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  • 26/06/2025

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00:00:00Il existe en Afrique des territoires encore sauvages.
00:00:09Au cœur du Botswana, un éléphanteau est né.
00:00:13Il est sans défense, mais il porte les espoirs de toute une famille.
00:00:17Il est le fils de la matriarche qui guide le clan.
00:00:21Mais jusqu'ici, la nuit dérobait sa véritable histoire à nos regards.
00:00:26Aujourd'hui, pour la toute première fois, grâce à des caméras capables de filmer la nuit en couleur,
00:00:33à la seule lueur de la lune et des étoiles, la vie de cette famille éléphant va révéler ses secrets.
00:00:47Alors que la saison sèche arrive, le clan des éléphants va quitter sa terre natale pour se lancer dans une formidable odyssée.
00:00:56500 kilomètres de brousse, hostiles, pour trouver l'eau nécessaire à la survie du dernier nez.
00:01:04Les prédateurs, la sécheresse, la faim, la soif, resserrent leur étreinte.
00:01:15Mener son petit jusqu'au bout du voyage est la raison de vivre, le devoir de la matriarche.
00:01:22Personne ne connaît encore la fin de leur histoire, mais voici comment tout a commencé.
00:01:27La savane d'Afrique, où vivent l'éléphant et sa famille, reste l'un des derniers territoires.
00:01:57sauvages, épargnés par les lumières des hommes.
00:02:13Et quand la voie lactée déroule son ruban d'étoiles,
00:02:16la savane devient comme un théâtre,
00:02:18où les animaux jouent des drames que nous pouvons filmer pour la première fois,
00:02:22comme en plein jour.
00:02:23Sur ce vaste territoire, la vie sauvage est restée intacte,
00:02:44comme au début du monde.
00:02:45C'est cette nuit-là que tout a commencé pour la matriarche du clan.
00:02:56Un mâle dominant est venu la trouver au bord d'une rivière où elle était venue boire.
00:03:02Ayant fini d'allaiter sa dernière née,
00:03:05elle était prête à l'accueillir, à se livrer tout entière à sa tendresse de géant.
00:03:10L'ombre les protégeait,
00:03:37et leurs amours nocturnes ont duré toute la nuit.
00:03:40Deux ans plus tard,
00:04:01les femelles du clan sont de retour.
00:04:03A la saison des pluies,
00:04:06la plaine est recouverte d'eau et de savannes opulentes.
00:04:09C'est là, 22 mois après les amours de la matriarche,
00:04:25qu'est né son éléphanteau.
00:04:31C'est un fils.
00:04:33Il est le dernier né de la famille.
00:04:34Sa mère, ainsi que les autres femelles du groupe,
00:04:38doivent veiller sur lui et sur son éducation.
00:04:51Il commence à se servir de sa trompe pour imiter sa mère alors qu'il t'ait encore.
00:04:57Pourtant, ce n'est pas facile.
00:04:58coordonner les 150 000 muscles qui la composent est un véritable défi.
00:05:10Ce mâle puissant est le père de l'éléphanteau.
00:05:15Il pèse 6 tonnes,
00:05:16et il règne en patriarche incontesté.
00:05:23Les jeunes mâles sont propagés pour vivre encore avec leur mère
00:05:26et bien trop turbulents pour demeurer avec leur famille.
00:05:35Ils se regroupent par rien d'amitié
00:05:37et fâment une bande de célibataires qui s'en donnent à cœur joie.
00:05:40Lorsque le patriarche et les aînés décident que la baignade a assez duré,
00:05:51tout le monde suit,
00:05:53histoire de rester sous la protection des plus forts.
00:06:05Ainsi vit le peuple éléphant.
00:06:06Les femelles avec leurs petits d'un côté,
00:06:11les mâles de l'autre,
00:06:12mais jamais très éloignés des femelles.
00:06:21Le vrai problème avec les adolescents,
00:06:23c'est qu'ils n'arrêtent pas de se battre.
00:06:25Mais leurs joutes sont inoffensives.
00:06:27Ils se battent pour gagner leur place dans la hiérarchie du groupe
00:06:37et cette place,
00:06:39ils la garderont toute leur vie.
00:06:43Ces combats incessants pourraient être dangereux pour les tout-petits.
00:06:47C'est pour ça que les matriarches les banissent de leur groupe
00:06:50et que les mâles se retrouvent entre eux
00:06:51et finissent salutaires.
00:06:53L'éléphanteau a maintenant trois mois.
00:07:01Il a pu faire bonbance au cœur de la saison humide.
00:07:07C'est un apprentissage de chaque instant
00:07:10sous la surveillance de sa mère.
00:07:12Elle a plus d'expérience que toutes les autres femelles,
00:07:15une chance de survie supplémentaire pour le petit.
00:07:18En imitant sa mère,
00:07:24il goûte sans avaler
00:07:25toutes les herbes qu'elle broute.
00:07:27Comme ça, il apprend à distinguer
00:07:29ce qui est bon de ce qui est mauvais pour lui.
00:07:34Il lui faudra quatre ans
00:07:36pour maîtriser parfaitement sa trompe
00:07:38qui lui servira à sentir,
00:07:40manger, boire, se battre
00:07:42et caresser.
00:07:43L'éléphanteau a une grande sœur de deux ans
00:07:49déjà sevrée
00:07:50mais qui a du mal à lui céder la place
00:07:53aux mamettes de leur mère.
00:08:01L'éléphanteau a trois grandes sœurs en tout.
00:08:04Avec elle, il peut jouer et apprendre la vie
00:08:10comme découvrir son rang au sein de la famille.
00:08:16Leur mère a eu d'autres petits
00:08:17mais ils n'ont pas tous survécu.
00:08:21Ce dernier né,
00:08:22la matriarche compte bien tout faire
00:08:24pour le garder en vie.
00:08:26Mais bientôt, sa détermination
00:08:28sera mise à rude épreuve.
00:08:29Car les premiers envols d'oiseaux migrateurs
00:08:35annoncent la fin de la saison humide.
00:08:42Déjà, les pluies ont cessé depuis des semaines.
00:08:46Partout, le niveau des eaux va baisser.
00:08:50Le paradis de la rivière Botetti
00:08:52est condamné.
00:08:53Les éléphants aussi vont quitter
00:09:08les plaines de la savane.
00:09:10Pour eux,
00:09:11le long et dangereux périple à Noël commence.
00:09:14Leur Odyssée va les conduire
00:09:16de point d'eau en point d'eau
00:09:17sur plus de 450 kilomètres.
00:09:20Pendant quatre mois,
00:09:22ils vont marcher,
00:09:22marcher,
00:09:24empruntant les mêmes routes
00:09:25gravées dans la seule mémoire
00:09:27de la matriarche.
00:09:44Ils sont partis.
00:09:46Guidés par les odeurs et les bruits,
00:09:48la matriarche en tête.
00:09:52La pénombre leur est propice
00:09:57qu'à, dans la dure lumière du soleil,
00:10:00ils ne perçoivent pas les couleurs
00:10:01qu'ils distinguent mieux la nuit venue.
00:10:05C'est ainsi
00:10:06que commence leur long Odyssée.
00:10:08A chaque halte,
00:10:12l'éléphant-tour en profite pour téter goulument.
00:10:16Pas habitué à marcher nuit et jour,
00:10:18il a besoin d'encore plus de lait.
00:10:22En les filmant ainsi la nuit,
00:10:24on a découvert que les éléphants
00:10:26broutent constamment,
00:10:27même en marchant.
00:10:29La matriarche a besoin
00:10:30de plus de 100 kilos de fourrage par jour.
00:10:32L'éléphant-tour s'approche d'un trou
00:10:40creusé par les défenses de sa mère.
00:10:44Il goûte pour la première fois
00:10:46à la terre argileuse,
00:10:48pleine de sel minéraux
00:10:49dont les éléphants ont tant besoin.
00:10:51Quelque chose a bougé.
00:11:02À trois mois,
00:11:03un éléphant aussi curieux
00:11:05et intenable,
00:11:06il ne sait pas encore
00:11:07que c'est dangereux de s'éloigner.
00:11:16Il n'y a pas que des petits chats
00:11:17qui traînent la nuit dans la brousse.
00:11:19Il ne doit jamais s'éloigner
00:11:22des adultes.
00:11:36La matriarche est inquiète.
00:11:42Figée, silencieuse,
00:11:45tout leur sens en éveil,
00:11:46mère et fille écoutent la nuit.
00:11:49Les éléphants ont un secret.
00:11:54Ils écoutent avec leurs pattes.
00:11:56Les énormes paumes de leurs pieds
00:11:59perçoivent avec précision
00:12:00les vibrations du sol.
00:12:05La matriarche l'a pressenti.
00:12:07Il y a des lions dans les parages.
00:12:09Mais ce soir,
00:12:28les lionnes s'éloignent.
00:12:30Elles savent que les éléphants
00:12:31sont en nombre
00:12:32et encore puissants.
00:12:33les éléphantos
00:12:42peuvent sonfaronner.
00:12:51Rassuré,
00:12:52sa mère s'adonne
00:12:53à son festin de terre.
00:12:55Demain,
00:12:56l'éléphantos
00:12:57boira du lait
00:12:57enrichi en sel minéraux.
00:12:59Il est temps de repartir
00:13:06et la matriarche
00:13:07donne le signal.
00:13:17Alliée à une autre famille,
00:13:20le clan des femelles
00:13:21reprend son chemin.
00:13:23Ralenties par leurs petits,
00:13:24elles doivent faire des détours
00:13:26et prendre d'autres routes.
00:13:29Les mâles, eux,
00:13:30partiront quand bon leur semble.
00:13:35Pour tout un petit peuple,
00:13:37l'arrivée de la saison sèche
00:13:38sonne le glas
00:13:40d'une vie facile.
00:13:42Bientôt,
00:13:42la terre toute entière
00:13:43va devenir poussière.
00:13:45Le monde du dehors
00:13:47va brûler
00:13:47et seuls les terriers
00:13:49les plus profonds
00:13:50pourront recueillir
00:13:51et préserver la vie.
00:13:56Les suricates le savent bien.
00:14:00Avec la saison sèche,
00:14:01tous les éléphants
00:14:02quittent la plaine.
00:14:05Premier obstacle,
00:14:06le grand lac salé
00:14:07de Magadigadi,
00:14:08sec et aveuglant,
00:14:10où seuls les animaux
00:14:11les plus téméraires
00:14:12ou égarés
00:14:13se hasardent.
00:14:14C'est le chemin
00:14:15choisi par les mâles
00:14:16pour monter plus vite au nord.
00:14:17Pour le père
00:14:27de l'éléphanteau,
00:14:29l'heure de la traversée
00:14:30a enfin sonné.
00:14:32Il est suivi
00:14:32par quelques jeunes
00:14:33qui veulent apprendre
00:14:34avec lui
00:14:34la route ancestrale
00:14:36des mâles.
00:14:39Un autre mastodonte
00:14:40fait aussi partie
00:14:41du voyage.
00:14:42Il est si vieux
00:14:43qu'il lui manque
00:14:44une défense.
00:14:47Notre nouveau patriarche
00:14:50a longtemps été
00:14:51son disciple
00:14:52et il lui doit
00:14:53encore le respect.
00:14:55C'est auprès de ce maître
00:14:56qu'il a fait
00:14:56ses premières traversées.
00:14:59C'est des éléphants
00:15:00au voyage.
00:15:01Le petit peuple
00:15:02de la savane
00:15:03est sédentaire.
00:15:05Le départ
00:15:06des géants
00:15:07est le signal
00:15:08qu'il faut remplir
00:15:09les gardes-mangers
00:15:10car bientôt,
00:15:11sans leurs énormes bouses,
00:15:13il n'y aura plus rien
00:15:14à se mettre sous la dent.
00:15:16Alors,
00:15:16chacun sa faire.
00:15:17Le scarabie-bousier
00:15:23fait toujours rouler
00:15:24ses provisions
00:15:25en se repérant
00:15:26à la position
00:15:27des as.
00:15:36Les mâles
00:15:37se mettent en marche
00:15:38à la tombée du jour.
00:15:39Capables de couvrir
00:15:4080 kilomètres
00:15:41en 24 heures,
00:15:43ils pourraient bien
00:15:43avoir franchi
00:15:44ce premier obstacle
00:15:45d'une seule
00:15:46et longue traite
00:15:47avant que le soleil
00:15:48ne se lève à nouveau.
00:15:51Ils ont la nuit
00:15:52pour traverser
00:15:53le lac salé
00:15:54à la lueur des étoiles.
00:15:55Cette année,
00:16:10la sécheresse
00:16:11est en avance.
00:16:14La famille
00:16:14de l'éléphanteau
00:16:15fait une pause
00:16:16sur la route
00:16:17pendant que son petit
00:16:20tête
00:16:20la matriarche rumine.
00:16:22elle sert de sa mère
00:16:24cette route
00:16:25vers le nord
00:16:25qui contourne
00:16:26le lac
00:16:27trop aride.
00:16:29Elle sait
00:16:29qu'elle sera en retard
00:16:30sur les mâles.
00:16:33Mais elle a fait un choix.
00:16:35Le temps compte
00:16:35moins
00:16:36que la sécurité
00:16:37de son éléphanteau.
00:16:38à peine
00:16:43les éléphants
00:16:44partissent
00:16:44le petit peuple
00:16:45reprend possession
00:16:46de la nuit.
00:16:53Avec les suricates,
00:16:54les porcs épiques
00:16:55sont les seuls
00:16:56à pouvoir endurer
00:16:56la saison sèche.
00:16:59On ne les voit
00:17:00jamais le jour
00:17:01car ils sont
00:17:02exclusivement nocturnes.
00:17:04Fouisseurs
00:17:05et fourrageurs,
00:17:06ils se contentent
00:17:06de ce que laissent
00:17:07les éléphants
00:17:07après leur passage.
00:17:09Quelques graines,
00:17:10racines et tubercules
00:17:11font l'affaire
00:17:12en attendant
00:17:13la prochaine saison
00:17:14des pluies.
00:17:15Les porcs épiques
00:17:16ne sont pas bien gros
00:17:17mais ils ne craignent
00:17:18pas les prédateurs.
00:17:20Aucun lion,
00:17:20hyène ou léopard
00:17:21n'ose se frotter
00:17:23à leur armure
00:17:24hérissée de piquant.
00:17:25La voûte céleste
00:17:33est le témoin
00:17:34de l'histoire
00:17:34du peuple éléphant
00:17:35et leur destin
00:17:36n'est qu'une longue marche
00:17:38sans fin
00:17:38à travers le temps
00:17:39et les savannes
00:17:40d'Afrique.
00:17:42Au 19e siècle,
00:17:43il y avait 20 millions
00:17:44d'éléphants
00:17:44qui parcouraient
00:17:45ce continent.
00:17:47Aujourd'hui,
00:17:48ils sont à peine
00:17:49500 000.
00:17:50Au matin,
00:18:04de nombreux mâles
00:18:05suivent la même direction.
00:18:07Le but qu'ils convoitent
00:18:09est le dernier point d'eau
00:18:10entre le lac salé
00:18:11qu'ils ont laissé
00:18:12derrière eux
00:18:12et les terres du nord
00:18:14qu'ils doivent atteindre.
00:18:16Le soleil est déjà haut
00:18:17quand le patriarche
00:18:18et ses jeunes pages
00:18:19arrivent.
00:18:20Il brûle les épidermes,
00:18:23surchauffe l'air
00:18:24et la température frise
00:18:25les 45 degrés.
00:18:34De nombreuses familles
00:18:36commencent à influer.
00:18:38Celle de l'éléphanteau
00:18:39n'est pas encore arrivée.
00:18:41Ce n'est pas bon signe.
00:18:44La mare est alimentée
00:18:45par une source
00:18:46qui s'écoute
00:18:47depuis un promontoire.
00:18:48mais l'eau ne coule plus
00:18:50et la mare est devenue
00:18:51une flaque
00:18:52de boue imbuvable.
00:19:02Pour boire,
00:19:03les éléphants
00:19:04se rassemblent
00:19:05à la source,
00:19:06réduisant encore plus
00:19:07son débit.
00:19:09Peu dénus
00:19:09y ont accès.
00:19:10C'est la loi
00:19:12du plus fort.
00:19:14Le patriarche
00:19:15a trouvé sa place.
00:19:17Les nouveaux arrivants
00:19:18n'ont qu'à attendre.
00:19:19Il fut un temps très lointain
00:19:47où cette région d'Afrique
00:19:48était un paradis.
00:19:50D'ici même
00:19:51s'étendait autrefois
00:19:52un lac si vaste
00:19:54qu'il s'écoulait
00:19:55jusqu'à la mer.
00:19:57Il a disparu.
00:20:00Mais son souvenir
00:20:01dans la mémoire collective
00:20:02des éléphants
00:20:03les attire encore
00:20:04aujourd'hui.
00:20:05enfin la matriarche
00:20:25et sa famille
00:20:25parviennent au point d'eau.
00:20:28Elle a réussi
00:20:28à y mener
00:20:29son éléphanteau
00:20:30et ses filles.
00:20:32Elle se presse,
00:20:32impatiente
00:20:34de trouver enfin
00:20:35la récompense
00:20:36de leurs efforts.
00:20:39Cette récompense
00:20:40c'est le droit
00:20:41pour l'éléphanteau
00:20:42de faire connaissance
00:20:43avec un nouveau jeu
00:20:44glissade
00:20:45et bain de loup.
00:20:51Déjà
00:20:52sa plus grande sœur
00:20:53s'en donne à cœur joie.
00:20:55Mais l'éléphanteau
00:20:56a un peu peur.
00:20:57son autre sœur
00:21:12se régale.
00:21:13Le petit
00:21:13va se laisser tenter.
00:21:16En faisant bien attention
00:21:17qu'il ne s'enlise pas
00:21:18sa mère
00:21:19l'aide
00:21:20à se frayer
00:21:20un chemin
00:21:21jusqu'à elle.
00:21:21Il doit apprendre
00:21:27à se couvrir
00:21:28debout.
00:21:29C'est le seul moyen
00:21:30que les éléphants
00:21:30ont trouvé
00:21:31pour se soulager
00:21:32des terribles brûlures
00:21:33du soleil.
00:21:34protégé par ses sœurs
00:21:52l'éléphanteau
00:21:52a pris son premier
00:21:53bain d'argile.
00:21:55C'est un art
00:21:56ancestral
00:21:56aussi jouissif
00:21:58que vital
00:21:58pour les éléphants.
00:22:01La boue
00:22:02argileuse
00:22:03débarrasse
00:22:04les pachydermes
00:22:04ou les parasites
00:22:05qui dégènent.
00:22:07L'affluence
00:22:08oblige
00:22:08la matriarche
00:22:09à sortir du bain.
00:22:11Son éléphanteau
00:22:12pourrait être écrasé.
00:22:19Il est temps
00:22:20d'emmener la famille
00:22:21vers la source
00:22:21d'eau claire.
00:22:31Un éléphanteau
00:22:33qui tète sa mère
00:22:34peut se passer
00:22:35de boire.
00:22:36Un adulte
00:22:36ne peut tenir
00:22:37sans eau
00:22:38plus de trois jours
00:22:39de suite.
00:22:40La matriarche
00:22:41dont toute la famille
00:22:42dépend
00:22:43n'a pas vu
00:22:44depuis son départ
00:22:44il y a deux jours.
00:22:46malheureusement
00:23:02l'accès
00:23:03à l'eau
00:23:04est interdit
00:23:04par de grands
00:23:05mâles arrogants.
00:23:07La matriarche
00:23:07va devoir
00:23:08attendre.
00:23:09Ses filles
00:23:09aussi.
00:23:10Quant
00:23:10au petit
00:23:11il ne sait
00:23:12pas encore
00:23:12boire
00:23:13avec sa trompe.
00:23:13De nuit
00:23:33comme de jour
00:23:33de nouveaux arrivants
00:23:35affluent encore
00:23:35en maribou.
00:23:36bientôt
00:23:38seule
00:23:39l'odeur
00:23:39de l'eau
00:23:40subsistera.
00:23:42Avec le nombre
00:23:42croissant
00:23:43de pachydermes
00:23:44la source
00:23:45va se tarir
00:23:46et finir
00:23:47comme poussière
00:23:48dans le vent.
00:23:49Depuis
00:23:58le début
00:23:59de la nuit
00:23:59la matriarche
00:24:01et ses filles
00:24:01attendent de boire
00:24:02en vin.
00:24:07Déjà
00:24:07une hyène
00:24:08réussit
00:24:08à s'infiltrer
00:24:09entre les rangs
00:24:10distendus
00:24:10des éléphants.
00:24:12L'éléphanteau
00:24:13toujours aussi curieux
00:24:15et désobéissant
00:24:16n'a pas encore
00:24:17l'âge
00:24:17de faire la différence
00:24:18entre les animaux
00:24:19inoffensifs
00:24:20et les dangereux.
00:24:22Les hyènes
00:24:23le savent.
00:24:25Quand elles attaquent
00:24:26il est souvent
00:24:27trop tard.
00:24:35C'est la plus grande
00:24:37sœur de l'éléphanteau
00:24:38qui prend sa défense.
00:24:40Sa mère
00:24:40qui n'a pas bu
00:24:41doit économiser
00:24:42ses forces.
00:24:43Malgré tout
00:24:46au cœur
00:24:47de la nuit
00:24:47les éléphants
00:24:49n'ont pas réussi
00:24:50à éviter
00:24:50le pire.
00:24:53Ils ont perdu
00:24:53l'un des leurs.
00:24:56Surgi de nulle part
00:24:57des lions
00:24:59ont attaqué
00:24:59profitant
00:25:00de l'obscurité.
00:25:02Une jeune
00:25:02de 8 ans
00:25:03a payé.
00:25:04Elle s'est
00:25:05trop éloignée.
00:25:05Peu avant l'aube
00:25:12la décision
00:25:13de la matriarche
00:25:14est prise.
00:25:15Ce marigot
00:25:16ne se refermera
00:25:17pas sur sa famille.
00:25:22L'éléphanteau
00:25:23bien gardé
00:25:24au centre
00:25:24du groupe
00:25:25elle part
00:25:26tenter sa chance
00:25:27ailleurs.
00:25:29Demain
00:25:29il sera trop tard.
00:25:31Après de longues
00:25:41nuits de marche
00:25:41apparaît enfin
00:25:43le pays
00:25:43des hautes herbes.
00:25:46Les éléphants
00:25:47mâles et femelles
00:25:49suivant chacun
00:25:50leur piste
00:25:51ont déjà parcouru
00:25:52une centaine
00:25:52de kilomètres.
00:25:54Au-delà
00:25:54de cette savane
00:25:55ils mettent
00:25:56le cap
00:25:57sur une rivière
00:25:58dont ils connaissent
00:25:59l'emplacement exact.
00:26:01Refuge des herbivores
00:26:03cette savane
00:26:05est aussi
00:26:05un territoire
00:26:06de lions.
00:26:09Les mâles
00:26:10arrivent les premiers
00:26:11aux lisières
00:26:12de la forêt.
00:26:19Ignorant les lions
00:26:20le patriarche
00:26:21et ses disciples
00:26:22poursuivent
00:26:23leur chemin
00:26:23invincible.
00:26:31Rien ne peut détourner
00:26:35le patriarche
00:26:35de son chemin
00:26:36car il sait
00:26:37exactement
00:26:38où il va.
00:26:38son rendez-vous
00:26:59à Noël
00:26:59est bien là.
00:27:01Il n'a pas bougé
00:27:01car c'est un arbre
00:27:02un acacia
00:27:03particulier
00:27:04chargé de fruits
00:27:06bourrés
00:27:06de graines délicieuses
00:27:08mais comment atteindre
00:27:09les fruits
00:27:10accrochés
00:27:11aux plus hautes branches
00:27:12sans déraciner
00:27:13l'arbre entier.
00:27:14C'est pour s'assurer
00:27:34cette manne
00:27:34que le patriarche
00:27:36n'arrache pas l'arbre.
00:27:38En le faisant
00:27:38avec délicatesse
00:27:40il sait que chaque année
00:27:41à la même saison
00:27:43ses fruits
00:27:44l'attendent
00:27:45disponible.
00:27:49C'est comme ça
00:27:50il y a quelques années
00:27:51que son vieux maître
00:27:53a perdu une de ses défenses.
00:27:56Le nouveau patriarche
00:27:57a bien appris
00:27:57la leçon
00:27:58comme les deux jeunes
00:27:59qui l'accompagnent
00:28:00sont en train
00:28:01de l'apprendre.
00:28:05Les éléphants
00:28:06ne digèrent que la moitié
00:28:07des graines
00:28:08qu'ils avalent.
00:28:09Les calaos
00:28:10les suivent
00:28:11et se régalent
00:28:12de celles
00:28:12qui trouvent
00:28:13dans leur bouse.
00:28:14Les graines restantes
00:28:15finissent par germer
00:28:17faisant des éléphants
00:28:18les jardiniers
00:28:19d'une savane
00:28:20régénérée chaque année
00:28:21par leur passage.
00:28:22Le lendemain matin
00:28:35l'éléphanteau se cache
00:28:37au milieu des hautes herbes.
00:28:39Sa famille
00:28:39vient enfin d'arriver.
00:28:42Le privilège
00:28:43des acacias
00:28:44étant le secret
00:28:44des mâles
00:28:45la matriarche
00:28:46se régale
00:28:47de graminées riches
00:28:48et nutritive.
00:28:49L'humidité
00:28:50qu'elles contiennent
00:28:51apaise un peu
00:28:52de sa soif.
00:28:57Les lions
00:28:58elle les a entendus
00:28:59venir
00:28:59et de très loin.
00:29:02Elle écoute
00:29:03leur déplacement
00:29:03avec ses pieds
00:29:04et avantage suprême
00:29:06elle sait même
00:29:07les compter
00:29:07car les éléphants
00:29:09oui
00:29:09savent compter.
00:29:15Leur talent
00:29:16de chasseur
00:29:17n'y fera rien.
00:29:18La matriarche
00:29:19connaît leur nombre
00:29:20et leur position.
00:29:23Elle vient
00:29:23se coller
00:29:24à son petit.
00:29:25Tant qu'elle est
00:29:26à ses côtés
00:29:27les lions
00:29:27resteront
00:29:28à distance.
00:29:29de chasseur
00:29:31à son petit.
00:29:31Sous-titrage
00:29:33Les éléphants sont partis.
00:30:03Et les lionnes préfèrent s'intéresser à des proies à leurs mesures.
00:30:33Mais les gazelles sont vigilantes et quand on est repéré, le coup est raté.
00:30:51La règle est simple, on laisse tomber.
00:30:53La nuit venue, la famille atteint saine et sauve le point d'eau convoité.
00:31:13Il est bien là, tel que dans la mémoire de la matriarche.
00:31:16Elle, sa famille et leurs alliés vont enfin pouvoir s'abreuver dans la douceur de la nuit.
00:31:23Il était temps.
00:31:36La matriarche, comme ses filles, n'aurait pu tenir un jour de pluie.
00:31:40Mais pas de précipitation intempestible.
00:31:43L'eau est si claire ici que chacun fait bien attention de ne rien souiller.
00:31:47Pas un seul pied dans la mare.
00:32:02D'autres familles arrivent et dans de sourds grontements d'un frappas inaudible à l'oreille humaine,
00:32:08les matriarches se saluent, se reconnaissent et s'échangent des nouvelles.
00:32:13Au bout de la nuit, elles seront sorties de la savane arborée et la rivière sera toute proche.
00:32:22Une rivière si large qu'il faudra nager pour la traverser.
00:32:25Les yeux du grand duc, taillés pour scruter l'obscurité,
00:32:39amplifient chaque éclat de lumière d'étoiles comme autant de petits soleils.
00:32:47Ils voient ce qui d'ordinaire est invisible à l'homme.
00:32:50La matriarche préfère les heures fraîches et le silence de la nuit.
00:33:00Elle a ralenti pour permettre aux tout-petits de suivre l'allure.
00:33:04Voilà un mois que le clan est en route.
00:33:16Il est fatigué, mais il doit tenir à tout près jusqu'à la rivière promise.
00:33:21Pourtant, il n'aura parcouru que la moitié du chemin,
00:33:25même si pour l'instant, les étoiles semblent favorables.
00:33:28Dans la mémoire des éléphants, ce territoire est une carte de géographie vivante.
00:33:40Chaque pâturage, chaque point d'eau y est noté et, plus stupéfié encore,
00:33:44le temps exact qu'il faut pour se rendre d'un point à un autre.
00:33:50Ce matin-là, la famille arrive à la rivière de la forêt.
00:33:53L'éléphanteau est exténué, mais impossible de s'arrêter.
00:34:01Les lions rôdent et le petit est une proie de choix.
00:34:06La jeune éléphante tuée au marigot est encore dans leur esprit.
00:34:10La matriarche décide de passer en force.
00:34:21L'éléphanteau la talonne.
00:34:24Elle compte sur la force du clan.
00:34:29Les lionnes sont-elles repues ?
00:34:33En tout cas, elles ne bougent pas une oreille
00:34:36et laissent passer la longue colonne sans se manifester.
00:34:40Elles savent que devant une troupe organisée,
00:34:43elles ne font pas le poids.
00:34:55Et puis, dans le secteur, il y a d'autres proies plus faciles.
00:35:02La forêt est le territoire de chasse privilégié des lions.
00:35:06Chaque arbre, chaque buisson peut être le lieu d'une embuscade.
00:35:10Il y a un danger.
00:35:17La matriarche et sa fille l'ont sentie ensemble.
00:35:21Alors, comme tous les herbivores,
00:35:24il faut s'évanouir dans les futais,
00:35:26disparaître au regard.
00:35:27Tous n'y arrivent pas.
00:35:37Aujourd'hui, c'est un grand coup doux qui fait le festin des lions.
00:35:40La mérie, c'est un grand coup doux qui fait le feu.
00:35:43C'est un grand coup doux.
00:35:44Sous-titrage Société Radio-Canada
00:35:46C'est parti.
00:36:16Enfin la rivière, la grande rivière de Chaubé.
00:36:25À mi-parcours de leur migration, c'est la seule rivière encore en eau, au beau milieu de la saison sèche.
00:36:31Voilà quelques heures déjà que les patriarches s'adonnent aux joies du bâle.
00:36:49Pour le plus lourd et le plus grand des mammifères terrestres, c'est l'occasion enfin de se laver de la poussière du voyage.
00:37:13Soulagé de ses six tonnes, tout à son plaisir, il flotte sans effort.
00:37:27Les jeunes mâles qui ont réussi à le suivre jusqu'ici courent eux aussi à ce premier bain après des semaines de privation.
00:37:43Le patriarche a droit à ses aises et les jeunes ont obligation de se baigner à l'écart.
00:37:54Mais cet éden est éphémère.
00:38:12Les éléphants le savent bien.
00:38:17Difficile à imaginer, mais dans quelques temps, la rivière sera à sec.
00:38:20Enfin, l'éléphanteau et sa mère sont au bout de leur peine.
00:38:28Encore un effort et la matriarche le conduit là où il pourra approcher de l'eau sans risque.
00:38:35Boire, enfin boire, et tout seul comme un grand.
00:38:39Il est presque sevré à présent et c'est une chance.
00:38:43Le lait de la matriarche est devenu plus rare à force de marcher.
00:38:50C'est le temps de l'opulence.
00:38:54Les berges de la grande rivière débordent d'une vie fastidueuse.
00:38:58Bientôt, condamnées à s'éteindre, en même temps que le niveau des eaux va baisser.
00:39:07Gonflée, la rivière submerge la savane.
00:39:11Quand les eaux se retirent, une herbe jaune est bourrée de vitamines y pousse.
00:39:16Elle est si tendre que même l'éléphanteau peut la mâcher.
00:39:20Sa mère le sait.
00:39:25La décrue s'accentue de jour en jour.
00:39:27Il faut profiter au maximum de cette mâme exceptionnelle.
00:39:34Alors, la matriarche prend soin d'elle.
00:39:37Et pendant ce temps, l'éléphanteau est surveillé par une femelle du clan.
00:39:40Raffraîchi, rassasié, il découvre un petit paradis qui ressemble à s'y méprendre à celui dans lequel il est né il y a six mois.
00:39:59Ça, il le gardera toujours en mémoire.
00:40:05Ce qu'il va apprendre, c'est qu'il ne s'agit que d'une étape sur la route.
00:40:08Sa mère l'a compris depuis longtemps.
00:40:17Avec leurs énormes besoins, les éléphants finissent toujours par épuiser les ressources.
00:40:23Partout où ils passent, il ne reste plus rien au bout de quelques jours.
00:40:27C'est le destin des éléphants.
00:40:35Se déplacer, toujours, sans répit.
00:40:38Comment se résigner à quitter des endroits de rêve
00:41:06pour repartir sans cesse en quête d'eau et de pâturage ?
00:41:10Comment retrouver constamment des chemins sûrs pour fuir les prédateurs ?
00:41:17Il faut du courage aux éléphants.
00:41:19Du courage et beaucoup d'intelligence pour continuer, au fil de nuits sans fin, leur éternel exode.
00:41:26Cette nuit, les éléphants sont dérangés.
00:41:30Dans l'herbe, d'étranges créatures vont et viennent entre leurs pattes.
00:41:34Ce sont leurs bouses qui les attirent.
00:41:38Car les eucotions se régalent des insectes qui pullulent dans les déjections des pachydermes.
00:41:47Chaque nuit, ces petits renards s'emparent du rez-de-chaussée de la sabane,
00:41:51se faufilant de bouse en bouse.
00:41:53Chaque bouse représente un trésor sans pareil.
00:41:59Les querelles vont bon train.
00:42:01Il ne s'agit pas de se laisser chipper les insectes les plus gras et craquants sous le museau.
00:42:06La saison des éléphants étant de courte durée, il faut faire vite.
00:42:19Et là encore, c'est le plus fort et le plus râleur qui fait la loi.
00:42:23Au lendemain d'une nuit sans sommeil, ils reprennent la route vers un nouvel obstacle.
00:42:40Ils franchissent à nouveau des zones détrempées, puis à la nage, traversent un bras de rivière plus profond.
00:42:47Les courants sont puissants.
00:42:57La matriarche prend bien soin de son petit.
00:43:02Il essaie de nager d'instinct, mais elle doit le rassurer, l'aider à garder son calme.
00:43:13Les plus petits sont toujours gardés au centre.
00:43:15Entourés des adultes, ils sont protégés des courants.
00:43:33Les mères ayant des petits à charge se regroupent pour s'entraider.
00:43:39L'éléphant tôt a traversé vaillamment.
00:43:43Sa grande soeur ne l'a pas quitté d'une semelle.
00:43:45Le clan tout entier atteint la berge.
00:43:53Il a fallu une bonne journée pour franchir ce dédale de terre et d'eau entremêlée.
00:44:02Ces deux-là jouent les retardataires, ou bien plutôt l'estil libre court à leur instinct et au plaisir de la rencontre amoureuse.
00:44:10Tant et tant d'éléphants se rencontrent ici, que des idylles naissent, aussi foudroyantes qu'éphémères.
00:44:26Visiblement, cette jeune femelle est très émue.
00:44:48Les glandes qu'elle porte au temple, entre ses oreilles et ses yeux, laissent couler comme des larmes.
00:44:56Elles sont uniques.
00:44:58Elles sont, pour chaque individu, sa signature olfactive et le signe de son émotion.
00:45:04Pour l'ancien patriarche à la défense cassée, le voyage s'arrête là.
00:45:26Il est un âge où il devient impossible au vieillard de se nourrir autrement qu'avec des herbes aquatiques, faciles à mâcher.
00:45:45Dans quelques semaines, quand les eaux auront disparu, il se couchera, fatigué et amaigri parmi les roseaux.
00:45:57La vase, doucement, va l'ensevelir.
00:46:01Ce dernier vin de boue sera son linceul.
00:46:04Tant de vieux éléphants sont morts ainsi dans les marais, que les voyageurs du 19e siècle, découvrant leurs amas d'ivoire entremêlés,
00:46:15crurent à la légende d'un cimetière où les éléphants se donnaient rendez-vous pour mourir.
00:46:20Ce jeune mâle affolé a perdu la trace du patriarche.
00:46:32Pourtant, il le sent. Il est passé par là.
00:46:36Les cris des hommes n'auraient pu le faire dévier de sa route.
00:46:43Qui a le plus peur ?
00:46:45Les hommes qui, sans le savoir, ont construit leur ville sur les pistes ancestrales des éléphants, ou bien ce mâle égaré.
00:46:54Une catastrophe est possible.
00:46:56S'il perd son sang-froid, ses maisons peuvent voler en éclats comme du carton-pâte.
00:47:04Tout à coup, en réponse à son barrissement, le jeune mâle capte les grondements infrabases du patriarche.
00:47:14Il est là.
00:47:15Prudent, mais tranquille.
00:47:18Sûr de sa puissance, il est venu braver la ville.
00:47:23Non seulement sa route est toujours passée par là, mais il y a une odeur qui ne le trompe pas.
00:47:28Une odeur de mangue.
00:47:44C'est un festin ne pas manqué, et dont il a gardé, comme pour les fruits de l'acacia, le délicieux souvenir.
00:47:50Tant pis pour les humains, leur beau jardin public ne ressemblera plus à grand chose demain.
00:48:02Autre certitude.
00:48:03L'année prochaine, le patriarche reviendra sans vergogne dévorer les manques des hommes.
00:48:09Loin des lumières de la ville, la matriarche a choisi un autre chemin.
00:48:20Plus long, mais plus sûr pour son petit qu'on distingue à peine.
00:48:23Il nage courageusement dans ce dernier bras de rivière, protégé des dangers entre sa mère et ses sœurs.
00:48:30Exténué par la traversée, il continue pourtant d'avancer.
00:48:51Et il va faire une étrange rencontre.
00:48:55Celle d'une créature très rare, venue du fond des âges.
00:49:00Le pangolin.
00:49:02Il est si discret que c'est la première fois que ce jeune caracal, vu aussi une nocturne, croisa.
00:49:11On ne sait pratiquement rien du pangolin, à part qu'il se nourrit de fourmis et de termites.
00:49:17Presque aveugle, il est capable, avec son odorat surdéveloppé, de repérer les plus petits insectes dans le noir.
00:49:24Observateur futé et silencieux, le caracal comprend très vite qu'avec une telle armure d'écailles, ce petit fantôme de la savane est inattaquable.
00:49:39C'est bien là le malheur des pangolins, être le seul mammifère au monde à porter des écailles.
00:49:51Si les écailles protègent des prédateurs, elles en font une victime des hommes qui leur prêtent des vertus aphrodisiaques.
00:50:05Cent mille pangolins sont tués par an pour leurs précieuses écailles.
00:50:13Ils risquent bientôt de disparaître jusqu'au dernier.
00:50:22L'éléphanteau est revenu se coller à sa mère.
00:50:26Gaillardement, il suit le mouvement.
00:50:28A la seule lumière des étoiles et de la lune, nous sommes témoins pour la première fois de l'endurance incroyable de ces animaux qui ne dorment quasiment jamais.
00:50:43En cette saison, l'herbe n'est pas très nourrissante.
00:50:47Du coup, la matriarche doit s'alimenter 20 heures par jour.
00:50:51Encore du temps perdu, alors que la saison sèche continue d'avancer et elle n'a pas de retard.
00:51:05Mais le jour suivant, éreinté, le petit s'est couché.
00:51:11La matriarche, elle aussi somnole, écrasée par la chaleur.
00:51:21Au fil des migrations, les adultes apprennent à dormir debout.
00:51:26Les jeunes, eux, sont obligés de se coucher pour trouver le sommeil.
00:51:30A midi, 45 degrés, toute la harde a besoin de repos.
00:51:51Mais la matriarche, impitoyable, s'apprête à donner malgré tout le signal du départ.
00:51:56Cajelant l'éléphanteau du bout du pied et de la trompe, sa grande sœur le réveille.
00:52:03Encore ensemeillée, il a faim.
00:52:06La matriarche voudrait partir, mais elle sait qu'elle doit nourrir son petit avant de prendre la route.
00:52:12Sous-titrage Société Radio-Canada
00:52:42Depuis leur départ, les éléphants ont parcouru 350 kilomètres.
00:52:56Maintenant, ils prennent plein est pour les 150 derniers kilomètres avant leur destination finale.
00:53:03La matriarche se souvient d'une petite rivière méconnue.
00:53:07A l'écart de la route principale, mais jamais à sec.
00:53:13En marchant toute la nuit, elle peut l'atteindre.
00:53:16Pour une fois, l'éléphanteau peut jouer avec un autre de son âge.
00:53:29Le caractère des mâles s'affirme vraiment très tôt.
00:53:32Et comme toujours chez les adolescents, on joue à s'affronter comme les grands, à cœur joie.
00:53:38Le peuple éléphant est une véritable société.
00:53:51Les bains de boue sont un rendez-vous incontournable des familles éloignées.
00:53:55Les heures durant, les jeunes renouent des liens de cuisinage au milieu du délicieux bourbier.
00:54:00Plaisir des retrouvailles et bonheur ineffable de la boue, les jeunes pourraient passer des heures dans la baignoire.
00:54:22Heureusement, les matriarches, gardiennes du temps, savent ce n'est l'heure du départ.
00:54:30L'éléphanteau s'est fait des copains, mais il faut les quitter.
00:54:42Pourtant, il se souviendra d'eux toute sa vie.
00:54:48Un éléphant adulte mémorise plus de 200 congénères, amis ou relations familiales.
00:55:00Quand le soleil se lève au matin, les forêts apparaissent à l'horizon.
00:55:16Elles sont vastes et pleines de promesses.
00:55:20Mais une cruelle déconvenue les attend.
00:55:23Quand la matriarche et sa famille atteignent l'intérieur de la forêt,
00:55:45on n'entend que les cris des oiseaux.
00:55:46Il y a quelque chose qui manque et une odeur absente.
00:55:58La rivière est à sec.
00:56:01Là où devrait couler l'eau, il n'y a plus que du sable et des cailloux.
00:56:06La matriarche a bruit coupé la terre.
00:56:16Elle ne sent rien.
00:56:17Pas de bruit.
00:56:18Pas d'écoulement en profondeur.
00:56:21L'éléphanteau, lui, a trouvé un nouveau jeu.
00:56:24Essayer d'attraper les feuilles des arbres.
00:56:26Sa mère l'avait pressenti.
00:56:43La sécheresse a de l'avance.
00:56:45Et elle a vaincu même la rivière.
00:56:46Un peu plus loin, la matriarche trouve la trace d'autres éléphants.
00:56:57Mais ils sont partis, ne laissant que quelques trous où il ne reste plus rien à boire.
00:57:07Son odorat ne peut pas la tromper.
00:57:10Il reste de l'eau en dessous du sable.
00:57:16Il n'y a plus qu'à boire.
00:57:35Alors la matriarche se remet à creuser plus profondément.
00:57:40Ensuite, son dernier-né et ses filles pourront boire,
00:57:44selon la préséance établie dans les familles.
00:57:47Les plus jeunes en premier.
00:57:51Assoiffée, n'y tenant plus,
00:57:53la grande sœur de 12 ans boit la première.
00:57:59Le damant des rochers, occupé à mâcher ses feuilles dans les arbres,
00:58:03a tout vu, mais il n'est pas le seul.
00:58:04La réprimande de la matriarche n'a pas tardé.
00:58:17La leçon donnée à sa fille ne sera pas oubliée de si tôt.
00:58:24Dans une arbre, les règles sont indiscutables
00:58:27et l'obéissance à la matriarche totale.
00:58:31Il en va de la survie de tous.
00:58:33L'éléphanteau a tellement grandi que bientôt,
00:58:49il ne pourra plus passer sous le ventre de sa mère.
00:58:52De toute façon,
00:58:54qu'il aille d'une tétine à l'autre,
00:58:55on n'y change rien.
00:58:57Elles sont presque aussi vides l'une que l'autre.
00:58:59Une adolescente qui boude,
00:59:16un éléphanteau fatigué,
00:59:18une mère si épuisée
00:59:19qu'elle prend appui sur une de ses grandes filles.
00:59:22Dans un silence pesant,
00:59:24tous attendent la nuit
00:59:26et une fraîcheur relative
00:59:28pour se remettre en route.
00:59:58Au milieu de la nuit,
01:00:17la matriarche a suivi la piste olfactive de l'eau
01:00:20et conduit sa arde en amont de la rivière.
01:00:23C'est là, il y a deux ans,
01:00:25que son éléphanteau a été conçu.
01:00:27Aujourd'hui,
01:00:35si le dernier nez est bien fatigué,
01:00:37il est encore en vie,
01:00:38il est dans le noir,
01:00:40il avance à pas hésitant,
01:00:42presque délicat.
01:00:43Le terrain est accidenté,
01:01:02mais l'eau, ici et là,
01:01:04est claire et pure.
01:01:05Elle cherche du bout de la trompe
01:01:18l'odeur de l'eau pour la dénicher
01:01:19et la boire par petites razades.
01:01:21Ce soir, la présence du patriarche,
01:01:46lui aussi au rendez-vous de la rivière,
01:01:48est rassurante.
01:01:50S'il est toujours en quête de nouvelles amours,
01:01:53le fait qu'il rôde dans les parages
01:01:55a écarté les grands prédateurs.
01:01:58La matriarche est plus tranquille.
01:02:04Elles ont bu
01:02:05et vont reprendre paisiblement
01:02:07leur chemin vers les territoires de l'Est.
01:02:10Le patriarche a-t-il conscience
01:02:20que sa progéniture est passée par là ?
01:02:23Peu importe.
01:02:25S'il fallait jouer des coudes
01:02:26ou se battre pour défendre les siens,
01:02:29qui d'autre que lui,
01:02:30à la force et la puissance incontestée,
01:02:33pourrait le faire ?
01:02:34Les babouins,
01:02:57indifférents à ce manège nocturne,
01:03:00restent bien à l'abri des prédateurs
01:03:01au sommet des grands arbres.
01:03:04Peureux,
01:03:05ils détestent l'obscurité
01:03:06et vocalisent pour se rassurer.
01:03:17Deux mois sont passés.
01:03:18Plus une goutte d'eau,
01:03:20une chaleur écrasante
01:03:21et ces oiseaux de mauvais augure
01:03:23qui tournoient et tournoient encore.
01:03:25Ce marabout a vu quelque chose,
01:03:35mais le vautour est plus rapide
01:03:36et atterrit pile sur la carcasse.
01:03:39C'est un éléphant mort d'épuisement.
01:03:43Il s'était égaré sans doute
01:03:44et par ici,
01:03:46il ne fait pas bon cheminer seul.
01:03:47En pleine saison sèche,
01:03:51les félins,
01:03:52qu'ils soient charmants
01:03:53comme ces deux lionceaux
01:03:54ou puissants et menaçants
01:03:56comme les mâles,
01:03:57tous règnent en maîtres dans la savane.
01:03:59Le défanto est toujours en vie.
01:04:06Il amaigrit,
01:04:07il est fatigué,
01:04:08mais solidement encadré,
01:04:10lui aussi a senti l'eau.
01:04:14Il n'est pas tout seul,
01:04:15loin de là.
01:04:16Plusieurs familles convergent,
01:04:18pressent le pas.
01:04:21La soif, bien sûr,
01:04:22mais aussi le danger.
01:04:29Le petit suit le mouvement,
01:04:33ou plutôt sa mère
01:04:34et ses deux sœurs.
01:04:36Surtout,
01:04:37il a compris que la seule force
01:04:38qui leur reste à tous,
01:04:40c'est de rester groupés.
01:04:50Les lions ont abattu
01:04:52l'une des leurs.
01:04:59Terrorisée,
01:05:04l'une des deux sœurs
01:05:05qui a essayé de s'approcher,
01:05:07recule.
01:05:09C'est sa sœur cadette
01:05:10qui gît,
01:05:11là,
01:05:12sous les griffes des lions.
01:05:19La matriarche hésite,
01:05:22attaquée,
01:05:24renoncée.
01:05:26Toute la famille est sous des chocs.
01:05:28Elle doit s'y résoudre.
01:05:31Il n'y a plus rien à faire
01:05:31pour sa fille.
01:05:36La matriarche résignée,
01:05:38impuissante,
01:05:39pas un éléphant de sa tarde.
01:05:43Ce point d'eau,
01:05:44triste oasis
01:05:45au milieu d'une savane
01:05:46desséchée,
01:05:47restera à jamais
01:05:48une terre de malheur.
01:05:53Les lions se nourriront
01:05:55plusieurs jours
01:05:56de leur proie.
01:05:57A cette saison de l'année,
01:06:00ils sont décidément
01:06:01les plus forts.
01:06:04Il fait une chaleur étouffante.
01:06:07La matriarche a repris
01:06:08la tête du clan
01:06:09et progresse désormais
01:06:11de plus en plus lentement.
01:06:14La sécheresse
01:06:15a transformé cette forêt
01:06:16en un labyrinthe
01:06:17de bois mort.
01:06:18à part quelques babouins
01:06:21à peine dérangés
01:06:22par le convoi,
01:06:23pas âme qui vive.
01:06:27L'éléphanteau
01:06:28et sa grande sœur
01:06:29cheminent au plus près
01:06:30de leur mère.
01:06:32La disparition
01:06:33de son aîné
01:06:34la remplit d'effroi,
01:06:35mais il y a aussi
01:06:36cette marche éreintante
01:06:37et qui n'en finit pas.
01:06:39Pour lui,
01:06:42la destination finale
01:06:43reste toujours inconnue.
01:06:45Sa mère,
01:06:46elle,
01:06:46sait exactement
01:06:47où elle va.
01:06:48Cap plus à l'est encore
01:06:50où,
01:06:51en dépit de la sécheresse,
01:06:53quelques rares points
01:06:54d'eau
01:06:54subsistent.
01:06:55Au cœur de la nuit,
01:07:03les hyènes rôdent.
01:07:05La matriarche
01:07:06les a senties.
01:07:15Bientôt rejointe
01:07:16par son clan,
01:07:18elle n'a pas l'intention
01:07:18de se laisser faire
01:07:19car les hyènes
01:07:20tournent précisément
01:07:21autour du point d'eau.
01:07:25L'eau a disparu,
01:07:34évaporée.
01:07:35Pourtant,
01:07:36durant des heures,
01:07:37les éléphants
01:07:38vont rester là
01:07:39sur ce territoire
01:07:40désolé,
01:07:41hanté
01:07:42par les cris lugubres
01:07:43des hyènes.
01:07:48Au cœur de la nuit,
01:07:50d'autres familles
01:07:51arrivent encore.
01:07:53Elles ne savent pas
01:07:53qu'il n'y a ici
01:07:54que des hyènes.
01:07:55Poussées par ses nouveaux arrivants,
01:08:06la matriarche
01:08:07et sa famille
01:08:08s'éloignent.
01:08:16Cet éléphanteau
01:08:17a beaucoup souffert.
01:08:19Il boite dangereusement.
01:08:20sa famille,
01:08:22parmi les dernières arrivées,
01:08:24l'encadre,
01:08:25l'encourage même.
01:08:33Un peu à l'écart,
01:08:34notre matriarche
01:08:35s'enduit de poussière,
01:08:37seule façon de calmer
01:08:38les brûlures du soleil
01:08:39sur sa peau.
01:08:40L'éléphanteau
01:08:41peine à l'imiter.
01:08:42Juste derrière eux,
01:08:44le petit boiteux
01:08:46et sa mère
01:08:46semblent à bout de force.
01:08:48Le petit se couche.
01:08:50Il ne se relèvera
01:08:51sans doute jamais.
01:08:52Autour de la mare asséchée,
01:08:59les éléphants
01:08:59continuent de tourner en rond.
01:09:05Parmi eux,
01:09:06cette petite de 4 ans,
01:09:07toute seule.
01:09:09Elle semble égarée.
01:09:11Mais son comportement
01:09:12est clair.
01:09:13Elle est orpheline
01:09:14et cherche
01:09:15à se faire adopter.
01:09:32L'éléphanteau,
01:09:33plutôt joueur,
01:09:34lui tourne autour.
01:09:36Mais la pauvre orpheline
01:09:37n'a pas la force
01:09:38de s'amuser.
01:09:40Ce qu'elle cherche
01:09:41désespérément,
01:09:42c'est la tendresse
01:09:43d'une mère
01:09:44qui prendrait soin d'elle.
01:09:46La détresse
01:09:47a peut-être
01:09:48une odeur
01:09:49que les prédateurs
01:09:49peuvent sentir.
01:09:53C'est léopard
01:09:53à repérer l'orpheline.
01:09:56Si elle passe
01:09:57sous son arbre,
01:09:58il lui tombera dessus.
01:10:00Il n'y aura personne
01:10:00pour la défendre.
01:10:08La jeune orpheline
01:10:09est qu'aimant
01:10:10de cette protection
01:10:11auprès de notre matriarche.
01:10:14mais celle-ci est méfiante.
01:10:20L'idée
01:10:21et protéger
01:10:21les siens
01:10:22est déjà
01:10:22une lourde charge.
01:10:24Elle commence
01:10:25par refuser.
01:10:33Le léopard
01:10:34se tient prêt
01:10:35à bondir,
01:10:36mais non.
01:10:37la matriarche
01:10:41est revenu
01:10:41sur ses pas,
01:10:42nerveuse
01:10:43mais toujours là.
01:10:45Les deux éléphants
01:10:46s'observent.
01:10:50Lui
01:10:50est toujours
01:10:50perché
01:10:51dans son arbre
01:10:51aux premières loges.
01:10:52abandonner une orpheline
01:11:05à son triste sort
01:11:06n'est pas digne
01:11:08d'une mère
01:11:09mais l'adopter
01:11:10c'est mettre en péril
01:11:12la vie
01:11:12de ses propres petits.
01:11:13La matriarche
01:11:16s'éloigne
01:11:17de nouveau
01:11:17mais la petite
01:11:18déterminée
01:11:19ne la lâche pas.
01:11:22La grande femelle
01:11:23ralentit l'allure
01:11:24pour permettre
01:11:25à l'orpheline
01:11:26de marcher
01:11:26dans ses pas.
01:11:27Cette nuit,
01:11:47la famille
01:11:47compte désormais
01:11:48une nouvelle éléphante
01:11:49dans ses rangs.
01:11:52Le léopard
01:11:53devra tenter
01:11:54sa chance ailleurs
01:11:54ou bien
01:11:55il dormira
01:11:56le ventre creux.
01:12:00La saison sèche
01:12:01est à son comble
01:12:02et l'obscurité
01:12:03les protège
01:12:04des températures
01:12:05étouffantes
01:12:06de la journée.
01:12:17D'autres solitaires
01:12:19errent secrètement
01:12:20par ici.
01:12:21Ils ont attendu
01:12:22le départ
01:12:22de la Arde
01:12:23pour sortir
01:12:24de leur sombre terrier.
01:12:26celui-là
01:12:34est un oréctérope
01:12:35et son nom
01:12:36est aussi étrange
01:12:37que son mode de vie.
01:12:39Avec ses griffes
01:12:40qui fouissent
01:12:41et sa langue
01:12:42gluante
01:12:42de plus de 30 cm
01:12:44de long,
01:12:45il extermine
01:12:45les termites.
01:12:47Il ne voit
01:12:48qu'à la lueur
01:12:49des étoiles
01:12:50et son odorat
01:12:51est si sensible
01:12:52qu'il détecte
01:12:53des proies
01:12:54à des centaines
01:12:55de mètres.
01:12:56Il peut en avaler
01:12:57plus de 50 000
01:12:58en une seule nuit.
01:12:59Les éléphants
01:13:16arpentent maintenant
01:13:17un paysage
01:13:19de désolation.
01:13:20La nuit est venue,
01:13:48il leur faudra
01:13:49de l'eau.
01:13:50Sinon,
01:13:50ce sera peut-être
01:13:51la fin.
01:14:05Voilà le point
01:14:06d'eau
01:14:07tant convoité.
01:14:09Spectacle lugubre.
01:14:10Le cadavre
01:14:11d'un éléphant
01:14:12solitaire
01:14:12devant la mare
01:14:14contrôlée
01:14:14par une autre
01:14:15bande de hyènes.
01:14:29Quand la matriarche
01:14:31et sa famille
01:14:31arrivent,
01:14:32instinct de survie
01:14:33ou prudence
01:14:34calculée,
01:14:35elles contournent
01:14:36d'abord le marigot
01:14:37avant de décider
01:14:38ou non
01:14:39d'approcher.
01:14:39Elles ont senti
01:14:44la mort
01:14:45et compris
01:14:45que les hyènes
01:14:46tenaient la mare.
01:14:47Il n'y a plus rien
01:15:03de comestible
01:15:04sur cette carcasse
01:15:05momifiée
01:15:06par la sécheresse.
01:15:08Mais les hyènes
01:15:08continuent à parader
01:15:09autour d'elle
01:15:10comme autour
01:15:11d'un trophée
01:15:12funèbre.
01:15:12Ici,
01:15:16c'est leur territoire.
01:15:23Les canards
01:15:24sont parfaitement
01:15:25indifférents
01:15:26à la férocité
01:15:26des hyènes
01:15:27et au drame
01:15:28qui se joue
01:15:28autour d'eux.
01:15:32Quant aux charognards,
01:15:34ce qu'ils savent
01:15:35le mieux,
01:15:35c'est feindre
01:15:36l'indifférence.
01:15:42Qui ne tente rien
01:15:54n'a rien.
01:15:56Mais le canard
01:15:57est trop rapide
01:15:57et bien trop malin
01:15:58pour échapper
01:15:59à la hyène.
01:15:59Les femelles restées
01:16:12à l'écart,
01:16:13le patriarche
01:16:14arrive sur des lieux
01:16:15et il a soif.
01:16:23Lui aussi
01:16:24a senti l'odeur
01:16:25de la mort.
01:16:29Il s'approche,
01:16:50tente d'analyser
01:16:50la situation
01:16:51avec ses pattes
01:16:52et sa trompe.
01:16:59Les hyènes
01:17:04sont équipées
01:17:05pour voir la nuit
01:17:06avec leurs yeux
01:17:07de fantôme.
01:17:14Malgré sa puissance,
01:17:16le patriarche
01:17:17n'attaque pas.
01:17:20Arrogante,
01:17:21les hyènes
01:17:22ne cèdent pas.
01:17:24Profitant
01:17:25de cette diversion,
01:17:26le petit,
01:17:27entouré de sa mère
01:17:28et de sa sœur,
01:17:29s'est rué
01:17:29vers la mare.
01:17:37Mais cette eau
01:17:38est imbuvable.
01:17:39Souillée du sang
01:17:40de l'un des leurs,
01:17:41la matriarche
01:17:42laisse échapper
01:17:43sa colère.
01:17:45Les hyènes
01:17:45restent maîtresses
01:17:46du terrain.
01:17:47au matin,
01:18:06sans avoir rien bu,
01:18:08la famille
01:18:08s'est réfugiée
01:18:09à l'ombre
01:18:10d'un arbre.
01:18:11L'éléphantaux
01:18:12cherche des caresses,
01:18:14mais la torpeur
01:18:14est telle
01:18:15que ni sa mère
01:18:16ni sa sœur
01:18:17ne réagissent.
01:18:23Les femelles
01:18:23stressées
01:18:24sont disposées
01:18:25en étoile,
01:18:26en position
01:18:26de défense.
01:18:30Le petit
01:18:31cherche le sommeil
01:18:32bien à l'abri
01:18:33entre les pattes
01:18:34du grand.
01:18:34Les pachydermes
01:18:46sont déshydratées,
01:18:47à bout de force.
01:18:50Elles attendent
01:18:51la nuit
01:18:52pour repartir,
01:18:53économisent
01:18:53leur force,
01:18:54somnolent
01:18:55pour ne pas tomber.
01:19:02L'éléphantaux
01:19:03est le seul
01:19:04à avoir la force
01:19:04de jouer
01:19:05car il boit encore
01:19:06un peu du lait
01:19:07de sa mère.
01:19:26Mais soudain,
01:19:28il y a quelque chose
01:19:29dans l'air.
01:19:30Un grondement
01:19:31à des dizaines
01:19:32de kilomètres.
01:19:34la matriarche
01:19:35connaît ce sang.
01:19:41Au plus fort
01:19:42de la saison sèche,
01:19:43tout bascule.
01:19:45Les mers le savent.
01:19:46Bientôt,
01:19:47le temps
01:19:47va changer.
01:19:48au milieu de la harbe,
01:20:02l'éléphantaux
01:20:03ne le sait pas encore,
01:20:04mais la matriarche
01:20:05a compris.
01:20:07Il a plu.
01:20:08Enfin,
01:20:09la nouvelle
01:20:09s'est répandue
01:20:10dans la savane.
01:20:12Il y a à nouveau
01:20:13de l'eau fraîche
01:20:13et claire.
01:20:14toutes les familles
01:20:22sont là.
01:20:23Le petit entouré
01:20:24des siens
01:20:24se désaltère
01:20:25avec bonheur.
01:20:26Le petit,
01:20:41lui,
01:20:41n'en est pas encore là.
01:20:43Mais il suit
01:20:43tout à son affaire.
01:20:46Après une longue
01:20:47abstinence,
01:20:48un éléphant
01:20:49peut boire
01:20:49jusqu'à 200 litres
01:20:50d'eau
01:20:51en une seule fois.
01:21:11Cette trompe
01:21:12qui se dresse,
01:21:14c'est le signe
01:21:15qu'elle sent.
01:21:15La matriarche
01:21:45est sauvée,
01:21:46son clan aussi.
01:21:48Cette année encore,
01:21:49sa mémoire
01:21:50et son obstination
01:21:51ont triomphé.
01:21:53L'éléphantaux,
01:21:54ivres d'eau
01:21:55et de bonheur,
01:21:56n'en finit pas
01:21:56de se rouler
01:21:57dans la boue.
01:22:01Il n'est pas le seul.
01:22:03Les adultes
01:22:03non plus
01:22:04ne vouent pas
01:22:04leur plaisir.
01:22:05La matriarche
01:22:25est fière
01:22:26de son petit.
01:22:27Lui,
01:22:27son dernier-né,
01:22:29le fils
01:22:29de la famille,
01:22:30s'est montré
01:22:31vaillant
01:22:31et courageux,
01:22:33digne
01:22:33héritier
01:22:33de ses ancêtres.
01:22:34Sous les étoiles,
01:22:59les éléphants
01:23:00rencontrent chaque année
01:23:01leur destin.
01:23:02son petit
01:23:04est bien vivant.
01:23:06C'est le futur
01:23:06de son espèce
01:23:07que la matriarche
01:23:09a préservé.
01:23:10Il deviendra
01:23:11un jour
01:23:11comme son propre père,
01:23:14le pilier
01:23:15des générations
01:23:15à venir.
01:23:16Quand l'homme
01:23:38aura conquis
01:23:39tous les territoires
01:23:39sauvages,
01:23:40où iront
01:23:41les derniers
01:23:41éléphants libres ?
01:23:43N'existeront-ils
01:23:44plus que dans
01:23:45nos rêves
01:23:45et nos souvenirs ?
01:23:47Sous-titrage

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