
11:22Véronique Jackier,
11:23Louis,
11:23Doragnel,
11:24Michel Aubouin,
11:25Nathan Devers
11:25et Johan Usaï.
11:26Nous poursuivons nos échanges
11:28sur ces prises de parole
11:29des familles de victimes
11:31qui osent prendre la parole.
11:33Nous évoquions Christelle Gervaise
11:35qui veut ouvrir un débat
11:36sur la récidive
11:37et le suivi des patients hospitalisés
11:40et qui a beaucoup de courage,
11:42Johan Usaï.
11:44Oui, naturellement.
11:44C'est avec son témoignage,
11:46naturellement,
11:47force l'admiration
11:48parce que le fait
11:49de ne pas avoir de procès,
11:50on sait que ça rend
11:51le deuil plus compliqué.
11:52On dit souvent
11:53qu'on n'arrive pas
11:54à faire son deuil
11:54tant qu'on n'a pas eu de procès.
11:56Là, en l'occurrence,
11:57elle n'en aura jamais.
11:58Donc, il est évident
11:58que toute sa vie,
11:59elle va devoir porter cela
12:00en plus de la souffrance
12:03liée à ce qui s'est passé.
12:05Mais le fait est que
12:06si cet homme est véritablement fou,
12:08ça reste encore à prouver,
12:09manifestement,
12:10parce qu'il y a des trous
12:11dans la raquette
12:11comme l'a dit Véronique.
12:12Mais s'il est véritablement fou
12:14qu'on le mette
12:15dans un hôpital psychiatrique,
12:16moi, ça ne me pose pas
12:17de problème à la limite.
12:18Mais il faut qu'il y reste
12:19toute sa vie.
12:20Si on me dit
12:21que cet homme va être interné
12:22jusqu'à la fin de ses jours
12:24dans un hôpital psychiatrique,
12:25soit c'est noté,
12:26on ne juge pas les fous
12:27dans ce pays,
12:28OK, mais ça n'est pas le cas.
12:30On sait très bien
12:30qu'il va pouvoir sortir
12:32lorsque les médecins
12:33jugeront qu'il est apte
12:35à sortir.
12:35Alors, ça peut être
12:36dans deux ans,
12:36ça peut être dans trois ans,
12:37dans cinq ans,
12:38probablement pas dans dix.
12:41Les cas comme celui-ci
12:42sont rares.
12:43Il va sortir dans quelques années,
12:44c'est ce qui est le plus probable.
12:46Donc, c'est ça qui est révoltant.
12:48Voilà.
12:48Ça, c'est révoltant
12:49parce qu'il va se retrouver
12:49dans la nature
12:50dans quelques années.
12:51Dans combien, on ne sait pas,
12:52mais il ressortira.
12:53Est-ce que c'est à Christelle Gervais
12:54et à sa famille
12:55de déménager,
12:55de changer de ville ?
12:56C'est la question
12:57qu'on peut légitimement se poser.
12:58La réponse est dans la question.
12:59Exactement.
12:59Évidemment non.
13:00Évidemment non.
13:01Évidemment non.
13:02Michel Aubouin.
13:04Oui, il y a effectivement
13:06cette question du procès,
13:08de la fonction du procès
13:09qui permettait d'objectiver
13:13la situation
13:13et de repartir
13:14avec ses questions
13:15mais avec aussi
13:16une partie des réponses.
13:17Là, cette fonction-là,
13:18elle est perdue dans cette affaire
13:19puisque la victime
13:22ne comprend pas
13:23la décision qui a été prise.
13:24Et visiblement,
13:25la justice ne lui a pas expliqué
13:26la décision qui est prise.
13:27Sans ça,
13:27il n'y aurait pas de débat autour.
13:29Ça, c'est vraiment
13:29un vrai sujet.
13:30Ensuite,
13:32moi, je ne peux pas apprécier
13:33si l'individu en question
13:34devait être en hôpital psychiatrique
13:36plutôt qu'en prison.
13:37Mais ce qui est sûr,
13:37c'est que l'internement d'office
13:40en hôpital psychiatrique,
13:42c'est une procédure
13:42qu'on a exercée auparavant
13:43avant qu'elle soit transférée
13:45au juge.
13:46C'est une décision
13:46qui est assez difficile
13:47à prendre.
13:49Et sachant que
13:51des gens restent
13:53en hôpital psychiatrique
13:54toute leur vie,
13:55ils ne sont pas forcément relâchés.
13:59La seule différence,
14:00c'est que quand vous avez
14:01quelqu'un qui est en détention,
14:02vous savez où il est,
14:04vous savez à quel moment
14:04on va sortir
14:05et vous connaissez son parcours.
14:07Là, vous ne saurez plus
14:08pour la victime,
14:08c'est terrible
14:09parce qu'elle ne sait pas
14:10s'il va sortir un jour,
14:11s'il ne va pas sortir.
14:13Et je pense que c'est là
14:14où il faut faire un peu de droit
14:15une fois de plus
14:16et remettre des dispositions
14:17qui permettent de suivre
14:18les individus qui le sont
14:20et éventuellement
14:21une procédure d'appel
14:22en cas de décision
14:23des psychiatres
14:24qui auraient estimé
14:24qu'il aurait été guéri.
14:25Je pense qu'on peut,
14:26ça, ça peut s'aménager.
14:28Moi, je pense,
14:28parce que vous savez,
14:29en prison,
14:29on y met aussi beaucoup de gens
14:30qui devraient être
14:31en hôpital psychiatrique.
14:32Vous savez comme moi.
14:33Donc, qu'on renforce
14:35la psychiatrie pénale
14:37d'une certaine façon,
14:38que les gens soient en cellule,
14:40en hôpital psychiatrique
14:41plutôt qu'en prison,
14:42ça n'a rien de choquant.
14:43Le tout, c'est qu'il y a
14:44le même régime juridique
14:45pour les uns
14:46et pour les autres.
14:47Alors, autre réaction
14:48de Christelle Gervais
14:49sur laquelle j'aimerais
14:50vous faire réagir,
14:51c'est justement
14:51sur ce statut,
14:52ce fameux statut de victime.
14:53Écoutez ce témoignage fort.
14:56Je pense que de nombreuses victimes
14:57s'accordent à dire
14:58que le statut de victime,
15:00il est quand même
15:00doublement difficile.
15:02D'une part,
15:02parce qu'on perd un proche
15:03et ensuite,
15:03parce que je pense vraiment
15:04que les choses
15:05ne sont pas faites
15:06pour nous protéger,
15:08ne serait-ce qu'émotionnellement.
15:09Là, il n'y a aucun accompagnement
15:10pour annoncer cette nouvelle
15:11à mes enfants.
15:14Mes enfants aussi
15:15ont besoin
15:15d'un suivi psychologique
15:17sur Marseille.
15:18Donc, pourquoi nous,
15:19on devrait risquer
15:20de le croiser
15:20dans un couloir d'hôpital
15:21là ?
15:22Je pense que c'est assez injuste.
15:23Et oui,
15:24le statut de victime,
15:25il est très difficile
15:25et il y a énormément
15:26de choses à faire.
15:28Je pense que, voilà,
15:28j'ai pu voir
15:29ces derniers jours
15:30sur votre antenne
15:33des familles de victimes
15:34le déplorer aussi.
15:36Elle dit tout,
15:36Christelle Gervaise.
15:37Et quand je posais la question,
15:39évidemment,
15:39est-ce que c'est à Christelle Gervaise
15:40et à sa famille
15:41de déménager,
15:42de changer de ville ?
15:43Effectivement,
15:44on marche sur la tête,
15:46littéralement,
15:47parce que, voilà,
15:48elle dit tout.
15:49Mais c'est-à-dire que,
15:50de toute façon,
15:51ce sont les victimes
15:52qui prennent la vérité.
15:53Donc, on se rend bien compte
15:54qu'il y a une inversion
15:55des valeurs.
15:56On a une inversion
15:57des valeurs
15:57et il n'y a pas
15:58de réponse
16:00qui puisse
16:01les apaiser,
16:02les consoler.
16:04Elle vit déjà
16:04quelque chose
16:05d'absolument atroce
16:06puisqu'elle a perdu
16:07un mari,
16:08elle n'a pas
16:09d'explication rationnelle
16:10à donner à ses enfants.
16:11La mort,
16:12c'est déjà
16:12absolument difficile.
16:15Elle a géré
16:15trois orphelins
16:16en bas âge,
16:17vous vous rendez compte ?
16:18Et, alors,
16:20je vais être un petit peu
16:22emphatique,
16:22mais souvenez-vous,
16:23François Hollande
16:24s'était rendu au chevet
16:25du jeune Théo
16:26pour lui apporter
16:27sa compassion à l'époque.
16:29Ça avait été décrié
16:30puisque le jeune Théo
16:31en question
16:31avait été soi-disant
16:32maltraité par les policiers.
16:34Donc, il y avait aussi
16:34un acte politique
16:35du côté de François Hollande
16:37en se déplaçant de la sorte.
16:38Et là,
16:39on n'a pas un homme politique
16:40à commencer par le président
16:41de la République
16:42qui est capable
16:42d'avoir la moindre parole
16:44de compassion,
16:45la moindre parole
16:46d'empathie
16:48vis-à-vis de ces familles
16:50qui sont abîmées,
16:51abîmées
16:52pour toute leur vie.
16:54Donc, je trouve ça
16:54extrêmement choquant
16:55et je comprends
16:57qu'elles aient besoin
16:58d'exorciser finalement
16:59leur peine,
17:00leur douleur,
17:00leur souffrance
17:01à travers la prise de parole.
17:03Mais c'est pas ça,
17:04c'est pas que du courage.
17:05C'est que si elles ne le font pas,
17:06elles crèvent en silence.
17:08Pardonnez-moi.
17:08Mais il faut avoir le courage.
17:09Voilà, elles crèvent en silence
17:10si elles ne parlent pas.
17:11Louis de Ragnel.
17:12Non, mais dans ce que dit Véronique,
17:13il y a quelque chose
17:14qui est extrêmement vrai.
17:16C'est qu'en fait,
17:16elle fait partie
17:17de la France bien élevée.
17:18Madame Gervais,
17:19vous voyez bien,
17:20son mari était médecin militaire.
17:22En fait, c'est une France
17:23qui n'a pas l'habitude
17:24normalement de se plaindre,
17:26qui serre les dents.
17:26Et donc, pour le politique,
17:28c'est pas un problème.
17:30Et donc, le politique
17:30se concentre exclusivement
17:32vers des populations
17:34mal intégrées.
17:36Je sais qu'il n'y a rien
17:37qui fonctionne
17:37parce qu'à chaque fois,
17:38il n'y a qu'une trouille.
17:39C'est de se dire,
17:40il y aura peut-être
17:40une crise des banlieues,
17:41ça va s'enflammer.
17:42Et c'est vrai
17:42qu'il y a quelque chose
17:43d'insupportable.
17:44La France qui paye ses impôts,
17:46qui fait tout bien,
17:46on s'en fiche complètement.
17:48Et si elle souffre,
17:48c'est pas très grave.
17:49Et quand il s'agit,
17:51même avant le jugement,
17:52avant même toute décision
17:54de justice de la France
17:55qui se comporte mal
17:56et qui est mal élevée,
17:57immédiatement,
17:58ça polarise,
17:59ça focalise,
18:00ça attire l'attention
18:01du politique.
18:02Et c'est quelque chose
18:02qui est devenu insupportable.
18:03Alors, autre témoignage fort,
18:05c'était hier,
18:06dans cette même émission
18:07avec Laurence Ferreil,
18:08c'est le témoignage
18:09de la maman d'Elias.
18:10Je rappelle qu'Elias
18:11a été tué carrément
18:12pour un coup de machette
18:14pour un téléphone portable.
18:16Et justement,
18:17la parole se libère.
18:19Alors,
18:19elle se libère
18:20dans certains médias.
18:21Dans d'autres médias,
18:22parfois,
18:23les choses sont analysées
18:23de manière différente.
18:26Et manque de chance,
18:26aujourd'hui,
18:27les gens parlent
18:28et les familles parlent.
18:29Écoutez justement
18:30ce que dit
18:30la maman d'Elias,
18:31témoignage très fort,
18:33à bon entendeur.
18:34Merci.
18:35Je suis très surprise
18:37par des propos
18:39que j'entends
18:41dans les médias
18:43qui modifient
18:45l'adolescent
18:47qu'était Elias
18:48et l'adolescent
18:49de 14 ans
18:50qu'il restera
18:50pour toute la vie.
18:53Il y a une manipulation
18:54de l'information
18:55et du meurtre d'Elias.
18:59La semaine dernière,
19:01Patrick Cohen,
19:02dans son édito politique
19:03sur France Inter,
19:07en parlant de la décision
19:08du Conseil constitutionnel,
19:10je vais lire ses mots,
19:11a dit
19:11« Après la mort tragique
19:13du jeune Elias,
19:14tué à coup de machette
19:16pour avoir refusé
19:17de donner son portable. »
19:20En fait,
19:20ce que fait Patrick Cohen,
19:22c'est qu'il prend partie
19:23et qu'il manipule
19:26l'information
19:27et le meurtre d'Elias
19:29en décidant lui-même,
19:32alors qu'on ne connaît pas
19:33encore la vérité,
19:34qu'Elias a refusé
19:35de donner son téléphone.
19:38Il réalise
19:39un biais cognitif,
19:41c'est-à-dire qu'il sous-entend
19:42que si Elias
19:43avait donné son téléphone,
19:46il ne serait pas mort.
19:48Ce que fait Patrick Cohen,
19:49c'est quelque chose
19:50qu'on connaît bien,
19:52une femme violée.
19:53Si elle n'avait pas
19:55porté une mini-jupe,
19:56elle n'aurait pas été violée.
19:58Donc pour nous,
19:59les parents d'Elias,
20:00cinq mois après la mort
20:02de notre enfant,
20:04entendre Patrick Cohen,
20:06qui est censé être
20:07un journaliste rigoureux,
20:08on voit là qu'il ne l'est pas,
20:09qu'il est médiocre,
20:11tenir de tels propos,
20:14pour nous,
20:14c'est indécent.
20:15Alors, il y a des journalistes
20:17autour de ce plateau.
20:19Je suis journaliste,
20:20je n'ai pas pour habitude
20:21de porter de jugement
20:23sur mes confrères,
20:24je me l'interdis.
20:25Mais en revanche,
20:26c'est intéressant
20:26ce que dit Elias,
20:27c'est nos rappels
20:28à notre fonction majeure
20:30relatée des faits
20:32et rien que des faits.
20:33C'est ça notre mission.
20:34J'enseigne,
20:35et c'est ce que j'enseigne
20:35également aux futurs
20:36élèves journalistes.
20:37Là, c'est tout à fait
20:38autre chose.
20:39Mais un mot quand même,
20:40parce que vous dites
20:40qu'on n'a pas l'habitude
20:41de porter des jugements
20:42sur nos confrères,
20:43eux ne se privent pas
20:43pour nous juger.
20:46J'entends,
20:46ils nous jugent,
20:47ça c'est sûr.
20:47Mais ce que dit
20:48la mère d'Elias
20:48qui dit
20:49j'ai appelé l'assistante
20:50Patrick Cohen
20:50pour qu'il me rappelle,
20:51pour qu'il s'explique
20:52parce qu'on a besoin
20:53d'explications
20:53et Patrick Cohen
20:54n'a même pas dénié
20:55manifestement décrocher
20:57son téléphone
20:57pour l'appeler.
20:57Alors qu'il est lu
20:58au téléphone,
20:58visiblement.
20:59Voilà.
20:59On peut dire quand même
21:00que c'est un peu dégueulasse.
21:02On a le droit de dire ça
21:03quand même.
21:03Donc on le dit,
21:04c'est un peu dégueulasse.
21:05C'est un peu dégueulasse.
21:07Et ensuite,
21:07il est vrai
21:08qu'un certain nombre
21:09de médias
21:10ont décidé
21:11depuis le début
21:12de cette affaire,
21:13depuis la réalité
21:14de ce qu'est vraiment
21:15le meurtre d'Elias,
21:16ont décidé
21:17qu'il fallait modifier
21:18cette réalité
21:18parce que cette réalité
21:19elle contredit
21:20leur idéologie.
21:21Donc comme ça contredit
21:22leur idéologie,
21:23eh bien on va travestir
21:24ce qui s'est passé.
21:25Et ça a commencé
21:26très rapidement
21:26avec l'AFP,
21:27l'agence France Presse
21:28qui a modifié
21:30le communiqué
21:31des parents d'Elias.
21:32Le communiqué disait
21:33Elias a été égorgé
21:35avec une machette.
21:36L'AFP a transformé ça
21:38en Elias a été
21:39comment dirais-je ?
21:42Agressé avec un couteau.
21:43A été poignardé
21:44avec un couteau.
21:45Donc ils ont transformé
21:46d'abord la machette
21:48en couteau
21:49et ils n'ont pas dit
21:50égorgé,
21:50ils ont dit
21:51a été poignardé
21:52à l'épaule.
21:53Ça a commencé comme ça
21:54parce qu'effectivement
21:55ça allait à l'encontre
21:56de leur idéologie.
21:57Et Patrick Cohen,
21:58eh bien c'est un peu
21:58dans la même veine.
22:00Louis de Ragnel
22:01en tant que journaliste.
22:02Alors moi on me dit
22:04que Patrick Cohen
22:04considère que
22:05ce qu'il a dit
22:06a été mal interprété.
22:08Donc il pouvait appeler
22:10le seul conseil
22:10que je peux lui dire
22:11que je peux lui donner
22:12c'est qu'il est encore temps
22:14de s'expliquer
22:14de s'expliquer
22:15de corriger le tir
22:16et s'il a blessé
22:18la mère d'Elias
22:19s'il a été mal compris
22:20eh bien il faut s'excuser
22:21et je pense que
22:22la maman d'Elias
22:23qui a l'air tout à fait
22:25honnête et sincère
22:25le comprendra
22:27et ça arrive à tout le monde
22:29si c'est vraiment ça
22:30je sais
22:30ça nous arrive à tout
22:34de commettre des erreurs
22:35mais c'est pour ça que je dis
22:35voilà
22:35et on s'excuse platement
22:37quand on a blessé
22:38ou quand on a dit
22:39quelque chose
22:39qui était faux
22:40voilà
22:41et s'il ne s'excuse pas
22:42ou s'il ne s'explique pas
22:44à ce moment là
22:45ça voudra dire que
22:46réellement
22:47ce qu'a compris
22:48la maman d'Elias
22:48c'est la vérité
22:50et la réalité
22:50de ce qu'a voulu dire
22:51Patrick Cohen
22:52c'est la vérité

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